Chapitre 2: Le monde en 1939 : de nouvelles années tragiques

Introduction

Autre année décisive et de rupture : l'année 1939, année du début d'une guerre encore plus terrible que la première guerre mondiale, une année 1939 qui signe une seconde mort de l'Europe. En 1939, les démocraties ne semblent pas en état de s'opposer aux régimes totalitaires et un second conflit mondial semble inéluctable.
Article New York Times de 1929

1/ Des démocraties économiquement fragilisées : un temps de crise.

Les démocraties, mais pas elles seules, sont dans les années 1930 affaiblies économiquement : la crise économique des années 30 a laissé des traces. 

 A/ Un fort affaiblissement économique : le temps d'une crise unique 

 Le monde connaît en 1929-30 une crise économique terrible suivie d'une période de dépression qu'aucun homme politique ne parvient totalement à résoudre. 

 a/ La crise de 1929 : un traumatisme profond 

 La crise de 1929 est d'abord une crise américaine mais une crise américaine qui devient mondiale donnant naissance à la Grande dépression. 

 -une crise économique américaine se généralisant au monde 

  •  En octobre 1929, le jeudi 24 octobre (le « jeudi noir ») se déclenche un Krach boursier avec la vente de 13 millions d'actions ; le 29 octobre, 16 millions d'actions sont à nouveau en vente. Dès lors, ces ventes massives entraînent une chute des cours (entre octobre 1929 et 1932, c'est 80% de la capitalisation boursière qui « part en fumée »). Ce Krach ruine des milliers de spéculateurs et met en difficultés de nombreuses banques. Il faut rappeler que ce krach ne tombe pas du ciel : en effet, dans les années 1920 en lient avec la croissance, les cours des actions avaient fortement augmenté par la spéculation et l'achat d'actions à crédit formant une bulle boursière avec des actions surcotées. 
  • Or dès les années 1927-28, on note un essoufflement de l'économie américaine avec une baisse de la demande ce qui va finir par inquiéter les spéculateurs. Ce krach a un impact désastreux sur les banques et le système financier puisque les banques devant l'affolement des individus sont confrontées à des retraits massifs des dépôts. Plusieurs d'entre elles font faillite : 640 en 1929, 1300 en 1930, plus de 2 200 en 1931.La crise devient économique : la consommation diminue entraînant une mévente des entreprises qui accumulent les stocks et voient leurs profits baisser. 
  • Les prix baissent, certaines entreprises font faillite et les productions chutent (d'environ 30% entre 1929-1932). des millions d'individus se retrouvent au chômage ce qui réduit encore plus la demande : la crise s'amplifie (on dit que la crise nourrit la crise). La crise est généralisé car l'onde de choc américaine touche les autres pays. Les pays d'Amérique centrale sont touchés parce que les importations américaines diminuent ce qui fait chuter les recettes des pays, une chute renforcée par la fermeture du marché américain à partir de 1931. 
  • La crise finit par atteindre l'Europe à la fin de l'année 1930 puisque les banques américaines ont retiré l'argent placé en Europe et qu'en plus exporter aux Etats-Unis devient très difficile. 
  • En 1930-31, la production industrielle allemande baisse de 25% et 3 millions de personnes sont au chômage. Les mêmes phénomènes concernent les autres états européens (avec retard pour la France, à partir de 1931).
  • La crise se traduit par la chute des échanges (entre 1929 et 1933, la valeur du commerce mondial est passée de 68 milliards de dollars à 23 milliards) et des productions industrielles et agricoles. Avec cette crise mondialisée, les productions reculent très fortement comme la production d'acier qui passe de 120 millions de tonnes en 1929 à 50 millions en 1932 et surtout le chômage explose : en 1932, on compte 30 millions de chômeurs dans les pays industriels dont 12 millions aux Etats-Unis et 6 millions en Allemagne. Pour résoudre cette crise, les états optent pour des méthodes à la fois libérales et déflationnistes. 
  • Les taux d'intérêt baissent afin de relancer le crédit (ce qui a d'ailleurs peu d'effets). Surtout, les états décident de conduire des politiques d'austérité en voulant tout à la fois préserver les monnaies (pour eux avoir confiance dans une monnaie, c'est avoir confiance dans l'économie) et lutter contre les déficits publics. Les salaires sont baissés tout comme les dépenses publiques. 
  • Ainsi, en Allemagne entre 1930 et 32, le chancelier Brüning réduit les salaires et les prix de 10% mais aussi les allocations chômage de 50%. le gouvernement britannique fait de même tout en augmentant les impôts. Ce type de politique n'amène pas de résultats positifs et ne résout pas la crise. Par contre, en 1933, le nouveau président américain, Franklin Roosevelt, décide de conduire une autre politique inspirée par l'économiste anglais Keynes : le New Deal. 
  • Celui-ci repose sur un rôle accru de l'état qui intervient davantage dans l'économie par des grands travaux afin de lutter contre le chômage et des aides publiques pour relancer l'activité économique (voir plus bas). 
  • Cette politique ne permet pas non plus de résoudre la crise même si le chômage diminue quelque peu. Il faut attendre 1938 pour sentir une reprise sensible du commerce. Cette crise se traduit aussi par un chômage exceptionnel tant aux E.-U qu'en Europe et le développement de la misère. La crise affecte l'Europe notamment centrale en 1931 : Allemagne, Autriche... avec des effets politiques sur lesquels nous reviendrons et aucun pays européen n'y échappe. 

 - un redressement partiel 

  •  Le redressement économique mondial est partiel et inégal selon les pays. Les différents états réagissent de manière classique pensant que la crise ne peut être que temporaire et tardent à vraiment intervenir.
  •  Les différents gouvernements, américain, français ou allemand réagissent par des politiques de déflation (défense de la monnaie, équilibre des budgets...) peu efficaces notamment en voulant la stabilité monétaire ou en proposant des dévaluations afin de favoriser les exportations. Dans le même temps, il s'agit de restaurer les équilibres budgétaires dans le but d'éviter une trop forte inflation. Or ce type de politique ne donne pas de résultats positifs concernant la baisse du chômage, la lutte contre la pauvreté... La dépression des années 1930 montre des dirigeants globalement incapables de penser autrement l'économie et d'apporter des solutions novatrices. Ces éléments expliquent la durée de la dépression et le redressement limité, un redressement s'opérant tardivement. 

 b/ Mais des situations différenciées 

 Les situations nationales sont néanmoins à différencier : les Etats ne réagissent pas tous de la même façon et n'obtiennent pas des résultats identiques.

 -les E.-U. : quelle réussite pour le New Deal ? 

  •  Les E.-U sous l'impulsion de F. Roosevelt, qui s'appuie partiellement sur les théories de Keynes, opèrent à partir de 1933 un changement net de politique avec la mise en œuvre du New Deal ce New Deal est fondé sur un rôle accru de l'Etat par des crédits publics, de grands travaux...
  • L' Etat a pour fonction de relancer la machine économique et de lutter contre le chômage (Le New Deal n'empêche pas la dévaluation du dollar début 1934). Les conséquences du New deal ne sont pas si simples à évaluer : on peut évoquer une réussite incomplète ou un échec relatif. En termes quantitatifs, dans de nombreux secteurs, le niveau de 1929 n' est pas retrouvé. Si on prend pour l'année 1937 l'indice 100, l'année 1929 est à 96 pour la production industrielle et l'année 1939 également ; la production automobile est moindre en 1939 qu'en 1929... 
  • Toutefois, le chômage a diminué passant de près de 12 millions de chômeurs en 1932 à 8,8 en 1939.Les grands travaux ont permis d'améliorer les infrastructures du pays. En 1939, quelque soit l'opinion portée sur le New Deal, les E.-U n'ont pas totalement retrouvé le niveau économique d'avant 1929.

 -Royaume-Uni, France : des situations délicates 

  •  Le Royaume-Uni est lui aussi secoué par la crise et la dépression : on peut considérer que cette période des années 30 clôt un cycle déjà amorcé de déclin économique. Ces années sont des années de perte de valeur de la monnaie, d'un chômage important... Les gouvernements anglais utilisent les mêmes méthodes que les autres : dépréciation monétaire, retour au protectionnisme...
  •  L'économie britannique a néanmoins un peu mieux encaissé le choc de la crise que les autres en particulier les E.-U et l'Allemagne. On constate un léger redressement économique à la fin des années 30 : la production industrielle est supérieure de 30% à celle de 1929. 
  • Par contre, le commerce extérieur ne retrouve pas le niveau d'avant 29. La France subit la crise plus tardivement que les autres à partir de la fin de l'année 1931. 
  • Ce retard s'explique par une économie moins ouverte que les autres grandes économies. 
  • Mais une fois la crise présente, les productions baissent, le chômage augmente pour atteindre 500 000 individus en 1936. Jusqu'en 1936, les différents gouvernements mènent des politiques déflationnistes peu efficaces et n'empêchant pas ni le chômage ni la baisse des revenus. 
  • Le Front populaire va tenter en 1936 de changer la donne par une série de réformes (hausse des salaires, baisse du temps de travail...) mais les difficultés économiques persistent. L'économie ne commence à reprendre qu'en 1939 : année où le chômage baisse et la production industrielle reprend. Mais la France n'a pas retrouvé son niveau économique de 1930. E.-U, Royaume-Uni, France, aucune de ces puissances n'est parvenue en 1939 à retrouver le même niveau de puissance économique qu'en 1929 et ce quelque soient les méthodes utilisées. Cet état de fait peut s'expliquer par une économie mondiale en difficultés. 

 B/... dans le cadre d'une économie mondiale déstabilisée 

 C'est l'ensemble de l'économie mondiale qui est en difficultés dans les années 30 et pas seulement les économies américaine et européenne. . 

 a/ Un commerce mondial atone... 

-des échanges amoindris... 

  •  Les échanges mondiaux sont très impactés par la crise et la dépression : il y a une véritable contraction du commerce international. La valeur du commerce mondial passe de 68 milliards de $ en 1929 à 25 milliards de $ au début de l'année 1933. Cette baisse s'explique par la chute des cours de multiples produits et par des politiques protectionnistes. Les importations n'ont cessé de diminuer quelque soit le pays ce qui traduit un repli sur soi. 
  • Parallèlement, il devient plus compliqué d'exporter. 
  • Dès lors, il est logique que la période des années 30 ne soit pas une période bénéfique pour le commerce mondial : c'est un repli généralisé signe d'un arrêt temporaire du processus de globalisation. 
  • Dans de nombreux pays et pas seulement en Europe, les marchés intérieurs se sont effondrés comme au Mexique, au Brésil ou au Japon. Dans l'incapacité de payer des biens manufacturés importés, il s furent dans l'obligation de produire ce qu'ils importaient (ce qui était d'ailleurs une chose positive). Ainsi, un état comme le Japon devient presque autosuffisant dans la production textile 

-...impacté par un fort protectionnisme 

  •  Une telle crise ne pouvait qu'entraîner un protectionnisme et des logiques protectionnistes : ce dernier paraît être le seul recours possible pour lutter contre la crise. Les différents Etats augmentent les tarifs douaniers comme les E.-U en 1930 (tarif Hawley-Smoot faisant passer les droits de douane de 38 à 59%) ce qui pénalise leurs partenaires commerciaux comme le Canada ou les états sud-américains) imposent le contrôle des changes (Allemagne en 1931). 
  • Même l'Angleterre longtemps apôtre du libre échange met en place un tarif douanier afin de protéger son marché intérieur (Import Duties Act). Pour les puissances coloniales, cette période leur permet d'atténuer la crise car les colonies servent de débouchés. 
  • Le Royaume-Uni signe des accords (les accords d'Ottawa en 1932) par lesquels les dominions du Commonwealth s'engagent à opter pour les produits anglais par des préférences de tarifs. Quelques états tentent d'aller plus loin encore : c'est le cas de l'Italie fasciste ou du Japon qui optent pour l'autarcie. 
  • Il faut signaler que la France tente de réorganiser son commerce en donnant priorité aux colonies : en 1938, ces dernières absorbent 27% des exportations françaises ce qui n'est pas négligeable. 

 b/... renforcé par une situation monétaire délicate 

 La difficile situation économique et commerciale est renforcée par une situation monétaire instable et ingérable. 

 -la zone sterling : une solution peu efficiente...

  •  En 1925, le Royaume-Uni avait rétabli la livre à sa parité d'avant la guerre 14-18 tout en rendant sa monnaie convertible en or.
  •  Les difficultés économiques contraignent les Britanniques à abandonner l'étalon-or en septembre 1931 ce qui rend la livre sterling plus instable : la livre devient une monnaie flottante. 
  • Le Royaume-Uni décide de créer une zone Sterling à laquelle adhèrent les états du Commonwealth (sauf le Canada), les états d'Europe du Nord, la Grèce mais aussi l'Egypte, l'Irak...Ces états adhèrent à la zone sterling pour tenter de préserver leurs échanges avec le Royaume-Uni. L'étalon- or que les états capitalistes avaient adopté n'était plus viable. 

 -...et une absence de politique monétaire concerté 

  •  La conférence de Londres de juin 1933 est une tentative pour retrouver une stabilité monétaire mondiale (60 pays y participent). Or cette conférence échoue et aboutit à la formation de zones monétaires entrant en concurrence : zone sterling (Royaume-Uni, pays du Commonwealth, Brésil, pays scandinaves) , zone dollar (E.-U., continent américain, Philippines) et des pays qui veulent le maintien de l'étalon-or comme la France, la Belgique ou les Pays-Bas formant ainsi le bloc-or ou encore les blocs monétaires des pays autoritaires comme le Japon et son bloc yen. 
  • Ces évolutions traduisent l'incapacité des différents Etats à s'accorder sur une politique monétaire : cette incapacité est révélatrice d'un monde clivé. Bilan : Pour reprendre ce qu'affirme une historienne américaine, Joyce Appleby, dans son ouvrage : Capitalisme, histoire d'une révolution permanente, la Grande dépression et la sévère crise économique s'explique par deux faits : les firmes et entreprises étaient de plus en plus « liées au marché mondial » et de nombreux individus optaient pour vivre et travailler dans des « centres urbains industriels ». 
  • L'incapacité des dirigeants à régler la crise a aussi posé problème. 
  • Le Royaume-Uni, longtemps l'économie dominante ou encore les E.-U n'ont pas été en mesure de trouver des solutions efficaces. Cette grande dépression a eu également des effets politiques notamment en Allemagne favorisant le développement du nazisme sur lequel nous reviendrons juste après.
Hitler et Mussolini en 1939

2/ Des démocraties fortement questionnées : le temps des idéologies de contestation


Les années 30 sont particulièrement délicates pour les démocraties : elles sont contestées soit en interne soit par des puissances devenues des régimes totalitaires ou autoritaires. 

 A/ La montée des régimes totalitaires : une rupture dans la géopolitique mondiale 

 Les années 20 et 30 voient l'apparition de nouvelles idéologies et de systèmes politiques à tel point qu'on peut parler du temps des idéologies. Elles conduisent à la création de régimes totalitaires dont la montée inquiète à juste titre les démocraties. 

 a/ Une Allemagne nazifiée à la politique d'expansion dangereuse 

 Le nazisme est lié à un individu : A. Hitler. Celui-ci entre en politique dès la fin de la Première guerre mondiale en adhérant à un groupuscule d'extrême-droite : le DAP qu'il va progressivement transformer en parti politique de masse. Or pendant les années 20, son parti devenu le NSDAP reste un parti marginal tout comme son leader obtenant moins de 3% des voix aux élections de 1929. La sévère crise du début des années 30 va rendre possible l'ascension d'Hitler et de son parti dont le point d'orgue est sa nomination le 31 janvier 1933 comme chancelier. Très rapidement, Hitler et son parti vont prendre le contrôle de l'Etat et de la société qu'ils vont nazifier. 

 -le processus de nazification et ses effets 

  •  Le processus de nazification s'avère rapide : en une année ou un peu plus (de février 33 à juillet 34), les nazis prennent le contrôle des structures étatiques puis procèdent à la nazification du pays. 
  • Le décret de février 1933 intitulé Pour la protection du peuple allemand supprime les libertés publiques, interdit le parti d'opposition le plus dangereux pour les nazis à savoir le parti communiste (KPD), en juillet 1934, le NSDAP est proclamé parti unique : la dictature nazie est en place. A partir de là, les nazis vont décider de mettre au pas la société allemande en la nazifiant : il faut pour eux réaliser la révolution nationale-socialiste. 
  • Les opposants sont internés et/ou éliminés, la propagande et la mobilisation idéologique sont intensifiées, la culture est contrôlée, le racisme et l'antisémitisme se mettent en place. En 1939, la société allemande est nazifiée et adhère en grande partie au projet hitlérien : les Allemands sont prêts à suivre leur führer. 

-une politique de plus en plus agressive et déstabilisatrice de l'équilibre européen 

  •  Une fois au pouvoir, Hitler et le NSDAP vont pouvoir développer une politique de plus en plus agressive reposant sur quelques idées phares : la revanche à prendre sur la France et le « diktat de Versailles », l'agrandissement de l'espace vital allemand (Lebensraum) et la mise en application d'idées pangermanistes à savoir regrouper les Allemands dans un même Etat et espace. Ce type d'idées ne peut que conduire à une politique d'expansion. A partir de 1936, Hitler se montre plus vindicatif. Hitler, dès 1935, avait violé le traité de Versailles en rétablissant la conscription. 
  • En mars 36, second coup porté au traité, la remilitarisation de la Rhénanie. 
  • Après un répit en 1937, Hitler poursuit en 1938 sa stratégie : en mars c'est la réalisation de l ' Anschluss. Le 12 mars, l'armée allemande occupe l'Autriche ; le 13 l'union entre l'Allemagne et l'Autriche est proclamée et approuvée en avril par référendum par les Autrichiens. Puis, ce sont les Sudètes, région de Tchécoslovaquie qui intéresse Hitler, : une région dans laquelle vit une forte minorité allemande (environ 3 millions). 
  • Le 12 septembre, Hitler revendique les Sudètes prétextant que ce territoire est allemand par sa population. Il menace d'un conflit : la guerre paraît proche : la Tchécoslovaquie mobilise son armée, la France, l'Allemagne, la Russie font appel à leurs réservistes. 
  • Pour éviter la guerre, le premier ministre britannique, Chamberlain propose d'organiser une conférence qui se tient à Munich à partir du 29 septembre. L' Allemagne, l'Italie, la France et le Royaume-Uni sont les participants alors que le principal intéressé la Tchécoslovaquie n'est pas conviée. Les Sudètes sont laissées à l'Allemagne, un territoire que les Tchécoslovaques doivent évacuer contre la promesse de la paix en Europe. 
  • De plus, la Tchécoslovaquie doit abandonner au profit de la Pologne le district de Teschen, objet d'un litige entre les deux pays depuis la fin de la Première guerre mondiale alors que la Hongrie obtient le sud de la Slovaquie. L'année 1939 marque une étape supplémentaire : en mars 1939, la Tchécoslovaquie disparaît avec le contrôle de la Bohème- Moravie (elle devient un protectorat) par les Allemands et l'indépendance de la Slovaquie avec à sa tête monseigneur Tizso, allié des nazis. 
  • Enfin, Hitler compte se tourner désormais vers la Pologne et réclame dès mars 39 le retour de Dantzig à l'Allemagne. Pour favoriser ses objectifs, Hitler signe en août un pacte de non agression avec l'URSS à la grande surprise des Français et des Anglais. 
  • Ce pacte est signé pour dix ans : un pacte qui reconnaît à l'URSS des droits sur la Finlande et les pays Baltes. Pour Staline, il s'agit de gagner du temps après les purges de l'armée rouge de 1938 qui ont conduit à l'élimination de plusieurs généraux et de 40 000 officiers et sous-officiers. De plus la France et le Royaume-Uni furent trop réticent à négocier avec l'URSS de Staline. Le 1er septembre, l' Allemagne attaque la Pologne. 

 b/ L' Italie de Mussolini : le rêve absurde de la grandeur impériale 

  •  Socialiste à l'origine et pacifiste au début de la première guerre mondiale, Mussolini devient belliciste à partir de 1915, est exclu du parti socialiste italien et après le conflit fonde un mouvement politique d'extrême-droite : les faisceaux de combat. 
  • Ces derniers deviennent, en 1921, le parti national fasciste (PNF) : un parti dont les principales idées sont de mettre sur pied un Etat fort (« Tout est dans l'Etat »), de former un homme nouveau et de redonner à l'Italie une grandeur perdue. L'audience des fascistes augmente peu à peu profitant des difficultés économiques et sociales de l'Italie des années 20. 
  • Le PNF obtient aux élections un nombre de sièges notables au Parlement mais pas suffisamment. Mussolini décide de recourir à des moyens plus forts d'intimidation. En 1922, Mussolini est nommé 1er ministre suite à la « marche sur Rome » : il peut désormais prendre le contrôle de l'Etat et procéder à la fascisation de l'Italie tout en rêvant à un retour à la grandeur impériale. 

 -une Italie fascisée 

  •  La fascisation de l'Italie est d'abord passée par le contrôle de l'Etat. Ce contrôle passe la lutte contre les opposants : l'assassinat du socialiste Matteotti en juin 1924 a ouvert la voie de la répression, une répression constante pendant la période fasciste avec le système du confinement. 
  • Dans le même temps, les lois dites « fascistissimes » votées en novembre 1926 instaurent la dictature : censure, interdiction des partis politiques et syndicats, épuration des administrations... sont les moyens de la prise de contrôle de l'Etat. A cela s'ajoutent la création d'une police politique (l' OVRA) et des tribunaux spéciaux. 
  • Au niveau institutionnel, la monarchie est maintenue mais son rôle est purement fictif : le Duce concentre tous les pouvoirs. La propagande, l'embrigadement de la jeunesse, le contrôle de l'éducation, l'encadrement des loisirs (par le Dopolavoro) permettent de véhiculer les valeurs fascistes et de fasciser la société et les Italiens. 

 -une vaine tentative de retour à l'Empire 

  •  Mussolini et les fascistes ont aussi une ambition impériale s'inspirant de la Rome antique. Cette volonté impériale est marquée dans les années 1930 par une politique expansionniste. En octobre 1935, les troupes italiennes envahissent l'Ethiopie : le pays est vaincu et annexé (le roi Victor-Emmanuel III en devient l'Empereur en mai 36). La SDN, dont l'Ethiopie indépendante est membre, condamne l'Italie comme agresseur d'un état indépendant. 
  • Cette condamnation (mais ce n'est pas le seul facteur) pousse Mussolini à changer d'orientation diplomatique avec un rapprochement progressif avec l'Allemagne conduisant à la formation en novembre 36 de l'axe Rome-Berlin et à conclure en mai 39 le pacte d'acier. 
  • En avril 1939, l'expansionnisme fasciste se poursuite avec l'agression et l'annexion de l'Albanie. 
  • Cependant les conquêtes de l'Ethiopie et de l'Albanie célébrées par le régime de Mussolini ne sont en rien un retour à une grandeur impériale : l'Italie n'a ni les moyens politiques ni les moyens militaires de telles ambitions. 

c/ L'URSS stalinienne : des stratégies et politiques complexes

 La Révolution d'octobre 1917 et la guerre civile qui suit sont un des moments charnières du 20e siècle : pour la première fois, se met en place un système communiste reposant sur l'idéologie marxiste-léniniste. A la mort de Lénine en 1924, une lutte interne au parti communiste (PCUS) aboutit en 1928 à la victoire de Staline qui s'impose au détriment de Trotski. C'est un nouveau interne dans l'histoire de l'URSS avec la mise en place de ce qu'on appelle le modèle stalinien. 

-une société et une économie transformées à marche forcée : la volonté d'une URSS industrielle 

  • Le projet stalinien est fondé sur une réorientation de l'économie soviétique dont les fondements sont la planification, la collectivisation de l'agriculture et l'industrialisation, une industrialisation à marche forcée. 
  • Le premier plan quinquennal date de 1928 (1928-1932) : il est axé sur une collectivisation forcée des campagnes avec le développement des Kolkhozes et Sovkhozes et une lutte très dure contre les paysans supposés riches : les koulaks (dékoulakisation des campagnes), sur une volonté d'industrialisation rapide afin de combler le retard sur les pays capitalistes développés (l'accent est mis sur les industries lourdes tout cela dans le cadre d'une économie planifiée et gérée par le Gosplan. Les plans quinquennaux des années 33- 40, bien qu'il y ait des nuances, se fixent les mêmes objectifs. Il faut souligner que le plan quinquennal de 1938 a pour objectifs de dépasser les économies capitalistes et , dans le cadre des tensions en Europe, de favoriser une politique d'armement. Les résultats économiques donnent en théorie et dans les chiffres des résultats puisque les productions tant agricoles qu'industriels augmentent. 
  • Cependant, les chiffres étaient souvent falsifiés, les industries de biens de consommation très limitées et les conditions de vie des soviétiques difficiles. Sur un plan politique, Staline mène une politique sans concession exerçant un pouvoir dictatorial. La répression contre les opposants, les récalcitrants ou ceux perçus comme tels est très dure ; internement dans des camps de travail (système du Goulag), éliminations... 
  • La police politique, le NKVD, joue à cet égard un rôle déterminant. La politique répressive concerne également le parti communiste par les procès et les purges. Les purges et procès des années 1936-1938 ont permis à Staline d'éliminer des milliers de membres du PC jugés non conformes à la ligne fixée par le dictateur. 
  • Même l'armée est, en 1937, victime de ces purges : 90% des généraux sont ainsi éliminés. On a pu parler pour le système stalinien de « rituel de liquidation » Ce pouvoir est fondé comme tout régime totalitaire sur le contrôle de la société : une société embrigadée et subissant une propagande intense. 

- mais une politique internationale ambiguë : du rejet des démocraties libérales à la lutte antifasciste 

  • La politique étrangère de Staline est marquée par des revirements. A ses débuts, Staline veut surtout « construire le socialisme dans un seul pays », l'URSS : l'idée d'une révolution mondiale est abandonnée. Néanmoins, le PCUS exerce une forte influence, par le biais du Komintern, sur les partis communistes occidentaux auxquels il fixe la ligne de conduite à tenir. Dans les années 30 alors que la menace fasciste se précise dans une partie de l'Europe, la consigne est donnée de ne pas s'allier avec les partis socialistes : ils sont vus comme des représentants du « social-fascisme ». 
  • Devant le danger de plus en plus grand, cette consigne change en 1936 ce qui rend possible en France la réalisation d'un Front populaire. 
  • Toutefois, pendant la guerre d'Espagne, Staline a donné comme consigne aux communistes espagnols d'éliminer les anarchistes et trotskystes alors qu'ils ont un ennemi commun : les nationalistes du général Franco. 
  • Dans les années 38-39, la France et le Royaume-Uni ont fini par comprendre le danger nazi : ils tentent de convaincre des états comme la Belgique, les Pays-Bas, la Pologne ou la Roumanie de faire opposition à la volonté expansionniste des Allemands mais ils ne songent pas vraiment à intégrer l'URSS : l'anticommunisme est trop virulent pour l'envisager. Néanmoins,quelques tentatives sont faites en 1939 mais elles n'aboutissent pas. 
  • Dès lors, Staline fait un choix à priori paradoxal celui de signer un pacte de non agression avec Hitler : ce pacte est signé le 23 août 1939 permettant notamment à Staline de gagner du temps. Il sait qu'un affrontement avec l'Allemagne nazie est à terme inévitable. 

 B/ Des régimes autoritaires se multipliant et des démocraties fortement contestées

 En 1939, les démocraties sont minoritaires : en plus des régimes totalitaires, de nombreux Etats sont des régimes autoritaires ou des régimes qualifiés de fascistes. 

a/ Le Japon : militarisme et expansionnisme, deux axes majeurs de la politique nippone des années 1930 

Dans les années 1930, le Japon opte pour une politique expansionniste de plus en plus agressive au détriment de ses voisins et dans le cadre d'un système impérial où l'armée a pris une importance démesurée. Comme l’écrit Hugues Tertrais (La guerre-monde, 1937-1947 : éditions Folio), « la guerre commence en Asie » en 1937. 

 -un Japon en voie de militarisation 

  •  L'armée japonaise joue dans les années 1930 un rôle fondamental : elle influence nettement les prises décisions et est liée aux mouvements nationalistes. Certains de ses membres sont à l'origine d'assassinats ou de tentatives de coups d'état : assassinat d'un Premier ministre en mai 1932, Inukaï ; coup d'état manqué en février 1936... Son influence sur les gouvernements s'avère de plus en plus forte à tel point qu'on peut parler de militarisme et de militarisation de la société. 
  • Le poids de l'armée a des conséquences politiques avec une propagande intense, la limitation des libertés... Il ne s'agit pas d'un tournant fasciste : le Japon n'est pas dirigé par un parti unique avec à sa tête un chef. 

 - conduisant une politique agressive et expansionniste 

  •  Dans un contexte de difficultés économiques, le Japon pratique dans les années 30 une politique d'expansion évidente voulue par les militaires et une grande partie de la population acquise aux idées nationalistes : on peut véritablement d'impérialisme. La « tendance à l’expansion » pour reprendre l’expression d’Hugues Tertrais avait commencé dès la fin du 19e siècle pour le Japon. 
  • En 1931, le Japon envahit la Mandchourie ce qui lui permet de contrôler les richesses de cette région chinoise (terres agricoles, charbon...). La Mandchourie est transformée en état fantoche : le Manchoukouo. Le Japon est condamné par la SDN ce qui lui donne un motif pour se retirer de cette organisation. De 1931 à 1937, le Japon entreprend plusieurs actions militaires contre les forces chinoises de Tchang Kai Tchek : on se dirige inexorablement vers la guerre. A partir de la Mandchourie, les Japonais procèdent à un « grignotage » progressif de la Chine du moins de sa partie nord-est s'approchant de très près de Pékin.
  •  Le Japon profite de l'inaction de Tchang Kaï-chek qui, il est vrai, doit se battre sur deux fronts : un front intérieur contre le parti communiste de Mao et le Japon. 
  • La donne change quelque peu avec la formation en 1936 d'un front uni (le Guomindang) entre communistes et nationalistes devant la menace commune représentée par le Japon. Une étape cruciale est franchie en 1937 : le Japon entre en guerre contre la Chine et s'empare des villes principales du littoral : Pékin, Shanghai... 
  • Cette guerre est d'une violence extrême comme en témoignent les massacres commis à Nankin par l'armée nippone (60 000 victimes au moins). 
  • Il s’agit pour le Japon de « briser la Chine » (Hugues Tertrais (La guerre-monde, 1937-1947 : éditions Folio). Mais les forces chinoises ne sont pas définitivement vaincues.Le Japon va également faire le choix de l'alliance avec l'Allemagne : il signe le 25 novembre 1936 un pacte anti-komintern, pacte auquel l'Italie va se joindre. Un axe Berlin-Rome-Tokyo s'est de ce fait constitué. 

 b/ Une Europe de régimes autoritaires L' Europe des années 30 n'est pas une Europe de démocraties : la tendance à l'autoritarisme et au fascisme est une tendance lourde de l'époque. 

 -de Salazar à Franco : une Europe du sud dictatoriale 

  •  Les années 30 sont pour l'Europe dite du Sud des années troubles, des années où se mettent en place des régimes autoritaires qui pour certains auront une durée de vie plutôt longue. C'est ainsi que le Portugal subit la dictature de Salazar, la Grèce de Metaxas (en 36) et l'Espagne celle de Franco (suite à la guerre civile de 36 à 39). Mais ces trois exemples diffèrent quelque peu. Le Portugal a déjà subi un coup d'état en 1926 : Salazar, déjà ministre dans des gouvernements précédents, devient président du conseil en 1932. Il élabore une nouvelle constitution lui conférant les pleins pouvoirs et qui donne naissance à l'estado novo. 
  • Pour certains spécialistes, il s'agit d'un fascisme à la portugaise. Metaxas prend le pouvoir en 1936 en Grèce mais il ne remet pas en question la monarchie : la période Metaxas est une alliance entre la monarchie et l'armée relevant davantage d'une dictature militaire « traditionnelle ». Pour l'Espagne, les choses sont un peu plus complexe. En effet, il existe un mouvement fasciste espagnol : la Phalange dirigée par José-Antonio Primo de Rivera. Quand la guerre civile se déclenche en 1936, elle oppose les Nationalistes dont la figure de proue est le général Franco aux Républicains : Franco s'appuie sur la Phalange mais il est avant tout un militaire. Lorsque la guerre civile se termine par la victoire des Nationalistes en 1939, Franco se trouve à la tête d'un régime autoritaire dont les deux piliers sont l'armée et l'Eglise catholique, la Phalange est plus ou moins écartée. L' Espagne de Franco ne relève pas véritablement du fascisme bien qu'il y ait un parti unique au service du Caudillo. Néanmoins, en 1939, l'Europe du Sud n'est pas une Europe démocratique, loin de là. 
 
-Pologne, Roumanie... : autoritarisme et fascisme locaux 

  •  L' Europe centrale et orientale est aussi sujette à des régimes autoritaires et à des mouvements fascistes : les deux n'étant pas nécessairement liés. 
  • Certains cas sont même intéressant : en Lettonie, un régime autoritaire existe depuis 1934 avec à sa tête Karlis Ulmanis or ce régime autoritaire a exclu du système politique à la fois la gauche sociale-démocrate et le mouvement fasciste de la perkonkrust. 
  • En Pologne, suite à la mort en 1935 de Pilsudki qui avait mis en place un régime autoritaire, ce sont des militaires qui reprennent le flambeau (régime des colonels). On s'aperçoit dans plusieurs pays qu'il existe une confrontation entre des régimes autoritaires et des mouvements fascistes : la Hongrie en est un autre exemple avec un mouvement fasciste virulent, les croix fléchées, qui se heurte à un régime autoritaire (celui de Gömbös). 
  • Les mouvements fascistes sont bien présents en Europe centrale et orientale (Garde de fer en Roumanie) mais ils ne sont pas nécessairement au pouvoir. Il ne faut pas confondre régime autoritaire et régime fasciste : ils ne sont pas de même nature en particulier au niveau idéologique bien qu'ils peuvent avoir des proximités. 
  • Il faut préciser que plusieurs mouvements fascistes existent aussi dans les démocraties : le mouvement franciste de Marcel Bucard en France s'inspire ouvertement de Mussolini...
Troupe allemande à Paris

3/ Vers un second conflit mondial inéluctable

La situation en Europe dans la première moitié de l'année 1939 est très tendue : un conflit semble inévitable. Cette inéluctabilité est confirmée en septembre quand commence une nouvelle guerre européenne qui devient rapidement mondiale. 

 A/ Une SDN peu efficace et des démocraties impuissantes

 Rétrospectivement, les années 1930 peuvent être vues comme des années d'impuissance des démocraties et de la SDN. Les démocraties tout comme la Société des Nations n'ont pu, n'ont voulu éviter un nouveau conflit. 

 a/ Entre tentative d'universalisme et échecs à répétition : une SDN impuissante 

 Tenter d'organiser la paix mondiale est une bonne initiative ; créer une organisation capable d'atteindre un tel objectif s'avère beaucoup plus compliqué. 

 -une organisation incapable d'agir efficacement 

  •  La création de la SDN s'inscrit dans un projet déjà évoqué au 18e siècle par E. Kant en particulier celui d'une « paix perpétuelle ». Le texte créant la SDN est élaboré en avril 1918 et intégré au traité de Versailles.
  •  Or la naissance et les premiers pas de la SDN sont problématiques : pour les vaincus, la SDN est une organisation voulue par les vainqueurs ; les E.-U n'y adhèrent pas alors que l'on doit la naissance d'une telle organisation au président Wilson ; enfin, la SDN est une organisation inter-gouvernementale dépendant du consensus. 
  • La prise de décisions doit se faire à l'unanimité ce qui la complique et quand bien même une décision est prise, la SDN n' a pas de structures pour l'appliquer : elle est le « juge sans gendarme d'un pauvre rêveur » comme le disait Joseph Bech. 

 -et conduisant une politique aux effets peu probants 

  •  La SDN a certes contribué à la réconciliation franco-allemande (accords de Locarno en 1925) et au règlement de quelques litiges frontaliers (problème des îles d'Aaland entre la Suède et la Finlande), mais elle est incapable de faire respecter le traité de Versailles (militarisation de la Rhénanie...), de s'opposer à l'invasion et l'annexion de l'Ethiopie par l'Italie en 1936. L'un des signes de son échec sont les retraits de la SDN de l'Allemagne de Hitler, de l'Italie et du Japon montrant qu'elle est de peu d'importance. 

b/ Des démocraties fragiles et impuissantes face aux régimes totalitaires 

 Plus grave est l'incapacité des démocraties, dont certaines sont de grandes puissances comme le Royaume- Uni ou la France, à prendre de vraies décisions pouvant limiter l'expansionnisme nazi. 

 -un pacifisme généralisé vecteur d'attentisme 

  •  Pour atténuer quelque peu les non décisions prises par les démocraties, il faut insister sur le fait que les sociétés sont imprégnées par un courant pacifiste important : il faut éviter une nouvelle guerre. 
  • Ce pacifisme a une influence certaine sur les gouvernements dont les ministres ont le plus souvent connu et participé à la Première guerre mondiale. 
  • Aux Etats-Unis, le courant pacifiste est puissant : une partie très importante de l'opinion publique est isolationniste et ne veut pas que le pays se retrouve impliqué dans un nouveau conflit en Europe. 
  • C'est le poids de ce courant, dont l'America First Committee de l'aviateur Lindbergh est un symbole (un comité rassemblant plus de 800 000 adhérents), qui pousse le Congrès à voter en 1935-37 les Neutrality Acts. Même en 1941, le président Roosevelt lors de sa réélection est élu sur un programme isolationniste. 
  • En France, le courant pacifiste est majoritaire autant à droite qu'à gauche : l'importance des anciens combattants et de leurs associations joue un rôle notable à ce niveau. 
  • Au Royaume- Uni, il en est de même : l'opinion publique soutient N. Chamberlain dans la politique qu'il mène depuis 1937 à l'égard de l'Allemagne, une politique d'apaisement (appeasement). Ce pacifisme se retrouve lors des Accords de Munich de septembre 1938 : Chamberlain et le président du Conseil français, E. Daladier sont approuvés et salués par leurs opinions publiques. 

 -des gouvernements démocratiques passifs 

  •  Dans un tel contexte, les gouvernements ne pouvaient qu'être passif même si la réalité est plus complexe. Cette passivité se retrouve lors des crises des années 1935-36 : une passivité flagrante lors de l'annexion de l' Ethiopie par l'Italie.
  • Il faut dire qu'en 1934 le président du conseil Pierre Laval souhaitait un rapprochement avec Mussolini et le laisse agir à sa guise en Ethiopie. Même le Royaume-Uni pourtant indirectement concernée par la proximité de l'Ethiopie avec le Soudan laisse faire : il faut dire que l'opinion publique anglaise est hostile à tout conflit.
  •  Lors de l'occupation militaire de la Rhénanie par les Allemands en mars 1936, on assiste à un scénario presque identique : la France ne réagit pas ou peu. 
  • La conférence de Munich en septembre 1938 est probablement la meilleure illustration de la passivité franco-anglaise : les accords signés sont iniques mais sont source d'une paix illusoire. En France Léon Blum évoque « un lâche soulagement ».
  •  La prise de conscience du danger vient beaucoup trop tardivement : en 1939. Il faut toutefois rappeler que le Royaume-Uni et la France ont tenté dans les années 1933-1934 d’isoler l’Allemagne en s’appuyant notamment sur l’Italie. Mais un basculement a lieu notamment à partir de 1935- 1936. L’Italie va se rapprocher de l’Allemagne après une invasion de l’Ethiopie par l’Italie en 1936 condamnée par la SDN. L’année 1936 marque une « clarification mondiale » comme le suggère Johan Chapoutot dans un article du livre La guerre monde, 1937-1947. 

Bilan :  On peut considérer que la guerre menée par l’Italie contre l’Ethiopie à partir de 1936 et la guerre d’Espagne sont les « prologues fascistes à la guerre » ( La guerre monde, 1937-1947). 

B/ Une expansion nazie non contenue

 A partir de 1935, l'Allemagne nazie s'engage dans une politique dont les buts sont clairs : préparation à une guerre (plan de 4 ans élaboré en 35-36), remise en question du « Diktat de Versailles » et mise en œuvre d'une politique d'annexion. 

 a/ Hitler, une politique de plus en plus agressive 

 Hitler n'a jamais caché ses ambitions que ce soit dans son livre Mein Kampf dès 1925 ou dans ses programmes électoraux. 

 -un traité de Versailles devenu caduc 

  •  Très rapidement, il rend caduc le traité de Versailles. L'instauration de la conscription, le réarmement, la volonté de bâtir une nouvelle flotte de guerre ainsi que la militarisation de la Rhénanie se font rapidement. 
  • Le traité de Versailles est de ce fait invalidé : on peut considérer que la paix de Versailles est morte en 36. -de l'Anschluss à Munich : l'abdication des démocraties européennes Comme nous l'avons vu, les démocraties abdiquent devant la volonté d'Hitler. 
  • L'Anschluss, l'annexion des Sudètes suite aux accords de Munich, le dépeçage de la Tchécoslovaquie avec le protectorat de Bohème- Moravie sont autant d'étapes vers une guerre voulue par Hitler. La guerre n'est pas le fruit du hasard mais d'une volonté, elle relève d'une idéologie et d'une stratégie et non pas comme en 1914 d'un engrenage diplomatique qui d'ailleurs aurait pu être stoppé. 
  • Le problème est que peu de personnes dans les démocraties ont perçu ou ont voulu percevoir cette volonté. 

 b/ Vers une nouvelle guerre Un premier conflit a, n'oublions pas, déjà démarré en Asie avec la guerre sino-japonaise en 1937. L' Europe est concernée deux plus tard. 

 -l'invasion de la Pologne : l'événement déclencheur 

  •  Le 1er septembre 1939, les troupes allemandes envahissent la Pologne utilisant la méthode du blitzkrieg . C'est l'événement majeur de l'année 39 celui qui lance la confrontation européenne. L'invasion de la Pologne s'inscrit dans le projet nazi d'un espace vital agrandi vers l'Est : la conquête de ce territoire doit en effet permettre dans un futur proche d'implanter des minorités allemandes et de germaniser le pays. 
  • Bien que les troupes polonaises tentent de résister, l'état polonais et son armée finissent par s'effondrer. Le 18 septembre, les troupes soviétiques agresse la Pologne : cette invasion est le résultat du pacte de non agression signé en août entre l'Allemagne et l'URSS. 
  • Fin septembre, la Pologne est vaincue et une nouvelle fois partagée. 
  • L' Allemagne annexe Dantzig, la Posnanie, la Haute-Silésie et la zone entre Cracovie et Varsovie devient ce que les Allemands nomment le gouvernement général de Pologne (devant être transformé en réserve de main d' œuvre) . 
  • L'URSS s'empare de l'Est de la Pologne, des territoires dans lesquels vivent notamment des Biélorusses et des Ukrainiens. Elle impose aux pays baltes des traités d'assistance mutuelle ainsi qu'à la Finlande. 
  • Cette dernière rejette ce type de traité : l'URSS lance une offensive contre la Finlande fin novembre 1939 (la Finlande capitule en mars 1940) -septembre : la France et le Royaume-Uni s'engagent L'invasion de la Pologne déclenche le processus d'une guerre partiellement généralisée : le 3 septembre, le Royaume-Uni et la France déclarent la guerre à l'Allemagne, les deux puissances ne pouvaient plus reculer. Mais les forces françaises et anglaises (les premières troupes anglaises arrivent en France début octobre) ne profitent de l'offensive allemande en Pologne pour lancer des opérations d'envergure. 
  • Commence alors ce qu'on va nommer la « drôle de guerre ». Bilan Vers une deuxième mort de l'Europe La deuxième guerre mondiale, une guerre longue de 1939 à 1945, une guerre particulièrement brutale, sonne définitivement le glas de la puissance européenne : on peut parler d'une deuxième mort de l'Europe, une mort définitive en tant que puissance majeure.
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