Chapitre 3: Géopolitique du PMO : un Proche et Moyen-Orient toujours conflictuel avec « des guerres sans fin » (Questions internationales : septembre 2020)

A/ Proche et Moyen-Orient : une zone de conflits permanents


Le Proche et le Moyen-Orient sont vus comme des zones de conflits récurrents où un certain nombre de tensions fortes persistent. Serge Sur dans la revue Questions internationales de 2020 (le Moyen-Orient, des guerres sans fin) évoque « la guerre perpétuelle » avec une « diversité des formes de la violence » (conflits entre états, guerres civiles, actions terroristes), une « galaxie de combattants » (armées régulières, forces paramilitaires, milices, mercenaires, group.es terroristes...)
L'expression de poudrière est souvent utilisée faisant référence à la situation des Balkans en Europe avant la Première guerre mondiale. Le Moyen-Orient est à la fois un espace d'instabilité et de conflits internes et un espace de conflits externes dont certains sont prégnants. 
Cette région semble être celle « des guerres sans fin. » (Revue Questions, internationales, septembre 2020). Serge Sur évoque dans la revue Questions internationales les « plaies qui affectent actuellement la région » non seulement avec les conflits mais également avec les affrontements religieux, les difficultés économiques et sociales, les rivalités régionales sans oublier les ingérences extérieures. On note dans cette région « un répertoire de la diversité des formes de violences internes et internationale avec une créativité sans égale » comme l’écrit Serge Sur.
 Les formes de violences sont diverses avec des conflits entre Etats, des guerres civiles, des interventions extérieures, des actes de violences relevant du terrorisme avec des acteurs non étatiques prégnants (Al Qaïda, Daech...). Les acteurs de ces conflits sont nombreux voir plus haut) : armées nationales, mouvements de guérillas, mouvements islamistes et terroristes, forces paramilitaires, sociétés militaires privées (mercenaires), les services de renseignement, les forces spéciales... 
Serge Sur parle aussi d’un « tombeau du droit international » avec des règles non respectées, des crimes de guerre... Les conflits de cette région tout comme les conflits en Afrique ou ailleurs ont plusieurs raisons : aucun conflit n'obéit là aussi à une seule origine. Il faut prendre en compte plusieurs dimensions et éléments: la dimension économique avec les hydrocarbures et le partage de la rente, le problème de l'eau et de son partage..., la dimension historique avec des enjeux historiques, l'instrumentalisation des histoires et des symboles, la dimension religieuse avec des religions également instrumentalisées... Bien entendu, certains conflits sont liés au passé avec « les stigmates belligènes du passé » (Jean-Paul Chagnollaud : Questions internationales, septembre 2020). 

 a/ Des conflits qui s’inscrivent dans l’histoire 

  • Le Moyen-Orient a une histoire tumultueuse depuis l'éclatement de l'Empire ottoman et la naissance des états -nations de la région. Les états du Moyen-Orient sont de création récente et comme tout état doivent se forger une identité et une unité. L’histoire joue un rôle majeur pour bien comprendre plusieurs conflits. Certaines tensions « sont souvent en résonance avec des événements historiques tragiques qui remontent loin dans l’histoire » (Jean-Paul Chagnollaud : Questions internationales, septembre 2020). S’ajoute le rôle des mémoires qui sont une dimension des conflits du Moyen-Orient. Suite à la Seconde guerre mondiale et au déclin des puissances européennes qui avait eu la mainmise sur le Moyen-Orient (Royaume-Uni et France), on pouvait penser que les Etats et peuples du Moyen-Orient pouvaient rentrer dans une logique positive. 
  • Or comme l’écrit Florian Louis (Atlas historique du Moyen-Orient, éditions autrement 2020), « ils se trouvent vite plongés dans les affres de la guerre froide et sommés de se positionner dans le bras de fer planétaire opposant Washington et Moscou. » Rappelons aussi que pendant les années 1950-1960 se développent les nationalismes arabes et une volonté de panarabisme : ce dernier s’avérant être un échec. Mais le Moyen-Orient, c’est aussi l’opposition dès les années 1940-1960 entre les nationalismes arabes qui ont une volonté modernisatrice et l’islamisme (voir avec la Frères musulmans), des islamistes qui parviennent à s’imposer,au moins partiellement à partir de la fin des années 1970 devenant la « force principale mais non hégémonique d’une région dont ils contribuent à accroître la surconflictualité. » (Florian Louis) 

 -Une région déjà sous tensions depuis la fin de la Première mondiale

  •  Incontestablement les tensions se développent fortement avec la fin de la Première mondiale et l’éclatement de l’Empire ottoman. « Les crises actuelles trouvent leur origine dans le partage territorial orchestré par les vainqueurs de la guerre de 14-18 » (Gaïdz Minassian : L’histoire du Proche-Orient, Le monde hors-série, 2016). Les populations arabes et kurdes pensaient que la fin de la 1e guerre mondiale marquerait une étape importante dans la construction nationale avec la promesse britannique d’un grand royaume arabe (une promesses non tenue) et pour les Kurdes la possibilité d’un Etat.Or les traités de paix ont été sources de « déconvenues et frustrations » comme le souligne Bertrand Badie (Le Moyen-Orient et le monde, l’état du monde 2021 : éditions La découverte 2020). 
  • Une partie de la région est en fait sous contrôle britannique et français par l’intermédiaire des mandats de la SDN : ce contrôle renforce toutefois les nationalismes mais aussi le panarabisme. Le démembrement de l’Empire ottoman aboutit à la naissance de la Turquie moderne en 1923 avec sa tête Mustapha Kemal, une Turquie fondée sur un nationalisme fort et l’identité turque et qui entend réussir son passage à la modernité. Le démembrement de l’Empire ottoman abouti aussi aux mandats britannique et français : les Britanniques ont un mandat sur la Palestine, la Transjordanie et la Mésopotamie alors que la France exerce le sien sur la Syrie Les Français vont décider de réorganiser la Syrie en la divisant en 5 « états » dont un Grand Liban pour protéger les chrétiens de la région, l’État du djebel Druze, l’État de Damas, l’État des Alaouites... 
  • La France a donc clivé la Syrie et a permis la naissance du Liban et est de fait responsable d’une communautarisation de la région. Quant aux Britanniques, en 1921 ils permettent l’accès à l’indépendance de la Transjordanie devenant une monarchie avec le roi Abdallah et en Mésopotamie, ils vont permettre la naissance d’un nouvel Etat en 1932 à savoir l’Irak qui devient aussi une monarchie avec le roi Fayçal (un pays dont ils contrôlent les ressources en pétrole). En Palestine, ils promettent (déclaration Balfour de 1917) un « foyer national » pour les Juifs et sont confrontés à des tensions de plus en plus grandes entre communautés arabes et juives : ils portent une responsabilité dans le conflit israélo-arabe. Les années 1920-1930 sont aussi celles de la formation de l’Arabie saoudite, un Etat forgé par le clan des Saoud et en particulier Abd al-Aziz ibn Saoud. Le royaume saoudien est proclamé en 1932, un royaume fondé sur l’idéologie politico-religieuse du wahhabisme. Ces années sont aussi celles de l’émancipation de l’Egypte alors dominée par les Britanniques (depuis la fin du 19e siècle).
  • Les Britanniques avaient même mis en place en 1914 un protectorat sur l’Egypte (elle est de ce fait clairement détachée de l’Empire ottoman). Or, se développe un nationalisme égyptien revendiquant la pleine souveraineté et le départ des Britanniques : c’est notamment l’objectif du parti Wafd (rôle important de Saad Zaghloul). En 1922, les Britanniques vont créer un royaume d’Egypte avec le roi Fouad 1er mais les Britanniques restent présents et l’Egypte n’est pas encore souveraine. Une autre étape est franchie toutefois avec une Constitution élaborée en 1923. 
  • Cette monarchie opte résolument pour la modernité et dans ce contexte particulier qu’est fondé la confrérie des Frères musulmans (par Hassan el Banna) en 1928 qui rejette la modernisation du pays (« Notre Constitution est le Coran »). Le roi Fouad décède en 1936 et lui succède son fils Farouk. En 1936, les Britanniques accorde une grande autonomie à l’Egypte : cette autonomie n’est pas une indépendance totale mais presque : les troupes britanniques restent présentes au niveau du canal de Suez. Un coup d’État organisé par « les Officiers libres » en 1953 (avec Nasser comme figure de proue) renverse le roi Farouk et la République d’Egypte est proclamée. Pour de nombreux égyptiens cette date correspond à la véritable indépendance. Enfin rappelons que le Maghreb est dans les années 1930 sous domination coloniale française (Maroc, Tunisie qui sont des protectorats, l’Algérie) et italienne avec la Libye. 

 -marquée par la décolonisation et la guerre froide 

  • Le processus de décolonisation au Moyen-Orient s’est amorcé dès les années 1930 comme on a pu le voir avec l’Egypte. Il s’accélère dans les années 1940-1950 avec les indépendances du Liban en 1943 et de la Syrie en 1946 qui ne sont donc plus gérés par les Français. En 1948 c’est aussi la naissance d’un nouvel Etat à savoir Israël. Un peu plus tardivement, les Britanniques vont accorder la souveraineté aux pays du Golfe sous leur contrôle : le Koweït devient indépendant en 1961 (c’est une monarchie). Les Emirats Arabes Unis sont indépendants en 1971 tout comme le Qatar et le Bahreïn... En ce qui concerne Le Maghreb, la Libye devient indépendante en 1951 sous la forme d’une monarchie (roi Idriss 1er), une monarchie renversé par un coup d’état organisé par Kadhafi en 1969 et qui se transforme en république. Le Maroc et la Tunisie obtiennent l’indépendance en 1956 et l’Algérie en 1962 après un long conflit. La guerre froide a aussi fortement impactée le Moyen-Orient : il en est devenu « le point le plus chaud » selon Gaïdz Minassian. On peut d’ailleurs rappeler qu’un des premiers lieu de la friction entre Soviétiques et Américains (et Britanniques) est l’Iran en 1945-1946. 
  • Dans les années 1950, le Moyen-Orient est réellement « fracturé par la « guerre froide arabe » » (Florian Louis) avec des Etats et des monarchies soutenant les Etats-Unis (dont l’Arabie saoudite, le Jordanie et plus tard le Koweït, les EAU quand ils deviennent indépendants) et des Républiques plutôt proches de l’URSS comme l’Egypte de Nasser ou encore la Syrie. Le pacte de Bagdad voulu par les Américains en 1955 rassemble la Turquie ; l’Irak, l’Iran et a comme objectif d’endiguer l’expansion du communisme. En 1952, il faut mettre en exergue le fait que la Turquie avait intégré l’OTAN. Quant à l’URSS, elle est proche de l’Egypte de Nasser tout comme la Syrie à partir de 1958. On peut aussi souligner une guerre aujourd’hui oubliée au Yémen avec une insurrection marxiste qui se déclenche en 1964, une guerre qui aboutit à la séparation du Yémen en 1967 avec un Yémen du Sud devenu la République populaire du Yémen qui accède à l’indépendance sous un régime marxiste. Les deux Yémen fusionnent et s’unifient en 1990 dans le cadre de la fin de la guerre froide. A la fin des années 1970, peu de pays sont encore proches de l’URSS hormis la Syrie d’Hafez el Assad et le Yémen du Sud. 
  • L’Egypte depuis la mort de Nasser en 1970 et l’arrivée au pouvoir d’Anouar el Sadate s’est liée aux Etats-Unis. Il faut ajouter que les années de guerre froide sont des années de forte instabilité au Moyen-Orient avec plusieurs coups d’État (en Egypte, en Syrie, en Irak, en Turquie...), le déclenchement de la guerre civile au Liban en 1975, les conflits entres Israël et ses voisins arabes ( 1956, 1967, 1973...). 

-le panarabisme et son échec 

  • L'éclatement de “l'homme malade de l'Europe” à savoir l'Empire ottoman en 1918 conjugué au développement de l'idée d'état-nation et d'une idéologie nationaliste arabe au 19e siècle (mouvement de la Nahda) ont modifié le Moyen-Orient tant dans ses structures et organisation politique que dans l'émergence d'idéologies nouvelles comme l'arabisme et le panarabisme. Le nationalisme arabe au 19e siècle se développe par une confrontation avec l'Europe et les héritages européens. L'idée d'une nation arabe s'est constituée progressivement à la fois contre l'Europe et les puissances coloniales et contre l'Empire ottoman. L'éclatement de l'Empire ottoman laissait même entrevoir cette grande nation arabe qui ne verra jamais le jour. Le démembrement de l'empire ottoman donne naissance à une Turquie moderne devenue une République laïque supprimant en 1924 le califat. Le Moyen-Orient est pour un temps occupé par le biais de mandats de la SDN par des puissances européennes: Royaume-Uni et France. Néanmoins, un nouvel état parvient à se former, un état arabe, l'Arabie saoudite en 1932. 
  • En 1936, l'Egypte, protectorat britannique depuis 1914, protectorat abandonné en partie en 1922, devient indépendante en 1936. En 1946, la Syrie et le Liban deviennent également indépendantes après la fin des mandats et le départ des troupes françaises. En 1951, la Libye devient indépendante comme la Tunisie et le Maroc en 1956.
  •  L'Algérie l'est en 1962 ainsi que le Koweït en 1961, les émirats du Golfe en 1971. On assiste donc en quelques années à la naissance de nouveaux états qui reconfigurent le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord. En ce qui concerne l'Empire ottoman, les zones qui en étaient dépendantes, étaient structurées par un Empire tolérant les différents groupes ethniques, linguistiques et religieux. Néanmoins, dans cet Empire, l'élément clé est l'appartenance religieuse: elle est le référent. Concrètement, l'Empire ottoman a favorisé les communautés religieuses. Or, les nouveaux états qui se construisent sont des états-nations dans lesquels l'organisation politique est différente. Il faut d'ailleurs construire cet état-nation ce qui passe le plus souvent par une politique de modernisation de ces états à l'exemple de la Turquie de Mustafa Kemal ou encore de l'Iran à partir des années 1935-1940. Dans ces nouveaux états ont également émergé de nouvelles élites: fonctionnaires, militaires qui vont souvent finir par s'imposer. Ces constructions nationales suscitent des résistances et dans plusieurs cas, les groupes traditionnels (clans, familles) réussissent à s'imposer.
  •  Les années 1936-fin des années 60 sont, pour reprendre l'expression de Leyla Dakhli, “l'âge d'or du nationalisme arabe”. Un des exemples de ce nationalisme est l'affirmation du nationalisme arabe en Palestine. L'année 1936 est une étape importante: elle correspond à une révolte d'importance. Le nationalisme arabe en Palestine ne date pas de 1936: les mouvements nationalistes arabes et les premiers mouvements islamistes (Congrès islamique de Jérusalem en 1931) se sont mobilisés avant notamment pour condamner le mouvement sioniste et l'arrivée de migrants juifs (150 000 migrants entre 1933 et 1935) en provenance d'Europe. En 1936 se déclenche une véritable révolte à la fois contre les Britanniques et contre les mouvements sionistes. L'agitation arabe dans les régions sous mandat et les manifestations sont de plus en plus fréquentes. La France et le bloc national syrien (un mouvement nationaliste) négocient ce qui aboutit à la mise en place d'une constitution et un processus d'unification du territoire (sans le Liban détaché de la Syrie en 1920 par la France).
  •  Un processus similaire se déroule au Liban. Les années 1930-1950 sont des années de développement du panarabisme: un développement dans le cadre de nouveaux états-nations arabes. Le panarabisme est une mise en valeur de l'arabité et du sentiment d'appartenance à une entité commune: le syrien Sati al Husri est un des initiateurs de cette volonté de réunir les Arabes dans une nation commune (rôle clé de la langue et de l'histoire). Pour certains arabes, il y a une double appartenance: l'appartenance à un état-nation et l'appartenance à un ensemble plus vaste qui est celui d'une nation arabe. La tentative d'union entre l'Egypte et la Syrie en 1958-1961 par la création de la République arabe unie est une vaine tentative allant dans ce sens En 1945, est fondée au Caire la Ligue arabe, une organisation permettant aux chefs d'état arabes de se réunir régulièrement. 
  • En 1969 est créée une organisation différente, l'Organisation de la conférence islamique (OCI) dont le siège est à Djeddah en Arabie saoudite. Le panarabisme reste une utopie: les états nations arabes n'ont pas les mêmes objectifs et sont souvent rivaux comme l'Egypte et l'Arabie saoudite dans les années 1960. Les états privilégient leurs intérêts au détriment d'une vision commune. Toutefois, ces années sont marquantes par le développement de grands mouvements nationalistes comme le Baassisme ou le Nassérisme: le baathisme (ou baassisme) et le nassérisme deviennent des “idéologies” utilisées par des partis au pouvoir en Syrie, en Egypte et en Irak. Le baassisme est une idéologie qui est née et s'est développée en Syrie par l'intermédiaire de penseurs comme Michel Aflak (un chrétien orthodoxe) et Salaheddine Bitar (un musulman sunnite). Cette idéologie rejette les mandats et mettent en évidence la nation arabe et panarabe. Pour Aflak, cette idéologie ne doit pas être fondée sur la religion d'où l'idée que le baassisme est une idéologie laïque. Il s'agit de promouvoir une nation culturelle arabe: c'est la culture qui est le ciment de l'identité. Aflak fonde en 1943 le parti Baas (parti de la la résurrection socialiste et arabe) avec S.Bitar: son premier congrès se tient en 1947 (Unité-Socialisme-Liberté est son slogan au départ). Le baassisme se diffuse en Jordanie, au Liban et surtout en Irak où parti baath irakien créé en 1947. 
  • Quant au nassérisme comme son nom l'indique, il est lié à Nasser, président de l'Egypte entre 1954 et 1970. Le nassérisme est un mouvement nationaliste arabe et panarabe. La crise de Suez de 1956 entre d'une part l'Egypte et d'autre part le Royaume-Uni et la France permet à Nasser d'affirmer le nationalisme arabe: les Arabes doivent être maîtres de leur destin. La radio: la voix des Arabes qui diffuse ses émissions du Caire devient un des symboles du nassérisme. Aujourd'hui, le panarabisme parâit mort du moins dans sa forme initiale. Certains pensent comme Matthieu Guidère que s'affirme un nouvel panarabisme par l'affirmation des états du Golfe, leurs réseaux financiers et de communications et par le rôle du Conseil de coopération du Golfe (CCG). La ligue arabe, créée donc en 1945, est l'unique organisation à réunir les états arabes: elle se compose actuellement de 22 états membres dont les 7 états fondateurs (Jordanie, Arabie saoudite, Liban, Syrie, Egypte, Irak, Yémen). L'OLP (Organisation de libération de la Palestine) en fait partie depuis 1976. 
  • La ligue arabe devait être un moyen pour les états membres pour faciliter la concertation et parler d'une même voix (la règle de fonctionnement est l'unanimité). Politiquement, elle est plutôt un échec: l'exclusion de l'Egypte pendant 10 ans suite aux accords signés avec Israël en 1978 mais aussi les divergences liées à la guerre en Irak en 1990-91 sont révélateurs des clivages: le monde arabe est loin d'être uni. Pendant la guerre froide, il était partagé entre les monarchies favorables aux E-U et des Républiques se voulant progressistes. Il était également clivé entre les mouvements panarabes baassistes et nassériens. Aujourd'hui les clivages persistent mais ils sont plus à mettre en relation avec le développement de l'islamisme, les “printemps arabes” ou encore des divergences au sujet de la Syrie ou de l'Irak. -La permanence des coups d'états et des régimes autoritaires Une fois devenus indépendants, les états du Moyen-Orient vont assez rapidement devenir des régimes autoritaires après une période d'expérimentation républicaine et parlementaire. Il faut rappeler que l'indépendance de plusieurs états se réalisent dans le cadre de la guerre froide. 
  • Cette dernière a des effets sur les états du Moyen-Orient: des états font le choix rapidement de l'alliance avec les E-U comme l'Iran ou l'Irak alors que d'autres vont se rapprocher de l'URSS comme l'Egypte de Nasser dans les années 60. Quoiqu'il en soit, les états de la région que ce soit la Syrie, le Liban, la Jordanie ou l'Irak, des Constitutions sont élaborées et des régimes parlementaires mis en place.Or assez rapidement, ces états assistent à l'émergence et au poids grandissant de l'armée et des militaires. Certaines armées ont un profond malaise et ressentiment suite à la défaite de 1948-1949 contre le nouvel état d'Israël. En 1952, des officiers dits “libres” en Egypte contraignent le roi Farouk à quitter le pouvoir et un général, Nasser, prend le pouvoir en 1954. 
  • En Syrie, plusieurs coups d'état ont lieu entre 1949 et 1954 (cinq). En 1953, le premier ministre iranien Mossadegh est renversé (Il avait décidé de nationaliser le pétrole iranien) et le régime du Shah, soutenu par les E-U, est rétabli. En juillet 1958, l'armée irakienne avec ses “officiers libres” prend le pouvoir et exécute le roi Faysal II: ils proclament une République avec à sa tête le général Kassem. En 1963, le général Aref est à l'origine d'un nouveau coup d'état permettant la prise de pouvoir du parti Baas irakien suivi d'un autre en 1968 avec Al-Bakr secondé par Saddam Hussein. En 1979, Saddam Hussein à son tour est au pouvoir par l'éviction de son prédécesseur. En 1969, c'est le colonel Kadhafi qui par un coup d'état parvient au pouvoir en Libye. 
  • En En 1970, Hafez el Assad à sont tour prend le pouvoir en Syrie suite à un nouveau coup d'état. Les régimes autoritaires et nationalistes se sont multipliés au Moyen-Orient. Nombre d'entre eux ne seront remis en question que dans les années 2000-10 soit par des interventions extérieures (Irak en 2003) ou des révoltes internes (2011: “printemps arabe”). 

b/ Une région perturbée par des tensions et des conflits majeurs: de l'Irak à l'Iran

Le Moyen-Orient est une zone très perturbée par les conflits. Ultérieurement, nous analyserons les conflits entre Israël et les états arabes ainsi qu'avec les Palestiniens mais ils ne sont pas les seuls. Les guerres du Golfe et le cas de l'Iran sont tout aussi importants pour montrer la conflictualité régionale et les sources de tensions. -

-les guerres du Golfe: des conflits déstabilisateurs et dont les effets perdurent

  • La région du Golfe persique ou arabique est une des zones les plus instables du Moyen-Orient. C'est une région aux clivages et rivalités fortes notamment entre puissances régionales: Irak et Iran ou Iran et Arabie saoudite. C'est une région qui n'est pas exclusivement arabe puisque l'Iran est à majorité perse, ni exclusivement sunnite: l'Iran et l'Irak sont à majorité chiite comme le Bahreïn. Un des conflits les plus violent fut indiscutablement le conflit entre l'Irak et l'Iran entre 1980 et 1988, un conflit ayant eu des répercussions à la fois au niveau régional et mondial. 
  • C'est également un conflit déterminant pour comprendre les deux guerres du Golfe de 1990-91 et 2003. Le conflit entre l'Irak et l'Iran a plusieurs origines: des origines historiques avec une rivalité entre ces deux états dont un est à composante plutôt arabe, l'Irak et l'autre à dominante perse. Ce conflit s'inscrit également dans des logiques politiques: différends au niveau des frontières, rivalité avec un Iran devenu en 1979 une République islamique... Avant que la guerre éclate, il existait des tensions territoriales au sujet d'une rivière le Chott el arab: ce dernier est d'une longueur de 200 kms et sur près de 100 kms sert de frontières entre les deux états. Le Chott el arab est perçu depuis fort longtemps comme une frontière entre des mondes différents: monde perse et monde ottoman du temps de l'Empire ottoman, frontière entre sunnisme et chiisme... 
  • Il est aussi au coeur d'une région pétrolifère avec notamment Abadan une ville de la province du Khuzistan et à proximité l'île de Kharg où se trouve un terminal pétrolier essentiel pour l'Iran.Or, en plus du Chott el arab, la province du Khuzistan est peuplée d'une majorité d'arabophones et a été rattachée tardivement à l'Iran. L'Irak s'estime donc en droit de revendiquer la région. Parallèlement, la révolution islamique d'Iran avec l'arrivée au pouvoir de Khomeiny en 1979 a changé la donne régionale: l'opposition entre l'Irak et l'Iran s'accentue. 
  • Saddam Hussein au pouvoir en Irak craint que les Iraniens favorisent des mouvements chiites irakiens. De plus, il a le soutien des E-U qui n'ont pas de bonnes relations avec le nouveau pouvoir en Iran. En septembre 1980, l'Irak envahit donc l'Iran: Saddam Hussein souhaite par cette guerre modifier les frontières en prenant le contrôle de la rive est du Chott el arabe voire en annexant le Khuzistan. 
  • Il pense également s'affirmer comme le leader du monde arabe et conforter ainsi l'Irak comme puissance régionale. Pour l'Iran, cette guerre est vue comme un moyen d'affaiblir son voisin: les dirigeants iraniens comptent s'appuyer sur les chiites d'Irak qui d'ailleurs ne l'aideront pas. L'offensive irakienne est repoussée par l'armée iranienne: la guerre s'enlise. L'Irak bombarde à partir de 1984 les terminaux pétroliers iraniens.Un cessez-le-feu est finalement signé en août 1988. Ce conflit a provoqué la mort de milliers d'individus environ 800 000 morts et son impact économique est considérable pour les deux états. Dans ce conflit, les grandes puissances ont agi: les E-U et la France ont apporté un soutien à l'Irak (armements...) alors que les états du Golfe ont apporté un soutien financier. Par contre, on peut noter qu'Israël a soutenu l'Iran percevant l'Irak de Saddam Hussein comme une puissance régionale dangereuse. 
  • Ce conflit a eu des effets considérables. L'Irak sort de la guerre très endettée (environ 100 milliards de dollars) notamment à l'égard des états du Golfe. Saddam Hussein entend obtenir des gains notamment politiques de cette guerre: il s'estime victorieux et surtout pense avoir lutté pour le monde arabe et sunnite. Dans cette optique, il demande aux états du Golfe de revoir le paiement des dettes or les demandes de l'Irak ne sont pas prises en compte. Les monarchies du Golfe sont inquiètes de la puissance acquise par l'Irak et de son affirmation comme puissance régionale. 
  • Cette inquiétude est confirmée par l'invasion du Koweït par les troupes irakiennes en août 1990 déclenchant la première guerre du Golfe. La première guerre du Golfe devient très rapidement un enjeu international: les E-U souhaitent intervenir. Il s’agit pour eux, alors qu'ils ont soutenu l'Irak pendant la guerre contre l'Iran, d'éviter toute modification de l'ordre régional et de maintenir les équilibres politiques locaux sans qu'un état ne puisse s'affirmer. Ils veulent éviter que l'Irak soit un acteur majeur au niveau du pétrole: en annexant le Koweit, l'Irak contrôle 10% des réserves mondiales, 20% au total avec les siennes. Les E-U parviennent à former une coalition internationale et à obtenir l'aval de l'ONU. Ils reçoivent notamment l'appui des monarchies du Golfe où l'Irak est vue comme un facteur de déstabilisation , de l'Egypte qui fournit même des soldats à la coalition, de la Syrie qui voit un bon moyen de s'affirmer face au rival irakien, de la Turquie... 
  • Quant à l'Iran, tout en tirant profit du conflit, elle affirme sa neutralité. Suite au refus irakien de se retirer du Koweït, l'opération “tempête du désert” est lancée en janvier 1991. L'Irak est vaincue, un cessez-le-feu proclamé en février sans que le régime de Saddam Hussein ne soit renversé.. Cette première guerre du Golfe a des effets importants: les E-U confirment leur position dominante au Moyen-Orient, le monde arabe est quant à lui divisé avec une opinion publique arabe globalement hostile à l'intervention étrangère contre l'Irak. Le Koweït retrouve son indépendance et l'Irak sort encore plus affaibli du conflit. Plus important, les E-U laissent S. Hussein au pouvoir comptant sur le renversement du dictateur par les populations irakiennes elles-mêmes qui au moins pour les Chiites et les Kurdes se révoltent. 
  • Or, les révoltés ne reçoivent aucun soutien: la Turquie craint la naissance d'un état kurde et l'Arabie saoudite est inquiète d'une éventuelle prise du pouvoir par les Chiites irakiens. Saddam Hussein peut donc mener une terrible répression en particulier contre les chiites du sud de l'Irak et maintenir une dictature de plus en plus répressive.. Enfin, dernier effet et non des moindres, ce conflit va attiser l'islam radical notamment la formation et le développement d'Al Qaïda, mouvement dont la création remonte à 1987, dont l'un des fondateurs, Ben Laden, a trouvé inadmissible la présence de bases américaines sur le sol saoudien pendant la guerre. Cette première guerre du Golfe a contribué à l'expansion d'un islam radical sunnite. Une seconde guerre du Golfe a néanmoins lieu en 2003 dans le contexte d'une guerre déclarée au terrorisme par les E-U après les attentats du 11/09/2001. Pour les E-U, il convient de reconfigurer le Moyen-Orient par la création d'un “Grand Moyen-Orient” devenant démocratique. Pour réaliser cette objectif, il faut renverser Saddam Hussein et bâtir un Irak libre et démocratique qui donnerait l'exemple aux autres états de la région. 
  • Les E-U vont se servir de prétextes pour agresser l'Irak (présence d'armes de destructions massives) et intervenir en mars 2003. Le régime d'Hussein est renversé, ce dernier arrêté en décembre 2003 puis jugé par un tribunal d'exception irakien et exécuté en 2006. Cette deuxième guerre en Irak a totalement déstabilisé l'Irak et la région. La présence américaine a déclenché une lutte contre l'occupant américain menée notamment par Al Qaïda mais également des affrontements entre Irakiens (Sunnites et Chiites). Depuis 2003, l'Irak est dans une situation difficile ayant provoqué le déplacement de plus de 5 millions d'Irakiens dont plus de 2,4 millions hors d'Irak. Les E-U ont voulu menenr une politique de “débaassification” de l'Irak afin d'écarter de la vie politique les membres du parti de Saddam Hussein. Une partie des cadres du parti Baas ont rejoint la luttre contre les Américains et notamment depuis quelques mois l'état islamique au levant (DAECH). 
  • Des élections ont été organisées en janvier 2005 pour une Assemblée constituante prévoyant un état fédéral avec entre autres une région du Kurdistan. Les premières élections législatives ont vu la victoire des partis chiites. En 2009, Barack Obama a annoncé le retrait des troupes américaines d'Irak: retrait terminé en 2011. Depuis cette date, le problème irakien n'est pas réglé. Aux élections de mars 2010, les chiites majoritaires ont constitué un gouvernement avec à sa tête Nouri Al Maliki. Or, c'est un régime corrompu et rongé par une extrême violence: violences entre chiites et sunnites avec de multiples attentats, violences provoquées par des mouvements islamistes dont Al Qaïda. 
  • Actuellement, s'est développé un nouveau mouvement islamiste Daech (état islamique au levant) qui contrôle une bonne partie des région sunnites d'Irak. Ce pays est tout simplement en voie d'éclatement avec une région kurde autonome s'opposant activement à l'état islamique, un état et une région chiite elle aussi en lutte contre Daech avec le soutien de l'Iran voisin et une zone sunnite soutenant au moins en partie l'état islamique. L'un des effets des guerres du Golfe est d'avoir contribué à la désagrégation de l'Irak et au développement de mouvements islamistes particulièrement brutaux. 
-L'Iran: un problème à dimension régionale et internationale

  • L'Iran est un acteur majeur de la région. La révolution islamique en 1979 a changé la situation de ce pays qui, il faut le rappeler, était un allié des Etats-Unis jusqu'à cette date. En effet, depuis les années 1950 et notamment le renversement de Mossadegh en 1953, Mohammed Reza Pahlavi qui avait succédé à son père a fait le choix de l'alliance avec les E-U tout en voulant faire de l'Iran une nation moderne. Déjà en 1963, une partie du clergé avec à sa tête Khomeiny avait initié un soulèvement contre le régime du Shah. 
  • Progressivement, ce dernier à la tête d'un état répressif (la police politique, la Savak était l'instrument de cette répression) perd le soutien de la population y compris des classes moyennes qui avaient pourtant bénéficié de la modernisation. A partir de 1978, le cycle manifestations-répression s'amplifie: des manifestations soutenues par le clergé mais une partie des manifestants sont des marxistes ou des libéraux. 
  • En janvier 1979, le Shah est contraint à l'exil et l'ayatollah Khomeiny rentre à Téhéran en février où se met en place en avril une république islamique d'Iran. Rapidement, les religieux prennent le contrôle de l'état, répriment les opposants et instaurent un système dans lequel le personnage clé est le guide suprême de la révolution. La révolution islamique est une rupture car elle permet à l'islamisme d'être sur le devant de la scène internationale. 
  • Cet islamisme d'inspiration iranienne se développe au Liban avec la création en 1982 du Hezbollah et en 1987 du Hamas dans les territoires palestiniens occupés (le Hamas est un mouvement sunnite). Surtout, l'Iran, alors que la guerre froide n'est pas terminée, ne s'inscrit pas dans le schéma de l'époque: elle rejette les E-U et son modèle mais elle fait de même avec l'URSS. 
  • Actuellement, l' Iran pose problème aux Occidentaux par le développement du nucléaire même si un accord a été trouvé et signé en juillet 2015 à Vienne mettant fin d'ailleurs à un embargo sur le pays. L'élection en 2013 d'un “modéré”, Hassan Rohani à la présidence, a fait évoluer les choses. L'Iran pose aussi problème à ses voisins en particulier l'Arabie saoudite qui craint le formation et le développement de ce qu'on nomme un “arc chiite” du Liban où le Hezbollah est soutenu par les iraniens en passant par la Syrie et l'Irak (une Irak à majorité chiite). La rivalité Iran-Arabie saoudite n'a jamais été aussi forte. 
  • L'Iran soutient également Bachar al Assad en Syrie et lutte contre DAECH: elle pourrait dès lors apparaître comme un élément utile pour les Occidentaux. Enfin on peut souligner les relations toujours très tendues entre l'Iran et Israël: les israéliens n'accordent aucune confiance aux Iraniens. Depuis la révolution islamique, l'Iran ne reconnaît pas l'existence d'Israël et apporte un soutien important au Hamas.

B/ L'islam radical: une dimension devenue incontournable de la géopolitique régionale et internationale


L'islamisme est devenu un élément clé du Moyen-Orient: le récente développement de l'état islamique au Levant en est la preuve. 

 a/ Qu'est-ce que l'islamisme? 

-ses origines, son développement

  • L'islamisme aussi nommé islam radical se développe surtout depuis la fin des années 70 avec les échecs des nationalismes arabes et du panarabisme. Il bénéficie aussi des profondes inégalités économiques et sociales dont certains mouvements comme les Frères musulmans en Egypte savent tirer profit. Il est aussi une réaction au ressentiment à l'égard de l'Occident: un Occident accusé de vouloir imposer son modèle et ses valeurs. L'islamisme est une idéologie politico-religieuse dont l'un des objectifs est l'instauration d'un état islamique avec comme fondement juridique la charia. 
  • L'élément politique est important: l'islamisme n'est pas uniquement religieux. La charia est un ensemble de normes tirées du livre sacré: le Coran et de la tradition (la sunna). Il faut préciser que la charia est appliquée de manière très différente selon les états: dans les états du Golfe, elle est la principale source du droit mais l'est aussi en Iran. 
  • Par contre, elle n'est pas mentionnée comme source juridique dans des états comme le Maroc, la Tunisie, le Liban ou la Jordanie. Là où elle est appliquée, elle concerne aussi bien le statut des familles que le droit pénal ou le droit économique. L'islam radical, c'est aussi le refus de l'Occident et des valeurs jugées destructrices des sociétés musulmanes. Pour les mouvements islamistes, il faut s'appuyer sur les valeurs de l'islam et non sur des valeurs venues d'Occident. L'islamisme est aussi un anti-occidentalisme. 
  • Néanmoins, les islamistes savent exploiter et s'adapter au monde moderne notamment par l'utilisation des moyens de communication les plus modernes. Il faut dans la mesure du possible différencier, et ce n'est pas toujours aisé, les mouvements islamistes radicaux des mouvements salafistes. Le salafisme (salaf= les ancêtres) veut le retour à un islam authentique respectant la sunna. Le salafisme s'est imposé dans de nombreux pays par le biais d'écoles coraniques. Il peut être, pour reprendre les termes d'Antoine Sfeir une “passerelle vers l'extrémisme et le Jihad planétaire”. Le salafisme moderne rejette toute innovation: il est très lié au Wahhabisme. Cet islamisme n'est pas né de rien: il puise ses idées dans un fonds ancien.
  •  Les mouvements se réclamant de cet islam s'appuie par exemple sur les écrits d'Ibn Taymiyya (il peut être considéré comme un salafiste) un théologien des 13e-14e siècles qui refusait toute innovation en matière de théologie; il rejetait aussi la philosophie. Plus important est la référence à Mohammed Ibn Abdel Wahhab. Ce dernier est un réformateur religieux arabe du 18e siècle dont le projet est un retour à la pureté de l'islam des premiers temps. Il développe une idéologie, le wahhabisme, qui condamne toute interprétation nouvelle du Coran, rejette les cultes des saints, la culture née avant l'islam... 
  • Cet idéologue se lie avec un émir arabe: Mohammed Ibn Saoud. Cette idéologie devient le fondement quelques décennies plus tard du Royaume saoudien. Il utilise des références plus récentes: des références du 20e siècle. Les Frères musulmans sont une de ces références. Ce mouvement est fondé en 1928 par Hassan el Banna. Les Frères musulmans mettent l'accent sur le rôle déterminant joué par les arabes et souhaitent un retour à un islam des origines basé sur la pureté morale. 
  • Comme les Wahhabites, ils refusent les valeurs occidentales et des pratiques jugées non conformes à l'islam originel: culte des saints, confréries soufies... Très rapidement, les Frères musulmans développent des actions politiques et sociales. Hassan el Banna est assassiné en 1949 et son successeur Sayyid Qotb radicalise le mouvement avec la volonté de faire de l' Egypte un état islamique avec la charia comme base. Dès lors, le mouvement se heurte au régime de Nasser: ce dernier met en oeuvre une répression féroce contre les Frères musulmans: S. Qobt est arrêté et exécuté en 1966. Il faut attendre les années 1980 pour que les Frères musulmans fassent un véritable retour sur la scène égyptienne allant même jusquà s'insérer dans le jeu politique national. 
  • Ils remportent les élections législatives (sous le nom de parti de la justice et de la liberté) de 2012 suite au printemps arabe et Mohammed Morsi devient même président. Il est renversé par un coup d'état militaire en juillet après des manifestations de grande ampleur contre la politique menée par les Frères musulmans. Il faut ajouter que les Frères musulmans ont influencé et essaimé dans des états proches comme la Libye, la Jordanie, l'Arabie saoudite (où ils sont très présents dans les structures d'enseignement) ou la bande de Gaza Une autre référence est Maulana Maududi (1903-1979) un idéologue pakistanais. 
  • Pour ce dernier, la loi coranique doit s'appliquer dans sa totalité. Il affirme que l'islam est aussi une idéologie politique. Enfin,la dernière référence des islamistes, du moins de certains, est le chiisme dit révolutionnaire tel qu'il a été développé par Khomeiny. Pour Khomeiny, la loi coranique doit être le fondement de toute société musulmane et l'état islamique est la forme politique la plus adaptée. 

 -typologie d'un islam protéiforme

  • L'islam et les mouvements se revendiquant de l'islamisme sont protéiformes: ils n' obéissent pas tous à la même logique. Les acteurs de l'islamisme ont des différences: de nombreux acteurs opèrent dans un cadre national alors que quelques uns ont décidé d'agir dans un cadre plus large, un cadre international. De nombreux mouvements se réclament de l'islam politique : on peut distinguer : Des mouvements salafistes avec un salafisme dit quiétiste plus soucieux d'une application des principes coraniques dans la vie quotidienne que d'une action politique. Les religieux wahhabites saoudiens appartiennent à ce courant. 
  • Il existe un salafisme plus politique souhaitant que le politique soit soumis au religieux: c'est un syrien, Muhammad Sourour, le fondateur d'un centre islamique en Angleterre qui représente le mieux ce courant. Enfin il y a un salafisme jihadiste s'étant développé au moment de la guerre en Afghanistan (1979-1989). 
  • Des mouvements légalistes qui peuvent jouer le jeu de la démocratie: l'AKP en Turquie (parti de la justice et du développement), les Frères musulmans en Egypte entrent dans cette catégorie ou le Mouvement pour la société et la paix en Algérie (MSP). L'AKP est même au pouvoir en Turquie depuis 2002 et les Frères musulmans l'ont été très brièvement en 2012-2013. Des mouvements islamistes radicaux eux-mêmes divers. 
  • Ces mouvements proclament le djihad pouvant être conduit contre un état en place comme la longue lutte en Algérie entre l'armée d'une part et le GIA (groupe islamique armé) ainsi que le GSPC (groupe salafiste pour la prédication et le combat ou un djihad plus internationalisé comme celui d'Al Qaïda. 

 b/ Le développement du jihadisme: un bouleversement géopolitique

Le jihadisme s'est développé surtout à partir des années 1990 en utilisant un terrorisme internationalisé. La “matrice” selon l'expression de Denis Bauchard du terrorisme islamiste se localise en Afghanistan où de nombreux combattants arabes sont allés faire le djihad contre les Soviétiques. Lors de ce conflit, Oussama ben Laden (un saoudien) se manifeste en créant un bureau des services recrutant des centaines de moudjahidin. La première guerre du Golfe est une seconde rupture: Ben Laden et son groupe Al Qaïda décident de mener une lutte contre les E-U et leurs alliés, une lutte globale. 

 -au sein du Proche et Moyen-Orient

  •  Al Qaïda a formé et forme encore une nébuleuse. Depuis la mort de Ben Laden en 2011, Al Qaïda dit centrale a pour chef Ayman al-Zawahiri. Plusieurs organisations ont fait allégeance à Al Qaïda comme le front al-Nosra en Syrie ou Al Qaïda au Yémen (AQPA). Un nouveau mouvement s'est affirmé en quelques années: Daech ou état islamique en Irak et au Levant. Ce mouvement est né en 2006 d'une scission d'Al Qaïda en Irak et Syrie et a pris une dimension hors norme à partir de 2014 avec la prise de Mossoul en Irak. 
  • Actuellement, Daech contrôle un territoire allant de la Syrie à l'Irak. La particularité de Daech est sa volonté, à l'inverse d'Al Qaïda, de former un état. En effet, son chef Al-Baghdadi a nommé des gouverneurs dans les régions contrôlées, l'état islamique s'appuie sur des administrations, prélève l'impôt... 

 -et dans une sphère géographique plus large 

  •  Al Qaïda et Daech ont essaimé hors du Proche et Moyen-Orient. Al Qaïda est présent au Maghreb et au Sahel par l'intermédiaire d'Al Qaïda Maghreb Islamique (AQMI). Le groupe Al-Shebab présent en Somalie est affilié à Al Qaïda. Par contre, Boko Haram (Nigeria), Ansar Beit al-Maqdess (Egypte) ou Ansar el Charia (Tunisie, Libye) sont affiliés à Daech. La montée des mouvements islamistes peut s'expliquer par plusieurs facteurs. Le premier facteur relève de l'incapacité des états de la région à mener des politiques efficaces tant au niveau économique et sociales (inégalités fortes) qu'au niveau politique (incapacité à construire des démocraties).
  •  La fragilité de certains états ajoute un facteur supplémentaire comme l'illustre le cas du Yémen. Certains pays du Golfe dont l'Arabie saoudite ou le Qatar ont une responsabilité en ayant favorisé le wahhabisme, en s'appuyant sur des organisations comme les Frères musulmans qu'elles financent. Enfin, il est incontestable que les interventions des E-U ont contribué au développement du jihadisme en particulier les guerres du Golfe.
Printemps arabe 2011

C/ Des Etats fragilisés et des conflits internes dramatiques


Plusieurs états du Moyen-Orient sont terriblement fragilisés avec des conflits qui durent et paraissent insolubles. 

 a/ Des conflits internes dramatiques... 

Plusieurs conflits internes sont profondément dramatiques et déstabilisent la région voire posent problème au niveau international. 
 
- Révolutions et printemps arabes : des ruptures 

  •  En 2011 ont eu lieu une série de révolutions au Moyen-Orient laissant penser à des évolutions importantes: ces révolutions dénommées sous le vocable printemps arabe ont suscité des espoirs. Une série de révoltes ont lieu dans des états autoritaires et souvent très répressifs, des régimes reposant sur une police et une armée avec le plus souvent un clan, une tribu en place (le népotisme est la règle). Ces régimes sont clientélistes et corrompus et n'ont pas réussi à réduire les inégalités économiques et sociales. Le premier pays qui bouge est la Tunisie en décembre 2010. La révolte tunisienne aboutit avec l'aide de l'armée au départ du dictateur Ben Ali ( il a trouvé refuge en Arabie saoudite). En octobre 2012, une assemblée constituante a élaboré une nouvelle constitution. Or, aux élections pour la constituante, le parti vainqueur est un parti islamiste Ennahdha. Ce dernier après plusieurs semaines de troubles se retire du pouvoir. Une nouvelle constitution voit le jour en janvier 2014, des élections présidentielles démocratiques ont lieu en novembre 2014 et législatives. Le président élu est Béji Essebsi membre d'un parti appelé Nidaa tounes (appel de la Tunisie). 
  • Les élections législatives s'étaient déroulées en octobre avec la victoire du parti Nidaa tounes devant Ennahdha. La Tunisie est le seul état à réussir, pour le moment, la transition vers la démocratie. En Egypte, des manifestations très importantes se déroulent notamment au Caire à partir du mois de janvier. La répression est sévère mais les manifestations perdurent réclamant le départ d'Hosni Moubarak. Celui- ci quitte le pouvoir en février, une transition est assurée par l'armée. Le 19 mars par un référendum, une majorité d'égyptiens approuvent une réforme constitutionnelle. Des élections libres ont lieu en novembre remportée par les Frères musulmans (parti liberté et justice) et aux élections présidentielles de juin 2012 c'est Mohammed Morsi du parti liberté et justice qui est élu .Les Frères musulmans vont se heurter à des difficultés de plus en plus conséquentes conduisant à un coup d'état militaire et la prise du pouvoir par un général: Abdel al-Sissi.
  • L'Arabie saoudite a encouragé ce coup d'état alors que les Frères musulmans avaient le soutien du Qatar: le monde arabe une fois de plus montre ses divisions. Le printemps égyptien n' a donc pas eu les mêmes effets qu'en Tunisie. En Libye, des mouvements de contestation se développent début janvier mais le colonel Kadhafi tente d'apaiser la situation en interdisant les rassemblements ou en diminuant les prix des denrées alimentaires. En février, la situation dégénère en guerre civile opposant l'armée libyenne aux soldats du Conseil National de Transition (CNT). Ce dernier reçoit l'appui de plusieurs tribus et est constitué aussi bien de libéraux que d'islamistes. Le processus révolutionnaire s'étend et à partir du mois d'août, le CNT reçoit le soutien de l'OTAN avec notamment la participation de la France et du Royaume-Uni. 
  • En octobre, Kadhafi est tué: c'est la fin d'un régime de plus de 40 ans. Au Maroc et en Algérie, les gouvernements en place subissent des mouvements de contestation mais parviennent à juguler la crise. Au Maroc, le roi Mohammed VI annonce en mars une réforme constitutionnelle prévoyant une plus grande séparation des pouvoir. Cette réforme est approuvée par référendum en juillet 2011. Des élections législatives en novembre donne la victoire à un parti islamiste modéré: le parti de la justice et du développement. En Algérie, la rente pétrolière sert à calmer les esprits par des hausses de salaires mais auusi par la levée de l'état d'urgence proclamé en 1992 lors de la guerre civile. Le mouvement de contestation commence en Syrie en février où le régime de Bachar al Assad est contesté. 
  • Des manifestations importantes à Deraa sont violemment réprimées. La répression s'amplifie mais des membres de l'armée rejoignent les manifestants. En août 2011, des rebelles forment le Conseil national syrien (CNS) ainsi qu'une armée syrienne libre (ASL): la guerre civile, sur laquelle nous reviendrons, s'accentue. Enfin, des manifestations sont organisées au Bahreïn à partir de février réclamant plus de libertés.
  •  Ces manifestations sont réprimées avec l'aide de forces venues des autres pays du Golfe notamment d'Arabie saoudite. Cette dernière craint que la population du Bahreïn en majorité chiite soit manipulée par l'Iran. Le Yémen connaît un mouvement révolutionnaire en 2011 réclamant démocratie et fin de la corruption. 
  • Le président Ali Saleh annonce un référendum, des élections pour apaiser la situation puis finit par décréter l'état d'urgence. Les affrontements deviennent plus intenses: en janvier 2012, le président Saleh quitte le pouvoir. Les printemps arabe ont quasiment tous échoué hormis en Tunisie. Dans plusieurs cas, ils ont dégénéré en guerres civiles ou au retour de militaires au pouvoir. 

 -guerres civiles, retour au pouvoir des militaires: l’échec des printemps arabes

  • L'échec, temporaire ou définitif, des printemps arabe, a conduit à des guerres civiles. La Libye, la Syrie, l'Irak, le Yémen sont dans cette situation. En Egypte, ce sont les militaires qui sont au pouvoir: ils mènent une répression contre les Frères musulmans et sont confrontés dans le désert du Sinaï à un groupe islamiste Ansar beït. 
  • L'ancien président Morsi a été condamné à mort en mai 2015 ainsi que plusieurs dirigeants des Frères musulmans. Le mouvement islamiste Ansar beït a prêté allégeance en novembre 2014 à l'état islamique: ce groupe est l'origine de plusieurs attentats en Egypte.

b/ Des situations complexes et paraissant insolubles 

-des Etats fragilisés ou en perdition: Libye, Irak, Syrie

  • Plusieurs états sont en déliquescence après plusieurs mois de guerre civile. Depuis, 2014, la Libye est entrée dans une guerre interne opposant deux gouvernements rivaux dont un reconnu internationalement dit gouvernement de Tobrouk ayant le soutien de l'armée libyenne et le gouvernement dit de Tripoli.. 
  • Participent à ce conflit des mouvements islamistes dont un groupe proche d'Al Qaïda, Ansar al Charia mais aussi une branche libyenne de l'état islamique.La situation est plus que confuse et certains appellent à une intervention de l'ONU comme l'état tchadien. Il faut préciser que les grandes puissances dont la France ont retiré leurs représentations diplomatiques présentes en Libye. Une autre situation très problématique est celle de l'Irak
  • Le retrait américain en 2011 n'a pas amélioré la situation.Les provinces sunnites rejettent le gouvernement à majorité chiite de Nouri al Maliki. Il est reprocé à ce dernier de mener une politique trop favorable aux chiites marginalisant les populations sunnites et d'être trop proche de l'Iran. Des élections législatives se sont déroulées en avril 2014: un sunnite a été élu à la tête de ce parlement Sélim al Jobouri, un kurde à la présidence de la République Fouad Maassoum et un nouveau premier ministre en remplacement d'al-Maliki, Haïder al-Abadi. Cependant, la situation a continué à se dégrader. 
  • En juin 2014, des tribus sunnites ainsi que l'état islamique ont lancé une vaste offensive se traduisant par la prise de Mossoul (2e ville irakienne) par Daech. L'Irak est sur le point d'éclater avec une zone kurde qui résiste à l'état islamique et un état irakien en grande difficulté. Daech dans son avancée en particulier dans la province d'al-Anbar s'en prend très violemment aux minorités (Yézidis et chrétiennes) et détruit une partie du patrimoine du pays en l'occurrence celui d'avant l'islam. 
  • Actuellement, la zone kurde résiste grâce à l'aide internationale à l'avancée de Daech et il en est de même de ce qui reste de l'état irakien. Progressivement, Daech va reculer notamment à partir de 2017 : la ville de Mossoul est reprise en juillet 2017. Daech est finalement vaincu en tant que califat et état mais reste néanmoins présent et continue de commettre des attentats. 
  • Troisième situation catastrophique, la Syrie. Cette guerre oppose plusieurs acteurs: Bachar al Assad et l'armée syrienne, l'armée syrienne libre et le conseil national syrien soutenus par les occidentaux, les unités de protection des Kurdes, le Front islamique (islamistes modérés) soutenu par le Qatar, le mouvement Al Nosral a branche syrienne d'Al Qaïda et l'état islamique. L'état islamique a réussi à prendre le contrôle d'une partie de la Syrie permettant une jonction avec la zone irakienne qu'il domine. La situation est d'une grande complexité entre les différents opposants et intervenants extérieurs. Mais en Syrie également depuis 2017, Daech est en difficulté et finit par perdre le contrôle des régions que l’organisation occupait.
  •  En 2017, la ville de Raqqa « capitale de Daech » est reprise par les forces kurdes de Syrie. On peut considérer que la califat de Daech prend fin en 2019 avec la chute de Baghouz en Syrie le dernier bastion de Daech dans ce pays. Enfin, il ne faut pas oublier la guerre au Yémen opposant la communauté chiite, les Houthis, au gouvernement d'Abd Mansour soutenu par l'Arabie saoudite. Dans le cas du Yémen, la dimension religieuse entre communautés chiites et sunnites est présente.

-Le jeu des acteurs internationaux et le poids des ingérences

  • Tous ces conflits ont une dimension internationale que ce soit à l'échelle régionale ou mondiale. Dans le cas de la Libye, l'Egypte, par exemple, lutte contre les mouvements islamistes en soutenant le gouvernement de Tobrouk. Inversement, le gouvernement de Tripoli contrôlé par les Frères musulmans a le soutien du Qatar, de la Turquie et du Soudan. La branche libyenne de l'état islamique est bien entendu soutenue par Daech. Quant aux puissances occidentales, elles sont toujours aux côtés du gouvernement de Tobrouk jugé légal et légitime. 
  • En Irak, le gouvernement a l'appui de l'Iran pour qui Daech est un ennemi. Les E-U, la France... ont apporté une aide aux pechmergas kurdes et bombardent les positions tenues par Daech. La Turquie a un rôle ambigü puisqu'elle est intervenue contre les Kurdes voyant d'un mauvais oeil la formation possible d'un état kurde en Irak. Le cas syrien est le plus compliqué encore : Bachar al Assad a le soutien de l'Iran, du Hezbollah libanais et de la Russie (cette dernière dispose d'une base militaire en Syrie). 
  • L'armée syrienne libre a toujours l'appui des occidentaux dont la France, le Royaume-Uni et les Etats-Unis. L'Arabie saoudite a été accusée dans un premier temps de soutenir l'état islamique avant de se raviser. Le Qatar apporte une aide financière au Front islamique.
  •  Une dernière implication internationale de ces conflits sont les réfugiés: une grande partie d'entre eux a trouvé refuge au Liban (1,1 million), en Jordanie (environ 600 000) et en Turquie (2 millions) donc dans des pays proches géographiquement. D'autres tentent de migrer en Europe: plus de 120 000 syriens ont trouvé asile depuis 2011 sur le continent européen. 

Bilan: typologie des conflits au Moyen-Orient et au Maghreb 

 -des conflits et tensions “ethniques”: 

  •  Certaines tensions et conflits relèvent relèvent de l'opposition entre peuples. Le problème kurde entre dans cette configuration. Les populations kurdes vivent en Turquie, en Syrie, en Irak et en Iran. 
  • Au Maghreb notamment en Algérie, des tensions fortes ont concerné les Kabyles. Ces derniers se sont opposés dans les années 1990 à la volonté d'arabisation de l'état. Les Kabyles ont obtenu la reconnaissance de leur langue, le tamazight comme langue nationale en 2002. 

 -des conflits confessionnels

  •  Plusieurs conflits ont une dimension religieuse opposant des confessions. La guerre civile libanaise, les tensions entre chrétiens coptes et certains musulmans en Egypte, l'opposition sunnite-chiite en Irak... entrent dans cette catégorie. 
 
-Des conflits politiques 

  •  Le contrôle du pouvoir politique génère des conflits comme c'est le cas dans les guerres civiles en Libye, en Syrie ou en Irak. 

 -Des conflits territoriaux

  •  Plusieurs conflits sont liés à la volonté de contrôle de territoires ou à des contestations frontalières: tensions entre le Maroc et l'Algérie en 1963, guerre Irak-Iran... Les différents conflits comme nous l'avons signalé n'ont pas une seule raison même si on peut mettre en valeur un facteur dominant. La guerre Irak-Iran n'est pas seulement explicable par le contrôle du Chott el Arab, la guerre civilme libanaise a aussi une dimension politique et religieuse... 


Conflit israélo arabe

D/ Le problème Israélo-Palestinien: un problème récurrent au coeur des tensions régionales voire internationales

 
 Quelles sont les dimensions et acteurs du conflit israélo-palestinien? Peut-envisager à court terme une issue favorable à ce conflit? Un dernier conflit est fondamental à étudier car ses implications tant régionales que mondiales sont très importantes: ils 'agit du conflit entre israéliens et palestiniens. 

a/ Les racines historiques et idéologiques du problème : une terre pour deux peuples

La Palestine est une région de l'Empire ottoman depuis le début du 16e siècle (1519) avec au début du 19e siècle (1800) une population d'environ 270 000 habitants dont 7 000 juifs, 22 000 chrétiens orientaux et 246 000 arabes musulmans ou chrétiens. En 1890, les chiffres sont respectivement de 43 000, 57 000 et 432 000; en 1931 de 175 000, 89 000 et 760 000 et enfin en 1947 de 630 000, 143 000 et 1 million 181 000. Au cours du 19e siècle, les premières vagues d'immigration juives d'Europe vers la Palestine ont lieu en provenance de Russie ou de Roumanie. A la fin du 19e siècle, les populations juives sont très minoritaires se concentrant dans des quartiers urbains (Jérusalem, Hébron...) alors que une grande majorité des arabes vivent dans les zones rurales. C'est aussi à cette période qu'émerge le sionisme à savoir une idéologie par Théodor Herzl. Ce mouvement nationaliste né en Europe souhaite la création d'un état juif. Progressivement, se forme l'idée d'un état juif en Palestine comme le confirme le premier congrès sioniste en 1897 où Theodor Herzl affirme que l' “objectif final du sionisme est de créer, pour le peuple juif, un foyer en Palestine;” C'est dans ce contexte qu'en 1899 est créée la banque coloniale juive afin de financer l'achat de terres en Palestine et le 6e congrès sioniste de 1903 confirme le principe d'une installation en Palestine. Or, la majorité des habitants de la Palestine sont des arabes; Jérusalem étant une exception avec une population juive de 45 000 personnes en 1916 pour un total de 70 000 habitants à l'époque. A la veille de la Première guerre mondiale, on dénombre environ 80 000 juifs dont certains vivent dans des colonies agricoles (kibboutz). Est créée également la ville de Tel Aviv 

-les années 1917-1945 : la mise en place du conflit 

  • Les années 1917-1945 sont décisives dans la mise en place du conflit. Les Anglais et les Français s'étaient dès 1916 avec les accords Sykes-Picot partagés le Moyen-Orient en zones d'influences. Le 2 novembre 1917, le ministre des affaires étrangères britannique Lord Balfour, affirme dans une lettre que son pays est prêt à reconnaître en Palestine un “foyer national juif”. Cette lettre est une confirmation pour le mouvement sioniste de la possibilité d'un état juif en Palestine alors que le texte reste ambigu ne parlant pas directement d'un état. Les populations arabes sont mécontentes même si dans le cadre de la lutte contre l'Empire ottoman les anglais ont promis la création d'un vaste royaume arabe (qui ne voit pas le jour). La lettre de Balfour précise aussi que “rien ne sera fait qui puisse porter atteinte aux droits civils et religieux des collectivités non juives (...).” Mais cette lettre reste maladroite car comment faire pour réaliser un foyer national juif sans porter atteinte aux populations arabes majoritaires ? Après la Première guerre mondiale, la Palestine devient un mandat britannique (officiellement à partir de 1922).
  •  Pendant l'entre-deux-guerres, de nombreux immigrants juifs arrivent en Palestine grossissant la communauté juive: le Yishouv. Une première vague migratoire a lieu entre 1919 et 1923 avec l'arrivée de 35 000 juifs d'Europe; une seconde vague en provenance surtout de Pologne arrive entre 1924 et 1928 (80 000) et une troisième vague des années 1930-1939 dont 40 000 juifs fuyant l'Allemagne et l'Autriche. La population juive qui représentait 11% des habitants de la Palestine mandataire en 1922 sont passés à 28% de la population en 1936. De même, la, proportion de terres possédées par les communautés juives augmente passant de 20 000 hectares en 1897 à 180 000 en 1947. 
  • Or cette immigration est très mal vécue par les populations arabes qui ont l'impression que les juifs viennent spolier leurs terres. Cette hostilité aboutit à une réelle insurrection arabe entre 1936 et 1939 violemment réprimée par les Britanniques. 
  • Ces derniers prennent toutefois des mesures en s'engageant à limiter l'immigration juive et en proposant en 1937 un plan de partage de la Palestine, le plan Peel avec un état juif allant de Tel- Aviv à Metulla ( à proximité du Liban), un état arabe du nord de Naplouse au désert du Néguev et la zone de Jérusalem restant sous contrôle britannique. Ce plan est refusé par les Arabes qui voit en lui une première étape de la dépossession d'une terre qu'il juge comme étant arabe. Les populations juives y sont favorables voyant au contraire une étape majeure vers la création de leur état.

 -Un conflit qui se développe: les années 1950-1960

  •  Après la seconde guerre mondiale, un second plan de partage est proposé et voté à l'ONU en novembre 1947 (33 voix pour y compris les E-U et l'URSS, 13 contre et 10 abstentions). Il repose à nouveau sur une tripartition de la Palestine avec un état juif sur 56% du territoire de la Palestine regroupant plus de 900 000 personnes dont près de 500 000 juifs, un état arabe sur 43% avec 735 000 personnes dont 10 000 juifs et la ville de Jérusalem sous juridiction internationale de l'ONU (100 000 juifs et 105 000 arabes). Ce plan est approuvé par la communauté juive mais pas par la communauté arabe pour qui le plan est inadmissible. Nous sommes dans une logique complexe et insoluble de deux peuples pour un même territoire. Dans la continuité du plan de partage, est proclamée le 14 mai 1948 l'état d' Israël par David Ben Gourion. (à la veille du départ des troupes britanniques). 
  • C'est le début du premier conflit puisque le 15 mai par solidarité avec les Arabes de Palestine et aussi par crainte d'une déstabilisation de l'équilibre régional, la Transjordanie, l'Egypte, la Syrie , l'Irak et le Liban déclarent la guerre au nouvel état. L'armée israélienne l'emporte et des négociations s'engagent à Rhodes aboutissant à une série de quatre armistices: un avec l' Egypte (24 février 49), un avec la Jordanie (3 avril 49), un avec le Liban (23 mars 49) et un avec la Syrie (20 juillet). Au niveau territorial, Israël conserve la zone du plan de partage mais également les territoires acquis pendant le conflit soit au total 78% de la Palestine. L'état d' Israël est constitué de la Galilée, du littoral jusqu'à Gaza, de l'ensemble du désert du Néguev, de Jérusalem Ouest. 
  • La bande de Gaza est sous administration égyptienne, la Transjordanie (elle devient le royaume Hachémite de Jordanie en 1949) occupe Jérusalem Est et annexe la Cisjordanie (en avril 1950). Les Arabes de Palestine sont privés d'un état et 700 à 750 000 d'entre eux deviennent des réfugiés dans les pays voisins: Liban, Syrie, Transjordanie.250 000 restent en Israël et deviendront des arabes israéliens. Des milliers d'arabes ont donc été chassés de leurs villages: on peut parler d'un nettoyage ethnique. 
  • Ces réfugiés palestiniens ne sont pas concernés par le système international d'asile naissant en 1951 avec la convention de Genève et le HCR. On estime qu'il y aurait aujourd'hui 7 millions de réfugiés palestiniens. Pour les arabes de Palestine cette défaite et cet exode sont terribles: ils utilisent le terme de nakba (catastrophe). Israël s'oppose dès 1948 -49 au droit au retour de ces réfugiés. Suite à la victoire israélienne, pour les états arabes la Palestine est une terre à reprendre et ce dans le cadre de la Nation arabe. Pour les états arabes, la question palestinienne est en fait secondaire et est un instrument politique utilisée soit à des fins internes soit dans le cadre de rivalités entre états arabes. Progressivement, les Palestiniens vont s'organiser notamment en créant en mai 1964 l'OLP: l'Organisation de la Palestine, une organisation regroupant en fait plusieurs structures dont le Fatah (un terme signifiant conquête) dont la création remonte à 1959 par Yasser Arafat, le FPLP (front populaire de libération de la Palestine qui rejoint l'OLP en 1967)...
  •  Les tensions entre Israël et les états arabes sont très vives et culminent en juin 1967 avec la guerre des 6 Jours. Lors de ce conflit, Israël passe à l'offensive se sentant menacé par l'Egypte notamment. La Jordanie et la Syrie sont concernées et comme l'Egypte sont vaincus. Pour les états arabes, c'est une nouvelle humiliation. Israël occupe la bande de Gaza, le désert du Sinaï au détriment de l'Egypte, le plateau du Golan pris à la Syrie mais également la Cisjordanie et Jérusalem Est. Pour certains israéliens, c'est la réalisation du “grand Israël”. Quant à l'OLP dont Yasser Arafat a pris la direction en 1969, elle mène une lutte contre Israël afin de faire valoir ses droits. Cette lutte passe par des actions terroristes et de guérilla dans les territoires occupés sans que cela aboutisse à des résultats probants. -Des Palestiniens sans Etat 

b/ Les évolutions d'un conflit sans solution mais devenant périphérique

Le conflit entre Israël et les Palestiniens ainsi que les états arabes est un conflit durable depuis 1948 même si il y a eu des négociations et des progrès à partir de la fin des années 1970 

 -des tensions et des affrontements récurrents 

  • Les tensions et affrontements entre Israël et les états arabes se manifestent régulièrement. En octobre 1973 se déclenche la guerre dite du Kippour: une guerre déclenchée par l'Egypte et la Syrie. Un cessez-le-feu est signé le 25 octobre et cette guerre ne modifie pas la situation. Par contre, pour la première fois des dirigeants arabes en l'occurrence égyptien et israéliens ont négocié en particulier des échanges de prisonniers. 
  • Ces premiers contacts ouvrent la porte à des négociations plus larges. En 1982, Israël intervient au Liban pour faire cesser les attaques de l'OLP qui se sert du Liban comme base arrière pour lancer des actions contre Israël. Les israéliens occupent le sud Liban qui devient pour eux une zone tampon. En mai 2000, Israël se retire du sud Liban. 

 -de vaines tentatives de règlement du conflit pour une paix impossible?

  • En 1978 après plusieurs mois de négociations, l'Egypte et Israël signe les accords de Camp David: c'est la première fois que ce type d'accord est signé entre Israël et un état arabe. La paix est officialisée en 1979 à Washington et elle est un signe d'espoir. L'Egypte récupère par ces accords le désert du Sinaï. Par contre, la bande de Gaza et la Cisjordanie restent des territoires occupés par Israël. En 1994, Israël signe un accord de paix avec la Jordanie (accords de wadi araba): le fleuve Jourdain est reconnu comme frontière officielle et les relations diplomatiques sont normalisées. A la fin des années 1980, l'OLP change quelque peu son discours à l'égard d'Israël. En 1988, à Alger, le Conseil national de la résistance palestinienne, organisme contrôlé par l'OLP, proclame un état palestinien et reconnaît implicitement l'état d'Israël. En 1991, les E-U, dans le contexte de l'après guerre du Golfe, initie un processus de paix entre Israël et l'OLP notamment lors d'une conférence organisée à Madrid. Parallèlement, des négociations secrètes sont organisées à Oslo: elles vont se concrétiser par les accords d'Oslo1 ou accord dit “Gaza-Jéricho”. 
  • Par ces accords, Israêl reconnaît l'OLP et une autorité palestinienne et l'OLP reconnaït Israël. Ces accords sont complétés par les accords d'Oslo 2 de septembre 1995. ce dernier prévoit la mise en place en Cisjordanie et dans la bande de Gaza de zones gérées par l'autorité palestinienne.Or depuis ces accords, la situation est bloquée.
  •  Il n'y a toujours pas de véritable état palestinien. Ce blocage s'explique par la poursuite de la colonisation juive (colonies de peuplement) en Cisjordanie, par la récurrence d'affrontements comme la seconde intifada de 2000 (première intifada en 1987) ou encore par la prise de contrôle de la bande de Gaza par un mouvement islamiste le Hamas (création en 1987) s'opposant à la fois à Israël qu'il ne reconnaît pas et à l'OLP. En 2005, Israël s'est retiré de la bande de Gaza et a démantelé ses colonies de cette zone sans que la situation ne s'améliore pour autant. En janvier 2006, le Hamas gagne les élections législatives palestiniennes ce qui pour Israël est un gage de non paix. 
  • En 2009, l'armée israélienne intervient à Gaza (opération plomb durci) pour faire cesser des attaques du Hamas. En 2015, la situation reste explosive: les problèmes de fond ne sont pas réglés. En septembre 2001, l'autorité palestinienne a demandé son adhésion à l'ONU: les E-U s'y opposent. Toutefois, en octobre 2012, la Palestine a été admise à l'UNESCO. 

c/ Un conflit aux dimensions multiples 

Le conflit entre Israël et les Palestiniens ainsi que les états arabes a des implications à plusieurs niveaux. 

 -des implications régionales importantes

  • Les implications régionales sont évidentes. Le conflit a déstabilisé la région et permet aux différents états de se positionner: un positionnement où les Palestiniens semblent être des pions sur un échiquier plus large. Ainsi, l'Iran apporte son soutien au Hamas, un mouvement également soutenu par le Hezbollah libanais, ce dernier étant très anti-israélien. La signature du traité de paix entre Israël et l'Egypte avait clivé le monde arabe: clivage traduit par l'éviction pendant 10 ans de l'Egypte de la Ligue arabe.
  •  L'Egypte a fait son retour dans cette ligue en 1990. Cette ligue a fait une proposition non suivie d'effets en 2002 d'un plan de paix global au Moyen-Orient: Israël se retirerait de la Cisjordanie, de la bande de Gaza et du plateau du Golan en échange de normalisation des relations entre les états arabes et Israël. De nombreux états ont accueilli des réfugiés palestiniens comme la Jordanie ou le Liban mais ces réfugiés ont souvent été perçus comme un danger. En 1970, la Jordanie avait déclenché une opération (septembre noir) contre les membres de l'OLP présents sur son sol accusés (avec raison apparemment) de vouloir renverser le régime jordanien. 
  • L'OLP a été expulsée de Jordanie en 1971 mais de nombreux réfugiés palestiniens vivent encore en Jordanie sans qu'ils soient considérés comme de véritables citoyens jordaniens. Les relations entre arabes de Palestine et les autres communautés arabes sont donc complexes. Enfin, on sait depuis plusieurs mois que l'Arabie saoudite conduit des négociations secrètes avec Israël: un royaume saoudien qui, d'ailleurs, n' a jamais fait beaucoup d'efforts pour accueillir des réfugiés palestiniens. et des implications mondiales notables Les implications furent et sont encore mondiales: ce conflit dépasse sa zone géographique.. Les E-U ont toujours apporté un soutien politique et militaire à Israël. Pendant la guerre froide, l'URSS soutenait les états arabes dont l'Egypte et la Syrie.
  •  Pendant plusieurs années, la Turquie et Israël avaient entretenu des relations cordiales, ce n'est plus le cas avec l'AKP et le président Erdogan. La France depuis fort longtemps soutient la nécessité d'un état palestinien et a souvent été perçue comme pro-arabe dans la région. Le conflit israélo-palestinien s'invite aussi malheureusement dans les débats entre communautés juive et maghrébine en France de façon virulente.
MBS

Bilan général (chiffres 2019 : Le Bilan du monde)


Lignes directrices: le Maghreb

 Algérie:

 -République algérienne démocratique et populaire 
 -chef de l'état: A. Bouteflika de 1999 à 2019 remplacé fin 2019 par Abdelmajid Tebboune 
 -population: 43,1 millions Arabes= 73% et Berbères = 27% 
-religions: 99% islam (sunnite) + 1% christianisme et judaïsme 
 -PIB: 172,8 milliards de dollars + par habitant= 3 980 dollars + IDH = 0,759 (82e rang mondial) 

L'indépendance acquise en 1962 après une longue guerre contre la France, l'Algérie devient rapidement un régime autoritaire avec un FLN (front de libération national) omniprésent et qui détient toujours les rênes du pouvoir avec un président fantoche: Abdelaziz Bouteflika. Certes, l'Algérie a connu un processus démocratique au début des années 1990, un processus qui a conduit un mouvement, le Front islamique de salut à s'affirmer en gagnant des élections locales en 1990 et en remportant le premier tour des élections législatives de janvier 1991. C'est à ce moment que l'armée décide de reprendre le contrôle de la situation de craindre de perdre le pouvoir. Le FIS est dissous et commence une longue guerre civile entre l'armée et le FLN d'un côté et l'armée islamique du salut. Un mouvement dissident du FIS s'affirme également: un groupe encore plus radical: le GIA (Groupe islamique armé). Cette guerre dure près de 10 ans provoquant la mort d'environ 150 000 personnes. En 1999, le président Bouteflika récemment élu propose une concorde civile. Actuellement, le FLN et l'armée dirigent l'Algérie où demeurent des groupes islamistes et terroristes comme le GSPC (groupe salafiste pour la prédication et le combat) lié à Al Qaïda. C'est de ce GSPC qu'a émergé le groupe AQMI présent en Kabylie et au Sahara. Le groupe AQMI, depuis 2006, a pris de l'ampleur hors d'Algérie étant présent en Libye, au Mali... L'Algérie, par contre, n'a pas connu de véritable printemps arabe bien qu'il y ait eu quelques manifestations en janvier 2011 en raison de hausses de prix de produits de base. La rente pétrolière a servi à atténuer le malaise et éviter un processus similaire à celui de la Tunisie. L'Algérie a connu une paix sociale somme toute fragile avec un FLN et l'armée contrôlent donc toujours le pays. Toutefois, l’année 2019 a été mouvementée avec d’importantes manifestations demandant le départ de Bouteflika (le Hirak). Les manifestants finissent par obtenir le départ du président mais ne sont toujours pas contents de changements qui ne s’annoncent pas vraiment. En novembre 2020 a eu lieu un référendum constitutionnel pour un changement de Constitution : plus de 66 % des votants ont approuvé ce changement constitutionnel mais le niveau d’abstention était particulièrement élevé avec à peine 24 % de votants. De nombreux algériens restent dubitatifs sur les changements annoncés avec un pouvoir toujours sous le contrôle du FLN et de l’armée. 

 Le Maroc: 

 -Royaume du Maroc 
-Chef de l'état: Mohammed VI 
 -pop: 36,5 millions + Arabes= 60% et Berbères= 40% 
 -religions: islam (sunnite): 98,7% + christianisme = 1,1% + judaïsme = 0,2%
 -PIB = 119 milliards de dollars + par hab = 3345 + IDH = 0,676 (121e) 

 Le Maroc est depuis son indépendance en 1956 une monarchie plutôt stable de la région. D'abord dirigé par Mohammed V puis par son fils Hassan II de 1961 à 1999 auquel a succédé Mohammed VI, ce pays est un allié sûr de la France. Mais c'est un état aux très fortes inégalités économiques et sociales. La famille royale est d'ailleurs économiquement très puissante. En 2011, des manifestations ont lieu mais la monarchie n'est pas remise en cause. Mohammed VI, pour éviter tout problème, a proposé une réforme constitutionnelle. Le Maroc n'est pas à l'abri d'attentats terroristes comme celui de Marrakech en 2011 mais le Maroc paraît moins touché par l'islam radical. Le Maroc n'a pas réglé la question sahraouie et ce qu'on appelle la question du Sahara occidental. Ce Sahara occidental est contrôlé par l'Espagne jusqu'en 1975 bien qu'il ait été revendiqué par le Maroc dès 1957. Le départ de l'Espagne permet au Maroc (la marche verte) de prendre possession du Sahara occidental qu'il colonise. Or le Maroc est confronté à l'opposition du Front Polisario (front populaire de libération de la Saguia El Hamra et du Rio de oro qui a été créé en 1973 pour lutter contre les Espagnols). En 1976, le Front Polisario a proclamé la République arabe sahraouie démocratique. La guerre oppose le Front Polisario aidé par l'Algérie au Maroc et à l'armée mauritanienne qui est d'ailleurs chassée du sud du Sahara occidental. En 1991 a été signé un cessez-le-feu aboutissant au contrôle de 80% du territoire par le Maroc et 20% pour le Front Polisario. Le Maroc a construit une “ceinture de sécurité” séparant les deux zones et servant de frontière. Le statut du Sahara occidental n'est toujours pas défini au niveau international et le Front Polisario réclame toujours l'indépendance totale du Sahara occidental. Sur le plan économique, le Maroc est plutôt dynamique et pour certains économistes c’est un pays émergent. 

 La Tunisie: 

-République tunisienne
 -chef de l'état: Kaïs Saïed depuis octobre 2019 
-pop: 11,7 millions + Arabes = 98% + Européens = 1%
 -religions: islam (sunnite) = 99% + christianisme et judaïsme = 1% 
-PIB = 38,7 milliards de $ + par hab = 3287 + IDH= 0,735 (91e) 

 Depuis son indépendance, la Tunisie a été dirigée par Habib Bourguiba jusqu'en 1987 remplacé par Zine Ben Ali (premier ministre de Bourguiba qu'il contraint à la retraite). Jusqu'en 2011, Ben Ali dirige la Tunisie d'une main de fer sans respecter les droits de l'homme. Il est soutenu constamment par la France car il apparaît comme un rempart à l'islamisme. C'est dans ce pays que commence pourtant la contestation en janvier 2011. le mouvement tunisien s'apuyant sur les réseaux sociaux se développent et s'intensifient contraignant Ben Ali à quitter le pouvoir (il n'avait pas le soutien de l'armée) et la Tunisie. Le pays peut désormais amorcer le processus de démocratisation. Un parti islamiste, Ennahda, gagne les élections pour l'Assemblée constituante tout en favorisant l'élection d'un président de gauche: Moncef Marzouki. Mais rapidement un clivage s'opère entre islamises et forces politiques favorables à la laïcité et à la démocratie. En 2013, plusieurs assassinats de personnes de gauche par des militants islamistes conduisent à une situation de crise. Celle-ci est réglée en janvier 2014 par la formation d'un nouveau gouvernement chargé entre autres de préparer les élections de fin d'année. Les élections législatives sont remportées par un parti laïc nouvellement constitué Nidaa Tounes dont le leader est Beji Essebsi. Il n'est pas majoritaire et dans l'obligation de former un gouvernement de coalition. Essebsi gagne la présidentielle de novembre 2014. La Tunisie bien qu'il y ait eu des attentats en mars et juin 2015 paraît être l'état le mieux engagé dans le processus de démocratisation. En 2019 des élections présidentielles ont eu lieu en Tunisie remporté par Kaïs Saïed un conservateur mais aussi des élections législatives avec le parti Ennahda qui est arrivé en première position mais il n’ y a pas de parti majoritaire. 

 La Libye: 

-état de Libye Chef de l’État : Faïez Sarraj 
-pop : 6,8 millions + Arabes et Berbères à 97 % 
 -religions : islam à 97% 
 -PIB: 33 milliards de dollars + par hab = 5020 + IDH = 0,708 en 2018 (145e rang mondial) 

Le pays est toujours dans unee guerre civile avec une déstabilisation possible de la région : est partagée par la Tunisie, l'Algérie ou l'Egypte. En effet, cette guerre a comme conséquence le développement du jihadisme avec le groupe Ansar al Charia affilié à Al Qaïda et surtout une branche de Daech. La déstabilisation de la Libye a eu aussi des conséquences pôur la zone sahélienne et notamment le Mali. Le MNLA (Mouvement pour la libération de l'Azawad) opérant au Nord du Mali s'est renforcé par du matériel militaire en provenance de Libye et par des mercenaires Touaregs de Kadhafi. C'est dans ce cadre que l'Egypte, par son aviation est intervenue pour soutenir le gouvernement et le parlement de Tobrouk. En avril 2019, les forces du maréchal Khalifa Haftar ont lancé une offensive sur Tripoli et le règlement pacifique du conflit en Libye semble désormais compliqué. Les tentatives d'unions régionales Les états du Maghreb ont tenté de se rapprocher. L'Union du Maghreb arabe (UMA) a été créée en 1989 réunissant le Maroc, l'Algérie, la Tunisie, la Mauritanie et la Libye. L'UMA a comme objectifs une plus grande coopération économique et politique. L'UMA ne fonctionne pas efficacement. La rivalité entre le Maroc et l'Algérie est forte (guerre des sables en 1963, aide de l'Algérie au Front Polisario). De plus, la frontière entre les deux pays est fermée depuis 1994. Les échanges économiques entre les membres de l'UMA sont faibles. La guerre en Libye complique la situation de l'UMA.

 L'Egypte: 

-République arabe d'Egypte 
-chef de l'état: Abdel al-Sissi -pop: 100,4 millions 
 -religions: islam (sunnite) = 90% + christianisme = 10% 
-PIB = 302 milliards de $ + par hab = 3047 + IDH = 0,700 (153e) 

 Après le coup d'état ayant conduit le général al-Sissi au pouvoir, l'Egypte tente de se stabiliser. Le régime continue la répression sévère contre les frères musulmans (l'ancien président Morsi a été condamné à mort). Les E-U, après avoir tergiversé ont maintenu leur aide financière à un pays qui est donc toujours un allié des E-U (une aide annuelle de 1,3 milliard de dollars). En janvier 2014, une nouvelle constitution a été adoptée (sachant que le référendum a été boycooté par les Frères musulmans et les révolutionnaires de la place Tahrir). En mai, 2014, al-Sissi a été élu président de la République (96% des voix ?). Des élections législatives doivent être organisées. Sur le plan international un second canal de Suez a été inauguré en août 2014: une inauguration qui a servi de propagande au nouveau régime. L'Egypte est intervenue en Libye pour lutter contre les islamistes et apporter un soutien au gouvernement jugé légitime de Tobrouk. Enfin, l'Egypte est en lutte contre les islamistes dans le désert du Sinaï.

 Arabie saoudite: 

-Royaume d' Arabie saoudite 
 -chef de l'état: Salman al-Saoud (depuis janvier 2015)
 -pop: 27,3 millions 
 -religions: islam dont entre 10 et 15% de chiites 
 -PIB: 779 milliards de dollars + par habitant = 22 865 + IDH = 0,857 (54 e)

 L' Arabie saoudite est un allié traditionnel des E-U depuis 1945 tout en étant un régime particulier car tenu par une famille, la famille ibn Séoud et fondé sur une idéologie religieuse à savoir le wahhabisme. Il faut signaler que des élections municipales doivent avoir lieu à la fin de l'année, élections auxquelles pour la première fois les femmes devraient participer. L' Arabie saoudite mène une politique régionale axée sur une rivalité de plus en plus forte avec l'Iran chiite. Il faut rappeler la présence d'une minorité chiite dans l'Est du royaume ( région de Damman. En mars 2015, l'Arabie saoudite a lancé une intervention militaire au Yémen contre la minorité chiite des Houthis: les Saoudiens voient dans la révolte des Houthis la main de l'Iran. L' Arabie saoudite qui a longtemps financé des mouvements islamistes a pris conscience (à priori) du danger représenté par Daech sachant qu'environ 2500 saoudiens se battent dans les rangs de l'état islamique. Le problème de l'Arabie saoudite est sa proximité avec un rival régional : l'Iran mais aussi d'états en difficultés comme l'Irak et la Syrie. La rivalité entre l’Arabie saoudite et l’Iran est une rivalité de puissances régionales. 

 Bahreïn: 

-Royaume de Bahreîn -chef de l'état : Haman al-Khalifa 
-pop : 1,6 million 
 -religions: islam = 70,3% + hindouisme= 9,8% + bouddhisme = 2,5% ... 
 -PIB: 38,2 milliards de dollars + par hab = 25 273 + IDH = 0,838 (65e) 

 En 2011, le Bahreïn a connu des manifestations importantes qui ont été sévèrement réprimées avec le soutien de l'Arabie saoudite. L'aide saoudienne s'explique par le fait qu'au moins 50% voire un peu plus de la population est chiite: nous sommes toujours dans la même logique d'une crainte des populations chiites et de l'Iran en toile de fond. Cette répression n'empêche pas les Occidentaux de continuer à soutenir la monarchie du Bahreïn. Les E-U ont une base militaire et navale dans la capitale Manama (Ve flotte américaine). En effet, le Bahreïn s'est engagé contre la révolte des Houthis au Yémen et contre Daech: il est vu comme un solide point d'appui dans cette région instable. Le Bahreïn est étroitement lié à l'Arabie saoudite 

Emirats arabes unis :

 -Fédération des Emirats Arabes Unis ( Abu Dhabi, Ajman, Dubaï, Sharjah, Oumm al-Qaïwaîn, Ras- al Khaîmah, Fujairah) 
 -chef d'état: Khalifa bin Zayed al-Nahayan
 -pop: 9,82 millions + Emiratis =11% ... 
 -religions: islam à 96% dont 16 % de chiites = hindouisme et christianisme = 4% -PIB = 405,8 milliards de dollars + par hab = 37 750 + IDH = 0,866 (51e) 

 Les EAU sont la seconde puissance économique du Golfe derrière l'Arabie saoudite. Cette économie a le mérite d'être diversifiée puisque les EAU ont opté pour la finance, le tourisme et récemment par le développement du secteur spatial (en mai, a été annoncé la création du premier centre recherches spatiales du monde arabe avec la volonté de réaliser une expédition sur mars en 2021). Les EAU ont fait le choix d'une forte intégration à la mondialisation. Sur le plan politique, on note des évolutions avec le classement des frères musulmans comme organisation terroriste en 2014. Les Emirats participent à la lutte contre l'état islamique mais aussi contre la révolte des Houthis: ils sont dans la même logique que les Saoudiens avec une rivalité avec le Qatar. 

 Irak: 

-République d'Irak 
-chef d'état: Barham Saleh 
 -pop: 39,3 millions + Arabes = 75% + Kurdes = 25%... 
-religions: islam 97% dont 65% de chiites + christianisme 
-PIB = 224,5 milliards de dollars + par hab = 5738 dollars + IDH = 0,689 (158e)

 L'Irak est un état miné par la guerre civile opposant l'état islamique aux Kurdes et à l'état irakien contrôlé par les chiites. L'état islamique est désormais vaincu mais les djihadistes restent présents dans le pays. Le clivage entre les populations sunnites et chiites est profond. Les milices chiites (entre 60 et 120 000 hommes) jouent un rôle important dans la lutte contre l'état islamique. Ces milices (brigades Badr par exemple) ont l'appui de l'Iran et certains craignent qu'elles finissent par se substituer à l'armée régulière afin d'instaurer à terme une république islamique. Dans ce contexte de guerre, des états comme la Turquie et le Qatar ont des attitudes pas toujours très claires par rapport à Daech. Enfin, il faut préciser que la région autonome kurde joue un rôle majeur dans la lutte contre l'état islamique s'affirmant presque comme un état souverain. L'Irak semble bien en voie d'éclatement.En octobre 2019 d’importantes manifestations ont eu lieu pour dénoncer le régime politique et la corruption mais une forte répression a été exercée par les milices chiites. 

 Iran: 

 -République islamique d'Iran 
 -chef d'état: Ali Khamenei (guide suprême de la révolution) + Hassan Rohani est président de la République 
 -pop: 82,9 millions + Perses = 61% + Azéris = 16% + Kurdes = 10%... 
-religions: islam chiite à 89% + islam sunnite = 9%... 
 -PIB = 458,5milliards de dollars + par hab = 5 506 dollars + IDH = 0,797 (89e) 

 L'Iran avait tenter de mener une politique d'apaisement avec les accords signés à Vienne en juillet 2015 sur le nucléaire sont un signe. Cet accord était vu comme un probable début de nettes améliorations des relations entre l'Iran et les Occidentaux. Les E-U ont joué le jeu de cet apaisement avec Obama: les monarchies du Golfe très hostiles à l'Iran et Israël sont mécontents.L’élection de Trump en 2016 a changé la donne et les relations entre l’Iran et les E.-U. Se sont dégradées à nouveau. La rivalité entre l'Iran et l'Arabie saoudite est un des éléments clés pour comprendre le situation régionale: il s'agit d'une lutte entre des puissances régionales et pas seulement d'une rivalité religieuse. L'Iran soutient la révolte des Houthis au Yémen, Bachar al- Assad et le régime syrien et entretient toujours des rapports avec le Hezbollah libanais. 

 Israël: 

-état d'Israël
-chef d'état: Reuven Rivlin (depuis juillet 2014) + 1er ministre Benyamin Netanyahou 
 -pop: 8,5 millions
 -religions: judaïsme 75% + islam = 17,4% + christianisme = 2% + druzes = 1,6% 
-PIB = 387,7 milliards de dollars + par hab = 42 823 + IDH =0,906 (35e) 

 Les élections législatives de mars 2015 ont conduit à la formation d'une coalition avec le parti du Likoud comme pivot ce qui a permis à Benyamin Netanyahou d'être encore premier ministre (depuis 2009). Il avait formé un gouvernement très à droite et composé notamment d'ultras peu décidés à négocier avec les Palestiniens. Des élections ont eu lieu en mars 2020 avec le parti de Netanyahou qui est arrivé en tête. Israël est toujours confronté au problème palestinien, un problème qui n’est toujours pas réglé. Israël a l’appui des Etats-Unis et notamment de Trump qui a reconnu Jérusalem comme capitale d’Israël. Les affrontements récurrents sont révélateurs de problèmes non réglés à savoir la situation de la Cisjordanie, la poursuite de la colonisation juive... Ces dernières semaines, Israël a négocié et conclu un accord avec les Emirats Arabes Unis ce qui est une nouveauté dans la région. Les Palestiniens se sentent de plus en plus isolés y compris dans le monde arabe 

 Jordanie: 

 -royaume hachémite de Jordanie 
-chef d' état : Abdallah II (depuis 1999)
 -pop : 10,14 millions d'habitants + Arabes = 98% 
-religions: islam sunnite = 92% + christianisme = 6% ... 
-PIB = 44,2 milliards de dollars + par hab = 4387 + IDH = 0,723 (135e) 

 Le royaume de Jordanie est probablement le plus stable de la région. Il a signé des accords de paix avec Israël en 1994 et appartient à la coalition luttant contre l'état islamique bien que 2000 jordaniens soient dans les rangs de Daech. La Jordanie, et c'est une source d'inquiétude, accueille de nombreux réfugiés syriens notamment: 660 000 environ. La Jordanie subit en fait les effets des conflits en Syrie et en Irak 

 Koweït: 

-état du Koweït 
 -chef d'état : Sabahal-Jabar-al Saber 
-pop: 4,2 millions + Koweïtiens = 31% 
-religions: islam = 76,7% dont islam chhite = 30% 
 -PIB = 137,6 milliards de dollars + par hab = 29 267 dollars + IDH = 0,814 (46e)

Dans une région très déstabilisée, le Koweït a fait le choix des autres pétromonarchies comme l'Arabie saoudite ou les EAU. Le Koweït soutient le régime égyptien du général al-Sissi, participe à la coalition contre l'état islamique, appuie l'Arabie saoudite dans sa lutte contre les Houthis. Il est aussi dans la coalition avec les EAU et l’Arabie saoudite s’opposant à la politique conduite par le Qatar. 

 Liban: 

-République libanaise
-chef d'état: Michel Aoun -pop: 6,9 millions + Arabes = 95 % + Arméniens = 4% 
-religions: islam 54% dont 27 % de chiites + christianisme = 40% 
-PIB = 58,6 milliards + par hab = 17 900 + IDH = 0,730 (126e) 

 Politiquement, la situation du Liban est depuis quelques mois difficile avec de nombreuses manifestations d’une population mécontente qui dénonce la corruption et l’incapacité des hommes politiques : on peut parler d’un soulèvement « dégagiste » d’une population exaspérée par sa classe politique. Le Liban est impacté par la guerre en Syrie avec au moins un million de réfugiés pour un pays de 4 millions d'habitants. La crainte des Libanais est que les conflits externes ne finissent pas trop peser sur la situation du pays. 

 Oman: 

-Sultanat d'Oman 
 -chef d'état : Sultan Qabous (depuis 1970)
 -pop = 4,7 millions + Arabes = 75% + Baloutches = 7% 
-PIB = 76,6 milliards + par hab = 17 791 + IDH = 0,834 (67e) 

 Le sultanat subit la baisse des cours du pétrole: une rente qui fournit 80% de ses revenus. Le sultanat dans un contexte régional tendu s'efforce de mener une politique de neutralité. Les omanais craignent notamment une extension du conflit au Yémen et ne participe donc pas à la lutte contre les Houthis. Le sultanat a noué des relations avec l'Iran afin de faire contrepoids à l'influence saoudienne. C’est un pays globalement stable de la région qui s’est notamment ouvert au tourisme. 


 Qatar: 

-état du Qatar -chef d'état: Tamin Hamad al-Thani 
-pop: 2,8 millions + Qataris = 9,2% 
 -PIB = 191,8 milliards de dollars + par hab = 69 688 + IDH = 0,848 (59e) 

Le Qatar est un état particulièrement riche aux investissements multiples. Par contre, au niveau politique, le Qatar adopte des attitudes pas toujours appréciées. Cet état a constamment appuyé les Frères musulmans ce qui l'oppose à l'Arabie saoudite avec qui les relations ne sont pas bonnes (il en est de même avec les EAU). Les liens entre le Qatar et des mouvements islamistes sont avérés: il n' a d'ailleurs pas rejoint la coalition contre Daech. L'image du Qatar ne cesse de se dégrader et pas seulement en raison des liens avec des mouvements islamistes. La corruption en vue de l' obtention de la coupe du monde de 2022 ou encore le non respect des droits de l'homme sont d'autres éléments de cette image dégradée. 

 Syrie: 

 -République arabe syrienne 
-chef d'état: Bachar al -Assad 
 -pop: 22,4 millions + Arabes= 82% + Kurdes = 15%... 
-PIB = non communiqué en 2019 + idem + IDH = 0,658 (111e)

 La Syrie est dans une situation très difficile après près de 4 ans de conflit. Le territoire est morcelé entre l'état islamique, le pouvoir central de Bachar al-Assad, l'armée syrienne libre ou encore Al-Nosra. L'état islamique a été vaincu avec la fin du califat de Daech. L'Iran et le Hezbollah apportent une aide y compris en hommes au régime de Bachar al-Assad. Les occidentaux dont la France et les E-U apportent quant à eux une aide à l'armée syrienne libre. La Russie est un intervenant de plus en plus important aux côtés de Bachar al-Assad également. La guerre en Syrie produit des milliers de réfugiés et déplacés: 4 millions de réfugiés et 7,6 millions de déplacés selon l'ONU. Cette guerre est responsable de la mort d'au moins 220 000 personnes et 900 000 blessés. 

 Territoires palestiniens:

 -Autorité palestinienne 
-chef d'état: Mahmoud Abbas 
-pop: 5,1 millions 
 -religions: islam = 75% + christianisme = 8%... 
 -PIB = 14,6 milliards de dollars en 2018 + par hab = 3199 + IDH = 0,690 (157e)

 La situation dans les territoires palestiniens est toujours difficile tant au niveau politique qu'économique. La bande de Gaza ne s'est pas toujours remise des bombardements israéliens de 2014 surtout qu'elle subit toujours le verrouillage de son territoire. La Cisjordanie n'est pas dans une situation économique bien meilleure avec en plus la poursuite de la colonisation israélienne. Certes, l'autorité palestinienne est reconnue par l'UNESCO et depuis le 1er avril 2015 la cour pénale internationale mais cela ne modifie pas le sort des territoires palestiniens.Enfin, les tensions entre le Hamas très présent à Gaza et l'OLP demeurent. 

 Turquie: 

-République de Turquie 
-chef d'état: Recep Erdogan 
 -pop: 83,4 millions + Turcs = 75% + Kurdes = 18%...
 -religions: islam à 99,8% dont 80% de sunnites et 20 % d'alévis
 -PIB= 743,7 milliards de dollars + par hab= 8958 + IDH = 0,759 (69e) 

 Les élections législatives de juin 2015 avaient marqué un recul de l'AKP du président Erdogan: ce dernier est donc contesté. Un parti progresse: le HDP (parti démocratique des peuples, un parti Kurde. Les régions kurdes de Turquie sont de plus en plus mécontentes et le PKK a repris sa lutte contre l'état. La politique étrangère d'Erdogan était également contestée notamment par rapport à l'état islamique. La Turquie bombarde régulièrement les zones kurdes d'Irak et a dans le viseur la partie Kurde de Syrie. Les relations avec l'Egypte, Israël, la France mais aussi l'allié américain se sont dégradées à telle enseigne que la Turquie semble de plus en plus isolée tout en étant toujours membre de l‘OTAN. 

 Yémen: 


-République du Yémen
 -chef d'état: Abd Mansour Hadi
-pop: 26 millions 
 -religions: islam sunnite = 70% + islam chiite = 30% 
 -PIB= 29,9 milliards de dollars + par hab= 943 + IDH = 0,463 (200e) 

 Le Yémen depuis 2012 semblait être entré dans une période de transition avec notamment le départ d'Ali Saleh du pouvoir. Or, le pays est actuellement en guerre: un conflit opposant les rebelles chiites Houthis au pouvoir central soutenu par l' Arabie saoudite. Les Houthis, à l'origine, souhaitaient un meilleur partage du pouvoir: ils se considèrent comme mis à l'écart du pouvoir voire de la société. Les Houthis sont appuyés par l'Iran et de fait le Yémen est en passe de devenir un terrain d'affrontement entre ces deux puissances régionales que sont l'Iran et l'Arabie saoudite. Ce pays est dans une situation politique et économique désastreuse.
Recherche