1/ De la « Pax Americana » à un monde multipolaire

Introduction

La mondialisation a incontestablement favorisé une hiérarchisation des états et des puissances d'abord en consolidant les puissances occidentales et notamment celle des Etats- Unis. Mais depuis quelques années, la hiérarchie des puissances se modifient avec l'émergence de plusieurs états et un monde devenu plus multipolaire.
Ce qui a également changé la donne mondiale est la fin de la guerre froide avec l’implosion de l’URSS et des Etats-Unis dans une position unique d’hyperpuissance comme l’affirmait Hubert Védrine. Dans les années 1990, les Etats-Unis sont dans une situation exceptionnelle avec la possibilité de configurer un nouvel ordre mondial en fonction de leur volonté et de leur idéologie. 
L' une des notions clés pour analyser la hiérarchie des états est la notion de puissance. Les états du moins ceux qui en ont les moyens cherchent à affirmer leur puissance en utilisant différents vecteurs et instruments. La puissance d'un état dépend d'une série de facteurs. 
Pendant longtemps, deux facteurs étaient vus comme essentiels : les éléments liés au territoire dont la superficie, les ressources naturelles, les ouvertures maritimes...) et l' élément démographique (le poids du nombre). Ce dernier était incontournable dans la mesure où une population nombreuse permettait d'avoir une armée nombreuse. Les dimensions militaires et économiques sont toujours importantes dans l'appréciation de la puissance d'un état mais ils ne sont pas les seuls : il faut aussi tenir compte des facteurs culturels (l'influence de la culture, le poids de la langue...) 
La puissance se traduit également par une volonté de puissance et la capacité à avoir une sphère d'influence. Depuis les années 1960, deux notions sont souvent utilisées pour analyser la puissance : le Hard Power et le Soft Power. Le Soft Power consiste à imposer sa puissance par des moyens idéologiques et culturels alors que le Hard Power renvoie à une utilisation plus classique de la puissance avec la capacité à intervenir...
Si l'on détaille les facteurs de la puissance en s'inspirant des travaux de Jacques Dorel, on peut distinguer comme facteurs : le territoire, la population, l'économie, le politique et militaire et la culture. 
En ce qui concerne le territoire, la superficie, les ouvertures maritimes, les ressources qu'elles soient agricoles ou minérales, la maîtrise de l'espace sont des facteurs importants. Pour la population, le nombre, la formation des individus, le poids du marché intérieur, le niveau de vie... sont des éléments à prendre en compte. Au niveau de l'économie, les classements dans les différentes productions mondiales ou au niveau des firmes (rangs mondiaux), la capacité à investir (IDE), la capitalisation boursière, les grandes FTN, la capacité d'innovations (brevets, dépenses en matière de recherche...) sont des éléments importants pour apprécier la puissance. 
Au niveau politique et militaire, on peut s'appuyer sur l'importance des armées, la possession de l'arme nucléaire, la maîtrise militaire de l'espace, les exportations d'armes, le budget consacré à la défense, le poids diplomatique... Enfin, pour le domaine culturel, on peut prendre en compte la langue (internationale ou non), le poids des médias, les performances du système éducatif...

A/ Les années 1990-2000 : une domination américaine exceptionnelle ?


a/ Le temps de l'hyperpuissance étasunienne et la volonté d'affirmation d'un « ordre américain » 

  •  La période 1945-1990-91 a été marquée par la guerre froide et une logique dite bipolaire même si la réalité était, notamment à partir des années 1970, plus complexe. La fin de la guerre froide et les années 1990-2000 sont au contraire les années de l' hyperpuissance étasunienne. Les E.-U sortent vainqueurs de la guerre froide et n'ont plus de rivaux : ils sont donc en situation de pouvoir imposer une Pax americana. Ils sont dans une position hégémonique pouvant à la fois imposer un point de vue mais aussi se poser en modèle attractif. L’hégémonie est une notion comme l’expliquait déjà l’historien grec Thucidyde renvoyant à une influence et une bienveillance liée à la domination. 
  • La puissance hégémonique se veut attractive et séduisante et pas seulement une puissance qui s’impose par la force. Robert Kagan évoquait à la fin des années 1990 une « hégémonie bienveillante » des Etats-Unis qui ne pouvait être que positive pour le monde. 
  • La fin de la guerre froide est de fait une rupture fondamentale : elle a bouleversé les équilibres stratégiques, politiques mais aussi économiques (avec l'extension de l'économie de marché à la planète). Comme le souligne Pascal Boniface, « pour la première fois, l’ordre international était bouleversé en profondeur, sans que cela ne soit l’effet ou la cause de guerres de grande ampleur. » (Géopolitique illustrée, éditions Eyrolles, 2018). Cette fin de la guerre froide, c’est également selon Francis Fukuyama « la fin de l’histoire » avec un modèle occidental qui s’impose au monde par le biais du capitalisme et de la démocratie libérale (voir plus bas). Cette situation conduit Georges Bush senior (président des E.-U de 1988 à 1992) à affirmer en 1990 qu'un « nouvel ordre international » peut se mettre en place, un nouvel ordre avec les E.-U comme chef de file.En novembre 1990, G Bush avait affirmé : « nous avons fermé un chapitre de l’histoire... 
  • La guerre froide est finie. ». Pour Georges Bush senior, ce « nouvel ordre mondial peut voir le jour : une nouvelle ère, moins menacée par la terreur, plus forte dans la recherche de la justice et plus sûre dans la quête de paix ». Les E.-U proposent même « un nouveau partenariat des nations » et laissent croire à une période de multilatéralisme, une période où l’ONU pourrait pleinement jouer son rôle d’institution régulatrice de l’ordre mondial. Or un événement va bouleverser la donne : l'invasion du Koweït par l'Irak de Saddam Hussein en 1990. Rappelons qu’en 1980, l’Irak avait déclenché une guerre contre l’Iran (un Iran devenu une République islamique suite à la révolution de 1979) avec le soutien des E.-U mais aussi de l’Arabie saoudite et des monarchies du Golfe qui perçoivent l’Iran comme un danger.
  • Ce conflit se termine en 1988 mais l’Irak est économiquement un état affaibli. Il demande aux monarchies du Golfe l’annulation de la dette irakienne ce que les états en question refusent. Ce refus conduit Saddam Hussein à décider l’annexion du Koweït, un état riche et qui est créancier de l’Irak. L’Irak envahit le Koweït en août 1990, une invasion condamnée dès le début par l’ONU avec la résolution 660. Cette invasion est condamnée par l'ensemble du Conseil de sécurité de l'ONU y compris par l'URSS de Gorbatchev. Dans un premier temps, l’ONU décide de faire pression sur l’Irak en décrétant un embargo qui ne suffit pas. L’ONU a voté 14 résolutions dont des sanctions économiques (résolutions 661 du 6 août et 670 du 25 septembre 1990). D’autres moyens plus coercitifs vont de ce fait être utilisés dont l’intervention armée. La résolution 678 du 29 novembre 1990 autorise « à utiliser tous les moyens nécessaires. Les E.-U avec le soutien de l'ONU mais aussi de la ligue arabe vont mettre au point l'opération « tempête du désert » en janvier-février 1991 : les troupes irakiennes sont chassées du Koweït. Les E.-U. Étaient à la tête d'une coalition de 29 états. Cette guerre du Golfe confirme la suprématie américaine et ce d'autant plus qu'en décembre 1991 l'URSS implose. 
  • Les E.-U profitent donc de plusieurs facteurs pour affirmer leur hégémonie : l'effondrement de l'URSS et du modèle communiste, une Europe de l'Est qui opte pour une transition vers la démocratie et l'économie de marché, ces mêmes pays d'Europe de l'Est intègrent l'OTAN en 1999, l'absence de rivaux même potentiels y compris au niveau économique à un moment où le Japon connaît une période de difficultés et où la Chine commence seulement à émerger... Seule l'Union européenne, sur les plans économique et commerciaux est capable alors de rivaliser mais pas sur les plans politique, militaire ou culturel. Pour un penseur comme Francis Fukuyama, la fin de la guerre froide marquerait même la « fin de l'histoire » (voir son livre : La fin de l’histoire et le dernier homme publié en 1992). En effet, les E.- U sont non seulement politiquement et militairement dominants mais le système capitaliste et libéral qui est un des fondements des E.-U triomphe à l'échelle mondiale. Devait aussi s’imposer la démocratie libérale. Sur le plan géostratégique, avec la fin du communisme en Europe de l'Est, l'OTAN s'élargit même aux pays d'Europe centrale et orientale qui intègrent cette structure voulue par les américains. 
  • Sur le plan économique, les E.-U ont réussi à imposer leur vision libérale de l'économie, une vision appliquée par des institutions internationales comme le FMI ou la Banque mondiale qui imposent aux pays en développement des politiques d'ajustement structurel (PAS). En 2001, les E.-U ont bien entendu le 1er PIB mondial et représentent 12% des exportations mondiales devant l'Allemagne et le Japon : ils sont un acteur majeur de la mondialisation. Les E.-U disposent des principaux facteurs de la puissance avec un poids politique, économique, géopolitique hors norme. 
  • Ils sont en position dominante non seulement au niveau politique mais également au niveau technologique, économique, militaire, culturel. Il s'agit d'une puissance pouvant être qualifiée de complète.
  • Sur le plan économique, les E.-U représentent encore 20% du PIB mondial ce qui est conséquent dans le cadre d'une économie globalisée. Le dollar est toujours la monnaie internationale (68% des réserves monétaires des banques centrales, 90% des transactions mondiales se font en dollars). Les FTN américaines sont parmi les plus puissantes au monde : Wal-Mart, Exxon Mobil, General Electric en sont des illustrations (240 des 500 premières FTN mondiales sont américaines). Des firmes comme Google, Apple, Microsoft émergent, se développent et symbolisent la suprématie technologique, une suprématie s'appuyant sur une puissance scientifique exceptionnelle. La puissance culturelle est également hors norme avec des firmes comme Disney, Time Warner, des séries et films mondialisés... 
  • Ce pays concentre les lieux de pouvoirs et d'influences : pouvoir financier avec Wall Street, pouvoir militaire avec le Pentagone... les capacités militaires américaines sont uniques avec à eux seuls 50 % des dépenses militaires mondiales. Politiquement, ils ont un poids déterminant dans les institutions internationales comme l'ONU (ils contribuent pour 25% du budget de l'ONU) où ils sont bien entendu membre du Conseil de sécurité ou encore le FMI et la Banque mondiale dont les sièges sont à Washington. 

b/ Un acteur essentiel des relations internationales et de la mondialisation 

  • Rappelons deux choses essentielles : les E.-U ont une politique étrangère qui oscille entre néo- Wilsonisme en référence au président américain Wilson lors de la première guerre mondiale et realpolitik. Les E.-U ont souvent la tentation d'imposer leurs valeurs et la démocratie telle qu'ils la pensent : on peut se référer précisément à Wilson qui avait affirmé : « The world must be made safe for democracy. ». A cela se greffe un moralisme avec l'impression de représenter le bien. Mais les E.-U savent faire preuve de réalisme lorsque leurs intérêts sont en jeu. Les E.-U pensent dans un tel contexte imposer leur volonté et notamment leurs valeurs qu'ils jugent universelles. 
  • Ils veulent bâtir un nouvel ordre mondial dont les fondements seraient la démocratie et les droits de l'homme, l'économie de marché. Ils souhaitent donc maintenir leur hégémonie tout en s'appuyant sur des alliés que sont l'Europe et le Japon (la triade). Ils sont encore davantage qu'avant un acteur essentiel de scène politique mondiale comme le montrent leurs nombreuses interventions des années 1990-2003 qui ont notamment comme axe de remodeler le « monde ». 
  • Dans ces années 1990, les E.-U tentent d'éviter la montée en puissances de certains états comme la Russie, la Chine ou encore l'Union européenne. Ils se veulent les gendarmes du monde surtout qu'ils maîtrisent Hard et Soft Power. Militairement dans ces années 1990-2000, ils n'ont pas de rivaux avec, par exemple, un budget de la défense en 2000 de l'ordre de 300 milliards de $ soit 50% des dépenses mondiales de défense, plus de 1,3 million de soldats dont 260 000 déployés dans le monde en 2000. Economiquement, pendant ces années, les E.-U représentent 25% du PIB mondial ce qui leur confère une puissance économique certaine. Les E.-U vont multiplier les interventions et ces interventions ne signifient pas, contrairement à ce que certains pensaient avec la fin de la guerre froide, la fin des conflits sauf que ces derniers vont en partie changer de nature. Pendant la présidence de Bill Clinton (1992-2000), les E.-U affirment leur puissance par la diffusion du libéralisme économique et comme nous l'avons signalé par la diffusion, au moins en théorie, de la démocratie. Les E.-U pratiquent une politique faussement multilatérale notamment avec la guerre du Golfe de 1990-91 (voir plus haut), une guerre certes avalisée par l'ONU mais une guerre au service des intérêts américains. 
  • La phrase de Madeleine Albright (ambassadrice des E.-U auprès de l'ONU sous Clinton) : « multilatéraux quand nous le pouvons, unilatéraux quand nous le devons » correspond parfaitement à la politique américaine menée dans les années 1990. En 1992, les E.-U interviennent en Somalie, un état en pleine guerre civile et déliquescence : c'est l'opération Restore hope, une opération se faisant dans le cadre de l'ONU (résolution 751). Cette opération est d'ailleurs un échec avec en 1993 le massacre de 18 soldats américains dans la ville de Mogadiscio, un événement qui provoque le retrait des E.-U de Somalie. Durant cette période, les E.-U parviennent néanmoins à ce qu'Israël et l' OLP négocient ce qui se traduit par plusieurs accords : accords de Washington de 1991 et d'Oslo de 1993. Sont également signés , sous l'égide américaine,les accords de Dayton en 1995 mettant fin au conflit en Bosnie. En 1999, les E.-U décident de bombarder la Serbie, une Serbie qui tente de mener une politique de purification ethnique au Kosovo. Dans les années 2000 avec la rupture fondamentale des attentats du 11/09/2001, les E.-U ont voulu reconfigurer le Moyen- Orient avec le projet « Grand Moyen-Orient », un Moyen-Orient allant du Maroc à l'Afghanistan. 
  •  Les interventions en Afghanistan en 2001 et surtout en Irak en 2003 s'inscrivent dans ce projet de construire un Moyen-Orient « démocratique ». Comme nous l'avons déjà signalé, la fin de la guerre froide semblait marquer une ère nouvelle avec, pour reprendre la thèse de Francis Fukuyama, la fin de l'Histoire (voir son livre : La fin de l'histoire et le dernier homme, 1992). 
  • Pour cet auteur, la mort du communisme marque la fin d'une histoire fondée sur une lutte idéologique entre libéralisme et communisme. La démocratie libérale doit devenir la clé de voûte du monde avec une démocratie admise qui se traduirait par des rivalités purement économiques dans un monde dominé par le capitalisme. Par contre, en 1996, Samuel Huntington, dans un ouvrage intitulé Le choc des civilisations (The clash of Civilizations ans the Remaking of World), perçoit le monde autrement. Pour Huntington, le monde se clive en aires de civilisations : civilisation occidentale (judéo-chrétienne), civilisation orthodoxe (Russie), civilisation chrétienne d'Amérique latine, civilisation africaine, civilisation musulmane, civilisation chinoise, civilisation hindoue, civilisation bouddhiste et civilisation shintoïste (Japon). Pour lui, les conflits opposeront désormais ces aires d'où un choc des civilisations et il annonce de plus un déclin du monde occidental. 
  • Dans les années 1990, l'avenir du monde n'est pas perçu à l'identique : la perception d'Huntington va notamment considérablement influencer le mouvement néo-conservateur américain, ce mouvement qui inspire Gorges Bush junior dans les années 2000- 2008. La fin de la guerre froide laisse penser à la mise en place d'un véritable Empire américain puisque les E.-U n'ont plus de rivaux et ont la capacité à imposer leurs idées. Certes, les E.-U ont bien une volonté hégémonique mais il s'agit plus d'une volonté d'hégémonie idéologique que politique et territoriale : l'Empire américain n'est pas l'Empire romain. Avec la période des années 1990-2000, on semble également des diriger vers des rivalités davantage économiques dans le cadre d'une économie de plus en plus mondialisée. D'ailleurs, les E.-U l'ont bien compris avec la mise en œuvre en 1994 de l' ALENA puis la proposition d'une Zone de libre échange étendue à l'ensemble du continent américain (la ZLEA). Dans le cadre de la fin de la guerre froide en Europe, L’OTAN « reste le pivot de la sécurité en Europe » (Pascal Boniface), une OTAN au sein de laquelle le rôle clé est joué par les Etats-Unis. L’OTAN va notamment s’élargir aux pays d’Europe de l’Est qui vont intégrer dès 1999 cette structure militaire. Dans ce nouveau monde qui se dessine, il y a eu néanmoins l'espoir d'un multilatéralisme plus important avec un rôle accru de l'ONU. Michel Drain et Cécile Dubernet évoquent « le bref âge d’or des Nations Unies entre 1988 et 1992). Plusieurs conflits régionaux sont réglés par l’intermédiaire de l’ONU comme la guerre civile en Angola (une guerre qui avait commencé en 1975 pour se clore en 1992) ; la guerre au Nicaragua avec un cessez-le feu signé en 1988 entre le gouvernement sandiniste d’inspiration marxiste et la rébellion des contras (une rébellion pro- américaine) et en 1992 sont signés des accords de paix. On peut aussi souligner le rôle de l’ONU lors de l’annexion du Koweït par l’Irak qui réagit pour condamner cette annexion avec dès le 2 août 1990 la résolution 660 qui condamne cette annexion. On peut signaler que l’ONU a voté 14 résolutions par le biais du Conseil de sécurité pour que l’Irak évacue le Koweït. Ce même Conseil de sécurité va d’ailleurs valider l’opération militaire organisée par les E.-U. Pour libérer le Koweït. 
  • L'ONU multiplie en effet les actions et interventions comme au Rwanda, en Bosnie... Une nouveauté est également la mise en place d'une justice internationale avec en 1998 le statut de Rome qui permet la naissance en 2002 de la cour pénale internationale (CPI) dont le siège est à La Haye. Il faut savoir que 66 pays ont adhéré à ce projet mais pas les E.-U., la Chine, la Russie ou l'Inde qui voient cette structure comme niant la souveraineté des états. En ce qui concerne l'ONU, on peut signaler que les E.-U ont souvent été les promoteurs d'idées intéressantes comme l'affirmation du droit d'ingérence en 1991, la volonté de créer un tribunal pénal international mais une fois ces éléments mis en place, les E.-U refusent d'y adhérer voyant en eux une limite à leur souveraineté. Il en est de même d'ailleurs au sujet du développement durable : ils ne ratifient pas ainsi le protocole de Kyoto de 1997. Néanmoins, on peut aussi mettre en exergue plusieurs échecs du maintien de la paix que ce soit en Somalie en 1992-1993 ou encore au Rwanda en 1994 lors du génocide rwandais. Ce sont également des années marquées par la multiplication et le développement d'unions régionales : l’intégration régionale se développe à l’échelle mondial avec des Unions vues comme des éléments de dynamisation du commerce mais également des Unions vectrices de paix avec l’idée que le commerce facilite la paix. La CEE devient l'Union européenne et s'élargit considérablement, en 1991, c'est la création du Mercosur (Brésil, Argentine, Uruguay, Paraguay, l'ASEAN créée en 1967 devient l'ASEAN + 3 avec le Japon, la Corée du Sud et la Chine... 
  • Les années 1990 sont d’ailleurs des années positives pour l’Union européenne avec la mise en œuvre de l’Acte Unique européen et le Traité de Maastricht sans oublier une UE qui s’élargit passant de 12 à 15 en 1995 puis à 25 en 2004. L’Union européenne devient d’ailleurs un modèle d’intégration régionale. 

c/ Mais une permanence des crises avec un monde restant instable et peu maîtrisé 

  • Les années 1990, bien qu’il y ait eu une volonté d’ordonner le monde selon le modèle de la démocratie libérale mais aussi de le pacifier, sont des années troubles avec des crises multiples et des conflits. L'hégémonie américaine et la volonté d'un nouvel ordre mondial ne réduisent donc pas les crises et les conflits dans ces années 1990-2000. On assiste au développement de conflits régionaux (y compris en Europe) dont certains ont une dimension ethnique et identitaire. Ainsi, à partir de 1991, une région européenne se délite : les Balkans. 
  • En 1991, la Yougoslavie implose avec la volonté de sécession de la Croatie et de la Slovénie qui proclament leur indépendance en 1991 mais aussi de la Bosnie en octobre. 
  • On peut rappeler que la Yougoslavie était née après la 1e guerre mondiale s’appelant Royaume des Serbes, des Croates et des Slovènes devenant royaume de Yougoslavie en 1929. 
  • En 1945, ce pays est contrôlé par les communistes de Tito qui font de ce royaume un état fédéral composé de 6 Républiques : Croatie, Slovénie, Serbie, Macédoine, Monténégro, Bosnie-Herzégovine (et de deux régions autonomes : Voïvodine et Kosovo). La fin de la guerre froide et la montée des nationalismes facilitent l’implosion de la Yougoslavie. La Serbie refuse cette implosion ce qui provoque un conflit à plusieurs dimensions. Seule la Slovénie obtient son indépendance sans aucune difficulté. Le 25 juin 1991, la Slovénie proclame son indépendance et la brève intervention de l’armée yougoslave n’entame pas le processus. 
  • En juillet 1991, des accords sont signés (accords de Brioni), accords négociés notamment avec la Communauté européenne. Mais c’est plus compliqué en Croatie où se trouve une minorité serbe rejetant l’indépendance ce qui déclenche une guerre brève mais brutale. La Communauté européenne tente de régler le problème appelant à un cessez-le-feu et réunissant une conférence de paix en septembre 1991. Cette conférence échoue et la Commission d’arbitrage du conflit évoque en décembre 1991 « un processus de dissolution « inévitable de la Yougoslavie. 
  • En janvier 1992, la Communauté européenne reconnaît les indépendance de la Slovénie et de la Croatie. On peut signaler que ce n’est qu’en 1995 que les forces serbes quittent la partie du territoire croate qu’ils occupaient encore. La Bosnie devient le principal théâtre d'opérations avec une guerre opposant les différentes composantes ethniques de Bosnie : Serbes, Croates et Bosniaques musulmans ( la ville de Sarajevo devient le symbole de cette tragédie). Le 29 février 1992, la Bosnie organise un référendum sur son indépendance, une référendum auquel la population serbe de Bosnie refuse de participer (les Serbes représentent 32 % de la population de la Bosnie, les musulmans représentent 44 % et les Croates 17 %). L’indépendance est votée et les Serbes de Bosnie décident de faire sécession soutenus par la Serbie. Les forces serbes (par des milices) lancent une offensive. 
  • Ce conflit se traduit par une volonté de purification ethnique dont le massacre de la population musulmane par des forces de l'Armée serbe de Bosnie de Srebrenica est l'illustration. L’ONU a tenté de réagir notamment par une résolution votée en février 1992 (résolution 743) créant une force de protection des Nations unies (FORPRONU). Sont aussi créées des zones de sécurité pour protéger des populations musulmanes (6 enclaves sont créées dans cette perspective dont une à Srebrenicza). Suite aux massacres de Srebrenicza commis en juillet 1995 dans pourtant une enclave où étaient présentes des forces de l’ONU restées passives, l’OTAN prend le relais avec une intervention militaire (opération deliberate force) pour faire cesser les massacres. 
  • Parallèlement, on recherche un règlement politique de la question aboutissant finalement avec les accords de Dayton : la Bosnie est partagée en deux entités : une entité serbe et une entité croato-musulmane tout en restant un état souverain avec Sarajevo comme capitale unitaire. Une force sous l’autorité de l’OTAN est déployée pour une durée d’un an et est remplacée en 1996 à la fin de l’année par une force multinationale de stabilisation (SFOR) de l’ONU. Ce qui s’est passé en Bosnie marque une certaine faillite de l’Union européenne incapable de peser sur les événements mais aussi de l’ONU. Ce sont en fait les Américains et l’OTAN qui ont permis tant bien que mal la résolution du conflit. On peut mettre en exergue qu’aujourd’hui la Bosnie reste clivée avec ce qu’on peut considérer comme étant une « partition ethnique » de fait. En février 2016, la Bosnie-Herzégovine a présenté sa candidature à l’entrée dans l’Union européenne ce qui peut être vu comme une perspective intéressante pour ce pays ? Puis, en 1999, c'est au tour de la région du Kosovo d'être dans l' œil du « cyclone ethnique ». Le Kosovo est une province serbe où 90% des habitants sont d'origine albanaise (2 millions). En 1989, le Kosovo avait perdu son statut d’autonomie au sein de la République serbe. Les Kosovars souhaitent assez rapidement l’indépendance et ont créé dans cet objectif un mouvement de libération : l’UCK (armée de libération du Kosovo) en 1996. En 1998, les Serbes décident de chasser ces albanais (processus de purification ethnique) ce qui conduit à une guerre civile et à une intervention américaine. 
  • Cette dernière se fait encore dans le cadre de l’OTAN en mars 1999 avec des bombardements des troupes serbes sans mandat explicite de l’ONU d’ailleurs. La Russie et la Chine étaient hostiles à cette opération. En juin 1999, le Conseil de sécurité de l’ONU vote une résolution (1244) mettant sur pied une force internationale, la KFOR. Plus tard, à partir de 2006 commencent des négociations sur le statut final du Kosovo sans qu’aucun accord ne soit trouvé avec la Serbie. Le Parlement du Kosovo proclame l’indépendance le 17 février 2008. Cette indépendance n'est pas reconnue par tous les états dont la Russie, l’Espagne, la Grèce notamment ce qui fait que le Kosovo ne peut intégrer l’ONU. 
  • Enfin, on peut signaler qu’en 2006 l’Union entre la Serbie et le Monténégro a pris fin, le Monténégro faisant sécession (après un référendum), une indépendance acquise sans aucun problème. Les années 1990 sont également tumultueuses pour l'Afghanistan. Certes, en 1989, les troupes soviétiques se sont retirées de ce pays suite à une intervention en 1979 mais dès ce retrait commence une guerre civile entre Afghans et clans afghans. Dans ce conflit émerge une nouvelle force : les Talibans, un mouvement islamiste qui finit par s'imposer et prend le pouvoir en 1996 instaurant un état islamique. Les Talibans soutiennent Al Qaïda dont ils accueillent des bases et Ben Laden qui se réfugie dans ce pays en 1998 après avoir quitté le Soudan. La situation est aussi tendue dans le Caucase notamment dans une région russe : la Tchétchénie. En 1991, les Tchétchènes proclament leur indépendance ce qui provoque une intervention russe et deux guerres : une première entre 1994-96 et une seconde de 1999 à 2000. Pour la Russie, il est hors de question que la Tchétchénie fasse sécession. Enfin, pour l'Afrique, on peut parler, pour reprendre l'expression de Sylvie Brunel de « décennie du chaos » avec 35 états sur 53 qui connaissent une période de guerre civile. Avec la fin de la guerre froide, on pouvait penser que l’Afrique pouvait elle aussi être pacifiée puisqu’elle n’était plus un enjeu de cette guerre froide. Or, dans plusieurs régions africaines, la situation politique s’est dégradée avec des guerres civiles d’une grande violence. C’est le cas au Liberia (1989-1997) ou en Sierra Leone (1991-2002) ou en Somalie. 
  • En 1993, l’Erythrée après un long conflit se détache de l’Ethiopie mais un conflit les oppose entre 1998-1999 au sujet de leurs frontières respectives. Il faut mettre l’accent sur le fait que ces conflits ont plusieurs dimensions : lutte pour le pouvoir, contrôle des ressources économiques, tensions entre peuples...La région des Grands lacs s'embrase également avec en 1994 le génocide au Rwanda, une République du Congo qui s'enfonce dans une longue guerre civile après la fin de la dictature de Mobutu. En Afrique du Nord, particulièrement en Algérie, les années 1990 sont celle d'une terrible guerre civile opposant le parti au pouvoir, le FLN au front islamique de salut (FIS). Ce dernier avait gagné des élections en 1991 et le FLN craignant la mainmise du FIS a opté pour son interdiction en 1992. Une insurrection se déclenche conduite par le GIA (groupes islamistes armés) et ce conflit ne prend réellement fin qu'en 2002. 
  • Les cas de la Somalie et du Rwanda sont intéressants à développer car ils mettent en évidence des échecs de l’ONU à maintenir la paix. La Somalie était un pays où le pouvoir était contrôlé depuis 1977 par Siad Barré avec le soutien de l’URSS. Quand la guerre froide se termine, Siad Barré perd le soutien de l’URSS et son régime est contesté perdant le contrôle d’une partie du pays. La guerre civile se développe, Siad Barré doit s’exiler (au Nigeria) mais la guerre se poursuit entre deux factions rivales : celle du président ayant succédé à Barré, Ali Mahdi Mohamed et celle du général Mohamed Farah Aïdid. L’ONU décide de réagir par un embargo sur les armes à destination de la Somalie puis décide la création d’une mission de paix : Opération des Nations Unies en Somalie (ONUSOM). En décembre 1992, l’ONU devant une situation humanitaire désastreuse va plus loin en décidant une intervention militaire à but humanitaire. Les Etats-Unis et d’autres états (12 dont la France) vont participer à l’opération Restore Hope. Cette opération ne se déroule pas très bien et en octobre 1993, le président américain Bill Clinton décide du retrait des forces américaines., un retrait effectué et terminé en mars 1994. Il décide également que les forces américaines n’interviendront plus sous l’égide de l’ONU avec une approche beaucoup plus sélective des interventions ( ainsi, les E.-U n’interviendront pas au Rwanda). Précisément, le Rwanda est un bon exemple de l’incapacité de l’ONU à instaurer et préserver la paix. Le Rwanda est un état d’ Afrique des Grands lacs, une ancienne colonie belge composée de plusieurs peuples : les Hutus (plus de 80 % de la population), les Tutsis (15 % de la population) et les Twas (2 % de la population). Les colonisateurs belges pour mieux contrôler le Rwanda ont clivé la population en s’appuyant sur la minorité des Tutsis. Ils ont de fait instrumentalisé les populations pour atteindre leurs objectifs. Quand le pays devient indépendant en 1962, les Hutus majoritaires prennent le contrôle du pouvoir contraignant un certain nombre de Tutsis à quitter le pays (suite à des massacres). Ces derniers vont s’organiser notamment en créant ultérieurement le Front patriotique de libération (FPR) en 1987. Le FPR lance une offensive contre l’état rwandais en 1990 avec l’aide de l’Ouganda (base arrière du FPR). 
  • Le pouvoir en place au Rwanda avec comme président Juvénal Hyabarimana reçoit le soutien de la France qui forment les troupes rwandaises. Au début des années 1990 se développe un extrémisme hutu (le Hutu power) qui refuse tout accord avec le FPR. Néanmoins en août 1993 sont signés les accords d’Arusha avec la présence d’une mission de l’ONU dans le pays. Les accords prévoyaient des élections libres afin de déterminer l’avenir du Rwanda. Dans ce contexte, les extrémistes Hutus développent des discours de plus en plus durs contre les Tutsis (et les Hutus les soutenant). Le 6 avril 1994, le président Habyarimana meurt dans un attentat (son avion a été abattu). Les Hutus extrémistes profitent de ce prétexte pour déclencher des massacres qui devient un véritable génocide (entre 800 000 et 1 million de personnes sont assassinées).
  • Ce n’est qu’en juin que l’ONU et la France décident d’intervenir par l’opération Turquoise, une opération trop tardive. On peut donc voir que la fin de la guerre froide n'est pas source d'un monde particulièrement apaisé. Bilan : les conflits des années 1990, l’ ordre mondial Les années 1990 ne sont pas des années d’un monde pacifié. Les conflits des années 1990 sont nombreux et ont plusieurs dimensions mais certains ont une dimension dominante. Une de ces dimensions est la dimension nationaliste et ethnique comme la guerre ethno-tribale en Afghanistan entre 1989 et 1994, la guerre en Yougoslavie en particulier en Bosnie et au Kosovo... D'autres ont une dimension religieuse importante comme la guerre civile en Algérie opposant les islamistes et le FLN...
  • Il faut insister sur le contrôle des ressources comme dans la guerre civile en Sierra Leone entre 1991 et 2002 qui avait notamment pour objet le contrôle de zones diamantifères. 
  • Les années 1990 sont aussi des années de développement de l'islamisme avec une multiplication des attentats : attentats dans deux hôtels d'Aden au Yémen par Al Qaïda, attentat au World Trade Center en 1993 revendiqué par Al Qaïda... 
  • Dans les années 1990 se développe l’idée d’un monde pouvant devenir plus multipolaire car organisé autour de plusieurs pôles de puissance.Certes, les E.-U étaient la puissance dominante comme nous l’avons vu mais certains spécialistes percevaient le signes d’un « essoufflement des Etats-Unis. » (Pascal Boniface). Rappelons que des auteurs comme Paul Kennedy (Naissance et déclin des grandes puissances, 1987) mettait déjà en évidence un déclin des Etats-Unis. Pour lui,« la véritable question n’est pas de savoir si le déclin américain est inéluctable, mais de savoir si la rapidité de ce déclin est inéluctable. » Plusieurs puissances s’étaient affirmées même si elles n’étaient pas des puissances globales comme les Etats-Unis à savoir l’Union européenne et le Japon et surtout on assistait dans ces années 1990 à l’émergence de puissances comme la Chine, l’Inde... Sur le plan économique, l’essor de pays dits émergents montrait que le monde était en voie de multipolarisation.
Attentat du 11/09/2001

B/ Approche : les années 2000,une nouvelle donne internationale pour un monde de plus en plus multipolaire


a/ De nouveaux acteurs et rapports de force avec une contestation de « l'ordre américain » 

  • Toutefois, depuis les années 2000, le monde change avec de nouveaux acteurs sur la scène politique et économique mondiale. Au niveau économique comme nous le verrons ultérieurement, on assiste à un basculement de l'économie mondiale vers l'Asie-Pacifique avec des états qui ont confirmé leur potentiel à savoir les NPIA (Taïwan, Corée du Sud, Singapour et Hong Kong) mais aussi l'émergence de la Chine et de l'Inde sans oublier le développement des états appelés « bébés tigres » ( Indonésie, Philippines, Malaisie). Le monde est beaucoup moins polarisé autour de la triade : le monde est devenu économiquement plus polycentrique (voir ci dessus). 
  • Au niveau politique, quand bien même les Etats-Unis restent la première puissance mondiale, ils sont désormais contestés en particulier par une puissance montante : la Chine. Cette dernière est non seulement économiquement dynamique mais elle a conscience de ses forces et entend s'affirmer à la fois régionalement et mondialement : elle est en passe de devenir une puissance incontournable. La Chine modifie incontestablement les rapports de force à l'échelle mondiale à telle enseigne que les E.-U (administration Obama) recentrent davantage leur politique étrangère sur l'aire Pacifique. Dans une telle situation, l'Europe apparaît comme « déclinante » n'étant plus capable d'imposer ses points de vue : une Europe à la traîne. 

b/ Vers un monde vraiment multipolaire ? 

  • De fait, le monde semble devenu multipolaire du moins beaucoup plus multipolaire que dans les années 1990. La puissance étasunienne est de plus en plus contestée que ce soit par la Chine ou par des mouvements comme les mouvements islamistes mais aussi par des états comme le Venezuela ou le Brésil. Cette contestation en Amérique latine, longtemps considérée par les E.-U comme sa sphère d'influence majeure (doctrine Monroe), est une nouveauté. Ainsi, les états sud- américains sous l'impulsion du Brésil ont refusé la proposition américaine de former une zone de libre échange (en 2005) réunissant les états du continent américain : la ZLEA (zone de Libre échange des Amériques). De façon plus générale, ce qui est remis en question est la domination des états développés : E.-U et Europe : c'est à priori la fin d'un système, celui de la domination de l'Occident. 
  • Les pays occidentaux n'ont plus le monopole de la puissance : un monopole qui s'était affirmé à partir des 15e et 16e siècles. On peut dresser une typologie de ce monde devenu multipolaire : des pays développés toujours puissants mais dont le monopole de la puissance s'effrite (Amérique du Nord + Europe + Japon) ; des états émergents dont la puissance se développe et s'affirme à l'échelle mondiale et régionale (Chine, Inde, Brésil, Russie, Afrique du Sud) ; des puissances qui s'affirment au niveau régional et semblant incontournables dans leurs régions respectives (Mexique, Argentine, Nigeria, Arabie saoudite, Iran, Turquie, Israël, Pakistan, Thaïlande, Indonésie).
  •  Les autres états (la majorité des états de la planète) sont plus ou moins en retrait et sont dépendants des différentes puissances mondiales ou régionales. Dans ce monde multipolaire, les grandes institutions internationales éprouvent de grandes difficultés de régulation que ce soit une institution comme l'ONU ou même des institutions plus économiques comme le FMI ou la Banque mondiale. Enfin, plusieurs zones sont particulièrement instables et symboles d'un monde difficile à contrôler : la zone sahélienne, le Proche et Moyen-Orient notamment deux zones qui sont aussi nommés l'arc des crises. 

 c/ Des acteurs importants : les pays émergents 

  •  « Les nouveaux centres de l'économie mondiale, si tant est qu'il doive en émerger dans un avenir prévisible, je les chercherais plutôt du côté de ces monstres qui possèdent à la fois l'espace, les hommes, les ressources naturelles : les Etats-Unis, le monde russe, la Chine, l'Inde...le Brésil peut-être » écrivait en 1983 le grand historien français Fernand Braudel. Ce que pressentait Braudel arrive et se confirme dans les années 1990-2000 avec un certain nombre d’états qui se développement fortement économiquement tout en voulant s’affirmer plus sur le plan politique. Dans un tel contexte, une nouvelle notion est mise eau point : la notion d’émergence.Ce concept d'émergence est récent : il est apparu en 1981 sous la forme de « marchés émergents », une formule utilisée par par un économiste de l'International Finance Corporation, Antoine Van Agtmael. Cette organisation est liée à la Banque mondiale et a été créée en 1956 pour accorder des prêts au secteur privé. Il voulait inciter des investisseurs américains à investir dans des marchés jugés porteurs se situant en particulier en Asie car cet continent connaît à l’époque une forte croissance économique. Le mot émergent appartient au début au monde de la financer avant d’être utiliser de façon plus générale au niveau économique pour aboutir à la notion « d'économies à marchés émergents. »
  •  C'est surtout à partir du début des années 2000 que la notion d'émergence s'affirme notamment avec un économiste de la banque Goldman Sachs, Jim O'Neill, qui écrit en 2001 une note dont le titre est : Building Better Global Economic BRICs qui met en évidence des pays qu'il faut suivre à savoir les BRIC que sont le Brésil, la Russie, l'Inde et la Chine. Depuis les acronymes se sont multipliés : CIVETS, MIST, BENIVM... sans qu'aucun de ces acronymes ne puisse avoir la notoriété des BRICS (CIVETS : Colombie, Indonésie, Vietnam, Egypte, Turquie et Afrique du Sud acronyme créé par Robert Ward en 2009, MIST : Mexique, Indonésie, Corée du Sud et Turquie acronyme créé par Goldman Sachs, BENIVM : Bangladesh, Ethiopie, Nigeria, Indonésie, Vietnam, Mexique) créé par Laurence Daziano).
Recherche