3/ La France dans le monde

Paris en 1950

1/ De la fin de l'empire à l'adhésion à l'Europe : les années 1945-50


A/ La fin de l'Empire : un symbole d'une France déclinante 

 La fin de l'Empire colonial est un temps fort de l'histoire française : elle marque incontestablement un déclin de la puissance nationale. 

 a/ Des échecs coloniaux marquants 

-l'échec de l'Union française 

  •  Pour tenter de consolider l'Empire colonial qui commence à être ébranlé (1945 : émeutes à Sétif et Guelma en Algérie, proclamation de l'indépendance de l'Indochine en septembre par Hô chi Minh...), les dirigeants de la toute nouvelle 4e République propose une nouvelle structure à savoir l'Union française. Cette dernière comprend la métropole, les départements y compris l'Algérie récemment départementalisée, les territoires d'outre-mer dont les territoires de l'Afrique occidentale française (AOF) et de l'Afrique équatoriale française (AEF) ainsi que les états associés que sont les protectorats : Tunisie, Maroc et Indochine. L' Union française a une Assemblée mais celle-ci n'a pas de pouvoirs elle est de ce fait perçue comme peu utile. Dans le cadre de l' union française, le code de l'indigénat est supprimé et les habitants obtiennent le statut de citoyens. Le problème est que cette structure apparaît comme une « coquille vide » : une structure qui est rejetée par les nationalistes comme Hô Chi Minh.  

-des guerres coloniales désastreuses 

  •  La 4 e République est de plus confrontée à deux guerres coloniales : la guerre d'Indochine entre 1946 et1954 et la guerre d'Algérie entre 1954 et 1962. Ces deux guerres ont des effets désastreux mais pas nécessairement pour les mêmes raisons. La guerre d'Indochine est une défaite qui se solde par la perte de ce qui devient le Vietnam mais aussi le Cambodge et le Laos : la France perd beaucoup de son influence dans le sud-est asiatique. La guerre d'Algérie se solde par la perte de l'Algérie et par des mémoires douloureuses. A la perte de l'Algérie s'ajoutent celles du Maroc et de la Tunisie qui obtiennent l'indépendance en 1956 : la présence de la France au Maghreb est terminée. Ces guerres coloniales marque le « début de la fin » de l'Empire et montre à la France qu'elle est sur la voie d'un certain déclin et d'un prestige sérieusement entamé. 

 b/ La fin de l'Empire, la fin de la tentation impériale ? 

-années 60 : la mort de l'Empire colonial 

  •  Les années 1960 marquent la fin de cet Empire non seulement avec la fin de la guerre d'Algérie mais aussi avec le processus d'indépendance des états d'Afrique francophone. La loi-cadre de Gaston Deferre de 1956 avait déjà préparé le terrain par une autonomie accrue proposée aux colonies. Dans chaque territoire, un pouvoir exécutif est créé élu par une Assemblée territoriale même si le poste de gouverneur est maintenu, une Assemblée pouvant désormais voter son budget et des lois locales. Bien qu'il y ait une tentative de réformes, les mouvements indépendantistes ont toujours la volonté d'indépendance comme le Rassemblement démocratique africain d' Houphouët- Boigny dans la future Côte d'Ivoire ou encore le Parti du regroupement africain de Léopold Senghor au Sénégal. Le général de Gaulle considère, une fois au pouvoir, qu'il faut continuer dans cette voie.En 1958, dans le cadre de la toute nouvelle 5e République, le général de Gaulle propose la création de la Communauté française pour remplacer l'Union française. 
  • Cette Communauté regroupe la métropole, les territoires d'outre- mer : le pouvoir exécutif de cette communauté est constitué du président de la République, du premier ministre et des chefs de gouvernement des différentes états membres. Le pouvoir législatif est attribué à un Sénat de 186 délégués français et 98 délégués chargés de représenter les autres états mais son rôle est purement consultatif. En fait ce projet de Communauté française ressemble à une Confédération. Ce projet est soumis à un référendum aux populations des territoires africains qui l'acceptent sauf la Guinée de Sékou Touré.
  •  La Guinée est de ce fait exclue de la Communauté française. Mais cette communauté va rapidement disparaître : plusieurs territoires dont le Sénégal demandent l'indépendance. Plusieurs options sont donc proposées à savoir l'indépendance tout en restant lié à la France mais autonome dans le cadre de la Communauté française ou bien être français. Les différents états vont choisir l'indépendance : 1960 et en 1961, les institutions de la Communauté française sont supprimées. : la France n'a plus de colonies en Afrique subsaharienne à cette date. Il ne reste à la France que ce que certains nomment les « confettis de l'Empire » c'est-à-dire les territoires d'outre-mer. 

 -quels liens désormais avec les anciennes colonies ? 

  •  Une fois les indépendances acquises, la France va néanmoins garder des liens avec ses anciennes colonies par l'intermédiaire de la coopération économique, la mise en place de la francophonie.Ces liens sont aussi politiques car dans une partie de l'Afrique, la France va préserver ses influences par le biais de soutiens à des hommes politiques locaux, des interventions militaires plus ou moins directes. On va d'ailleurs utiliser l'expression de « françafrique ». 

 B/ Choix de l'Europe, choix atlantique : deux choix déterminants 

 a/ Le choix atlantique : un choix décisif 

 -des hésitations

  • La France de la 4e République va également faire le choix Atlantique donc de l'alliance avec les E-U. Certes, la France se montre hésitante dans les années 1945-47 une période où le parti communiste française participe au gouvernement (tripartisme). Cette hésitation se retrouve en Allemagne. 
  • En effet, lorsque les zones d'occupation anglaise et américaine de la partie Ouest de l'Allemagne fusionne en 1947, la France est hésitante à les rejoindre : elle ne se joint aux zones anglo-américaine qu'en 1948. En fait, la France émet des réserves sur la politique des E.-U et craint la politique de ce pays dont elle a pourtant besoin ne serait-ce que pour sa reconstruction. 

 -mais un choix incontournable

  • Le choix s'avère incontournable : il est favorisé par l'acceptation du plan Marshall en 1947 et l'expansion du communisme en Europe de l'Est. Le choix des E.-U et de l'alliance atlantique a pour effet sur le plan intérieur de désagréger le tripartisme avec le retrait forcé en mai 1947 des communistes du gouvernement de l'époque. La France va signer le pacte Atlantique et adhérer à l'OTAN. 

 b/ Le choix de l'Europe : une évidence ? 

-premiers choix, premières hésitations 

  • Parallèlement, la France va faire le choix de la construction européenne. La construction européenne est pensée comme nécessaire pour assurer la paix en Europe et elle est favorisée par les E.-U qui voient dans cette construction un instrument de lutte contre l'expansion du communisme. Plusieurs hommes politiques y sont favorables comme Jean Monnet ou robert Schuman. 
  • En 1948, la France adhère à l' OECE (organisation européenne de coopération économique) dont l'objectif est de répartir l'aide du plan Marshall. Néanmoins, la France est encore réticente à une construction qui se ferait avec l'Allemagne. Les E.-U jouent, dans cette optique, un rôle notable en demandant aux Français de faire quelques efforts. 

-des pas cruciaux : de l'entente franco-allemande au traité de Rome

  • Ces efforts vont être faits avec les débuts de l'entente franco-allemande. Cette entente se traduit par la création en 1951 de la Communauté européenne du charbon et de l'acier (CECA) qui repose sur une haute autorité supranationale. La CECA peut être considérée à la fois comme un premier pas de l'entente entre la France et l'Allemagne et comme une étape importante dans la construction européenne.
  •  En 1957, la signature des traités de Rome avec la naissance de la Communauté économique européenne et les premiers pas d'un marché commun est également une étape majeure : la France s'est engagée dans le processus de construction européenne.
De Gaulle en 1958

2/ Années 1958-1969 : la volonté d'une retour à la grandeur, une illusion ?


A/ Les axes de la politique gaullienne : grandeur et indépendance 

 Le général de Gaulle revient au pouvoir dans le contexte de la guerre d'Algérie et de la crise de mai 1958. Il est nommé président du Conseil par le dernier président de la IVe République à savoir René Coty. Le général de Gaulle, en contrepartie de sa nomination comme président du conseil, a obtenu la possibilité de rédiger un nouveau projet de constitution : ce projet est approuvé par les Français par référendum en septembre (80% de oui) ce qui permet la naissance de la 5e République. Des élections législatives se déroulent en novembre et en décembre le général de Gaulle est élu comme président de la République au suffrage universel indirect à l'époque. 

 a/ Par quels vecteurs ?

Une fois que le général de Gaulle a permis à la France d'avoir des institutions stables et mis fin à la colonisation et à la guerre d'Algérie, il entend construire une ligne politique fondée sur une grandeur nationale à retrouver et une volonté d'indépendance : la France doit retrouver son rang de grande puissance. La souveraineté et l'indépendance de la France sont deux axes clés de la politique étrangère. Pour le général de Gaulle cette façon de concevoir la politique internationale s'appuie sur l'idée qu'il est essentiel de préserver la Nation et de mettre en valeur l'état-nation qui pour de Gaulle est le pivot de toute société. Dès lors, il est hors de question de porter atteinte au principe de souveraineté nationale ce qui va orienter notamment la politique européenne gaulliste. Il faut en parallèle restaurer la place de la France par un projet commun. Pour retrouver son rang perdu, la France doit s'appuyer sur un certain nombre de vecteurs et de moyens. 

 -la bombe atomique et la dissuasion nucléaire 

  • La mise au point de la bombe atomique et la théorie de la dissuasion nucléaire s'inscrivent dans cette logique de grandeur à retrouver et d'indépendance nationale notamment par rapport aux Etats-Unis. Il faut néanmoins rappeler l'idée d'une bombe atomique n'est pas nouvelle : en 1945, avait été créé le Commissariat à l'énergie atomique en octobre 1945. Celui-ci est un organisme public de recherche scientifique notamment dans le domaine de l'énergie. En septembre 1945, le général de Gaulle, à la tête du Gouvernement provisoire de la République française, avait demandé à Frédéric Joliot-Curie directeur du CNRS et à Raoul Dautry, ministre de la reconstruction, de mettre en œuvre un organisme de recherche concernant l'énergie atomique.
  • En 1952, le centre d'études nucléaires de Saclay entre en fonction et un programme nucléaire militaire est mis en place en 1954 sous l'égide du président du Conseil:Pierre Mendès-France. En 1956, le site de Marcoule s'ouvre : un site où des réacteurs nucléaires sont conçus. En 1958, le programme nucléaire militaire est officialisé par le général de Gaulle. Il faut signaler que l'armée française, dans le cadre de l'OTAN, s'est familiarisée avec des armes nucléaires tactiques américaines. 
  • Le premier essai nucléaire a lieu en février 1960 en Algérie, à Reggane, en présence du général de Gaulle (essais aériens). En novembre 1961, ont lieu les premiers essais souterrains toujours en Algérie. Une fois l'Algérie devenue indépendante, les essais se font dans l'Océan pacifique sur l'atoll Mururoa à 1200 km au sud de Tahiti (Archipel de Tuamotu).
  • Parallèlement, la France décide d'orienter sa politique sur le principe de la dissuasion nucléaire. Dont l'objectif, comme son nom l'indique, est de dissuader tout ennemi de vous agresser. Il faut parallèlement doter la France d'une réelle force de frappe nucléaire notamment d'engins porteurs.
  •  Cette force de frappe va être constituée de Mirage IV qui sont construits par la firme Dassault (62 sont construits en 1967). Un missile sol-sol- balistique- stratégique est également mis au point en l'occurrence en 1971 après 10 années d'études. En 1960 ont également commencé les études pour concevoir et construire des sous-marins nucléaire : le premier est opérationnel en 1967 sous le nom de Le Redoutable puis d'un second en 1969, le Terrible... 

 -une politique d'indépendance : contestations, provocations 

  • Le général de Gaulle veut mener une politique d'indépendance dite des « mains libres » à l'égard des deux grands que sont l'URSS et surtout les E.-U qui sont pourtant un allié dans le contexte de la guerre froide. Il met en œuvre cette politique en contestant l'ordre bipolaire et en s'appuyant les domaines politiques, diplomatiques et militaires notamment. 
  • Le général de Gaulle n'hésite pas également à manier la provocation comme nous le verrons ci-après. Le général de Gaulle lorsqu'il évoque l'URSS utilise toujours ou presque le mot Russie ; la première visite officielle du général de Gaulle au Québec entre le 23 et le 26 juillet 1967 déclenche de vives contestations notamment du gouvernement canadien et en particulier du 1er ministre, Lester Pearson (un anglophone) suite à la déclaration du général de Gaulle : « Vive le Québec libre ! » 

 b/ Pour quelle politique ? 

 La politique gaullienne de grandeur et d'indépendance nationale se traduit par une politique étrangère fondé sur plusieurs axes : une alliance maintenue avec les E.-U mais une alliance modifiée, de nouvelles orientations comme avec la Chine, la poursuite de la construction européenne 

-un atlantisme revu et corrigé

  • La France avec le général de Gaulle décide de prendre ses distances avec l'allié américain notamment par un désengagement de l'OTAN et de son commandement intégré en 1966. Comme le disait de Gaulle : « Mon dessein consiste à dégager la France non pas de l'Alliance Atlantique que j'entends maintenir à titre d'ultime précaution, mais de l'intégration réalisé par l'OTAN sous commandement américain (...) sans cesser de ménager les amitiés traditionnelles. » Il ne s'agit donc pas de rejeter l'alliance américaine mais de ne plus être trop lié et dépendant à l'égard des E.-U. En 1959, de Gaulle avait déjà retiré du commandement intégré de l'OTAN les forces navales françaises en mer Méditerranée. 
  • Ceci n'empêche pas que la France se place selon les dires de de Gaulle « du côté des peuples libres ». 
  • Il faut également rappeler que le général de Gaulle s'est rendu en visite officielle aux E.-U en 1960 pour célébrer « une amitié vieille de deux siècles ».Par contre, le refus du général de Gaulle à l'entrée du Royaume-Uni en 1963 surprend les Américains : de Gaulle voyait les Anglais comme un cheval de Troie des E.-U. Les relations avec les E.-U. Se détériorent donc à partir de 1963. Cette détérioration s'accentue lorsque la France établit des relations avec la Chine de Mao, De Gaulle ne participe pas en 1964 aux cérémonies commémorant le débarquement de Normandie de 1944 ce qui est mal perçu par les Américains, en 1966, la France ,comme nous l'avons déjà dit, se retire du commandement intégré de l'OTAN avec en parallèle le départ des bases militaires de l'OTAN implantées sur le sol français ( , toujours en 66, lors d'une visite au Cambodge et d'un discours à Phnom Penh, de Gaulle affirme que les Américains sont responsables de la guerre du Vietnam... 
  • Ce changement d'attitude de la France et du général de Gaulle peut s'expliquer parce que l'URSS paraît être moins dangereuse après la crise de Cuba d'octobre 1962 mais aussi parce que de Gaulle craint la volonté de domination américaine. Dans un tel contexte, la France se doit d'agir de façon plus indépendante. 

 -des choix parfois provocateurs : relations avec la Chine, un « Québec libre »... 

  • Le général de Gaulle fait également des choix qui peuvent être considérés comme provocateurs par ses propres alliés. En janvier 1964, de Gaulle décide d'établir des relations diplomatiques avec la Chine de Mao contre l'avis des Américains et en juin de la même année une Ambassade chinoise ouvre à Paris avec un Ambassadeur (Huang Chen) qui reçoit ses lettres de créances. Cette reconnaissance s'inscrit bien dans la volonté d'indépendance nationale que conduit la France. Comme pour la Russie, pour de Gaulle, il s'agit d'établir des relations avec la « Chine de toujours », une Chine démographiquement puissante et à la culture riche. Il s'agit aussi pour la France d'évacuer la période coloniale asiatique avec l' Indochine et la guerre ayant conduit à la perte de cette colonie. 
  • Ces relations nouvelles avec la Chine rendent possible également des relations économiques.
  •  Ainsi, en novembre 1965, une exposition organisée en Chine permet à plus de 300 exposants français de mettre en évidence les points forts de l'industrie française... 
  • En octobre 1965 est également un programme d'échanges culturels franco-chinois et en 1966 a lieu un vol inaugural entre Paris et Shanghai. La Révolution culturelle initiée par Mao va freiner ce mouvement et il faut attendre 1973 pour que des entreprises françaises renouent avec la Chine. Le général de Gaulle, comme nous l'avons vu, a fait une intervention remarquée lors de son voyage de 1967 au Canada et à Québec. De Gaulle s'était déjà rendu au Canada en avril 1960 peu avant sa visite aux E-U. Il avait été reçu notamment à l'hôtel de ville de Québec et à l'université de Laval mais c'est la visite officielle de 1967 qui est restée dans ses mémoires. On sait que le général de Gaulle avait une affection particulière pour le Québec et les Québécois.
  •  Le général de Gaulle se rend également en 1964 en Amérique latine, une « chasse gardée » des E.-U depuis la fin du 19e siècle. De Gaulle se rend au Mexique, au Brésil, au Venezuela...
  •  La France bénéficie d'un prestige culturel certain sur ce continent. Il ne faut pas oublier que les leaders sud-américains qui ont conduit les états sud-américains à l'indépendance au 19e siècle comme Simon Bolivar s'appuyaient sur les idéaux de la révolution française. De plus lors de la seconde guerre mondiale, plusieurs comités de soutien à la France libre du général de Gaulle s'étaient formés sur ce continent. Pour de nombreux sud-américains, la France apparaît comme l'état qui peut concurrencer, à tort d'ailleurs, les E.-U sur cette partie de l'Amérique. Cette visite peut être vue comme un défi mais la France n' a pas les moyens de concurrencer les E.-U que ce soit sur un plan économique ou politique. Ce voyage est donc plus symbolique qu'autre chose. Toutefois, en mai 1965, le représentant de la France à l'ONU condamne l'intervention à Saint-Domingue des troupes américaines qui s'opposent au retour au pouvoir de l'ancien président Juan Bosh et afin de procéder à la mise en place d'un gouvernement pro-américain. 

 -une poursuite de la construction européenne mais le rejet d'une trop forte intégration 

  •  Le général de Gaulle poursuit une politique européenne avec un héritage celui des Traités de Rome. Le général de Gaulle veut bien d'une Europe mais d'une « Europe des patries ». Dans ce cadre, pour lui, de bonnes relations avec l'Allemagne sont une nécessité notamment pour conforter la paix. De Gaulle trouve avec le chancelier allemand Conrad Adenauer un interlocuteur idéal. Les deux hommes poursuivent des objectifs communs et se rencontrent à plusieurs reprises : la première rencontre a lieu en France en septembre 1958. 
  • En mars 1959, de Gaulle affirme que le « destin normal du peuple allemand » est la réunification. 
  • Ces rencontres débouchent sur la signature en janvier 1963 du traité de l' Elysée : il s 'agit d'un traité de coopération scellant la réconciliation entre les deux pays et donne naissance au couple franco-allemand. Ce traité bilatéral est critiqué par les E.-U ce qui oblige Adenauer à réaffirmer son attachement à l'OTAN. De Gaulle n'est pas hostile à la construction européenne mais il est attaché à une Europe des Nations et des états.
  •  Il oppose deux fois son veto à l'entrée du Royaume-Uni dans la CEE : en 1963 et en 1967. En 1960, il souhaite même une coopération européenne au niveau politique et pas seulement économique. Est même proposé en 1962 le plan Fouchet qui consistait à vouloir mettre en place un Conseil réunissant les chefs de gouvernements, une Assemblée parlementaire européenne et une Commission politique européenne. Le « plan Fouchet » propose en fait une « union des états » avec une politique étrangère commune, une politique de défense commune, une politique culturelle mais avec le maintien de la règle de l'unanimité lors des prises de décisions mais ce plan est rejeté par les Pays-Bas et la Belgique.
  • C'est en 1962 qu'est mise en place la politique agricole commune (PAC). Par contre, en 1965, de Gaulle décide de pratiquer la politique de la « chaise vide » (jusqu'en 1966) au sein de la CEE car il ne veut pas que la France soit limitée dans ses décisions par cette CEE : il refuse notamment que la règle de l'unanimité dans la prise de décision soit abandonnée. Pour de Gaulle, l'Europe est certes un lieu de coopération mais les états ne doivent pas abandonner leur souveraineté. 
  • De plus, cette Europe doit être indépendante des E.-U. Le général de Gaulle s'oppose également à la demande d'adhésion de la Grande-Bretagne : une demande présentée en août 1961 et en janvier 1963, de Gaulle confirme son opposition à cette entrée. En 1967, de Gaulle réitère son opposition. 

 B/ Quels résultats ? Quelles permanences ? 

a/ Une puissance toujours limitée 

-une parole qui masque le déclin 

  •  De Gaulle, c'est incontestablement une parole d'importance mais elle masque une certaine impuissance de la France notamment à s'affirmer véritablement sur la scène mondiale. Cette parole mettant en avant la grandeur de la France était probablement possible et audible dans un contexte de prospérité qui est celui des trente glorieuses.
  •  Le déclin est amorcé avec la perte de l'Empire colonial. Le voyage du général de Gaulle en Amérique latine est comme nous l'avons dit surtout symbolique : la France n'est pas capable d'être une alternative à la puissance et la domination des E.-U sur ce continent. L'idée que « la France ne peut être la France sans la grandeur » est un objectif mais difficile à mettre en œuvre. 

 -une incapacité à imposer ses vues et réellement changer la donne

  • La France ne parvient pas à toujours imposer ses vues et à changer la situation internationale. De Gaulle souhaitait avec la construction européenne et la formation du couple franco-allemand s'émanciper, et l'Europe avec, de la tutelle américaine. Or bien qu'il y ait eu le traité de l'élysée, à aucun moment la RFA ni les autres membres de la CEE n'ont suivi la politique française à l'égard des E.-U. La RFA est resté un membre indéfectible de l'OTAN et la politique gaullienne d'indépendance et de critique des E.-U a fini par lasser les Allemands. 
  • La politique du général de Gaulle n' a pas non plus atténuer la logique bipolaire de ce temps de guerre froide. Le problème essentiel, et ce bien qu'il y ait l'arme atomique, est que la France n' pas vraiment les moyens de ses ambitions (ce qui est d'ailleurs une constante). 

b/ Des permanences 

 -la politique africaine : le contrôle des anciennes colonies 

  •  Une des permanences de la politique gaullienne et qui se poursuit après est la politique africaine et le contrôle de ses anciennes colonies. De Gaulle a une certaine idée de l'Afrique avec l'idée de préserver des intérêts politiques, économiques et culturels sans oublier l'idée constante d'une « œuvre civilisatrice ». Certes, l'idée du général de Gaulle de proposer dans le cadre de la Constitution de 1958 une Communauté française à laquelle les états Africains pourront adhérer est un échec puisque les colonies d'Afrique noire francophone vont toutes choisir l'indépendance mais cela ne va pas empêcher la France de maintenir des liens avec l'Afrique. Suite aux indépendances, de Gaulle propose aux états nouvellement indépendants une coopération économique, politique et culturelle. La France apporte un soutien aux nouveaux états avec des aides financières, un soutien technique avec des techniciens et des enseignants envoyés en Afrique, une aide militaire devant protéger les nouveaux états contre toute agression extérieure tout en protégeant les chefs d'état en place. 
  • Parallèlement, la période gaullienne est marquée par plusieurs interventions et soutiens à des régimes autoritaires ce qui est une façon pour la France de maintenir un contrôle sur l'Afrique.
  • En 1964, l'armée française intervient au Gabon pour rétablir au pouvoir le président en place, Léon M'Ba, qui venait d'être renversé. 
  • En 1968, la France intervient au Tchad dans la région du Tibesti afin de lutter une rébellion du peuple Toubou qui ont crée un Front de libération nationale du Tchad. 
  • C'est également pendant cette période que se mettent en place les réseaux africains donnant naissance à la Françafrique : Jacques Foccart, un proche de de Gaulle, est chargé de concevoir un réseau devant maintenir l'influence de la France en Afrique (Focart est conseiller aux affaires africaines à l'élysée de 1960 à 1974).
  •  Par l'intermédiaire de Foccart, de Gaulle contrôle les actions menées par les différents ministères concernant l'Afrique, négocie avec les chefs d'état africains. 

 -la politique arabe et à l'égard du tiers-monde

  •  La politique concernant le monde arabe est une politique de rapprochement avec certains états. Les relations qui se tendent entre la France et Israël en 1967 renforcent les liens notamment diplomatiques et commerciaux avec le monde arabe. A l'égard du tiers-monde, la France veut participer à la coopération avec des états nouvellement indépendants et dont l'une des priorités est le développement. La France va participer notamment à des aides financières au développement.
Mitterrand en 1981

3/ L'après-gaullisme : 1969- années 1990 : une puissance simplement moyenne


La politique de la France des années 1969-1990 obéit à des permanences. Quelque soit les gouvernements, des permanences demeurent : politique africaine, politique européenne, couple franco-allemand, dissuasion nucléaire... 

 A/ La volonté de garder une capacité d'action 

a/ L'engagement africain 


-un « pré carré » ? 

  •  L'engagement africain demeure une constante de la politique étrangère française avec cette volonté de préserver ce que la France considère comme son « pré carré ». Dans le contexte très tendu de la guerre froide, pour les E.-U, l'action et la présence de la France dans une partie de l'Afrique est un gage contre l'expansion du communisme et est un moyen de préserver l'influence occidentale. La France pour maintenir son « pré carré » s'appuie sur plusieurs moyens dont des bases militaires. On peut rappeler que la première base aérienne avait été installée en 1930 à Bangui (République de Centrafrique) mais la France a aussi des bases à Dakar, Djibouti, Niamey (Niger), N'Djamena (Tchad) ... 
  • La France a conclu plusieurs accords de défense avec de nombreux états comme le Sénégal, Gabon, Cameroun...  Ainsi, dès 1961, la Côte d'Ivoire avait signé avec la France un accord de défense, un accord « d'assistance militaire technique » (article 1) et l'article 9 prévoit que la France met à la disposition des forces armées de Côte d'Ivoire les officiers, sous- officiers et hommes de troupes nécessaires (un nouvel accord a été mis en place en 2014). S'ajoutent de nombreuses interventions comme les interventions au Tchad entre 1968 et 1972 (opération Limousin), au Zaïre en 1977 dans la région du Shaba (opération verveine), en 1978 toujours au Zaïre avec l'opération Léopard sur Kolwezi, encore au Tchad en 1983 avec l'opération Manta, au Rwanda avec entre 1990 et 1993 l'opération Noroît... 
  • En ce qui concerne l'opération Limousin au Tchad, la France dans le cadre d'accords de défense signés après l'indépendance, avait une unité militaire présente dans cet état. Le Nord du Tchad étant devenu instable, le président tchadien de l'époque demande l'aide française: d'avril 1969 à 1971 est donc menée l'opération Limousin.
  •  L'armée française intervient à nouveau en 1978 au Tchad (opération Tacaud) et en 1983-84 avec l'opération Manta dans le cadre du conflit entre le Tchad et la Libye au sujet du contrôle de la Bande d' Aouzou, une bande de terres revendiquée par la Libye et possession tchadienne, les Libyens soutenant un mouvement rebelle dans cette bande d' Aouzou . On peut signaler également dans ce même pays l'opération épervier consistant à riposter aux forces armées libyennes qui avaient pénétré en territoire tchadien. Enfin, et plus récemment, on peut évoquer en 2014, l'opération Barkhane menée en zone sahélienne contre les mouvements islamistes faisant suite en 2013 à l'opération Serval lancée au Mali. L'opération Noroît est une opération déclenchée en 1990 pour protéger des ressortissants français au Rwanda, un état où le gouvernement en place, un gouvernement avec à sa tête un Hutu Juvénal Habyarimana est en lutte contre le front patriotique rwandais (à dominante Tutsi). 
  • Cette opération sert aussi à l'armée française pour appuyer les forces rwandaises et repousser les rebelles du FPR. Deux autres opérations ont lieu dans ce pays en 1994 : l'opération Amaryllis consistant entre le 8 avril et le 14 avril à évacuer les ressortissants français alors que vient de débuter le génocide rwandais et l'opération Turquoise en juin 1994 pour mettre fin précisément à ce génocide sur les populations Tutsis commis sur l'odre du gouvernement rwandais. 

 -la « Françafrique » : une réalité ? 

  •  La Françafrique est bien une réalité par la présence de réseaux et d'une cellule constamment présente à l'élysée concernant les affaires africaine. Le réseau de Jacques Foccart a été particulièrement actif jusqu'en 1974. La Françafrique est également une réalité par l'intermédiaire du poids de certaines firmes françaises comme Elf très présente dans un état comme le Gabon. Elf et l'état français ont ainsi toujours soutenu Omar Bongo, le chef d'état gabonais. Ce dernier est arrivé au pouvoir en 1968 soutenu par la France : il y est resté jusqu'à sa mort en 2009 et c'est son fils, Ali Bongo qui a pris sa succession. La françafrique, c'est donc à la fois des liens politiques, militaires mais aussi économiques entre des états africains et leurs dirigeants avec la France. Sans toujours parler de cette françafrique souvent contestée, il faut mettre l'accent sur la politique de coopération à destination des états dits du Sud. 
  • Ayant maintenu des liens étroits avec de nombreux états et étant un état dont certains discours ont plu car fondés sur l'indépendance nationale et la contestation de l'ordre bipolaire, la France pouvait mener une politique d'ouverture à l'égard du tiers-monde.
  • Il s'agit pour la France à la fois de préserver et d'accentuer ses intérêts économiques mais aussi de s'inscrire dans une logique d'une philosophie politique fondée sur les droits de l'homme. V. Giscard d'Estaing notamment va mettre l'accent sur cette politique d'ouverture en mettant en avant dès son élection l'idée d'une grande conférence Nord-Sud. Celle-ci se tient en décembre 1975 à Paris avec à la fois des représentants des pays les plus développés et des représentants des états du « tiers-monde ». certes, cette conférence n'aboutit à aucun accord mais elle est significative de la volonté française de penser autrement les relations avec les états du sud. Par contre, la France joue un rôle notable entre le membres de la CEE et plusieurs états appelés états ACP (Afrique, Caraïbe, Pacifique se traduisant en 1975 par les accords de Lomé signés par la CEE et 46 états permettant aux états signataires d'exporter leurs produits vers l'Europe sans restriction quantitative. 

 b/ Un engagement européen fort 

  •  Les différents présidents de la 5e République ont maintenu un fort engagement européen et ont même accéléré la construction de l'Europe. -le choix d'une intégration européenne plus importante et du maintien du couple franco-allemand Le couple franco-allemand a toujours été un axe majeur de cette construction que ce soit avec V. Giscard d'Estaing et H. Schmidt ou entre F. Mitterrand et H.Kohl. Giscard d 'Estaing est notamment très favorable à la construction européenne alors que G.Pompidou, dans la droite ligne du général de Gaulle était hostile à toute forme de supra-nationalité. Giscard d'Estaing va ainsi accepter le principe de l'élection au suffrage universel direct du Parlement européen dès décembre 1974, une élection au suffrage universel direct mise en place pour la première fois en 1979. La France joue également un rôle important dans la mise en œuvre du système monétaire européen (SME), un système permettant une stabilité des monnaies des membres de la CEE. Helmut Schmidt, le chancelier allemand et Giscard d'Estaing militent pour le SME qui est créé en 1978. A partir de 1974, les rapports entre la France et l'Allemagne sont au beau fixe. F. Mitterrand et H.Kohl vont poursuivre dans cette voie.
  •  En 1988 est même créé un Conseil franco-allemand de la défense et un Conseil franco-allemand économique et financier à l'occasion du 245e anniversaire du traité de l'élysée de 1963. 

 -des étapes significatives 

  •  La France soutient ou est à l 'origine d'étapes importantes de la construction européenne. Elle a été favorable comme nous l'avons vu à l'élection du Parlement européen au suffrage universel direct mais a aussi soutenu l'élargissement de la CEE en 1981 à la Grèce et en 1986 à l'Espagne et au Portugal. Grâce à l'action conjointe de Mitterrand et Kohl, en 1985, est décidé l'acte unique européen dont l'objectif est de créer en 1992 un « espace économique sans frontières » : un acte qui donne naissance à l'Union européenne. Cet acte unique est signé en février 1986 prévoyant un marché unique pour le 1er janvier 1993 où les marchandises, capitaux et hommes circuleront librement. 
  • Les années 1986-1992 vont être l'occasion pour la France de préparer ce marché unique en harmonisant les différentes normes techniques, les taux de TVA... En 1989, Kohl et Mitterrand ont souhaité une conférence intergouvernementale en 1990 afin d'évoquer un traité d'union politique : une conférence qui aboutit au traité de Maastricht signé en février 1992. 

 B/ Des atouts pour garder son rang 

 La France dispose de plusieurs atouts non pas pour être une grande puissance mais pour préserver son rang de puissance européenne et maintenir une certaine influence à l'échelle mondiale. 

 a/ Des atouts économiques 

 La France est restée une puissance économique se classant régulièrement dans les 5 premières puissances économiques et commerciales de la planète. 

-des secteurs porteurs 

  •  Plusieurs secteurs sont des secteurs dynamiques et porteurs. C'est le cas de l'agriculture et de l'industrie agroalimentaire. L'agriculture française est une agriculture productive et exportatrice : la première de la CEE et depuis 1992 de l'Union européenne. En 2004, l'agriculture française contribuait pour 20% de la production agricole européenne Ces performances agricoles, elle le doit à de très importants efforts de modernisation et à l'impact positif de la politique agricole commune (PAC). L'industrie agroalimentaire est également performante comme le montre le groupe Danone : entre 1958 et 1989, l'industrie agroalimentaire est passée de 12% à 17% des exportations totales de la France ce qui est loin d'être négligeable. La France est également compétitive dans le secteur tertiaire avec dans les années 1980-1990, un secteur bancaire et des banques puissantes comme le Crédit agricole qui est à l'époque la 4e banque mondiale. Au niveau industriel, les performances sont inégales selon les secteurs. automobile,aéronautique, industrie de l'armement sont globalement dynamiques et exportatrices. L'industrie de l'armement génère ainsi au milieu des années 1980 300 000 emplois et la France est le 3e exportateur mondial d'armes derrière les E.-U et l'URSS. 

 -des FTN compétitives

  •  Plusieurs firmes s'avèrent être compétitives : des firmes, qui dans le cadre d'une économie de plus en plus internationalisée, doivent s'ouvrir davantage ce qu'elles font. On s'aperçoit de ce fait que les plus grandes firmes réalisent une part notable de leurs chiffres d'affaires à l'étranger et donc grâce à leurs exportations. En 1988, une firme comme Renault réalise un CA à l'étranger de plus de 83 milliards de francs, Elf-Aquitaine de 78 milliards de francs... 
  • Des groupes comme Elf-Aquitaine, BSN Gervais Danone, Saint-Gobain, Renault ... sont compétitifs. En 1970, la firme Saint-Gobain a fusionné avec Pont-à- Mousson et est devenu un groupe phare de l'industrie française dans les années 1980 fortement internationalisé au sein de la CEE mais également au Brésil...Gervais et Danone avait fusionné en 1970 puis Gervais -Danone fusionne en 1973 avec BSN (Boussois-Souchon-Neuvesel, une entreprise à l'origine dans le verre et qui s'est diversifié dans l'agroalimentaire) : en 1994, le groupe BSN Gervais-Danone représente 300 marques (il est ne 2014, le 6e groupe agroalimentaire mondial). 

 b/ Des moyens pour rayonner 

 La France a également des moyens diplomatiques, politiques et culturels pour rayonner et assurer un certain nombre de missions jugées indispensables pour que le pays garde son rang. 

-de la francophonie aux institutions internationales

  •  La francophonie est un des moyens de ce rayonnement culturel de la France. En 1964 avait été créé un Haut comité pour la langue française et en 1970, lors de la conférence de Niamey, une Agence de coopération culturelle et technique est mise en place avec 21 états institutionnalisant réellement la francophonie : cette Agence devient en 2005, l'Organisation internationale de la francophonie. Certes ,en 1982, le français n'est que la 11e langue parlée dans le monde (entre 230 et 280 millions de locuteurs) mais des efforts sont faits pour développer l'usage de la langue. Depuis 1986, sont également organisés les sommets de la francophonie permettant aux chefs d'état et aux représentants de l'Organisation internationale de la francophonie de se rencontrer. Le premier s'était tenu en 1986 à Versailles, le second en 1987 à Québec, le 3e à Dakar en 1989... (le 16e devrait se tenir en novembre 2016 à Madagascar). Le français est resté une langue de référence à l'ONU, au sein de l'Union européenne mais aussi dans le cadre du Comité international Olympique (CIO) La France est bien sur présente dans les institutions internationales. Elle est membre du Conseil de sécurité de l'ONU : une ONU où elle participe aux missions militaires. 
  • On peut aussi rappeler que le siège de l'UNESCO (organisations des Nations Unies pour l'éducation, la science et la culture) est à Paris. 
  • C'est la France qui est à l'initiative des réunions annuelles des chefs d'état et de gouvernement depuis 1975 connues sous le nom de G7 puis de G8 : la première réunion a lieu à Rambouillet. Ce G7 comprenait les E.-U, le Canada (intégré en 1976), la France, le Royaume-Uni, la RFA, l'Italie, le Japon. Il s'est élargi à la Russie en 1997. La France est également membre depuis le début d'institutions comme le FMI ou la Banque mondiale : la France a d'ailleurs fourni 5 directeurs généraux au FMI dont Pierre-Paul Schweitzer entre 1963 et 1973, Jacques de Larosière entre 1978 et 1987, Michel Camdessus de 1987 à 2000 et plus récemment Dominique Strauss-Kahn de 2007 à 2011 et depuis 2011 Christine Lagarde. -une influence culturelle encore présente L'influence culturelle de la France est toujours présente dans ces années 1970-2000 avec le rôle joué par les expatriés au nombre de 1,4 million dans les années 1980 et les coopérants dont le nombre est néanmoins passé de 34 000 en 1973 à 20 000 en 1984. Jouent un rôle notable, les écoles et lycées français avec dans les années 1980 environ 30 000 enseignants. On peut ajouter une présence culturelle par l'intermédiaire de deux structures : l'Agence France-Presse (AFP) dont la création remonte à 1944 et en 1975, la création de Radio France internationale (RFI). Depuis 1984, il existe même une chaîne de télévision internationale à savoir TV5. 


 c/ Une politique de défense et étrangère active 

-la défense : une priorité constante 

  •  La défense est une priorité constante des successeurs du général de Gaulle avec les constantes de l'indépendance nationale et du maintien de la sphère d'influence. Il s'agit de maintenir des forces capables d'intervenir sur des théâtres d'opération extérieurs et une présence internationale. C'est la raison pour laquelle la France a développé et maintenu une flotte capable, en théorie, d'être présente. Les porte-avions Clemenceau et Foch sont emblématiques de cette politique : le premier est construit en 1954 et mis à l'eau en 1957 devenant actif en 1961 ; le second est décidé en 1955 et devient actif en 1963. Au début des années 1990, les forces dites classiques peuvent s'appuyer sur plus de 1 300 chars, de 597 avions de combat notamment avec en plus le maintien d'un service militaire qui est supprimé en 1996 par Jacques Chirac. La défense et son ministère représente dans ces années 3,3% du PIB et 12% des dépenses publiques. 

 -une France qui intervient : de Kolwezi au Tchad 

  •  Comme nous l'avons déjà vu, la priorité donnée à la défense a permis et permet encore la France de conduire des interventions extérieures. La France a ainsi mis au point un dispositif naval au début des années 1990 , la mission Corymbe, dans le Golfe de Guinée. La France a participé depuis la fin des années 1950 à plusieurs interventions en Afrique : en plus des interventions déjà évoquées précédemment, la France est intervenue également en 12986 au Togo suite à une tentative de coup d'état dans ce pays, aux Comores en 1989 pour mettre fin à la prise de contrôle des Comores par des mercenaires... la France a également participé à des opérations comme la guerre du Golfe en 1991 et l'opération conduite par les E.-U à savoir l'opération tempête du désert. Elle a participé également à des opérations de maintien de la paix dans le cadre de l'ONU comme au Liban en 1978 (FINUL). 

 Bilan

 La France : un rang à maintenir ou à retrouver ? Perspectives. Comme l'écrit Maurice Vaïsse, la France doit choisir entre la puissance et l'influence sachant qu'elle a davantage de moyens pour exercer une influence réelle que de moyens pour être une véritable puissance. La France attache toujours de l'importance au fait que la puissance doit être diplomatique et militaire. La France n' a pas les moyens d'un réel soft power même si la culture française conserve un réel prestige et un rayonnement certain. Au niveau diplomatique, la France tente souvent de se poser en référence morale (référence aux droits de l'homme, à la philosophie des Lumières...).
 La France mène encore plusieurs opérations (Opérations extérieures = OPEX) avec des troupes françaises engagées sur plusieurs théâtres d'opération. La France participe et est engagée au Kosovo (dans le cadre de KFOR), en Afrique de l'Ouest (opérations Corymbe, Licorne (en Côte d'Ivoire...)...Elle n'hésite pas à utiliser le hard Power comme avec l'opération Harmattan en Libye en 2011 ou l'opération Serval au Mali en 2013.
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