2/ L'énergie et les matières premières : entre abondance et rareté

Introduction

Les ressources naturelles sont des « substances ou des organismes présents dans la nature et utiles à la vie de l'homme et à ses activités économiques .» (Définition B. Mérenne-Schoumaker). Ces ressources sont pour certaines renouvelables mais pas toutes ; Les ressources non renouvelables comme les matières premières minérales, les combustibles fossiles (charbon...) et les ressources renouvelables comme les matières premières agricoles... 
Au niveau du vocabulaire, on peut mettre en évidence les produits de base définis par la Conférence des nations unies pour le commerce et le développement comme « tout produit de l'agriculture, des forêts ou de la pêche, et tout produit minéral, que ce produit soit sous sa forme naturelle ou qu'il ait subi la transformation (....). »
 Les commodités (commodities en anglais) désignent les produits (ou services) dont le prix se forme sur un marché soumis à la loi de l'offre et la demande. Depuis plusieurs années, avec la hausse de la demande des matières premières, ces ressources sont devenues des enjeux fondamentaux tant sur le plan économique que géopolitique. Elles sont également un enjeu environnemental crucial.

A/ Un défi clé : le défi alimentaire


Nourrir les hommes est une préoccupation essentielle surtout dans le cadre d'une planète où les hommes sont toujours plus nombreux. Comme l’indique la revue Carto (juin 2019 : Demain on mange quoi?), « en 2050, l’agriculture mondiale devra faire face à un défi majeur : nourrir 9,7 milliards d’habitants. 
Or, sur une planète bousculée par les changements climatiques et marquée par les inégalités d’accès à l’alimentation, cela nécessitera une augmentation de la production agricole de 50 %. » La revue Diplomatie de mars 2019 intitulé Nourrir la planète insiste dans son éditorial sur le fait que « notre planète compte près de 900 millions d’êtres humains qui ne se nourrissent pas à leur faim. »
La terre et le contrôle des terres sont ainsi essentiels et depuis très longtemps la terre est un enjeu de pouvoirs, une sources de tensions et de conflits comme le montre bien Pierre Blanc dans un ouvrage paru en 2018 aux presses de SciencesPo : Terres, pouvoirs et conflits, une agro-histoire du monde. 
D’ailleurs, toujours dans l’éditorial de la revue Diplomatie (mars 2019), la revue met en avant « la raréfaction des terres cultivables et l’accélération de l’accaparement des ressources agricoles par quelques entreprises et Etats (...) qui constituent désormais un phénomène d’ampleur mondiale. » 
De façon générale, une des questions essentielles est celle de la sécurité alimentaire. « L’agriculture, l’alimentation et les agriculteurs sont déterminants dans la construction du territoire (...) et sont bien au coeur des rivalités qui se manifestent partout, qu’elles soient internes aux Etats (...) ou externes, à savoir les tensions interétatiques. »(Sébastien Abis et Pierre Blanc : Géopolitique de l’agriculture, éditions Eyrolles 2020) L’alimentation et le défi alimentaire sont aussi des questions géopolitiques. 

a/ Une nécessité : nourrir les hommes 

-Situation générale 

  • Nourrir les hommes est bien entendu une priorité avec une question simple : peut-on nourrir des hommes toujours plus nombreux ? L’accès alimentation a toujours été fondamental et l’est bien sûr encore. Or , il faut nourrir un monde où les individus sont toujours plus nombreux ce qui met « au défi les agricultures et la sécurité alimentaire mondiale » comme le soulignent Sébastien Abis et Pierre Blanc. Il faut toutefois souligner que la sécurité alimentaire ne se pose de la même façon sur la planète. 
  • Ainsi, nourrir l’Asie qui est le continent le plus peuplé ce n’est pas la même chose que nourrir l’Europe. 
  • De même, le continent africain qui connaît une forte croissance démographique est et sera davantage que d’autres régions de la planète confronté au défi alimentaire. 
  • Dans ce cadre, il faut rappeler l’importance bien entendu de l’agriculture mais aussi du monde rural trop souvent négligé dans un monde qui s’urbanise Dans certaines régions du monde, le monde rural est encore très présent : ainsi en Afrique on compte environ 765 millions de ruraux. 
  • Un pays comme l’Inde est encore majoritairement rural.
  • On estime qu’environ 1,3 milliards d’individus dans les mondes ruraux à l’échelle planétaire vivent de l’agriculture soit 28 % de la population active mondiale ce qui n’est pas négligeable (plus d’un actif sur deux en Afrique subsaharienne vit de l’agriculture). Le secteur agricole a encore dans certaines zones géographiques un poids important : 14 % du PIB africain, 8 % du PIB asiatique mais seulement 2 % du PIB de l’Union européenne. 

 -Les productions et la sécurité alimentaire

  • Les productions alimentaires sont en croissance ce qui est une nécessité sachant qu'il y a croissance démographique. Les disponibilités alimentaires sont estimées à 2 800 kilocalories (Kcal) au niveau mondial (2 400 à 2700 sont nécessaires) mais de l'ordre de 3 400 Kcal par personne et par jour dans les états développés et de 2 650 dans les états en développement. On note bien entendu des différences régionales : en Inde cette disponibilité est de 2 500 Kcal contre 2 900 en Chine ou 3150 en Corée du Sud. 
  • On peut signaler qu'en Afrique subsaharienne, la moyenne est de 2 200 avec des états pouvant être nettement en dessous (Somalie, Burundi...) La demande alimentaire n'est pas seulement liée à la démographie mais aussi aux changements des régimes alimentaires et à des individus dont les moyens financiers sont plus importants dans le cadre d'une société de consommation qui est aussi une société de consommation alimentaire. Pour de nombreuses productions, l'augmentation est importante.  On peut à cet égard prendre la consommation de volailles qui est passée, en Chine, de 3 kilos dans les années 1980 à huit kilos aujourd'hui dans les villes et de 1 à 4 dans les zones rurales. 
  • De manière générale, la consommation de viande augmente ce qui génère une hausse de la production : la consommation moyenne mondiale est de près de 42 kilos par personne et par an (80 kilos pour les pays développés et plus de 31 kilos pour les pays en développement). On peut préciser que cette hausse de la production et consommation de viande provoque une hausse de la production de céréales puisqu'il faut entre 7/10 kilos de céréales pour produire 1 kilo de viande. 
  • L'augmentation des productions a permis incontestablement de mieux nourrir les hommes tant quantitativement que qualitativement. L'interrogation est de savoir si la hausse des productions peut permettre de satisfaire les besoins d'une population qui devrait atteindre les 9 milliards d'habitants voire plus en 2050. Entre 2013 et 2050, le nombre d'habitants habitant dans des pays où on dispose de plus 3000 calories par jour et par personnes devrait être supérieur à 4,7 milliards.  Il faudra donc augmenter les productions pour répondre à cette hausse : une augmentation de 45% de la production de céréales est nécessaire et plus généralement une hausse de 60% de la production agricole mondiale.  Il s'agit là d'un défi important à relever, un défi économique et technique dans un contexte de développement durable mais aussi de problèmes sanitaires (OGM...) La sécurité alimentaire est un impératif essentiel et un enjeu géopolitique.
  •  En effet, bien qu'il y ait une hausse des productions, la sous alimentation reste un problème avec 821,6 millions de personnes sous alimentées en 2018 selon un rapport de l'ONU avec une même hausse constatée ces dernières années : l'objectif fixé pour 2030 d'une Faim zéro est encore lointain. 515 millions de personnes souffrant de la faim vivent en Asie, 256,5 millions en Afrique qui sont les deux zones géographiques les plus touchées. Pourtant, on peut rappeler que le droit alimentation est reconnu et affirmé par la déclaration universelle des droits de l’homme de l’ONU de 1948. Le 20e siècle bien qu’il y ait eu d’incontestables progrès agricoles et alimentaires a connu des famines et encore en 2021 plusieurs zones géographiques connaissent des « crises alimentaires aiguës » (Sébastien Abis et Pierre Blanc) comme au Soudan du Sud, au Yémen... Cette insécurité alimentaire s'explique par des conflits, des difficultés climatiques, la hausse des prix agricoles rendant l'accès aux produits plus délicate... 
  • En 2015, l’ONU a fixé dans le cadre de ses objectifs pour le développement durable, l’objectif « faim zéro » or un tel objectif semble difficile à atteindre. En 2015, plus de deux milliards d'individus sont mal nourris manquant de certaines vitamines. Il faut préciser que dans certains pays on note une hausse des personnes mal nourris comme en Inde, au Pakistan, en Indonésie... 
  • La malnutrition, c'est également le problème de l'obésité que l'on rencontre dans les états développés et émergents. La sous nutrition et la malnutrition sont les symboles d'un développement pas encore réussis.  Au niveau géopolitique, la nourriture est une arme : le food power. Il est donc nécessaire aux états d'être indépendant au niveau alimentaire afin de ne pas dépendre ou de dépendre le moins possible d'autres états. 
  • Ces dernières années, on a assisté à des émeutes de la faim qui peuvent déstabiliser des états et des régimes politiques. En 2008, des émeutes de ce type ont eu lieu à Haïti, en Egypte, au Maroc ou encore aux Philippines. A Haïti, elles ont contribué à la chute du gouvernement (1er ministre Jacques-Edouard Alexis) suite au doublement du prix du riz notamment. 

-Les marchés agricoles 

  • Les produits agricoles sont rappelons-le des matières premières (au même titre que les matières premières minérales). Les céréales jouent un rôle clé servant tant à nourrir les hommes que les animaux. Dans ce contexte d'une nécessaire sécurité alimentaire et d'une augmentation des productions, on assiste aussi à une augmentation des échanges de produits agricoles s'inscrivant ainsi dans la mondialisation. Pourtant les échanges agricoles et agroalimentaires ne représentent que 8% des échanges de marchandises .
  • Depuis 1986, les produits agricoles ont fait l'objet de négociations dans le cadre du GATT avec l'Uruguay Round : les droits de douane dans ce domaine ont également diminué et on remarque que les échanges de produits agricoles en volume augmente même si leur part dans le commerce mondial ne cesse de diminuer (82% des exportations agricoles sont des produits alimentaires transformés. 
  • Entre 2000 et 2012, les exportations de produits agricoles ont été multipliée par 3, une hausse s'expliquant en partie par une augmentation des cours. Mais la hausse en volume a tout de même été de 60%.  Certains états sont de grands pays exportateurs de produits agricoles : l'UE et les Etats-Unis sont en position de force.  En 2020, les principaux exportateurs de produits agricoles sont l'UE, les E.-U mais des états comme la Chine, le Brésil, l'Inde, l' Argentine sont aussi des acteurs importants.  En ce qui concerne les céréales, les principales productions sont le maïs avec à l’échelle mondiale en 2019 1,1 milliard de tonnes de production devant le blé avec 764 millions de tonnes, le riz avec 495 millions de tonnes. En 2017, les principaux producteurs de céréales étaient (toutes céréales confondues), la Chine avec 617 millions de tonnes devant les Etats-Unis avec 440 millions de tonnes, l’Inde avec 313 millions de tonnes, la Russie 131 millions de tonnes...  La France se classait au 8e rang mondial avec 64,5 millions de tonnes. On peut souligner qu’en 2020-2021 la production mondiale de céréales est en croissance avec 2,2 milliards de tonnes Au niveau des exportations de blé, en 2019-2020, 768 millions de tonnes de blé ont été produits et environ 174 millions de tonnes sont exportés.  Il faut insister sur le fait qu’un pays peut être un grand producteur de blé sans être un exportateur majeur. C’est le cas pour le blé de la Chine qui est un producteur majeur sans être un grand exportateur. 
  • En 2019, l’Union européenne est la principale productrice de blé avec 137 millions de tonnes devant la Chine avec 131 millions de tonnes, l’Inde avec 99 millions de tonnes, la Russie avec 71 millions de tonnes et les Etats-Unis avec 51 millions de tonnes.Les principaux exportateurs sont la Russie, les E.-U., l’Union européenne notamment. En ce qui concerne le maïs, les E.-U sont les premiers exportateurs mondiaux devant le Brésil . Pour les graines de soja, le Brésil et les Etats-Unis sont les principaux exportateurs. 
  • Le commerce mondial des produits agricoles est globalement contrôlés par les états développés à hauteur de 62% (selon l'OMC) et par des états émergents comme le Brésil ou l'Inde. Le marché de la viande bovine est ainsi dominé par 5 pôles : l'UE, les E.-U., l'Australie, le Brésil et l'Argentine avec respectivement 22%, 20%, 20%, 9% et 7% du marché en question. Les états développés dominent donc les marchés agricoles ; les états dits du Sud sont par contre dans une certaine dépendance aux exportations agricoles : ainsi, 26 états sont dépendants à plus de 50% des produits agricoles dits de base.  Certains états du Sud jouent néanmoins la carte des exportations agricoles comme la Côte d'ivoire, le Vietnam avec le café... 
  • On peut aussi différencier les états excédentaires qui peuvent donc être exportateurs comme la France, les E.-U., l'Australie... et des états déficitaires qui peuvent être des états développés comme le Japon, la Corée du Sud, des états riches comme l'Arabie saoudite et les EAU ou des états pauvres comme de nombreux PMA. Les états qui sont dans l'obligation d'importer sont comme les états exportateurs dépendants des cours des produits. Ces cours sont variables par nature : à la baisse dans les années 1980-1990, ils sont depuis une dizaine d'années plutôt à la hausse. Ces cours s'établissent sur des marchés boursiers agricoles comme à Chicago (bourse aux grains ) ou à Londres. L'instabilité peut s'expliquer par une offre parfois incertaine notamment en raison d'aléas comme les aléas climatiques mais aussi, et c'est inquiétant, par une forte spéculation sur ces marchés. 
  • Les marchés sont sous le contrôle de grandes firmes qui sont le plus souvent américaines ou européennes. En 2016, parmi les 15 plus grandes FTN de l'agroalimentaire, on compte 7 FTN américaines avec Pepsico, Coca Cola, Tyson Foods, Kraft Heinz, Mondelez, Archer Daniels Midlands et Genral Mills. 
  • On trouve une FTN française à savoir Danone (10e rang mondial), une FTN suisse, Nestlé (la première au monde), une FTN belge à savoir Ab Inbev, une FTN brésilienne JBS... En 2020, Nestlé est au 1er rang mondial des FTN de l’agro-alimentaire et se positionne au 82 e rang mondial tous secteurs confondus avec un CA de plus de 92 milliards de $, Pepsico se classe au 160 e rang mondial tous secteurs confondus avec un CA de 67 milliards de $, JBS la firme brésilienne est au 213 e rang mondial avec un CA de 51 milliards de $...  Les firmes liées à l'agriculture que sont les FTN agrochimiques sont également des firmes américaines ou européennes comme Monsanto (E.-U.), Du Pont de Nemours (E.-U.), Bayer (Allemagne), Novartis (Suisse), Aventis (France)... 
  • L'agriculture est une véritable filière industrialisée formant un complexe agroalimentaire impressionnant. Des FTN produisent et vendent des produits à l'échelle mondiale que ce soit des boissons gazeuses, des produits transformés, des produits laitiers... ; d'autres sont des FTN de la chimie produisant des éléments nécessaires aux productions (les intrants) comme Dow Chemical, Bayer... ; certaines produisent des tracteurs... sont donc des firmes spécialisées dans l'industrie mécanique comme John Deere, Renault et certaines sont des firmes spécialisées dans le négoce des produits agricoles comme Cargill, Bunge...). 
  • Certaines FTN agroalimentaires sont connues parleurs marques. Ainsi, la firme suisse Nestlé (siège social à Vevey) contrôle plusieurs marques comme Nespresso, Vittel, Lanvin (chocolat), la laitière, Perrier, Galak... ; Unilever dont les sièges sont à Londres et Rotterdam contrôle les marques suivantes : Carte d'or, Magnum, Cornetto, éléphant (le thé), Lipton... Pepsico dispose des marques Quaker, Benenuts, Seven up, Tropicana, Gatorade... Kraft Food et Mondelez ont les marques Carte noire, Milka, Daim, Belin, Toblerone, Suchard... Parmi les acteurs des marchés agricoles hormis les firmes et les places boursières, il y a aussi des nouveaux acteurs financiers que sont des banques d'investissement et des fonds spéculatifs dont le but est précisément de spéculer et donc de chercher une rentabilité financière maximale. 

b/ Comment ? Avec quelles conséquences ? 

  • Pour nourrir davantage les hommes, des moyens sont mis en place sachant que s'offrent deux possibilités : améliorer les rendements et/ou développer les terres agricoles et donc augmenter les surfaces de production. Plusieurs états développent de nouveaux espaces agricoles par la conquête de terres nouvelles qui sont mises en valeur. Longtemps notamment aux 19e et 20e siècles, la hausse des productions s'est réalisée par la mise en culture de terres nouvelles : actuellement la surface agricole mondiale est d'environ 5 milliards d'hectares dont 1,4 milliard de terres arables, 3,4 milliards de pâturages... La conquête et la mise en valeur de terres résultent de très importants défrichements par le biais notamment de fronts pionniers comme au Brésil ou dans certaines parties de l'Afrique (notamment pour cultiver des cultures d'exportations comme le café, le cacao, le soja au Brésil...).  Ces défrichements se font au détriment des forêts comme en Indonésie pour la culture des palmiers fournissant l'huile de palme. Parallèlement, il faut insister sur la disparition de terres agricoles pour plusieurs raisons : processus d'urbanisation avec un étalement urbain important, érosion des sols devenant inexploitables...  La recherche de terres se traduit par le phénomène du land grabbing c'est-à-dire l'achat de terres. Ce processus est particulièrement important en Afrique, un continent perçu comme un « réservoir de terres » selon Pierre Blanc. Cet accaparement peut avoir plusieurs origines : la production d'agro-carburants , exploiter la forêt et le bois, pour la production alimentaire ou encore l'exploitation minière. 
  • Depuis plusieurs années, ce phénomène prend de l'ampleur notamment dans des états en développement. Des terres sont achetées par des acteurs étrangers aux pays concernés qui peuvent être des firmes, des fonds de pension de pays du Nord mais aussi de pays émergents comme la Chine ou l'Inde. Ces achats porteraient selon certaines estimations sur environ 200 millions d'hectares de terres (8 fois la superficie du Royaume-Uni).  L' Afrique est le premier continent concerné avec 66% des terres achetées notamment au Soudan, en Ethiopie, au Mozambique...) mais l'Asie est également touchée avec 21% dans des états comme le Laos, les Philippines, l'Indonésie... tout comme l'Amérique latine (10%) avec des états comme l'Argentine, le Brésil. 
  • En Afrique, on estime que lors de la décennie 2000, 60 millions d'hectares de terres sont passées sous le contrôle d'investisseurs étrangers. On peut parler d'une véritable « ruée » vers des terres vierges à exploiter.
  • L'Ethiopie en est une illustration alors que ce pays a entre 7 et 11% de sa population dépendant de l'aide alimentaire mondiale, une population atteignant plus de 94 millions d'individus dont 80% vivent dans les zones rurales. Plus de 3 millions d'hectares de terres sont désormais contrôlées par des investisseurs étrangers notamment par des groupes saoudien (Saudi Star), indien (Ruchi agri)...  Pour certains, il s'agit d'un « vol de terres » (à juste titre). Cet accaparement des terres peut aussi concernés des états autres que des états africains ou asiatiques. Un pays européen comme la Roumanie connaît ce phénomène puisque 6% de ces terres ont fait l'objet de cet accaparement mais aussi la partie est de l'Allemagne.  Un autre moyen de produire plus est d'intensifier les rendements : une intensification pouvant se faire par l'irrigation, de nouvelles semences ou encore les développement des OGM. Ces dernières se sont d'abord développées aux E.-U dans les années 1990 et les cultures OGM sont passées de 1,5 millions d'hectares à l'échelle mondiale en 1996 à 181,5 millions d'hectares en 2014. 
  • Ce sont les E.-U qui disposent le plus de superficie en cultures OGM avec plus de 73 millions d'hectares devant le Brésil avec 42 millions d'hectares et l'Argentine avec 24 millions d'hectares. C'est la culture de soja OGM qui domine représentant 84% des surfaces cultivées. Un état comme l'Inde connaît une croissance forte avec désormais 11 millions d'hectares de terres alors que l'Union européenne n'a pas fait ce choix avec seulement 0,1% de la surface agricole utile en OGM.  Des états comme la Chine, l'Afrique du sud se tournent également vers des cultures OGM mais aussi des états pauvres comme le Burkina-Faso (coton), la Bolivie... 
  • Les cultures OGM soulèvent des enjeux notamment de santé mais aussi d'indépendance économique des agriculteurs les utilisant puisque les semences sont à acheter chaque année. Face aux risques, certains agriculteurs et états qui les encouragent optent pour une agriculture biologique reposant sur la non utilisation de produits chimiques de synthèse. Plus de 380 millions d'hectares de terres dans le monde sont dédiées à ce type d'agriculture (en 2012) avec 88 états qui se sont dotés d'une véritable réglementation dans ce domaine mais 85% de surfaces biologiques se concentrent dans 20 pays dont l'Australie, l'Argentine, plusieurs états européens comme la France, l'Allemagne... Ce sont l'Océanie et l'Europe qui arrivent en tête avec environ 2,9% et 2,3 ̈% de leurs surfaces agricoles cultivées en biologique (0,7% pour l'Amérique du Nord). On développe aussi une agriculture « raisonnée » avec une utilisation réduite des engrais et produits chimiques.
Studiapedia

B/ Les enjeux énergétiques et les matières premières : sources de tensions et d'inquiétudes


L'énergie est fondamentale pour nos sociétés modernes tant pour les industries que les besoins domestiques. « Les matières premières demeurent donc une clé de lecture du monde » comme le rappelle Bernadette Mérenne-Schoumaker dans l’Atlas mondial des matières premières (éditions Autrement, 2020). Les matières premières et les énergies sont de ce fait des enjeux clés. L’énergie (et l’ensemble des matières premières) est « un des champs privilégies de la géopolitique » souligne Cédric Tellenne (Géopolitique des énergies, éditions La découverte,2021) La croissance démographique, le développement économique et la recherche de la croissance tout comme les modes de vie de nombreux individus (société de consommation, société de l'automobile...) nécessitent l'utilisation d'énergies et de matières premières. L'utilisation de ces ressources pose des problèmes environnementaux et certaines sont épuisables. Les ressources énergétiques sont au cœur du modèle actuel de développement et leur utilisation suscite des débats. »L’énergie est un « vecteur de développement et de puissance des Etats » (Cédric Tellenne) tout en étant « un moteur de l’histoire. »
 L'énergie est parallèlement une source de tensions et d'enjeux pour son contrôle, son commerce... : elle est pleinement un enjeu géopolitique entre les états. L’énergie a ainsi été une arme décisive lors de guerres mondiales du 20e siècle et reste un déterminant clé des relations internationales. A ce titre, il y a des lieux essentiels dont les routes stratégiques (détroits, canaux...) mais aussi les oléoducs, gazoducs... Les énergies et les matières premières sont des marchés avec des acteurs que sont les Etats, les firmes notamment. Depuis la fin de la seconde guerre mondiale, la demande en matières premières est en constante augmentation en lien avec la croissance démographique mais aussi avec la croissance économique d'où une forte pression sur les ressources énergétiques. Il faut vraiment insister sur la croissance économique comme vecteur de pression sur les matières premières avec un monde qui a opté pour une croissance forte afin d'assurer le développement économique. Depuis quelques années, la demande en matières premières est tirée par les pays émergents dont la Chine. 
La croissance économique de ces pays émergents nécessitent une forte consommation de matières premières. Avant même de développer ces différents aspects, il faut rappeler qu'on parle d'énergies primaires quand elles sont directement utilisées comme le charbon et secondaires quand elles sont le produit d'une énergie tierce comme c'est le cas pour l'électricité. Les énergies dites fossiles (pétrole, charbon) représentent 85 % de la consommation d’énergie primaire. On distingue également les énergies renouvelables comme les énergies éolienne, hydraulique et les énergies non renouvelables ou énergies fossiles comme le pétrole. On nomme matières premières les ressources naturelles utilisées par les différentes industries pour produire ou acheminer un produit. Ces matières premières nécessitent le plus souvent des opérations de transformation pour aboutir à un métal utilisable par l'industrie (aluminium, cuivre...). Les ressources minérales sont de différents types avec des ressources énergétiques fossiles comme le pétrole, le charbon, le gaz ; des ressources métalliques, des pierres précieuses comme le diamant... 

 a/ L'énergie et son contrôle : une nécessité pour les sociétés modernes 

  • La consommation d'énergie est non seulement importante dans les sociétés modernes et industrielles mais globalement en hausse constante. Parallèlement, la consommation d'énergie et de matières premières est un bon révélateur du niveau de développement d'un état mais aussi des inégalités de développement. En 20 ans, le volume d'énergie consommée a été multiplié par 1,5 avec une consommation qui est passée de 7 850,6 millions de tonnes équivalent pétrole en 1970 à 13 972 de MTep millions en 2017 (croissance de 2,7% par an) et entre 1965 et 2013, cette consommation a été multipliée par 3,3. La consommation mondiale d'énergie primaire en 2017 par habitant était de 1,9 Tep. La tonne équivalent pétrole représente la quantité d'énergie présente dans une tonne de pétrole c'est-dire- 41,868 gigajoules. Une tonne équivalent pétrole correspond 1 616 kg de houille, 1069 m cube de gaz, 954 kg d'essence moteur ou 11,6 Mwh. Trois combustibles fossiles assurent plus de 80% de l'approvisionnement mondial en énergie à savoir le charbon, le pétrole et le gaz naturel (84,3% en 2019). Le pétrole reste à la première place des énergies exploitée (bien que sa part soit en diminution), le charbon se trouve en seconde position et le gaz naturel en troisième. Selon la BP Statistical Review en 2019, la production mondiale de pétrole était de 95,2 millions de barils par jour et la production de gaz naturel de 3 989 milliards de m cube. Comme le souligne Jean-Pierre Favennec (Géopolitique de l’énergie : revue Diplomatie, février 2018), « les hydrocarbures sont la source majeure d’énergie. » Au niveau de la production, la part du pétrole est notamment passée de 39,9% entre 1990 et 2013 à 32,8% et 32% en 2017 alors que la part du charbon dans le même temps est passée de 28,5% à 27,1% en 2017. 
  • La production de gaz naturel représente 22,2% en 2017, celle de l'électricité par le nucléaire 4,9% et celle liée à l'hydroélectricité 2,5%. Les biocarburants et biomasse représentent environ 10% de la production et les autres sources comme les éoliennes, géothermie, solaire ne représente que 1,1% de la production énergétique. En 2019, le pétrole représente toujours environ 32% de l'énergie consommée, le charbon 27% et le gaz naturel 22%. Le nucléaire ne dépasse pas 4% de l'énergie fournie et les énergies renouvelables atteignent environ 10% (seulement) de l'énergie consommée. Au total, cette production représente donc 13 972 millions de tonnes équivalent pétrole. Toujours pour les chiffres clés fournis par BP en 2017 et en ciblant sur le pétrole et le gaz naturel : la production mondiale de barils/jour de pétrole est de 92,6 millions, les réserves sont évaluées à 1 696 millions de barils ; pour le gaz naturel la production mondiale est de 10,1 milliard de m cube par jour avec 193 500 milliards de m cube de réserves Même si on constate une stagnation en 2014-2015, la consommation d'énergie devrait croître avec notamment une croissance prévue de la consommation de charbon et des hydrocarbures dits non conventionnels (pétrole et gaz de schiste). On peut s'appuyer sur l'exemple du pétrole avec une hausse de la consommation en 2014 avec plus 840 000 barils/jour par rapport à 2013, une hausse s'expliquant notamment par les besoins des pays émergents (Chine, Brésil, Inde). La consommation de pétrole a connu un pic en 2013 avec 7978 millions de tonnes mais une décrue légère s'est amorcée : 7710 millions de tonnes en 2015, 7410 millions de tonnes en 2016. Mais depuis 2017, il semble que la consommation reparte à la hausse avec une consommation de pétrole ayant même atteint des niveaux record en 2019 de 101 millions de barils par jour avant que la crise sanitaire liée au Covid 19 ne change la donne au moins temporairement. Au niveau des états, les principaux consommateurs d’énergie dans le monde sont sans aucune surprise la Chine, les Etats-Unis et l’Union européenne.
  • On peut signaler que toutes énergies confondues, la Chine est devenue le premier consommateur mondial d'énergie depuis 2010 devant les Etats-Unis. Par contre, la consommation d'énergie par tête d'habitant révèle un classement pouvant paraître étonnant (source : oilprice.com en kilogrammes d'équivalent pétrole ou Kep : chiffres 2017) : l'Islande est en première position avec 18 774 kg, le Qatar avec 17 418 kg, Trinité-et-Tobago (importants gisements de pétrole et de gaz naturel) avec 15 691 kg, le Koweït avec 10 408 kg... (les E.-U sont en 9e position avec 6 793 kg). Les chiffres de la consommation d'énergie primaire en 2016 sont révélateurs de grands pays consommateurs qui sont tous des pays développés ou émergents : la Chine est au 1er rang mondial avec 23% de l'énergie primaire consommée ( 3053 millions de Tep) devant les E.-U avec 17% de l'énergie consommée (2273 millions de Tep), l'Inde avec 5% de l'énergie consommée ( 724 millions de Tep) ( La Russie est au 4e rang mondial, le Japon au 5e..) En ce qui concerne les principaux producteurs mondiaux d'énergie en 2019 (source BP statistical review 2020), pour le pétrole, les E.-U sont au 1er rang mondial avec 746 millions de tonnes devant la Russie avec 568 millions de tonnes, l’Arabie saoudite 55 millions de tonnes, le Canada 274 millions de tonnes, l’Irak 234 millions de tonnes, la Chine 191 millions de tonnes, les Emirats Arabes Unis 180 millions de tonnes, l'Iran 160 millions de tonnes... 
  • Pour le gaz (y compris le gaz de schiste), les principaux producteurs en 2018 sont les E.-U avec 831 milliards de m cube devant la Russie 669 milliards de m cube, l'Iran 239 milliards, le Canada 184 milliards, le Qatar 175 milliards et la Chine avec 161 milliards de m cube. Pour le charbon, les principaux producteurs sont la Chine, les Etats-Unis et l’Australie. Pour ce qui est des réserves de pétrole et de gaz (réserves prouvées : source BP Statistical Review 2017), les réserves les plus importantes se trouvent au Venezuela avec 301 milliards de barils, en Arabie saoudite avec 267 milliards de barils, au Canada avec 172 milliards de barils, en Iran avec 158 milliards de barils... Pour les réserves prouvées de gaz naturel en billions de mètres cubes, les réserves les plus importantes sont en Iran avec 33,5 billions de m cube devant la Russie 32,3, le Qatar 24,3, le Turkménistan 17,5 et les E.-U. 8,7. Près de 80% des réserves de pétrole se localisent dans des pays membres de l'OPEP avec notamment 50% des réserves en Arabie saoudite, Iran, Irak, EAU et Koweït. En fait comme le dit J.P Favennec, « 70% des réserves d'hydrocarbures se situent dans une zone étroite qui couvre les pays riverains du Golfe et qui remonte vers la Russie en englobant la région de la Caspienne et la Sibérie occidentale. » Dans une perspective historique, on peut distinguer plusieurs phases. 
  • De 1900 à 1950, la consommation énergétique est multipliée par 2 (ou un peu plus) passant de 965 à 2 099 millions de tonnes équivalent pétrole avec une phase où la production et la consommation de charbon dominent. Il faut rappeler l'importance du charbon notamment au moment de la Première révolution industrielle : le développement de certaines industries comme la sidérurgie ou la métallurgie, de régions comme le bassin de la Ruhr, le Nord- Pas-de-Calais ont bénéficié du charbon. Néanmoins, dès la fin du 19e et le début du 20e siècle, d'autres sources d'énergie apparaissent avec l'électricité (houille blanche) et surtout le pétrole. A partir des années 1950, le pétrole va supplanter en partie le charbon comme source d'énergie majeure : entre 1950 et 1973, la consommation de pétrole est d'ailleurs multipliée par 3. Le pétrole est devenu l'énergie des trente glorieuses à une époque où le prix du pétrole est très bon marché. Les années 1970 avec les chocs pétroliers de 1974 et 1979, la donne change. Les prix du pétrole augmentent fortement étant multiplié par 4 en 1974. La hausse des prix du pétrole et la crise vont contribuer à diversifier les sources d'énergie avec le développement de l'électricité par l'intermédiaire du nucléaire, du gaz naturel avec parallèlement toujours une utilisation du charbon. On constate donc une hausse de la consommation mondiale d'énergie mais tous les habitants de la planète n'ont pas accès équitablement à cette énergie. Environ 1,2 milliards d'individus n'ont ainsi pas accès à l'électricité (17% de la population mondiale) et de nombreux individus n'ont pas d'automobiles ou même accès à des transports en commun. D'ici 2030, encore 880 millions d'individus seront encore privés d'électricité. 
  • Selon le Conseil mondial de l'énergie, il faudrait investir entre 19 000 et 25 000 milliards de $ pour répondre à la demande en électricité d'ici 2030. sans d'ailleurs que tous les individus puissent disposer d'électricité. Bien entendu, les personnes n'ayant pas accès à l'électricité vivent dans des états en développement et notamment dans des PMA. Ainsi, selon la Banque mondiale entre 2011 et 2014, 43% des Afghans ont accès à l'électricité,37% en Angola, 38,4% au Bénin, 26,6% en Ethiopie, 14,4% au Niger... Par contre,il faut mettre en évidence un changement qui s'est opéré depuis quelques années : la consommation en énergie des états développés n'est plus que de 44% de la consommation mondial (18% pour les E.-U et 13,4% pour l'UE notamment) alors qu'elle est de 66% pour les états du Sud : ce changement s'explique par la forte consommation d'énergie des états émergents dont la Chine, l'Inde... C'est d'ailleurs les états asiatiques qui sont actuellement les plus grands consommateurs d'énergie (44% de la consommation mondiale). L'importance de l'Asie s'explique non seulement par la démographie mais aussi par le fort développement économique et une hausse des niveaux de vie en lien avec le processus d'urbanisation (les villes sont particulièrement énergivores). 
  • On peut donc distinguer de grandes zones de consommation et de production d'énergie. Le continent américain est à la fois une zone de production importante et de consommation notable. Certains états américains disposent de ressources en énergie importantes comme le Canada, les E.-U., le Brésil, le Mexique ou encore le Venezuela ou même des états de dimension plus réduite comme l'Equateur ou Trinidad-et-Tobago. Parmi, les ressources disponibles, on peut relever le pétrole y compris le pétrole de schiste, le gaz naturel... L' Amérique du Nord produit 19% de l'énergie mondiale (pétrole+ gaz naturel + charbon) dont 17,5% du pétrole mondial. L' Amérique latine produit quant à elle 5,5% de l'énergie (9,2% du pétrole) Une autre zone géographique productrice d'énergie notamment de pétrole et de gaz naturel est le Moyen-Orient qui fournissait en 2012 l'équivalent de 16,6 % de la production énergétique mondiale dont 32,5% du pétrole et 16,3% du gaz naturel. Troisième zone géographique productrice l'Asie qui produit 31,3% de l'énergie dont 67,8% du charbon (9,6% du pétrole seulement). L' Europe sans la Russie est une région qui produit relativement peu avec 6,1% de l'énergie un chiffre comparable ou presque à l'Afrique avec ses 7,2% mais une Afrique qui par le biais de plusieurs états comme le Nigeria, le Gabon... produit tout de même 10,9% du pétrole.
  •  Enfin, on peut insister sur l'importance de la Russie et des états issus de l'ex-URSS qui produisent 14,2% de l'énergie mondiale dont 16,2% du pétrole et 22,2% du gaz naturel (rôle clé de la Russie et du Kazakhstan notamment). On peut préciser qu'un peu moins de 40% des énergies produites par les différents états sont exportées et destinées aux marchés mondiaux ce qui signifie qu'environ 60% sont pour les marchés nationaux et locaux. L'électricité est peu exportée sauf entre pays proches (1% de la production mondiale d'électricité seulement est exportée) mais le charbon l'est également peu étant un produit pondéreux (13% du charbon produit est exporté). Au niveau des grandes zones de consommation et d'importation, on trouve l'Europe mais aussi des états comme le Japon, la Chine, l'Inde, l'Amérique du Nord jusqu'à une date récente. La forte demande en énergie et matières premières est de façon générale plutôt difficile à satisfaire d'où des tensions sur les prix avec une offre difficile à satisfaire ne serait-ce que d'un point de vue purement technique. En effet, pour exploiter de nouveaux gisements miniers ou en hydrocarbures, il faut du temps. Avant d'analyser certains produits, il est nécessaire de montrer que nous sommes en présence de marchés mondialisés avec des organisations particulières. Les matières premières s'échangent de plus en plus sur des marchés mondialisés avec des transactions s'opérant par des bourses. 
  • Ces places boursières ont en partie remplacé ce qu'on nomme les marchés de gré à gré où les transactions étaient conclues directement entre le vendeur et l'acheteur. Il existe également des marchés au comptant où les produits sont mis en vente aux enchères puis livrés à une date précise et au cours du jour ou a été signé le contrat. S'ajoutent des marchés à terme où sont achetés des produits livrables à une échéance donnée avec des prix fixés à l'avance en fonction des prévisions des cours. Parmi les marchés au comptant, on peut mettre en valeur le marché spot (pétrole) où sont achetés et vendus des quantités de pétrole au jour le jour (entre 5 et 10% de la production mondiale). Les marchés à terme sont devenus très importants avec deux types d'intervenants : des professionnels des matières premières que sont producteurs, transformateurs et négociants et les spéculateurs. Se développe de ce fait la financiarisation de ces marchés avec une importante spéculation, une financiarisation par le biais de fonds spéculatifs, d'investisseurs institutionnels (banques, assurances)... En ce qui concerne le marché des matières premières, la plupart des échanges sont effectués par le CME Group qui réunit le Chicago Mercantile Exchange (CME), le Chicago Board of Trade (CBOT), le New York Mercantile Exchange (Nymex) et le New York Commodity Exchange (Comex) : ce CME group est devenu la plus importante bourse d'échanges concernant les matières premières. Plusieurs acteurs interviennent sur ces marchés dont les firmes de négoce. Elles contrôlent et interviennent sur l'ensemble des opérations entre les fournisseurs et les acheteurs que ce soit pour les matières premières agricoles, les minerais ou les hydrocarbures. Parmi les grands négociants, on trouve les firmes suivantes : Vitol (Pays-Bas), Glencore (Suisse), Cargill (Etats-Unis), Bunge (Etats-Unis), Louis Dreyfus (France mais siège à Amsterdam).... 
  • Glencore est un négociant dans les secteurs de l'énergie et des minerais fondé en 1974 (siège en Suisse à Baar) et à ses débuts simple intermédiaire entre producteurs et acheteurs. Actuellement, Glencore s'occupent de produits agricoles, de charbon, de fer, de pétrole et a donc diversifié ses activités. Non seulement Glencore est capable d'approvisionner mais il produit, raffine, stocke et transporte des matières premières. Ce groupe a opté pour une chaîne de production dite intégrée (verticale). Glencore a ainsi acheté des mines, des champs pétroliers, des plantations..., possède des navires pour le transport. En 2005, il a même fusionné avec deux groupes de l'aluminium russe : RusAl et SuAl puis a acheté les activités de stockage de métaux d'un groupe italien nommé Pacorini et enfin le groupe minier suisse Xstrata. Ces acquisitions font que Glencore est désormais capable de rivaliser avec les grands groupes du secteur minier comme Rio Tinto ou BHP Billiton. Glencore est introduit en bourse depuis 2011 afin d'accroître ses sources de financement. Il faut mettre l'accent sur la volatilité des prix des matières premières tant énergétiques que minérales. Les cours sont par nature instables avec des prix pouvant fluctuer très rapidement. Autres acteurs fondamentaux, les firmes de production dont les plus connues sont les firmes liées aux hydrocarbures dont Exxon, Royal Dutch Shell ou encore British Petroleum sans oublier les firmes publiques créées par les états producteurs comme la Saudi Aramco (Arabie saoudite), Gazprom (Russie), China National Petroleum Corporation (CNPC Chine)... il existe de grands groupes miniers comme Rio Tinto, BHP-Billiton, Glencore-Xstrata (Glencore est à l'origine comme nous l'avons vu une firme de négoce). Dans un secteur comme celui de l'uranium, quatre sociétés dépassent les 5 000 tonnes par an et sont des acteurs majeurs : la firme nationale kazakhe KazAtomProm, la firme française Areva, la firme russe AtomRedMetZoloto et la firme canadienne Cameco. Ces groupes ont des stratégies que nous allons expliciter. Les firmes actuellement se diversifient : elles possèdent des des gisements, peuvent également posséder des entrepôts,des moyens de transport... 
  • On peut prendre l'exemple de BHP Billiton : BHP (Broken Hill Proprietary Company) est une firme créée en 1895 en Australie qui a fusionné en 2001 avec une firme néerlandaise Billiton International Metals (sièges sociaux à Melbourne et Londres). BHP Billiton a décidé récemment de concentrer ses activités sur les gisements qu'elle exploite déjà (fer, diamants, bauxite...). Rio Tinto (Royaume-uni et Australie), Alcoa (Etats-Unis), Newmon Mining Corporation (Etats-Unis) et Vale (Brésil) sont aussi de grands groupes miniers. On peut remarquer que 75% des sociétés minières mondiales sont enregistrées au Canada, un pays qui offre des réglementations et une fiscalité intéressantes dans ce domaine. Nous allons mettre l'accent sur quelques énergies dont les hydrocarbures, le charbon et l'électricité. Les hydrocarbures à savoir pétrole et gaz naturel sont essentiels restant toujours la « source majeure d'énergie » comme le rappelle J. P Favennec dans un article de la revue Diplomatie de mars 2018 sur la géopolitique de l'énergie. Les hydrocarbures sont au cœur des économies modernes que ce soit en tant que produit énergétique pour les transports ou lorsqu'ils sont utilisés en tant que produits dérivés pour fabriquer des pesticides, des produits synthétiques... 
  • Les hydrocarbures que sont le pétrole et le gaz représente ainsi 55% de la consommation totale d'énergie avec un pétrole toujours une « énergie de référence » (J.P Favennec). Le bitume était déjà utilisé en Mésopotamie mille ans avant J-C à la fois comme un matériau pour l'étanchéisation de structure et comme moyen de chauffage mais aussi comme produit pharmaceutique. Par contre c'est seulement au 19e siècle que le pétrole va être exploité et consommé de façon de plus en plus importante. On peut rappeler qu'entre 1800 et 1914, la population mondiale augmente passant de 800 millions à 1,8 milliard d'habitants ce qui pousse à l'accroissement de la production et de la consommation énergétique, une consommation renforcée par les Révolutions industrielles. Certes, en 1914, le pétrole ne représente que 4% de la consommation énergétique mondiale : c'est le charbon qui est l'énergie de base. Par contre, l'exploitation industrielle se met en place dès 1852 en Azerbaïdjan ou en Roumanie en 1859. le premier forage moderne voit le jour aux Etats-Unis sous l'influence d'Edwin Drake (en Pennsylvanie) permettant le début de l'essor de la production américaine. Avant 1914, les principales régions productrices sont les E.-U et l'Azerbaïdjan. Puis de nouveaux gisements sont découverts et exploités notamment au Moyen-Orient. Le pétrole et le gaz naturel sont présents dans plusieurs pays que ce soit en Amérique : E.-U, Canada, Mexique, Venezuela ; en Afrique notamment en Algérie, Libye, Nigeria, Gabon, Angola... ; au Moyen-Orient en particulier en Arabie saoudite, au Qatar, Emirats Arabes Unis, Irak, Iran... ; en Asie comme en Birmanie, Chine, Brunei...Même en Europe, ces énergies sont présentes comme au Royaume-Uni ou en Norvège. Les zones de production se sont élargies par rapport aux années 1970 avec l'exploitation de gisements off shore ou non comme au Brésil, au Venezuela... Récemment, la découverte et l'exploitation de pétrole et de gaz de schiste aux Etats-Unis ou du pétrole bitumineux au Canada modifient encore ce secteur des hydrocarbures. Au niveau des réserves de pétrole prouvées, 48% sont localisées au Moyen-Orient (un sixième de ces réserves sont en Arabie saoudite) , 20% en Amérique latine, 16% en Amérique du Nord... 
  • En 2013, ces réserves étaient évaluées à 1 687, 9 milliards de barils (garantissant 40 ans de consommation au rythme actuel). Les principaux producteurs de pétrole en 2017 étaient les E.-U avec 571 millions de tonnes devant l'Arabie saoudite avec 561 millions de tonnes, la Russie avec 554 millions de tonnes, le Canada avec 236 millions de tonnes et l'Iran avec 235 millions de tonnes. Selon l'Agence internationale de l'énergie en avril 2015, l'Arabie était au 1er rang mondial avec 11,7 millions de barils/ jour (13% de la production mondiale) devant les E.-U avec 11,1 (12%) et la Russie 10,4 (11,4%). Suivent la Chine avec 4,1 millions de barils/jour, le Canada, l'Iran, les Emirats Arabes Unis, l'Irak, le Mexique et le Koweït (les 10 principaux producteurs de pétrole représentent 64% de la production mondiale). On retrouve toujours les mêmes états mais ce qui a changé la donne est la place désormais occupée par les Etats-Unis grâce au pétrole de schiste.
  •  Il faut signaler qu'en 2018 , la planète n'avait jamais autant consommé de pétrole : pour la première fois, la barre des 100 millions de barils par jour a été franchi. Les Etats-Unis en 2019 devraient approcher la barre des 12 millions de barils par jour. En 2018, les E.-U ont produit 11,6 millions de barils par jour devant l'Arabie saoudite 11,5, la Russie 10,8 (à titre de comparaison la Chine produit 4,2 millions de barils par jour). Si on se place à une échelle régionale, la Russie réalise 78% pétrole de l'ex-URSS, les E.-U 55% de la production nord-américaine, la Norvège 55% de la production européenne, la Chine 52% de la production en Asie Pacifique, l'Arabie saoudite 41% de la production du Moyen-Orient, le Venezuela 37% de la production sud-américaine et le Nigeria 25% de la production africaine : on voit donc une certaine polarisation de la production à cette échelle régionale. Par contre, les plus grands exportateurs sont l'Arabie saoudite (7,7 millions de barils/jour), la Russie (4,7 millions), les EAU (2,7 millions), l'Irak et le Koweït. $Au niveau des exportations, les membres de l' OPEP jouent toujours un rôle majeur. Les E.-U., la Chine sont les plus grands pays consommateurs de pétrole : 50% de cette consommation est le fait des E.-U., de la Chine, du Japon, de l'Inde, de la Russie, de l'Arabie saoudite et du Brésil. Par tête d'habitant, les plus grands consommateurs sont les Singapouriens avec 14 100 litres par habitant (chiffres de 2013) devant les Américains avec 3 380 litres et les Chinois (475 litres) sachant que les habitants des pays de l'OCDE consomment trois fois plus de pétrole que la moyenne mondiale. Le pétrole est, bien entendu, un marché mondial connectant pays exportateurs et importateurs. Le pétrole est souvent transporté par des pétroliers (tankers) et dans certains cas par des oléoducs. Le transport maritime représente un faible coût vu notamment le tonnage des pétroliers. On peut considérer que l'industrie pétrolière a été la première industrie réellement mondiale avec de grandes firmes dès le 19e siècle notamment américaines comme la Standard Oil ou anglaise avec la Royal Dutch Shell ou l'Anglo-Persian Oil Company devenue BP. Pendant longtemps, les grandes firmes pétrolières produisaient, transportaient, raffinaient et distribuaient le pétrole. Or, avec dans les années 1960-70 un important mouvement de nationalisations de ce secteur par les états disposant de la ressource a modifié la donne. Ainsi, actuellement près de 80% des réserves pétrolières sont contrôlées par les firmes nationales des états producteurs. En ce qui concerne les firmes pétrolières, il en existe plusieurs dizaines : certaines sont des firmes d'état alors que d'autres sont des firmes privées. 
  • Selon la revue Fortune en 2020, le classement était le suivant (selon le CA) : Sinopec group (Chine, une firme créée en 1998 dont le siège est à Beijing) est la seconde FTN au monde derrière Walmart avec un CA de 407 milliards de $, la China National Petroleum est au 3e rang mondial avec un CA de379 milliards de $, la Royal Dutch Shell ( une firme créée en 1890 , dont le siège central est à La Haye : Pays Bas et Royaume-Uni) a un CA de 352 milliards de $ et se classe au 5e rang mondial, la Saudi Aramco est la 6e FTN au monde avec un CA de 329 milliards de $, au 8e rang on retrouve BP (Royaume-Uni : une firme créée en 1909 sous le nom d'Anglo-Persian Oil Company) avec 282 milliards de $. Exxon Mobil (Etats-Unis dont le siège social se trouve au Texas à Irving : elle est la lointaine descendante de la Standard Oil fondée par J. Rockfeller et ce groupe résulte de la fusion en 1999 d'Exxon Corporation et Mobil Oil) avec 264 milliards de $ se classe quant à elle au 11e rang mondial. Les firmes pétrolières occupent donc toujours une place considérable dans la hiérarchie des FTN mondiales. Les firmes chinoises sont des firmes publiques ce qui n'est pas le cas des autres. Le marché des hydrocarbures regroupe des firmes très diverses tant par leur taille que par leurs statut. On distingue les MAJORS à savoir des firmes privées dont les plus connues sont Royal Dutch Shell, BP, Exxon Mobil, Chevron et Total. Ce sont ces majors qui ont longtemps dominé le marché du pétrole. 
  • Puis, il existe de multiples compagnies nationales sachant que les principaux pays producteurs possèdent leurs compagnies (contrôlées à au moins 50% par l'état). Parmi elles, Saudi Aramco la firme saoudienne qui était en 2014 la firme produisant le plus de barils/jour, Sonatrach en Algérie, Nigerian National Petroleum Corporation pour le Nigeria, National Iranian Oil Company pour l'Iran ou encore Petroleos de Venezuela SA sans oublier les firmes russes Gazprom et Rosneft, Petrobras pour le Brésil ou les firmes chinoises déjà évoquées. On peut faire remarquer qu'actuellement l'extraction du pétrole est en grande partie nationalisée et la production éparpillée entre plusieurs producteurs (les firmes occidentales ne représentant plus 17% du marché). En 2018 (source Forbes Global), au niveau du chiffre d'affaires Sinopec est tout simplement le troisième FTN au monde comme nous l'avons signalé et le poids des FTN de ce secteur est donc considérable. Le marché du pétrole a une organisation très particulière. Les états producteurs de pétrole et les compagnies nationales de ces pays exploitent le pétrole national et produisent généralement un pétrole à bas coût ce qui est moins vrai pour les firmes privées qui ont passé soit des accords avec des états soit ont accès à un pétrole plus cher à exploiter qui est le pétrole off shore (33% tout de même de la production mondiale) ou le pétrole bitumineux. Les états producteurs vendent leur pétrole à d'autres états par l'intermédiaire de contrats à long terme ou à des firmes. Ils peuvent également vendre le pétrole sur le marché mondial (prix spot), un marché où quelques firmes jouent un rôle important à savoir des firmes de négoce comme Glencore (firme anglo- suisse), Vitol (firme néerlandaise)... Les prix sont variables puisque contrairement à ce que beaucoup d'individus croient, il existe plusieurs prix de référence comme l'Arabian light, le brut de Dubaï, le Brent de la mer du Nord ...
  •  Les cours sont fixés, du moins certains, sur des places financières comme le New York Mercantile Exchange (Nymex), l'International Petroleum Exchange de Londres... Les cours sont différents selon le type de pétrole (pétrole brut ou non, provenance...). Les cours du pétrole en avril 2019 avoisinent 65$ le baril (74$ pour le brent). Certains états se sont organisés en créant l'Organisation des Pays exportateurs de Pétrole (OPEP) dont la création remonte en 1960 (sur une initiative du Venezuela qui réunit plusieurs états (12 en l'occurrence) : Algérie, Angola, Libye, Nigeria, Arabie saoudite, EAU, Irak, Iran, Koweït, Qatar, Equateur, Venezuela. L' Algérie est membre depuis 1969 (c'est le premier état à avoir nationalisé son secteur pétrolier), l'Angola est membre depuis 2007, un état dont le pétrole est produit et exploité par de grandes firmes occidentales, la Libye est membre depuis 1962 (situation actuelle difficile en raison de la guerre civile), le Nigeria est entré dans l'OPEP en 1971, l'Arabie saoudite, l'Iran, l'Irak et le Koweït sont les membres fondateurs alors que le Qatar est membre depuis 1961 et les EAU depuis 1967. L'Equateur était membre de 1973 à 1982 puis a réintégré l'organisation en 2007 (c'est le producteur le moins important de l' OPEP et l'Indonésie au suivi un processus similaire, membre de 1962 à 2008 puis une réintégration en 2016. Cette organisation tente de réguler le marché en fixant un cours et en proposant un système de quotas : il s'agit donc d'un cartel de producteurs. Les recettes pétrolières de l' OPEP sont considérables de l'ordre de 1000 milliards de $ par an. Le marché du pétrole. C'est donc une organisation puissante mais son influence sur le marché est moindre : il existe des approches différentes entre états membres, la politique des quotas n'est pas toujours respectée, la découverte et l'exploitation du pétrole de schiste modifie ce marché et les marchés de Londres et New York impactent de façon notable les cours du pétrole. 
  • En 2014, l'Arabie saoudite a par exemple, rejeté l'idée de diminuer sa production afin selon elle de maintenir les cours. L' Arabie saoudite privilégie ses parts de marché à une politique concertée alors que les cours chutent. L'OPEP dispose d'un système de régulation des productions et des cours fondé, en théorie, sur un volume de production de 30 millions de barils/jour et le volume de production est ajusté en fonction des réserves des pays membres et des besoins des états consommateurs. L'OPEP dispose également une référence de prix par l'intermédiaire d'un d'un « panier » où les prix de référence sont établis en fonction des prix des 13 pétroles bruts produits par ses membres. On peut signaler qu'entre juin et et décembre 2015, le prix moyen de ce « panier » a chuté de 44% pour atteindre 33,6$ en décembre.
  •  Cependant, les cours du pétrole sont liés au cours du $ puisque le pétrole est facturé en $. Ce marché est essentiel et est tout simplement le plus grand marché mondial de matières premières . Ce marché a été contrôlé à ses débuts par la Standard Oil de 1875 à 1911 (la Standard Oil Company avait été fondée par John Rockfeller et a été démantelée au nom de la législation anti-trust puisque cette firme avait fini par monopoliser le marché du pétrole aux E.-U. : elle a éclaté en 34 sociétés dont Mobil et Chevron) puis un accord a joué un rôle important : l'accord d'Achnacarry de 1928, un accord ayant permis aux grandes compagnies de l'époque de se répartir le marché ( cet accord avait été initié par Standard Oil of New Jersey, Royal Dutch Shell et l'Anglo-Persian Oil Company auxquelles se sont ajoutées 4 autres firmes : Standard Oil of New York, Standard Oil of California qui deviendra Chevron, Gulf Oil et Texaco qui seront ultérieurement absorbées par Chevron). La domination de ces compagnies abouti jusqu'aux années 1970 à des cours faibles jusqu'au premier et second chocs pétrolier : le cours passe de 3£ en 1973 à environ 40 $ en 1980. En ce qui concerne le gaz naturel, 43% des réserves se localisent au Moyen-Orient, 31% en Ex- URSS. Il est devenu une source d'énergie importante avec environ 21% de la consommation énergétique mondiale et une production multipliée par 2,3 depuis 1974. Des états comme la Russie, le Qatar, la Norvège, l'Algérie sont de grands producteurs de gaz : la Russie est au 1er rang mondial avec environ 25% de la production devant l'Iran, le Qatar (14%), la Norvège (12%) et l'Algérie au niveau du gaz dit conventionnel. Il faut préciser qu'un quart seulement de la production de gaz est exporté ce qui s'explique par des difficultés techniques pour le transporter (gazoducs, méthaniers). On peut mettre en évidence trois systèmes gaziers au niveau territorial avec des zones de production et de consommation relativement proches : la zone Europe (consommatrice) liée à la Russie , au Maghreb et au Moyen-Orient ; la zone Asie avec des liens entre le Japon (consommateur) et Indonésie et Malaisie et enfin la zone E-U-Canada-Mexique. Le gaz de schiste a littéralement provoqué une révolution sur le marché du gaz (un gaz non conventionnel) au profit des E.-U. Et du Canada.
  •  Ainsi, si on prend en compte le gaz de schiste, les principaux producteurs mondiaux sont les E.-U devant la Russie, l'Iran, le Canada, le Qatar et la Chine avec en 2017 (source BP Statistical review) respectivement 20%, 17,3%, 6,1%, 4,8%, 4,87% et 4,1% de la production mondiale. Grâce au gaz de schiste, les E.-U devancent la Russie depuis 2010. On peut mettre l'accent sur le poids grandissant du gaz naturel non conventionnel (gaz de schiste) bénéficiant à des états comme les E.-U, la Chine ou même l'Australie. La consommation de gaz est notamment tirée par les états émergents en particulier les états émergents d'Asie. Le marché du gaz est un marché dit de gré à gré qui était longtemps organisé par des contrats à long terme (pouvant aller jusqu'à 30 ans) entre états ou entre entreprises nationales. Aujourd'hui, le système demeure mais on peut aussi acheter et négocier du gaz sur des marchés financiers : deux places sont réputées à savoir New York Mercantile Exchange et l'International Petroleum Exchange de Londres. Les cours du gaz sont mesurés en MBTU c'est-à-dire en million de British Thermal Unit : il s'agit d'une unité de mesure anglaise représentant la quantité de chaleur nécessaire pour élever la température d'une livre d'eau d'un degré Fahrenheit à une pression normale. Le gaz se vend donc en MBTU sur les places boursières : 1 MBTU est égal 304,8 m cube de gaz. Depuis 2007, les cours du gaz sont devenus plus instables variant de 6 à 14 $ mais est descendu en mai 2016 à 2,17 $. Dans le domaine du gaz, une firme est particulièrement puissante : la firme russe Gazprom. Elle est le premier exploitant et exportateur mondial de gaz (aussi présente sur le marché du pétrole). Cette firme a été créée en 1989 et son siège social est à Moscou : l'état russe est l'actionnaire majoritaire. Son actuel PDG se nomme Alexeï Miller, un ancien vice-ministre de l'énergie de la fédération de Russie. 
  • En 2012, cette firme comptait plus de 400 000 salariés , contrôle 20% de la production mondiale (et 90% des réserves russes), a un chiffre d'affaires de 82,9 milliards d'euros en 2015 et elle est la FTN russe la plus puissante. Gazprom est un géant de l'énergie en Russie et en Europe, une firme qui investit massivement (pour 44 milliards de $ en 2013). en 2014, Gazprom a signé un accord avec la Chine sur la livraison de 40 milliards de m cube de gaz. La revue américaine Fortune dans son classement 2015 la classe au 26e rang mondial. Une autre firme puissante est la firme du Qatar : Qatar Petroleum créée en 1974, résultat d'une nationalisation du domaine de l'énergie dans ce pays. L'activité gazière de cette firme est devenue essentielle. Comme cela a été suggéré auparavant il faut mettre en exergue l'importance des hydrocarbures dits non conventionnels en particulier pétrole et gaz de schiste. En ce qui concerne le pétrole de schiste, l'Amérique du Nord détiendrait environ 60% des réserves. L'essor du gaz de schise est très important aux E.-U. (plus de 100 000 puits en fonctionnement). Trois pays ont d'importantes ressources de ce type : les E.-U donc mais aussi la Chine et la Russie. Le marché du charbon est toujours un marché important (entre 27 et 30% de l'énergie mondiale ces dernières années) et encore en 2010, 61 états en produisaient et 104 en consommaient. On peut rappeler que le charbon est utilisé depuis très longtemps (plus de 3000 ans) et qu'il a été l'élément décisif au niveau énergétique des révolutions industrielles. Ce n'est qu'à partir des années 1960 qu'il a été devancé par le pétrole. La production mondiale a même augmenté puisqu'elle a doublé depuis 1960 : trois milliards de tonnes en 1968, quatre milliards en 1984 et environ huit milliards de tonnes en 2012 et 7,8 en 2015. En 2014, la production mondiale de charbon était de 3 933,5 Millions de TEP (ou 7,8 milliards de tonnes en 2013 dont 3,6 milliards pour la seule Chine) : la Chine en 2018 est le principal producteur avec 46,9% de la production mondiale devant les Etats-Unis 12,9% de la production, l'Indonésie 7,2%, l'Australie 7,1%, l'Inde 6,2% et la Russie 4,3%. Depuis 1999, la croissance de la production de charbon est plus importante que pour les autres sources d'énergie fossiles : les réserves de charbon sont importantes, son prix intéressant. Le charbon est surtout utilisé pour la production d'électricité ( à plus de 70%) et pour la production de coke nécessaire à l'industrie sidérurgique. La Chine est le premier consommateur de charbon avec 50,6% de la consommation mondiale devant les Etats- Unis 11,7% et l'Inde 9,3%. L'utilisation du charbon permet en Chine de produire 80% de l'électricité et aux Etats-Unis 52% de l'électricité. On peut aussi préciser que seulement 6 états réalisent 90% des exportations à savoir l'Indonésie pour 30%, l'Australie pour 27%, la Russie avec 10%, les Etats-Unis 8% mais aussi la Colombie et l'Afrique du Sud avec quatre importateurs majeurs que sont la Chine, le Japon, la Corée du Sud et l'Inde. Les réserves de charbon sont plutôt importantes et se localisent pour 26,6% aux Etats-Unis, 17,6% en Russie, 12,8% en Chine. Le charbon est côté sur les places boursières notamment au NYMEX (New York) où son cours est au mois de mai 2016 de l'ordre de 44 $ la tonne (contre 64$ en 2013).
  • En 2012, le World ressources Institue avait recensé 1 231 projets de centrales à charbon signe de l'intérêt pour cette ressource sachant toutefois que les deux tiers de ces projets concernent l'Inde et la Chine, deux états émergents aux besoins très importants. En Chine, 70% de l'électricité produite provient de centrales à charbon d'où son importance pour ce pays. En 2015, l'Inde a dépassé en tant que consommatrice les E-U. On peut aussi faire remarquer qu'un pays comme l'Allemagne développe sa consommation de charbon pour produire son électricité dans un contexte d'abandon du recours au nucléaire. Un autre état européen consomme beaucoup de charbon à savoir la Pologne où le charbon fournit 90% de l'électricité du pays. La Pologne ne compte pas remettre en cause cette option puisque les houillères polonaises emploient encore 100 000 ouvriers et que le charbon évite le recours aux importations d'autres énergies. Parallèlement, la Pologne entend développer une autre source d'énergie dont elle dispose : le gaz de schiste. La hausse de la consommation de charbon pose un problème écologique puisque cette ressource est à l'origine de fortes émission de gaz à effet de serre (environ 44% des émissions mondiales de carbone. Les E.-U avec Donald Trump ont en plus l'intention de développer davantage l'exploitation du charbon américain. Un autre domaine intéressant est celui de l'électricité avec deux possibilités notamment : l'utilisation du nucléaire et l'hydroélectricité. La production mondiale d'électricité a connu une croissance plutôt régulière pour atteindre 23 127 TWh en 2013. Le secteur du nucléaire fournit environ 5,7% de l'énergie mondiale mais le pourcentage peut être particulièrement important pour certains états notamment en France où cette énergie(selon RTE) représente en 2014 77% de la production d'électricité contre 12,6% pour l'hydraulique, 5% pour les centrales thermiques à combustible fossile, 3,1% pour l'éolien et 1,1% pour le photovoltaïque. La France est d'ailleurs le second producteur mondial d'électricité d'origine nucléaire derrière les E.-U., devant la Russie, la Chine, le Royaume-Uni. 
  • En 2014, la cour des comptes a évalué le coût de l'énergie produite en France par la filière nucléaire à 59,8 euros le mégawattheure, un coût jugé plutôt bas puisqu'il permet aux Français de payer leur électricité 22% moins cher que la moyenne de l'Union européenne. Le coût d'un mégawattheure par l'éolien est d'environ 80 euros, 100 euros pour le photovoltaïque (idem pour les centrales thermiques) mais seulement de 15 à 20 euros pour l'hydroélectricité. Cette part de l'énergie nucléaire est de 47% en Ukraine, 42% en Suède, 30% en Corée du Sud, 19,7% aux Etats-Unis... La filière nucléaire civile s'est mise en place dans les années 1950 notamment aux Etats-Unis (1951), en Franec et au Royaume-Uni (1956). Le premier choc pétrolier va considérablement accélérer le développement du nucléaire civil : en effet, il est perçu comme une alternative alors que les prix du pétrole s'envolent. Par contre, il faut insister que ce nucléaire civil n'a pas le même poids dans les états l'utilisant. Dans certains états, les programmes nucléaire civils ont été arrêtés ou sont en passe de l'être comme en Allemagne, en Suède ou encore en Belgique alors que c'est loin d'être le cas dans des états comme la France ou le Japon : dans ce dernier cas, l'actuel premier ministre Shinzo Abe prévoit même une relance du nucléaire civil bien qu'il y ait eu en 2011 l'accident de Fukushima. Dans plusieurs états émergents en pleine croissance, les programmes liés au nucléaire civil sont poursuivis pour répondre à une demande énergétique croissante : c'est le cas dans des pays comme le Brésil, la Chine, la Corée du Sud... On peut enfin mettre en évidence que cette énergie nécessitant une réelle technologie ne peut être utilisée que par des états en ayant les moyens (financiers et technologiques) d'où son exploitation par des états développés et émergents. Cette énergie pose néanmoins plusieurs problèmes : la gestion des déchets avec le problème du stockage des déchets radioactifs ; les risques accidentels (Tchernobyl et Fukushima en sont des illustrations) mais aussi la durée assez limitée des centrales dont certaines comme Fessenheim en France sont à renouveler. Enfin, un dernier problème comme l'a montré le cas de l'Iran, à partir du nucléaire civil, il est possible de mettre en œuvre un nucléaire militaire. 
  • L'énergie hydroélectrique ne pose pas ce type de difficultés : il s'agit d'une énergie propre qui fournit désormais 16% de l'électricité dans le monde. (2,3% des besoins énergétiques mondiaux). Par contre, construire des barrages nécessite d'importants capitaux et peut poser des problèmes environnementaux à moyen terme comme le montre le cas du Nil. Environ 30 états ont des capacités hydroélectriques importantes et 5 produisent plus de 54% de l'électricité par ce biais : la Chine, le Brésil, les Etats-Unis, le Canada et la Russie (16 états produisent 77%). Plusieurs états ont fait et font encore d'importants investissements en matière d'équipements hydroélectrique comme la Turquie avec son projet GAP, la Chine, le Brésil, l'Inde... La Chine se situe au 1er rang mondial de production d'énergie hydroélectrique avec 18,8% de la production mondiale fournissant 17,7% de la production d'électricité du pays en 2014 : le barrage des Trois Gorges est devenu le symbole de la puissance de ce secteur en Chine (l'état chinois compte porter la capacité productive de 280 Gwh en 12014 à 510 en 2050 avec plusieurs barrages en construction comme les barrages de Baihetan (il devrait être le second barrage de Chine derrière celui des Trois Gorges et est construit sur le fleuve Jinsha, un affluent du Yanze) et de Wudongde dans la province du Yunnan. Après avoir vu les caractéristiques des hydrocarbures, voyons celles des matières premières minérales. L'exploitation de certains minerais est très ancienne : 8000 ans avant J-C pour le cuivre, 4000 ans avant J-C pour l'argent et l'or... Jusqu'au 19e siècle, quelques minerais ont joué un rôle essentiel comme l'or, l'argent, le fer, l'étain ou le plomb. On considère qu'il existe 6 grands métaux industriels : fer, aluminium, chrome, manganèse, cuivre et zinc. 
  • Certains métaux sont utilisés depuis une date récente : l'aluminium est utilisé de manière importante et industrielle depuis le 20e siècle. Depuis les années 1950, on exploite de nouveaux métaux dont des métaux rares. Actuellement, sont fortement consommés les « grand métaux » que sont le fer, le cuivre mais aussi des métaux devenus essentiels tels l'alumine, le chrome, le manganèse, le silicium, le plomb et des métaux dont la production est limitée (minerais rares) comme le molybdène, le cobalt avec des productions se limitant à quelques milliers de tonnes nous y reviendrons juste après. Les minerais sont des corps rocheux et solides contenant des minéraux nécessaires pour les hommes, des minéraux qui vont être transformes afin de réaliser des produits finis ou semi-finis : les minerais sont donc bien des ressources exploitables et exploitées. On a pris pour habitude de différencier les minerais en minerais étant des combustibles comme le charbon, des minerais métalliques ou non métalliques (phosphates). Les différents minerais n'ont pas les mêmes teneurs en minéraux ce qui peut expliquer que l'on puisse abandonner l'exploitation de certains d'entre eux dont la teneur est jugée trop faible. Ainsi, le fer de Lorraine avait une teneur faible de l'ordre de 30% alors que les minerais en provenance d'Australie ont une teneur de 70% et sont donc plus rentables à exploiter. La demande en minerais ne cesse de croître en lien avec le développement de plusieurs états comme les états émergents mais aussi par la forte demande de certaines industriels. Cette demande croissante concerne des minerais « classiques » comme les minerais de fer, de cuivre, d'étain, de nickel ou d'aluminium mais aussi des minerais rares essentiels pour les industries de pointe (électronique, informatique, aérospatiale...) : tungstène, cobalt, vanadium, manganèse...Le vanadium est un métal rare pouvant être utilisé comme additif dans l'acier et dans des alliages d'acier, dans la production de céramiques... Le tungstène est utilisé dans l'industrie électrique (filaments d'ampoule) ou pour des alliages notamment afin de concevoir des instruments de forage performants...
  •  Le cobalt est quant à lui utilisé pour des très performants (turbines...) ; le molybdène sert également pour des alliages y compris pour la réalisation de semi- conducteurs. Un téléphone portable contient plusieurs métaux comme le cobalt, le nickel, le chrome, le cadmium. On peut prendre un dernier exemple celui du coltan, un minerai servant à la production de tantale : le coltan est utilisé pour la fabrication de condensateurs mais aussi dans l'aéronautique. Les productions de minerais sont donc en hausse constante : ainsi de 1990 à 2016, nous sommes passés de 9 044 tonnes de cuivre à 20 000 de tonnes en viron, de 995,7 milliers de tonnes de Nickel à 2 490 en 2013...On produit 3 fois plus de fer en 2015 qu'en 2000. La géographie des ressources minérales révèlent une répartition globalement inégale avec des états disposant de ressources importantes comme la Russie, l'Australie, les E.-U., le Canada, le Brésil, la Chine, l'Afrique du Sud mais également un état comme la république démocratique du Congo. Ces états bénéficient d'une immense superficie et de conditions géologiques favorables. Des états disposent d'une ressource leur permettant d'exporter, une ressource jugée fondamentale comme le Chili avec le cuivre. Le plus souvent, les marchés des minerais sont contrôlés au niveau des productions par quelques états majeurs. Nous allons prendre plusieurs exemples dont le fer.
  •  Ainsi, les plus grands producteurs de fer sont au nombre de cinq (ils produisent environ 80% du fer mondial, la production mondiale de fer s'élève en 2017 à 2206, 5 millions de tonnes) : Australie avec 879 millions de tonnes, Brésil avec 436 millions de tonnes, Chine avec 191 millions de tonnes, Inde 154 millions de tonnes, Russie 101 millions de tonnes. Par contre, c'est l'Australie qui est le principal exportateur mondial de ce minerai devant le Brésil avec 53% du fer exporté en 2017 devant le Brésil et ses 23% des exportations mondiales et l'Afrique du Sud avec 4,1% des exportations mondiales. Les Etats-Unis ne sont plus qu'au 8e rang mondial. La Chine tout en étant l'un des principaux producteurs est aussi le principal importateur. En ce qui concerne les réserves de fer, c'est l'Australie qui est en position forte avec 29% des réserves (50 000 millions de tonnes) devant la Russie avec 14,7% des réserves, le Brésil avec 13,4% des réserves suivis de la Chine 13,3% des réserves et de l'Inde 4,6%. Le minerai de fer est utilisé à 98% pour la production d'acier. Pour ce dernier, le principal producteur est la Chine avec 831 millions de tonnes pour l'année 2018. Signalons que les principaux groupes producteurs d'acier sont asiatiques avec au 1er rang le groupe indien Arcelor Mittal avec 95,4 millions de tonens d'acier en 2016 devant les groupes chinois China Beowu Group (résultat de la fusion de Baosteel et Wuhan group) avec 63,8 millions de tonnes et au 3e rang HBIS, une autr firme chinoise avec 46,1 millions de tonnes d'acier. Enfin, le cours de la tonne de fer au début de l'année 2019 est de 88$ la tonne (en février) Second exemple : le cuivre dont la demande et les cours explosent jusqu'à une date récente puisque qu'on constate une baisse des cours s'expliquant par une diminution de la demande chinoise. 
  • Le cuivre est un métal très ancien déjà utilisé au 9e millénaire avant J-C. Actuellement, le cuivre provient de minerais contenant de 0,5 à 5% de cuivre pur ce qui nécessite d'importantes opérations de raffinement. Il est utilisé dans de nombreux secteurs comme les secteurs de l'électronique, de l'électricité mais aussi dans la plomberie ou le bâtiment. Plus de 50% du cuivre est utilisé pour les câblages électriques et les équipements électroniques. Le cuivre est relativement abondant : les réserves sont estimées à 680 millions de tonnes avec deux états qui détiennent 40% de ces réserves : le Chili et le Pérou. En 2016, les principaux producteurs de cuivre se situent en Amérique (52% du cuivre mondial) pour une production mondiale de 20 158 milliers de tonnes : au 1er rang se trouve le le Chili, au second rang le Pérou : le Chili est notamment le premier producteur mondial avec 5,5 millions de tonnes (environ 32% de la production mondiale) devant le Pérou avec 2354 milliers de tonnes et la Chine 1,8 milliers de tonnes. Suivent les les E.-U 1,2 et l'Australie 0,9 ( la Russie est en 6e position, la RDC en 7e position et la Zambie en 8e avec sa copper belt). Le cuivre pour un état comme le Chili représente l'équivalent de 10% de son PIB et c'est dans ce pays que se trouve la plus grande mine.. Il existe de réelles tensions sur le marché du cuivre car la croissance de la demande est importante notamment une forte demande de pays comme la Chine ou le Japon (Chine et Japon sont responsables de plus de 50% des importations de ce métal). Les prix du cuivre sont fluctuants ayant connu une forte hausse dans les années 2009-2011 avec une tonne de cuivre atteignant 10 000 $ la tonne. 
  • Depuis, les cours ont baissé : environ 7000 $ en octobre 2013 et 5 668 $ en mai 2017 (un peu plus de 6000 $ en novembre 2018). On sait que la crise économique a atténué les tensions sur ce marché sachant que nouvelles mines devraient en plus être exploitées ce qui devrait permettre des cours assez bas dans les prochaines années. Un autre exemple très spécifique est le cobalt. Sa production mondiale est de l'ordre de 43 à 44 000 tonnes et les principaux producteurs de Cobalt brut sont africains avec la République démocratique du Congo (avec 50% des réserves mondiales) et la Zambie. En ce qui concerne le cobalt raffiné, c'est la Finlande qui est en première position devant le Canada et la Russie avec respectivement 7990 tonnes, 6620 et 4 654. Il faut préciser que le cobalt est à la fois non renouvelable et stratégique : ses réserves sont estimées à 7 millions de tonnes. Enfin, on peut s'appuyer sur un marché très mondialisé qui est celui des diamants. Les diamants sont utilisés pour les moins purs dans l'industrie alors que les plus purs sont à destination de la joaillerie (pierres gemmes). En 2012, la production mondiale de diamants était estimée à 130 millions de carats et les réserves à 2,3 milliards de carats (1 carat est égal à 200 mg et il faut 5 carats pour un gramme), cette production est en 2015 de 127 millions de carats et 126 en 2016. Les principaux pays producteurs sont la Russie et le Botswana avec respectivement en 2015 41,2 millions de carats et, 20,7 millions. La RDC (3e au monde), l'Afrique du Sud, le Canada, l'Angola sont aussi des producteurs importants . Ce marché est dominé par trois firmes : Alrosa, une firme russe (environ 27% de la production), De Beers firme sud-africaine (environ 22%) et la firme anglo- australienne Rio Tinto (10%).
  •  A l'origine et pendant longtemps, les lieux du négoce des diamants étaient les pôles de Londres, Anvers et New york surtout. Depuis quelques années d'autres lieux émergent à savoir Mumbai, Dubaï, Hong Kong, Shanghai ou encore Tokyo sans oublier, et c'est une grande nouveauté la ville de Gaborone au Botswana ville dans laquelle la firme sud africaine De Beers a transféré des activité de négoce se trouvant auparavant à Londres. On assiste bien à une mondialisation de ce marché. Cette ressource est très convoitée (voir le film d'Edward Zwick de 2006 Blood Diamond) et est un enjeu géopolitique. Les diamants ont notamment servi dans le financement de guerres civiles comme en Sierra Leone (1991-2002) ou encore actuellement en RDC. Il faut insister sur le fait que les états consommateurs sont essentiellement des états développés ou en fort développement comme les états émergents : à cet égard, et une fois de plus, on peut à travers la consommation de minerais retrouver les hiérarchies et inégalités mondiales. La Chine joue un rôle majeur consommant plus de 43% de l'acier mondial, 40% de l'aluminium ou encore 43% du cuivre : ses besoins sont énormes et bien qu'elle soit une producteur de minerais, cela ne lui permet pas de satisfaire ses besoins. Les matières premières importées représentent un quart des importations chinoises et 33% de ces matières premières importées sont des minerais. La Chine importe les minerais d'Australie (43% des importations de minerais chinoises, du Brésil (21%). Parmi, les importateurs importants se trouvent également le Japon, la Corée du Sud ou encore Taïwan. L' Union européenne est un importateur important mais son volume de minerais importé correspond à celui du Japon : ses importations proviennent de pays proches comme la Mauritanie pour le fer. Un état comme les E.-U est aussi importateur et son fournisseur le plus important est son voisin de l' ALENA, le Canada. 
  • Certains métaux dits rares sont particulièrement importants pour nos économies dont les fameuses terres rares que nous aborderons un peu après. Hormis les terres rares, plusieurs métaux sont fondamentaux comme l'antimoine utilisé comme additif dans les plastiques (il est un retardant du feu), le baryte utilisé dans l'industrie du verre, le cobalt pour les ordinateurs, téléphones portables, le tantale dans les alliages haut de gamme, le tungstène dans l'électronique... Il convient d'aborder un cas à part ce qu'on appelle les terres rares c'est-à-dire un groupe de métaux dont les propriétés sont proches et sont un groupement de 17 éléments (scandium, yttrium, lutécium, ytterbium, thulium, erbium, holmium, dysprosium, terbium, gadolinium, europium, samarium, prométhium, néodyne, praséodyne, cérium ,lanthane), des terres rares découvertes au 19e siècle et utilisés pour les hautes technologies comme le cérium. Ces métaux se retrouvent rarement à l'état pur et sont des métaux particuliers servant à élaborer les écrans de télévision, au polissage du verre, aux éclairages à économie d'énergie, à certains céramiques dont celles utilisées pour les moteurs d'avion, pour la construction des pots d'échappements catalytiques. On les retrouve également utilisés dans les éoliennes, les TGV, les scanners médicaux également...... 
  • Ces terres rares (0,08% de l'écorce terrestre) sont considérées comme stratégiques mais leur extraction génèrent des pollutions et des dégâts environnementaux importants. Mais ils apparaissent comme des éléments indispensables (voir les smartphones). Les principaux producteurs sont la Chine avec 130 000 tonnes par an (2013), l'Inde avec 2 700 tonnes, le Brésil avec 550 tonnes. Une des principales mines de terres rares se trouve en Chine : mine de Bayan Obo (à proximité de la Mongolie). Il faut savoir que pour une tonne de mé taux rares extraite, il y a environ 10 000 m cube de concentrés de déchets et une tonne de résidus de déchets radioactifs. Pour l'instant, les principales réserves se situent en Chine (55 millions de tonnes), les Etats-Unis (13 millions de tonnes) et l'Inde (3,1 millions de tonnes). Le marché des terres rares est dominé par la Chine qui est le pays essentiel dans la production puisqu'elle produit 97% de ces terres rares. Elle en contrôle une grande partie de la production, du traitement et de la consommation. La Chine consomme au moins 50% de sa production, l'autre part étant exportée notamment vers le Japon avec 73% de la demande mondiale (hors Chine). Il existe également des terres rares en Russie et aux E.-U. D'importantes réserves ont été découvertes dans l'océan Pacifique notamment par le Japon ce qui pourrait modifier la donne de ces terres rares (réserves évaluées à 90 milliards de tonnes pour 113 milliards actuellement évaluées).
  •  Pour la Chine, les métaux rares sont essentiels et c'est en 1986 que Deng Xiaoping décide de développer un programme de recherches sur ces terres rares. Depuis la filière s'est considérablement développée avec un monopole d'exploitation confié à la firme Baotou Steel Rare-Earth High Tech. On peut aussi signaler que la Chine a fondé une réserve de terres rares stratégique. Ces matières premières minérales s'échangent sur des marchés devenus mondialisés donc des places boursières : ils ont donc des cours. Les transactions se font soit au comptant soit à terme. Le marché du fer, par exemple, repose ou reposait sur des contrats entre producteurs et importateurs avec un prix établi sur une année. Mais depuis plusieurs années, avec l'explosion de la demande, un marché libre s'est développé. Le minerai de fer pouvait faire l'objet de contrats à long terme avec un prix renégocié chaque année. Avec le poids grandissant de la Chine s'est donc développé un marché spot ou marché libre.Le minerai de fer est devenu un minerai côté en sur ces marchés ce qui a contribué aux fluctuations des cours.En 2015, les cours du fer ont baissé : la tonne de fer est passée sous la barre des 40$ la tonne (une baisse de 47% par rapport à 2014). Ce cours était monté en 2011 à plus de 180$ la tonne. La baisse des cours s'expliquent par le ralentissement de la croissance chinoise et le fait l'Australie et le Brésil ont « inondé » le marché du fer. Sur ces marchés interviennent des acteurs comme les firmes de négoce qui organisent les opérations de vente entre fournisseurs et acheteurs, les firmes productrices comme les grands groupes miniers que sont Rio Tinto, BHP Billiton ou Glencore Xstrata. 
  • Parmi les firmes de négoce, Noble group, une firme de Hong Kong créée en 1986 avec 80 milliards de $ de CA. Rio Tinto est une firme anglo-australienne fondée en 1873 dont les sièges sont à Melbourne et à Londres et structurée en branches d'activités : aluminium, cuivre, diamants et autres minerais, fer et énergie. En 2016, ses effectifs sont de plus de 66 000 salariés et son chiffre d'affaires de près de 47 milliards de $ en 2014 (un CA en baisse suite à la diminution des cours du fer) et un bénéfice de plus de 6 milliards de $ en 2014. En 2007, Rio Tinto avait racheté la firme canadienne Alcan (aluminium) pour 38 milliards de $. Une autre firme importante est BHP Billiton, une firme également anglo-australienne productrice de fer, de diamants, de d'uranium... avec un CA en 2015 de plus de 52 milliards de $ : elle est considérée comme la principale firme minière au monde. Une autre firme importante est brésilienne : il s'agit de Vale (Companhia Vale do Rio Doce) dont le siège est à Rio. C'est une entreprise publique à l'inverse des deux autres déjà citées, une productrice d'uranium, de nickel, de cuivre, de fer... Au niveau des minerais, les états du Sud ne sont pas structurés comme c'est le cas avec l' OPEP pour le pétrole. Il existe également peu de firmes publiques à l'exception de Vale, de la firme chilienne Codelco (Corporacion Nacional del Cobre) (une firme publique qui produit 11% du cuivre mondial ou la firme russe Noriislk (aluminium). Le secteur des minerais est dominé par de grandes FTN occidentales souvent d'origine anglo-saxonne comme Rio Tinto, BHP Billiton, la firme suisse Xstrata qui a fusionné avec Glencore, une entreprise anglo-suisse de négoce. 

b/ Mais un facteur de tensions 

  • Les énergies et les minerais sont des vecteurs de tensions et de problèmes notamment en interne dans plusieurs états qu'ils soient d'ordre économiques, politiques ou géostratégiques. Tout d'abord, la consommation énergétique et des minerais en hausse a un fort impact sur l'environnement sachant que ces ressources sont dans le même temps objet de convoitises. Les risques écologiques sont réels que ce soit lors du transport de certains produits ou de l'exploitation. Dès lors, on note des oppositions à l'extraction de minerais ou à l'exploitation des hydrocarbures. Ainsi, l'exploitation des hydrocarbures dans certaines zones de l'Equateur est rejetée à la fois par des associations écologistes du pays et par les communautés indiennes concernées : c'est le cas pour les champs pétrolifères de Tambococha, d'Ishpingo et de Tiputini et du parc national de Yasuni. Ce dernier concentre une biodiversité très intéressante mais son sous- sol est riche. En 2007, le président équatorien Rafael Correa avait lancé l'initiative Yasuni aux Nations Unies prévoyant de laisser inexploité le pétrole de cette zone soit environ 846 millions de barils mais à condition que la communauté internationale verse à son pays 3,6 milliards de $ ce qui correspondrait à une partie de ce que rapporterait l'extraction du pétrole. Rafael Correa a été réélu en 2013 et depuis tente de conduire une politique fondée sur l'exploitation du pétrole : le projet Yasuni a été abandonné et en 2014 le fer vert du gouvernement a été donné à l'exploitation du pétrole de Yasuni par une compagnie nationale à savoir Petroamazonas. Parallèlement, le gouvernement mène une politique répressive contre les mouvements indigènes qui rejettent l'exploitation pétrolière. 
  • C'est le cas notamment des Indiens Kishwa qui lutte pour gérer leur territoire et ne veulent pas l'exploitation des ressources du sous-sol. Néanmoins, l'Equateur est passée de 30% de l'Amazone attribuée comme concessions pétrolières à près de 80% : la fin de l'exploitation du pétrole n'est donc pas prévue. On constate le même type de problème en Bolivie où la politique dite extractiviste d' Evo Moralès est de plus en plus contestée. En 2012, la présence et l'activité d'une compagnie minière canadienne pour exploiter une mine d'argent est contestée tout comme une exploitation accrue du gaz. A ces tensions internes, se greffent des enjeux et des tensions économiques plus globales. La concurrence entre les firmes sur les marchés de l'énergie et des minerais est vive notamment entre les firmes privées et les firmes nationales et publiques. La concurrence des firmes chinoises comme la CNPC ou Sinopec s'inscrit également dans une rivalité plus large entre notamment les Etats-Unis et la Chine. La Chine, par le biais de ces firmes, a une stratégie de sécurisation de ses approvisionnements énergétiques. L'internationalisation de ses firmes entre dans cette logique de sécurisation : elles investissent massivement à l'étranger soit pour exploiter des gisements soit pour acheter des actions de groupes étrangers. Les firmes chinoises sont donc présentes aussi bien en Mongolie que sur le continent africain. La Chine a même signé plusieurs accords avec la Russie que ce soit avec Gazprom ou Rosneft notamment en finançant un oléoduc en Sibérie devant relier cette zone géographique à la frontière chinoise afin d'importer du pétrole (15 millions de tonnes par an). Elle a aussi participé au financement d'un gazoduc au Turkménistan pour faciliter l'accès à des gisements importants de gaz naturel (estimés à 40 milliards de m cube annuels). L'énergie et les minerais sont aussi des enjeux géopolitiques pouvant provoquer des tensions et conflits.
  •  Il faut rappeler que certains conflits ont eu une dimension énergétique comme le conflit entre l'Irak et l'Iran en 1980-88 : un conflit dans lequel l'Irak de Saddam Hussein avait notamment comme objectif le contrôle de gisements pétroliers iraniens dans la région du Chatt-el-Arab. L'invasion du Koweït par l'Irak en 1990-91 et l'intervention américaine ont également une dimension énergétique. Il ne faut pas oublier que les puissances ont plusieurs objectifs dont celui de sécuriser leurs sources d'approvisionnement énergétiques : l'accord signé entre les E.-U et l'Arabie saoudite en 1945 en est un exemple avec le pacte du Quincy signé en février 1945, un pacte venant conclure des années de négociations. Par ce pacte les E.-U garantissent la sécurité de l'Arabie saoudite et le royaume saoudien garantit l'approvisionnement énergétique américain. Cet accord signé pour 60 ans a été renouvelé en 2005. L'énergie est donc aussi un objet de la diplomatie. Défendre ses intérêts passe souvent par des accords comme entre la France et le Niger pour l'exploitation de l'uranium du Niger. On peut aussi rappeler que l'acheminement des ressources relève aussi de la stratégie avec la sécurisation militaire des points de passage et des routes maritimes. Au niveau des matières premières, la géopolitique est donc fondamentale. Les années 2000 ont changé la donne avec des acteurs que sont les pays producteurs qui tentent de valoriser les ressources qu'ils possèdent et des pays consommateurs qui tentent de diversifier leurs approvisionnement ou de trouver des solutions pour limiter leurs importations. Pour les états producteurs, les capitaux rapportés par les exportations de matières premières peuvent servir à des objectifs politiques et économiques. Un état comme la Russie se sert du gaz naturel comme moyen de pression comme cela a été le cas dans la crise ukrainienne entre 2013 et 2015. On a pu parler à juste titre d'un conflit gazier et pour utiliser l'expression de Mérenne-Schoumaker d'une « géopolitique des tubes ». la Russie est un grand producteur de pétrole et de gaz et ses firmes comme Gazprom et Rosneft sont des géants de l'énergie. Gazprom détient d'ailleurs en Russie le le monopole du transport du gaz. Déjà en 2005, des tensions sont apparues entre la Russie et l'Ukraine concernant un différend sur les prix de transit du gaz par les gazoducs ukrainiens. De plus Gazprom voulait aligner les prix du gaz livré à l'Ukraine sur les prix du gaz qu'elle exporte vers l'Europe : l'Ukraine finit par céder aux exigences russes. 
  • Entre 2001-2008, nouveau moment de tensions : en effet, la firme Gazprom menace de suspendre les livraisons de gaz à l'Ukraine si cette dernière ne rembourse pas une dette de 1,3 milliard de $. Un accord intervient finalement en 2008. en 2008-2009 de nouveaux problèmes surgissent : l a Russie reprochant à l'Ukraine de détourner une partie du gaz russe à destination de l'Europe et transitant par des gazoducs ukrainiens. Enfin, dans la crise Ukrainienne récente, la Russie n'a pas hésité à brandir l'arme du gaz y compris par rapport à l'Union européenne. La Russie a d'ailleurs suspendu ses livraisons de gaz à l'Ukraine en 2014 et un accord a fini par être signé à Bruxelles sur les livraisons de gaz pour l'hiver 2015-2016, la Russie ayant même accepté de baisser les prix de vente. Parallèlement, la Russie tente de contrôler, au moins en partie, les ressources des territoires anciennement soviétiques d'Asie centrale (voir ci-dessous). Une autre rupture importante est le soutien apporté par les gouvernements américains à l'exploitation de pétrole et gaz de schiste. L'exploitation de ce pétrole et gaz de schiste a modifié les stratégies énergétiques de plusieurs acteurs. En effet, à partir de 2013-14, les cours mondiaux du pétrole ont considérablement baissé au détriment des états producteurs de l'OPEP par exemple mais aussi d'un état comme la Russie.
  •  C'est pourquoi l'Arabie saoudite maintient une production élevée afin de mettre en difficulté l'industrie du pétrole et gaz de schiste des E.-U. Un premier exemple intéressant peut être pris : celui du marche des diamants déjà abordé un peu plus haut en Afrique, le diamant jouant un rôle important dans la géopolitique de l'Afrique puisque plusieurs états en produisent comme la Guinée, la Sierra Leone, la RDC, l'Angola, le Zimbabwe, l'Afrique du Sud... On a utilisé l'expression de « diamants du sang » (ou de « malédiction du diamant ») pour évoquer le rôle de cette pierre précieuse dans plusieurs conflits : Liberia, RDC, Sierra Leone notamment dans les années 1990-2000. Il est un élément important des luttes de pouvoir et des guerres civiles. Le diamant joue un rôle important dans plusieurs économies comme l'économie sud-africaine, du Botswana ou de Namibie. L'Afrique du Sud est notamment un producteur majeur s'appuyant sur une firme au poids considérable à savoir la firme De Beers . C'est aussi le cas pour le Botswana dont les mines sont importantes et ne partie exploitées par De Beers. La production annuelle de diamants représente environ 13 à 14 milliards de $ et ne 2012, le Botswana était le producteur le plus important avec une production de l'ordre de 3 milliards de $ (la Russie est le plus gros producteur en volume). L'Angola a produit cette année 2012 pour l'équivalent de 1,1 milliard de $, l'Afrique du Sud pour 1,03 milliard de $, la RDC pour l'équivalent de 183 millions de $... : on peut donc voir l'importance de cette ressource. Le diamant avait joué un rôle non négligeable dans le conflit en Angola qui a duré de 1975 à 2002 où il permettait au mouvement d'opposition de Jonas Savimbi l'UNITA (Union Nationale pour l'Indépendance totale de l'Angola) de financer sa guerre contre l'état et le gouvernement en place à savoir celui du MPLA (Mouvement populaire pour la Libération de l'Angola). 
  • L'UNITA contrôlait des régions diamantifères qu'elle exportait en contrebande. Deuxième cas : la RDC. Le contrôle des diamants a toujours été dans ce pays un enjeu (30% des réserves mondiales de diamants). Depuis 1997, la RDC est dans une logique continue de guerre dans laquelle le contrôle des ressources naturelles dont le diamant joue un rôle notable. La région du Kivu riche en diamants est notamment l'objet de fortes rivalités. Enfin le diamant a joué un rôle réel dans les conflits au Liberia et en Sierra Leone. Il a notamment servi à financer à la fin des années 1980 le National Patriotic Front du Liberia de Charles Taylor : un mouvement qui contrôle une grande partie du pays en 1990-91 et étend son action en Sierra Leone où un second de C.Taylor, Foday Sankoh fonde un mouvement, le RUF (Revolutionnary United Front) qui prend le contrôle de zones diamantifères de Sierra Leone. Dans ces deux pays, les diamants servent à financer la guerre et à s'enrichir : on peut vraiment parler de dérives mafieuses. Au Liberia, la guerre dure plusieurs années mais en 1997 Charles Taylor est élu : le conflit entre 1989 et 1997 a provoqué la mort d'au moins 150 000 personnes (en 2003, ce pays a connu une transition politique avec le départ de C .Taylor et l'élection d'une femme en 2005 comme présidente : Ellen Johnson Sirleaf. En Sierra Leone, la guerre civile a duré de 1991 à 2002 (entre 150 et 200 000 morts) . Enfin, parce que c'est incontournable, revenons sur la géopolitique des hydrocarbures et notamment du pétrole. Ce dernier est comme nous l'avons vu une ressource fondamentale pour les économies contemporaines : il est de ce fait logique qu'elle soit l'objet d'enjeux politiques et économiques voire de tenions fortes et de conflits.
  •  Stratégiquement, il faut rappeler qu'il est important que les zones où le pétrole se trouve soit sécurisée tout comme les principaux points de passage par lesquels le pétrole transite notamment certains points comme le détroit d'Ormuz ou/et le canal de Suez. Au niveau économique, les enjeux financiers sont phénoménaux ce qui peut expliquer les rivalités entre états mais aussi entre les firmes du secteur pétrolier. Ainsi, le cartel que forme l' OPEP joue un rôle économique et politique important : d'ailleurs cette organisation avait organisé un embargo contre les E-U en 1973 dans le cadre de la guerre du Kippour mais également contre les Pays-Bas qui soutiennent Israël dans la guerre contre l'Egypte et la Syrie. Le pétrole peut également susciter des conflits et de fortes tensions politiques : on peut dans ce cadre prendre l'exemple du conflit entre le Cameroun et le Nigeria dans le Golfe de Guinée au sujet de la zone Bakassi, une extension de la péninsule de Calabar. Il s'agit d'un territoire de 1000 km carré où se trouvent des gisements de pétrole et de gaz naturel. Cette zone est revendiquée par le Nigeria dont il veut s'approprier les ressources. En 1991, le Nigeria remet en question les accords coloniaux signés entre l'Allemagne et le Royaume-Uni qui avaient attribué la zone à l'Allemagne (futur Cameroun) demandant la révision de ces accords. En 1993, l'armée du Nigeria occupe plusieurs localités de la zone de Bakassi et en 1994, l'armée camerounaise repousse une nouvelle agression concernant d'autres localités : la situation est donc plus que tendue entre ces deux états . En mars 1994, le Cameroun saisit la Cour de justice internationale de La Haye. En 2002 la cour internationale de justice de La Haye rend son verdict en attribuant la gestion au Cameroun. La décision de justice se fonde sur l' accord signé en 1913 entre les deux puissances coloniales de l'époque le Royaume-Uni et l'Allemagne. L'armée du Nigeria par le jugement de la cour de justice devait retirer ses troupes en août 2008 : le Nigeria accepte de rende cette zone au Cameroun en 2006 et le retrait des troupes s'effectue bien en août 2008.
  •  Un autre élément important est la « géopolitique du pipeline » : les oléoducs sont en effet des enjeux géopolitiques. On peut prendre l'exemple du pétrole de la mer Caspienne où les gisements de pétrole sont importants (depuis la fin du 19e). Or, il n'est pas aisé d'exporter ce pétrole puisqu'il se localise dans une région enclavée d'où l'absolue nécessite de le transporter par oléoducs. En 1906, un oléoduc avait été construit reliant la ville de Bakou (Azerbaïdjan) à Batoumi sur la mer Noire, une ville de Géorgie. Ce pays a longtemps appartenu à la Russie des Tsars et à l'URSS jusqu'à l'éclatement de cette dernière. Néanmoins, la Russie tente toujours d'avoir un droit de regard sur ce pays comme en témoignent ses interventions notamment en 2008. Or, plusieurs états dont les E.-U et l'Union européenne souhaitent que le pétrole de la Caspienne ne soit plus sous contrôle de la Russie sachant qu'il existe depuis longtemps des oléoducs reliant l'Azerbaïdjan, ex-République soviétique à la Russie. Pour les Occidentaux, il s'agit donc de contourner la puissance russe. Les E.-U ont donc proposé aux débuts des années 1990 la réalisation d'un oléoduc reliant Bakou-Tbilissi (Géorgie) et Ceyhan en Turquie : c'est le projet BTC. Cet oléoduc est d'ailleurs ouvert depuis 2005 permettant donc de transporter du pétrole de la Caspienne à la mer Méditerranée sans passer par la Russie et la mer Noire. On peut signaler que le financement de cet oléoduc est le fruit d'un consortium international qui le possède avec BP (30% des parts), le groupe californien Unocal (qui appartient à Chevron depuis 2006), Total (5% des parts), la State Oil Company of Azerbaïdjan Republic (SOCAR en détient 25% des parts)...
  •  Cet oléoduc peut acheminer 1 million de barils/jour avec un coût évalué à plus de 3,5 milliards de $. On peut aussi souligner avec ironie que dans les années 1995-98, les E.-U ont mené des négociations avec les talibans afghans pour la construction cette fois-ci d'un gazoduc reliant le Turkménistan dont les gisements de gaz naturel sont importants) au Pakistan en passant par l'Afghanistan (projet TAP). Ce projet a été depuis réactivé avec l'inclusion de l'Inde : en décembre 2015, les quatre états en question ont procédé à l'inauguration du projet donc à son lancement. (projet de 18 000 km de long et pouvant transporter 33 milliards de m cube/an). Pour le Turkménistan, ce projet est aussi l'occasion de s'affranchir quelque peu de son principal partenaire qu'est la Chine et donc de diversifier ses acheteurs. Ce projet longtemps repoussé permettait d'ignorer l'Iran, un état tenu depuis 1979 à l'écart. Néanmoins, il existe un projet de gazoduc, le projet Nabucco, devant relier l'Iran, la Turquie et l'Europe centrale (Bulgarie, Roumanie...) : ce projet est soutenu par l'Union européenne afin d'être moins dépendante du gaz russe. Ce projet est d'ailleurs en concurrence avec un projet russo-italien, le projet South Stream devant relier la Russie à l'Europe par la mer Noire, la Bulgarie... et l'Italie (ce projet est pour l'instant mis de côté).
  •  Par contre la Russie a réussi à mettre en œuvre son projet North Stream avec l'Allemagne en 2011, un gazoduc reliant les deux pays par la mer Baltique ce qui évite de passer par l'Ukraine avec la Russie a de mauvaises relations. Le pétrole (et le gaz naturel) est une arme politique. On peut s'appuyer sur la stratégie actuelle des E.-U. En exploitant son pétrole et gaz de schiste, les E.-U modifient la donne énergétique avec une baisse des cours. Cette dernière est renforcée par la décision saoudienne de maintenir une production importante. Cette double stratégie vise notamment la Russie pénalisée par la baisse des cours, une Russie qui pose des problèmes géopolitiques à l'Arabie saoudite en soutenant Bachar el Assad en Syrie. C'est aussi une façon d'affaiblir l'Iran avec qui les Saoudiens n'ont pas non plus de bonnes relations. Avec cette baise, plusieurs états sont affectés comme la Russie déjà citée mais aussi des états comme l'Algérie, le Nigéria, le Vénézuela. Pour ce dernier, cette baisse impliquant une baisse des recettes l'enfonce dans une crise économique et sociale avec un régime de plus en plus contesté (président Nicolas Maduro, héritier d'Hugo Chavez). Pour terminer sur la géopolitique des hydrocarbures, nous allons nous focaliser sur le Moyen- Orient. 
  • Le pétrole est pour une partie de cette région un élément essentiel du développement économique depuis les années 1930. La monarchie saoudienne doit son développement et son poids politico-économique au pétrole. C'est la même logique pour les états du Golfe notamment des états comme le Qatar ou les émirats arabes unis. Ce pétrole qui a fait la fortune de certains états et de leurs dirigeants est un enjeu géopolitique majeur. On peut rappeler qu'en 1953, le premier ministre iranien, Mohammad Mossadegh, est « démis » de ses fonctions à l'initiative des E.-U et des Britanniques suite à un coup d'état. Il est accusé d'être favorable à l'Union soviétique : la vérité est qu'on lui reproche la nationalisation des gisements pétroliers iraniens et l'expropriation de l'Anglo-Iranian Oil Company (BP). Suite au renversement de Mossadegh, BP reprend le contrôle des gisements iraniens et des firmes américaines en profitent pour rentrer sur ce marché pétrolier. Mais c'est surtout dans les années 1970 que le pétrole se révèle être un enjeu fondamental. En octobre 1973 est déclenchée la guerre du Kippour opposant l'Egypte, la Syrie et Israël. C'est dans le cadre de ce conflit que l'OPEP décide un boycott des états soutenant Israël : les pays arabes ont décidé d'utiliser l'arme du pétrole. Les prix du pétrole brut sont multipliés par 4 ce qui est un des éléments à l'origine de la crise économique des années 1974-75. C'est d'ailleurs suite à ces difficultés que les E.-U et d'autres états mettent en place des réserves de pétrole dites stratégiques en cas de crise. On peut également souligner que l'Agence internationale de l'énergie (AIE) créée en 1974 a pour objectif initial la défense des intérêts des états consommateurs des pays membres de l'OCDE. En 1979 se déclenche la révolution iranienne conduisant l'ayatollah Khomeiny au pouvoir. 
  • Au début de cette révolution, il faut rappeler que les états occidentaux dont les E.-U ne la voient pas comme nécessairement négative : en effet, le Shah d'Iran, Mohammed Reza Pahlavi avait annoncé une réorientation de la politique pétrolière de son pays en ne donnant plus priorité aux E.-U. Mais l'arrivée au pouvoir de Khomeiny en février 1979 a des effets que les diplomates occidentaux n'avaient pas prévu. Suite rapidement à la dégradation des relations entre les E.-U et l'Iran (prise d'otages à l'ambassade des E.-U. À Téhéran), le président américain décide un embargo sur l'Iran. Puis en 1980, l'Irak agresse l'Iran, une agression encouragée par les E.-U. Ces deux événements conduisent à une hausse des cours du pétrole et à un second choc pétrolier (les cours vont temporairement passer de 50$ en 1978 et 100 $ en 1981 (le choc s'atténue en 1982 avec une baisse des cours et même un contre-choc pétrolier en 1986). 
  • La guerre entre l'Irak et l'Iran s'explique en partie par la volonté de l'Irak de contrôler des gisements au delà de sa frontière et d'avoir un accès plus important sur le Golfe persique afin d'améliorer ses exportations de pétrole. La guerre de 1990-91 entre l'Irak et les E.-U appuyés par une coalition internationale a également une dimension liée au pétrole. En 1990, l'Irak annexe le Koweït prétextant certes que le Koweït a toujours historiquement appartenu à l'Irak mais c'est surtout pour contrôler le pétrole du Koweït. En effet, l'Irak sort de huit ans de guerre avec l'Iran et est économiquement affaiblie et endettée. Elle s'est endettée auprès des états du Golfe dont le Koweït et l'Arabie saoudite qui refusent d'ailleurs en 1988-89 d'alléger la dette irakienne. Saddam Hussein pense donc qu'il est nécessaire d'annexer le Koweït, un de ses créditeurs et en plus producteur de pétrole. Les E.-U considèrent cette annexion comme inadmissible ne voulant qu'un état à savoir l'Irak s'affirme comme puissance incontournable de la région et une puissance qui contrôlerait plus de 20% du pétrole du Moyen-Orient suite à l'annexion du Koweït. On peut donc voir que le pétrole au Moyen-Orient est à l'origine de conflits et qu'il est un enjeu très important. On peut prendre également un exemple qui est un litige entre trois états que sont Chypre, le Liban et Israël au sujet de gisements gazier et pétrolier se trouvant sur la frontière maritime notamment entre Israël et le Liban (gisements off shore). 
  • On estime que sont en question plus d'un milliard de barils de pétrole et plusieurs milliards de milliards de m cube de gaz (12 000 mille milliards). Cette découverte est récente datant de 2011. Ce litige concerne donc les trois états en question dont deux ont signé la Convention des Nations unies sur le droit de la mer (Convention de Montego Bay) à savoir Chypre et le Liban (Israël n' a pas signé cette convention). La zone maritime où se localisent les ressources est nommée « Léviathan » et n'est pas encore exploitée vu les difficultés juridiques et les problèmes des frontières maritimes. Dans ce « conflit », Chypre a néanmoins signé avec Israël un accord bilatéral, accord peu apprécié par le Liban. Ce dernier reproche à Israël de ne pas respecter le droit international sachant qu'Israël n'a pas signé la Convention de Montego Bay, la situation est complexe. Pour le Liban, Israël a défini sa zone maritime de manière arbitraire d'où pour les Libanais la nécessité d'un arbitrage international (le Liban conteste une zone de 854 km carré). Il faut savoir que les E.-U ont proposé une médiation or Israël a passé des contrats avec des firmes américaines pour prospecter et exploiter les ressources de cette zone. Parallèlement, le Liban a lancé des appels d'offre pour exploiter également cette zone : plusieurs entreprises ont répondu y compris des firmes américaines comme Exxon Mobil et Chevron mais aussi des firmes arabes ou européennes (le Liban n' a pas les moyens technologiques d'exploiter les ressources off shore). Israël a commencé à exploiter un gisement à proximité du port israélien de Haïfa. 
  • A priori seul un arbitrage international est susceptible de régler le problème. Bilan : Les liens entre ressources et conflictualité sont bien réelles dans le cadre d'une demande croissante pour des ressources dont certaines se raréfient. Il s'agit également pour les puissances de contrôler ces ressources : lieux d'approvisionnement, points de passage notamment. Plusieurs lieux sont fondamentaux comme le Moyen-Orient mais aussi le Caucase, l'Asie centrale, la Corne de l'Afrique, le Golfe de guinée, une partie de l'Amérique du Sud et c'est une nouveauté l'Arctique. Ce dernier risque de devenir un enjeu de plus en plus considérable. 5 pays ont des zones côtières qui jouxtent l'océan arctique : Canada, Russie, Danemark (le Groenland est une province autonome danoise depuis 1953), Norvège et Etats-Unis. Le cas du Groenland est intéressant puisque cette zone géographique est riche en ressources : pétrole, cuivre, fer, or, terres rares... Des firmes chinoises, canadiennes, australiennes... s'intéressent de plus en plus au Groenland. Etant une province autonome, les habitants de cette région sont partagés entre l'exploitation de ces ressources afin de développer la région et la conservation des milieux et du mode de vie traditionnel. Des licences d'exploitation ont été accordées notamment à la firme anglaise London Mining en 2013 pour exploiter une mine de fer (sur 30 ans) et une trentaine de sociétés d'exploration minière agissent au Groenland : une seule est locale la NunaMinerais créée en 1999. De façon générale, on sait que les ressources naturelles peuvent conduire à des conflits ou les exacerber.
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