Chapitre 3: Le monde en 1945

Introduction

L'armistice du 8 mai 1945 signe la fin de la guerre en Europe. En Asie, le conflit prend fin début septembre(le 2 septembre) avec la capitulation du Japon : la seconde guerre mondiale est enfin terminée. Les conséquences de ce conflit tant sur les plans politiques, géopolitiques qu'économiques sont immenses : le monde est réellement bouleversé et s'apprête à entrer dans une nouvelle ère.
Berlin en 1945

1/ Un bilan désastreux et une géopolitique mondiale profondément reconfigurée


Le bilan du conflit est désastreux à plusieurs niveaux : des pertes humaines hors normes, de destructions matérielles sans commune mesure avec les guerres précédentes sans oublier un lourd bilan moral qui affecte les esprits voire les comportements. 

 A/ Des destructions phénoménales et sans équivalent 

 La Seconde guerre mondiale a provoqué des destructions sans équivalent : l'Europe, le Japon, la Chine ont subi des destructions matérielles, des pertes humaines de grande ampleur. 

a/ Un bilan humain catastrophique 

 Le bilan humain est tout simplement désastreux avec des pertes civiles qui excèdent les pertes militaires : le bilan global s'élève à au moins 50 millions de morts voire à 60 si on ajoute les décès provoqués par les difficultés de l'immédiat après-guerre (famine, maladies...) 

 -des pertes militaires sans précédent 

  •  Les pertes militaires sont néanmoins considérables s'expliquant par les logiques d'anéantissement de l'adversaire, les technologies utilisées. 
  • Une bataille comme Stalingrad se solde par la mort de 750 000 soldats Soviétiques et Allemands. 
  • Les pertes militaires soviétiques s'élèvent à au moins 9 millions de morts (dont plus de 3 millions de prisonniers de guerre éliminés par les Nazis), les pertes allemandes à près de 4 millions... Au total, les pertes militaires s'élèvent à près de 20 millions de morts (18 millions selon des estimations récentes). 
  • Plus de 50 % des décès militaires sont soviétiques et environ 30 % concerne l’Allemagne : ces deux pays, c’est à eux seuls environ 80 % des militaires tués lors des affrontements. 

 -et des pertes civiles uniques dans l'histoire de l'humanité 

  •  Mais les pertes civiles sont encore plus considérables : 60% des victimes de la seconde guerre mondiale sont des civils. On estime désormais à plus de 42 millions le nombre de victimes civiles de cette guerre. Ces pertes s'élèvent à au moins 13 millions pour l'URSS, 5,5 millions pour la Pologne la 3,5 pour l'Allemagne... 
  • La Yougoslavie a perdu 10% de sa population. 
  • La seule politique d'extermination des Juifs et des Tziganes a coûté la vie à 6 millions d'individus. 
  • Ces pertes s'expliquent également par des logiques d'anéantissement : les civils sont des cibles de guerre. Au niveau des civils, il faut ajouter le nombre important de personnes déplacées : plus de 30 millions. Parmi ces déplacés, les Allemands fuyant l'avancée de l'armée soviétique, les populations ciblées par Staline et déportés à l’Est de l’URSS (Tatars, Tchétchènes ...) accusées de collaboration avec l'Allemagne sans oublier les déplacements liés aux modifications territoriales ou au retour aux frontières antérieures au conflit (les Allemands des Sudètes sont chassés lorsque la Tchécoslovaquie retrouve son Etat et son territoire). 

 b/ Un bilan matériel et économique désastreux 

 Le bilan matériel et économique est catastrophique pour de nombreux pays. La durée du conflit et les méthodes utilisées ne pouvaient aboutir qu'à ce type de conséquences. 

-des pays en ruines et à reconstruire 

  •  Certains pays ont subi des destructions massives. C'est le cas de l'URSS dans sa partie occidentale : plus de 70 000 villages et 1700 villes ont été détruits totalement ou en grande partie ainsi que 32 000 usines et 64 000 kms de voies ferrées. Ses infrastructures de communication sont donc hors d'usage tout comme une partie de son potentiel industriel. 
  • Il en est de même pour la Pologne (80% de ses infrastructures et de son industrie sont détruites), l'Allemagne, le Japon et la France.
  • Des villes entières sont détruites : Dresde, Hambourg, Berlin (75 % des immeubles sont inhabitables à la sortie du conflit, Düsseldorf, Hiroshima, Nagasaki, Le Havre, Caen en sont des exemples. Aux Pays-Bas près de 220 000 hectares de terres sont inondées et 60% des voies ferrées sont détruites 

 -des économies en très grandes difficultés : de la pénurie au rationnement 

  •  Les économies sont bien entendu en grandes difficultés et de nombreux pays souffrent de la pénurie en particulier alimentaire : pénurie se traduisant par le rationnement. 
  • En 1945, les habitants de Vienne en Autriche disposait de 800 calories par jour en moyenne ; en décembre 1945 à Budapest cette ration était de 556... 
  • La pénurie avait des conséquences terribles ; faim, maladies... 
  • En décembre 1945, en Allemagne dans la zone de Berlin occupée par les Britanniques la mortalité infantile (enfants de moins de un an) était de un sur quatre. 
  • Dans plusieurs pays européens, au Japon, en Chine... se posaient donc des problèmes d'alimentation, de soins... : difficultés renforcées par le problème des réfugiés et personnes déplacées. 
  • Il faut ajouter une baisse de la production industrielle de 50% en Europe, de 30% de la production agricole en Europe occidentale (plus en Europe centrale et orientale) ; des dettes publiques élevées, une hausse des prix ( 132% en Angleterre, 250% en Italie...) : une inflation qui pénalise également les monnaies nationales... 
  • Pour les Etats directement concernés pare le conflit, il s'agit d'un effondrement économique. Ainsi au niveau des dettes, les Etats-Unis avaient prêté plus de4 ,3 milliards de $ au Royaume-Uni En 1947, les niveaux de production restent généralement inférieurs aux niveaux d’avant-guerre : le déficit de main d’oeuvre, une productivité insuffisante, les nombreuses infrastructures détruites expliquent les difficultés à retrouver rapidement les niveaux d’avant-guerre. 

c/ Un sombre bilan moral 

 Difficultés multiples et difficultés morales : la seconde guerre mondiale a généré des atrocités qui ont laissé des traces indélébiles. 

 -des massacres de civils à la Shoah : une humanité fondamentalement meurtrie 

  •  L'humanité est meurtrie : meurtrie par des massacres de masse de civils ( Oradour sur Glane, Marzabotto en sont deux exemples parmi tant d'autres en Europe de l'Ouest), des massacres particulièrement importants ont eu lieu en Pologne et en URSS où ils faisaient partie d'une stratégie volontaire des Allemands. Meurtrie également par l'extermination massive des Juifs (la Shoah) et des Tziganes : une extermination industrielle et rationnelle. Rarement dans l'Histoire, la vie des hommes n'avaient eu si peu de prix. 

-les bombes atomiques ou la prise de conscience de la capacité d'autodestruction de l'humanité 

  • La crise morale, c'est aussi l'utilisation des bombes atomiques sur Hiroshima et Nagasaki : des bombes mises au point par des équipes de chercheurs de haut niveau. Pour la première fois, l'homme prend conscience qu'il a une capacité unique des destruction, la capacité de détruire son monde. Dès lors des philosophes s'interrogent : comment penser le Monde après Auschwitz et Hiroshima ? (Gunther Anders, Hans Jonas...). 

 B/ Une géopolitique mondiale profondément transformée 

 La Seconde guerre mondiale transforme fondamentalement le monde bouleversant les équilibres géopolitiques antérieurs : l'Europe est bien « morte », deux puissances s'imposent... 

a/ Deux grands vainqueurs pour deux hégémonies qui s'annoncent 

 Les E.-U et l'URSS sont les deux grands vainqueurs de la seconde guerre mondiale : ils se retrouvent en position dominante. 

 -des E.-U en position de force exceptionnelle 

  •  Ce sont les E-U qui sortent gagnant d'un conflit qui n'a pas eu de conséquences directes sur le territoire, un territoire épargné par les destructions matérielles à l'inverse de nombreux états européens ou du Japon. 
  • Ils ont une puissance exceptionnelle sur tous les plans : politique, économique, financier. En 1945, les E.-U représentent 50% du PNB mondial, ils disposent des 2/3 des réserves d'or, le dollar est devenue la monnaie de référence, le commerce est nettement excédentaire (25% des exportations mondiales) et leur flotte marchande représente 70% de la flotte mondiale : eux seuls ont la capacité de financer la nécessaire reconstruction. 
  • Politiquement et militairement, ils sont également dans une position dominante unique : en 1945, ils possèdent seuls l'arme atomique, ont été capables de se battre sur deux fronts : dans le Pacifique et en Europe et ils ont même fourni en équipements militaires les Soviétiques pendant le conflit. Ils sont de ce fait en capacité de déterminer et régir, au moins en partie, les relations internationales. 

-l'URSS, une puissance devenue incontournable 

  •  L'autre puissance tirant profit de la victoire est l'URSS mais pas pour les mêmes raisons que les E.-U. L'URSS a libéré une partie notable de l'Europe (Europe orientale et centrale) que son armée occupe. Elle bénéficie de par sa lutte intense contre les nazis d'un grand prestige y compris en Europe de l'Ouest. Elle est un acteur incontournable des relations internationales et des négociations en cours ou à venir. Elle peut aussi s’appuyer sur une armée de qualité et habituée aux combats. 

b/ L' Europe : une seconde mort ? 

 Par contre, cette guerre « achève » une Europe déjà affaiblie par la Première guerre mondiale. Les puissances européennes d'avant guerre n'ont plus les moyens d'assumer le statut de puissance.

-des puissances très affaiblies : Royaume-Uni et France 

  •  Le Royaume-Uni a joué un rôle important dans la guerre : son insularité ainsi que le courage des troupes britanniques ont empêché son invasion et les îles britanniques n'ont pas subi d'occupation humiliante. Cependant, ils doivent beaucoup à l'aide américaine d'où une dette à la fois morale et financière à l'égard des E-U. 
  • L'endettement est important supérieur à 3,5 milliards de dollars et la situation économique difficile. 
  • Politiquement, le Royaume-Uni, certes présent dans les grandes conférences (Yalta, Potsdam...) n'est pas en mesure d'imposer ses vues et les failles de son Empire colonial s'élargissent comme en Inde où la contestation de la domination britannique n' jamais été aussi forte. Quant à la France, sa situation n'est pas meilleure. 
  • Economiquement et financièrement, la situation est délicate en particulier dans les zones les plus touchées par la guerre (Nord de la France...). 
  • Politiquement, la France doit son salut aux Etats-Unis : elle n'a jamais été en mesure de se libérer seule de l'occupation nazie. 
  • Cette occupation et la collaboration du régime de Vichy avec l'Allemagne nazie laissent de profondes séquelles : celles d' une France divisée avec un régime ayant collaboré avec l'Allemagne et une Résistance minoritaire, une France où l'épuration qu'elle soit légale ou « sauvage » est source de clivages. Au niveau international, la France du gouvernement provisoire du général de Gaulle est encore moins en mesure que les Britanniques d'imposer ses vues. 
  • Enfin, dès 1945, son Empire colonial vacille : le 8 mai 1945, une vaste répression a lieu en Algérie suite aux événements de Guelma et Sétif, Hô Chi Minh proclame l'indépendance du Vietnam le 2 septembre... Que ce soit pour la France ou le Royaume-Uni, les nationalistes des Empires coloniaux ont conscience des faiblesses des métropoles qu'ils comptent exploiter. 

-des puissances « mortes » : Allemagne et Italie année zéro 

  •  Pour l'Allemagne, 1945 est véritablement une année zéro : la puissance allemande est annihilée. Nous ne reviendrons pas sur la situation matérielle et économique afin d'insister sur la situation politique. 
  • La défaite et les conférences de Yalta et Potsdam ont conduit à l'occupation de l'Allemagne par les quatre vainqueurs que sont les E-U, l'URSS, le Royaume-Uni et la France. L' Allemagne en plus d'être occupée est divisée en 4 zones d'occupation : une zone soviétique correspondant à la partie Est de l'Allemagne, une zone britannique correspondant au Nord du pays, une zone américaine plutôt au Sud (Bavière...) et une zone française à l'Ouest. Berlin, l'ancienne capitale du Reich est elle-même divisée en quatre. L'Allemagne a perdu sa souveraineté : elle est gérée par les occupants et notamment un conseil interallié. Ces occupants ont fixé des lignes directrices : démilitarisation, dénazification, démocratisation, décartellisation. 
  • De plus, ses frontières ont été modifiées (fixation de ses frontières orientales sur la ligne Oder-Neisse) entraînant des pertes territoriales. 
  • Enfin, les criminels de guerre nazis sont appelés à être jugés notamment à Nuremberg : le procès de Nuremberg s'ouvre le 20 novembre 1945. La situation italienne est quelque peu différente au niveau politique. 
  • L' Italie de Mussolini était certes alliée à l'Allemagne mais avait changé de camp en septembre 1943 (Mussolini est renversé en juillet 43) avec le maréchal Badoglio : ce changement fut profitable à l'Italie qui n'était pas perçue comme l'Allemagne. 
  • A partir de ce moment, l'Italie est considéré comme « co-belligérant » par les alliés. Le processus d'épuration ne concerne pas l'ensemble des fascistes (ils étaient trop nombreux y compris dans le gouvernement de Badoglio de septembre 43) mais seulement les fascistes ayant poursuivi la collaboration avec les nazis après septembre 43 (gouvernement de la République Salo). Assez rapidement, l'Italie se transforme en pays allié mais les rêves d'un retour à la grandeur initiés par Mussolini sont à jamais oubliés. 

-une Europe territorialement et politiquement transformée 

  •  En 1945, nous sommes en présence d'une nouvelle carte de l'Europe. C'est l'Europe orientale et centrale qui est la zone la plus bouleversée.
  • L'URSS s'agrandit en annexant tous les territoires qu'elle avait acquis entre 1939-1941 : Lituanie, Lettonie, Estonie, Carélie finlandaise. Elle s'empare de deux régions appartenant à la Roumanie : la Bessarabie et la Bukovine sans oublier la partie Est de la Pologne, le nord de la Prusse orientale (la ville de Koenigsberg devient Kaliningrad). 
  • La Pologne « glisse » vers l'Ouest obtenant en compensation une partie de la Prusse orientale, la Haute-Silésie au détriment de l' Allemagne. 

 c/ Un monde en voie de transformations importantes 

 Mais ce n'est pas uniquement l'Europe qui connaît des modifications importantes : l'Asie est également concernée ainsi que les pays colonisés. 

 -Une Asie reconfigurée : un Japon vaincu, une Chine qui entre en guerre civile 

  •  Le Japon a capitulé le 2 septembre et se trouve dans une situation assez comparable à l'Allemagne : un lourd bilan démographique (environ 2 millions de victimes) et économique (2 500 000 logements détruits, la ville de Tokyo est détruite à 60%...) et une inexistence politique. En effet, le Japon est occupé par les troupes américaines et géré par l'armée par le biais du SCAP (Supreme Commander for the Allied Powers) avec à sa tête le général Mac Arthur. 
  • Les Américains prennent des décisions importantes : démantèlement des usines d'armement, dissolution des grands groupes industriels (Les zaïbatsu)... 
  • Un tribunal est crée afin de juger les criminels de guerre nippons, les administrations sont progressivement épurées, la noblesse est supprimée, le Shinto n'est plus religion d'état... 
  • Les Américains imposent en 1946 une Constitution avec de nouvelles institutions. 
  • Le rêve impérial japonais est lui aussi bien mort. Enfin, le Japon perd toutes ses conquêtes des années 1930-45. L'URSS annexe les îles Kouriles, le sud de l'île de Sakhaline ainsi que Port-Arthur La Chine bénéficie d'avoir lutté contre le Japon : elle intègre d'ailleurs le tout récent conseil de sécurité de l'ONU en compagnie des E.-U, de l'URSS, du Royaume-uni et de la France ce qui est une manière de lui reconnaître un statut de puissance. Elle retrouve les territoires perdus que sont la Mandchourie et Formose (Taïwan). 
  • Mais la situation en Chine est tendue : quand la guerre se termine, deux forces sont à nouveau en présence : les nationalistes de Tchang Kaï-chek soutenus par les E.-U et les communistes de Mao. Certes, ils ont signé en octobre 45 un accord (les accords de Chongqing) mais ils entrent tout de même en conflit : la guerre civile reprend. 

-un système colonial de plus en plus contesté :le processus d'enclenchement des indépendances ? 

  •  A la sortie de la guerre, les fêlures coloniales, déjà apparues dans les années 30 voire un peu avant, s 'accroissent. Pendant la guerre, la volonté d'indépendance est activée comme en Irak, Syrie, en Tunisie ou au Maroc. 
  • L'un des cas les plus patents est le cas de L' Inde. 
  • Pendant le conflit, le parti du Congrès de Nehru s'est prononcé contre l'engagement dans la guerre. Ce parti ne se satisfait pas d'une éventuelle autonomie : il a pour objectif l'indépendance. 
  • En août 1942, le parti du Congrès avait émis la résolution « Quit India » : tout est dit. Or, durant le conflit, celle-ci est inenvisageable pour Churchill. 
  • En 1945, la volonté d'indépendance est plus forte que jamais alors que les dissensions entre les communautés Hindoues et Musulmanes sont de plus en plus patentes. 
  • Avec l'arrivée des travaillistes au pouvoir en Angleterre, les choses vont changer assez rapidement. 
  • Autre exemple : l'Indochine. En 1930, Hô Chi Minh avait crée le parti communiste indochinois revendiquant l'indépendance. 
  • Lorsque le Japon capitule, le Vietminh instaure un gouvernement provisoire et proclame l'indépendance en septembre. Globalement, la fin de la guerre permet aux mouvements nationalistes d'affirmer encore davantage leurs revendications : des revendications que les puissances coloniales pourtant affaiblies ne vont pas satisfaire au moins dans l'immédiat.
Conférence ONU

2/ La tentative d'organiser un monde nouveau


A la fin de la guerre, les vainqueurs ont la volonté de réorganiser le monde à la fois politiquement et économiquement : c'est très vrai pour les E.-U qui pensent qu'il est réellement possible de construire un monde nouveau fondés sur des principes démocratiques et de libre marché, des principes que de nouvelles institutions vont pouvoir appliquer. 
La fin de la guerre doit rendre possible un nouvel ordre politique et économique. Le temps de l'isolationnisme des E.-U et de l'URSS semblent révolus ainsi que le temps où l'Europe déterminait les choix politiques et économiques mondiaux. 

 A/ L'affirmation de nouveaux principes : des vœux pieux ? 

 Parmi l'affirmation de nouveaux principes, les E.-U souhaitent des principes économiques basés sur la coopération, la libre circulation des marchandises et la libre concurrence soit les principes du système capitaliste et libéral. 

a/ Des principes de coopération économiques affirmés dans la cadre d'un nouvel ordre économique 

Le contexte de 1945 paraît favorable à l'instauration de principes de coopération économique dans la perspective de reconstruire et de relancer la croissance économique. 

 -le rôle clé des E.-U ou la volonté d'un monde libéral 

  •  Dans cette perspective, les E.-U vont jouer un rôle clé. Les dirigeants américains pensent que la paix mondiale est possible dans un cadre de prospérité économique. 
  • Il en est de même pour eux de la démocratie : celle-ci est viable dans des économies prospères.
  •  Les E.-U savent pertinemment qu'ils ont intérêt à une économie ouverte : ils dominent les échanges mondiaux et une économie ouverte ne peut apporter que des débouchés supplémentaires. 
  • Dès lors, les E.-U vont tout mettre en œuvre, et ce alors même que la guerre n'est pas terminée, pour instaurer de nouvelles bases et une nouvelles organisation de l'économie mondiale. 

-la conférence de Bretton Woods : une étape importante dans la réorganisation économique 

  • La conférence de Bretton Woods qui s'ouvre en juillet 1944 est une étape fondamentale dans les projets américains. 44 pays (45 avec l'URSS qui bénéficie d'un statut d'observateur) participent à cette conférence dont les objectifs sont après la guerre de relancer les échanges en ouvrant davantage le commerce tout en ayant un système monétaire stable. 
  • Ces accords mettent en place un système de changes fixes et font du dollar la nouvelle monnaie internationale : un système monétaire international (SMI) doit donc fonctionner une fois la guerre terminée. 
  • Le retour à la paix doit favoriser la convertibilité des monnaies et le dollar sera convertible en or. 
  • Ces mesures sont destinées à favoriser les échanges et d' éviter les problèmes d'avant guerre comme les dévaluations qui perturbent une concurrence saine et loyale. 
  • Ils prévoient aussi de nouvelles institutions économiques ce que nous verrons ultérieurement. 

b/ La refondation politique du monde : quelle réalité ? 

 A la volonté d'un nouvel ordre économique se greffe la volonté d'un nouvel ordre politique : ce dernier est déjà esquissé pendant la guerre. 

-l'affirmation de principes forts : de la charte de l'Atlantique (1941) à la conférence de San Francisco (juin 45)... 

  •  La première étape de la réorganisation politique du monde est la charte de l'Atlantique d'août 1941. Elle est le résultat d'une rencontre entre Roosevelt et Churchill entre le 9 et le 12 août 41. 
  • Cette charte affirme la nécessité des principes démocratiques pour fonder les relations internationales. Elle pose plusieurs fondements : la liberté des peuples à choisir la forme de gouvernement qu'il souhaite, la non modification des frontières sans l'accord des Etats concernés, la liberté des mers et océans... Est évoqué un « système permanent de sécurité général » et un désarmement. 
  • La charte esquisse, en théorie, les contours de ce que doit être le monde après la guerre. La conférence de Yalta du 4 février au 11 février 1945 réunissant Roosevelt, Staline et Churchill hormis la partition de l'Allemagne ou la fixation des frontières de la Pologne a aussi pour objet la création d'une organisation internationale et la préparation de la conférence de San Francisco devant se tenir en juin 45. 
  • A l'issue de celle ci, une charte est créée fondant l'Organisation des Nations unies. La charte est signée par 51 Etats (le 26 juin) : l'Allemagne et le Japon ne sont pas bien sûr signataires. La naissance de l'ONU marque cette volonté de bâtir un monde nouveau. 

 -...se heurtant à des idéologies divergentes et concurrentes 

  •  La volonté de construire un monde nouveau est réelle mais elle est faussée dès ses premiers pas. En effet, certains en ont pleinement conscience comme Churchill, les deux grands vainqueurs ont deux idéologies très différentes et leurs objectifs ne sont pas identiques. 
  • Si les Américains veulent un monde nouveau, c'est un monde calqué sur les principes auxquels ils tiennent et adhèrent. Or les Soviétiques n'ont pas les mêmes principes. 
  • Dès 1945, Staline a la volonté de faire de l'Europe orientale et centrale libérée par l'armée rouge un glacis protecteur : il est hors de question pour lui de respecter les principes de la charte de l'Atlantique ou de San Francisco.
  • Les pays d'Europe de l'est ne pourront choisir leur système politique et les frontières telles qu'elles sont établies en 1945 ne respecte pas le principe énoncé lors de la rencontre Roosevelt-Churchill en 41. La dichotomie est forte entre des objectifs et principes que l'on se fixe et la realpolitik. 

B/ La mise en place de nouvelles organisations internationales et d'un nouveau modèle économique et social 

Bien qu'il y ait des écarts entre les principes et leur mise en œuvre ou entre la volonté des uns et celle des autres, de nouvelles organisations naissent en 1945 : des organisations qui demeurent. 

a/ ONU, FMI, Banque mondiale : de nouvelles structures pour de nouvelles politiques 

 -l'ONU : vers un monde pacifié ? 

  •  L'ONU créée par la charte de San Francisco dont le siège est à New York a été conçue pour être plus efficace que la défunte SDN. Elle est organisée autour de deux organes majeurs : l'Assemblée générale où tous les états membres sont représentés et disposent d'une voix et le Conseil de sécurité comprenant 11 membres (15 actuellement et depuis 1965) dont 5 membres permanents : E-U, URSS, France, Royaume-Uni et Chine disposant du droit de veto. 
  • Les objectifs de l'ONU sont d'assurer et de maintenir « la paix et la sécurité internationale », de promouvoir la coopération internationale dans tous les domaines (économique, culturel...). 
  • Par rapport à cette dernière, elle dispose de plus de moyens théoriques : le recours à la force est interdit sauf légitime défense, des moyens et instruments de riposte sont prévus en cas d'éventuelle agression comme le recours à des sanctions (embargo...) voire à des opérations militaires. 
  • L'ONU en plus de son rôle politique a des rôles économiques et sociaux qu'elle peut mettre en application par des institutions comme l' OIT(organisation internationale du travail), l'OMS (Organisation mondiale de la santé), UNESCO (Organisation des Nations Unies pour l'éducation, la science et la culture), le Conseil économique et social ou encore l' UNRRA (Administration des Nations unies pour le secours et la reconstruction) dont le but en 1945 est d'aider les réfugiés européens (actuellement il existe un Haut-commissariat aux réfugiés). Il faut préciser que le FMI ou la Banque internationale pour la reconstruction et le développement (BIRD) sont rattachés à l'ONU. 

-FMI, Banque mondiale... : des organisations économiques pour relancer et stabiliser l'économie mondiale

  •  Afin d'atteindre les objectifs fixés à Bretton Woods, des organisations sont créées notamment le Fonds monétaire international qui doit veiller aux règles fixées et qui garantit la stabilité monétaire. Le FMI veille à ce que les monnaies ne fluctuent pas trop. 
  • Les pays membres du FMI lui versent un quota (les « quote- parts ») en fonction de leur puissance économique et en contrepartie ils peuvent obtenir des aides. 
  • Le FMI a la possibilité d'autoriser des dévaluations, peut aider les pays en difficultés... Un peu plus tard, la Banque internationale pour la reconstruction et le développement est créée (en 46) : elle est devenue la Banque mondiale.
  •  A Bretton Woods avait été envisagée la création d'une organisation mondiale du commerce qui ne voit pas le jour (le Sénat américain s'y est opposé). 

b/ Vers l'affirmation d'un nouveau modèle économique et social en Europe 

 L'après guerre est une rupture économique car dès 45/46 un nouveau modèle économique et social apparaît. 

-Rapport Beveridge, programme du CNR... : l'annonce d'un nouveau modèle de société ? 

  • Ainsi, en Angleterre, dès 1942 les rapports Beveridge mettent l'accent sur la nécessité de développer des garanties et services sociaux afin de limiter les injustices sociales anticipant le Welfare State. Commandé par Churchill, ce dernier et le parti conservateur au pouvoir n'ont pas mis en application les préconisations de Beveridge. Parmi ces préconisations, Beveridge souhaitait un service national de santé, des allocations familiales.
  •  En France, le programme du Conseil national de la Résistance envisage le même type de démarche impliquant un rôle accru de l'Etat en matière sociale : il faut bâtir une « démocratie économique et sociale ». 

-Des Etats plus interventionnistes : la mise en place de l'état providence (Welfare State) 

  • L'année 45 amorce le développement de l'Etat-providence. En 1945, la Sécurité sociale est créée en France : elle est un des symboles de l'Etat -providence à la française. De même le Royaume6uni adopte un système de santé fondé sur la gratuité. 
  • De façon plus générale, l'Etat est amené à intervenir davantage. Il intervient au niveau de la protection sociale et aussi dans l'économie comme Etat planificateur, aménageur et producteur. 
  • La France lance dès 1946 un premier élaboré en 45 et une série de secteurs et d'entreprises sont nationalisés (secteur de l'énergie, des banques...). Il s'agit pour l'Etat de se donner les moyens de la reconstruction 

 c/ Les autres mondes entre 1900 et 1945 

 -Une Asie longtemps dominée qui tend progressivement à s'émanciper 

  •  La Chine de l'Empire à la République Depuis 1842, l'Empire chinois est dominé par les puissances occidentales. Suite aux guerres de l'opium et au traité de nankin de 1842, les Britanniques ont commencé à s'imposer. Progressivement les autres puissances font de même obtenant des concessions en particulier dans les villes du littoral. Plusieurs révoltes contre la présence occidentale ont lieu comme la révolte des Boxers en 1899-1901. 
  • Mais la Chine subit aussi la pression du Japon et une défaite en 1894-95 aboutissant au traité de Shimonoseki par lequel la Chine perd Taïwan et la Corée devient indépendante avant d'être à son tour dominé par le Japon. 
  • Dans ce contexte des Chinois souhaitent réformer le pays afin qu'il retrouve sa grandeur : un des ces chinois est Sun Yat-sen qui fonde en 1894 une société pour le redressement de la Chine et tente un coup d'état en 1895 qui échoue. En octobre 1911, une nouvelle révolte éclate qui conduit cette fois-ci à la fin de l'Empire chinois mettant fin à la dynastie des Qing. En décembre se met en place un gouvernement provisoire et à la fin du mois Sun Yat sen est élu président provisoire : il proclame la République le 29 décembre avec Nankin pour capitale. 
  • Toutefois, la Chine sombre dans des troubles importants permettant en 1912 à Yuan Shikai de prendre le pouvoir. Sun Yat-sen fonde un nouveau parti : le Guomindang. 
  • En 1916, Yuan shikai meurt et le pays entre dans une guerre entre généraux et leaders du mouvement républicain qui sont appelés les seigneurs de la guerre (jusqu'en 1927).
  • En 1919, la jeunesse étudiante bouge : c'est le mouvement du 4 mai qui critique la société chinoise ancienne et jugée dépassée. Deux des initiateurs de ce mouvement, Chen Duxiu et Li Dazhao fondent en 1921 le parti communiste chinois (PCC). 
  • En 1925, Sun Yat-sen qui tentait d'assurer son pouvoir et celui du Guomindang décède. La fraction dite modérée du Guomindang prend le contrôle du parti avec Jiang Jieshi (Tchang Kai -tchek) et affirme un fort nationalisme. Sous sa houlette, le Guomindang se lance à la conquête de la Chine notamment du Sud tout en s'en prenant aux communistes qui sont contraints de rentrer dans la clandestinité.
  • Au sein du PCC, un homme s'affirme Mao Zedong créant en 1931 une République soviétique de Chine. Cette même année, le Japon s'empare du nord de la Chine, la Mandchourie. Créant un état indépendant fantoche nommé Mandchoukouo. Parallèlement, la guerre civile entre nationalistes de Tchang Kai chek et communistes se poursuit.En 1936-37 devant le danger japonais, le Guomindang et le PCC se structurent conjointement formant une union nationale temporaire. En 1937, le Japon déclare la guerre à la Chine qui entre dans une longue guerre contre le Japon. 
  • Lorsque la guerre se termine, communistes et nationalistes se retrouvent à nouveau confrontés pour une nouvelle guerre civile. Une Asie dominée (sauf le Japon) Une grande partie de l'Asie est sous domination européenne. 
  • C'est notamment le cas de l'Inde qui est complètement passée sous contrôle britannique en 1857 et la reine Victoria devient même impératrice des Indes en 1876. Les Britanniques tentent d'imposer leur système et valeurs que ce soit la langue, un régime de propriété des terres à l'occidental... L' Inde est dirigée par un vice- roi (nommé par le gouvernement anglais) avec comme « capitale » d'abord Calcutta puis Delhi à partir de 1911. 
  • Toutefois, en 1885, se forme un parti indien : le parti du Congrès et un nationalisme indien se structure. Au début du 20e siècle ; le mouvement nationaliste se divise en deux tendances avec une tendance dite modérée souhaitant des réformes institutionnelles, tendance représentée par Ghokale et une tendance plus exigeante voulant une réelle autonomie conduite par Tilak. 
  • Parallèlement, en 1906, est créée la Ligue musulmane. Le nationalisme indien se développe pendant la Première guerre mondiale et après avec notamment Gandhi qui était revenu d'Afrique du Sud en 1915 (il exerçait la fonction d'avocat). 
  • Gandhi veut faire changer les choses en utilisant la non violence ce qui n'empêche par les Britanniques d'utiliser la violence (massacre d'Amritsar par exemple). En 1920, Gandhi prend la direction du parti du Congrès lançant un mouvement dit de non coopération avec les Britanniques puis à partir de 1930 un mouvement plus important de désobéissance civile (voir la marche du sel). Devant ce mouvement, les Britanniques procèdent à quelques réformes et semblent prêts à négocier une transition vers l'autonomie et l'indépendance (à partir de 1935). Mais la Seconde guerre mondiale interrompt le processus.
  •  En 1942, dans un contexte tendu avec des Japonais qui ont envahi la Birmanie et s'approchent de l'Inde, Gandhi lance un nouveau thème nommé : Quit India exigeant le départ des Britanniques. 
  • Ces derniers utilisèrent la répression, Gandhi est même interné, le parti du Congrès est contraint à la clandestinité. Un nationaliste indien, Subhas Chandra Bose, forme même une armée nationale indienne en lien avec les Japonais. 
  • Les années de guerre ne débouchent sur aucun accord et il faut attendre la fin du conflit pour voir des évolutions notables.
  •  Hormis le cas de l'Inde, de nombreux territoires sont colonisés comme l'Indochine (Laos, Cambodge et Vietnam) par les Français ; les Anglais dominent la Birmanie, la Malaisie, Singapour... , les Néerlandais contrôlent l'Indonésie (Java, Sumatra, Bali) qu'ils nomment Indes néerlandaises... Les populations de ces territoires colonisés vont progressivement s'organiser pour revendiquer autonomie et/ou indépendance. Ainsi, dans les Indes néerlandaises est fondé en 1905 une organisation de commerçants musulmans qui en 1912 se transforme en Sarekat islam , une organisation qui se politise avec des revendications nationales. En mai 1908, un médecin de Java a fondé le Boedi Atomo (intelligence suprême en javanais), une organisation voulant mettre en avant la culture de Java. Plus tard, en 1924 est fondé le parti communiste indonésien., un parti très actif qui est à l'origine de multiples actions et grèves pour que la situation évolue. 
  • Surtout, le 4 juillet 1927, Soekarno fonde le parti national indonésien qui veut agir pour former une nation indonésienne et obtenir l'indépendance à terme (le parti est dissout en 1931 et Soekarno est emprisonné. 
  • Les nationalistes indonésiens vont profiter du Second conflit mondial pour se réorganiser. 
  • En 1943, Soekarno et Mohammad Hatta vont créer un nouveau mouvement : le Putera. La fin du conflit, tout comme en Inde, va accélérer le changement. Le cas indonésien n'est pas isolé : de nombreux mouvements nationalistes se forment en Asie comme le parti communiste vietnamien fondé en 1930 par Hô Chi Minh. 

-Une Afrique colonisée mais qui bouge 

  •  « Tant que les Lions n'auront pas leurs propres historiens , les histoires de chasses continueront de glorifier le chasseur. » proverbe africain. Les années 1900-1945 peuvent être perçues soit comme l'apogée de la période coloniale pour les états européens ayant colonisé l'Afrique, soit comme le crépuscule de l'homme blanc notamment dans une perspective africaine. La seconde moitié du 19e est marquée par la colonisation du continent africain par les états européens : on peut d'ailleurs parler d'un véritable impérialisme liée à une « invasion coloniale » pour reprendre l'expression de John Iliffe. 
  • Il faut rappeler que la pénétration européenne du continent africain a été lente mais s'est accélérée à partir des années 1870. Jusqu'à cette période, les Européens s'étaient implantés sur les littoraux par le biais de comptoirs et ont contribué grandement au commerce triangulaire et à l'esclavage. Dans les années 1830-1885, il existe plusieurs royaumes africains d'importance comme les royaumes Ashanti, Toucouleur, le royaume de Tippo Tip sans oublier le califat de Sokoto... Mais à partir des années 1870, un des états européens vont conduire une politique expansionniste avec la France qui d'une part poursuit la conquête de l'Afrique du Nord avec la colonisation de l'Algérie (depuis 1830), la prise de contrôle de la Tunisie en 1881 (le Maroc est un protectorat français en 1911) et d'autre part pénètre au Sénégal, au Congo... Les Britanniques se sont emparés de l' Egypte en 1882, le roi des Belges Léopold II fait du Congo dit belge une possession personnelle... En 1884-85 se tient à Berlin une conférence sur l'Afrique à laquelle participent les grandes puissances européennes : cette conférence fixe les règles du « partage » de l'Afrique entre ces puissances afin d'éviter les conflits. Un peu avant et surtout après cette conférence la colonisation de l'Afrique s'accélère. 
  • En 1883, la France est en Côte d'Ivoire ; en 1884 les Allemands contrôlent le Cameroun, le Togo, le Sud-Ouest africain (Namibie) puis le Tanganyika en 1889 ; en 1885, Madagascar devient un protectorat français tout comme le Dahomey en 1892. En 1894, l'Ouganda devient un protectorat britannique, en 1895, c'est le Kenya qui est une colonie britannique également... 
  • L' Afrique passe donc sous contrôle des Européens avec comme symboles pour la France les créations de l'Afrique occidentale française (AOF) en 1895 et de l'Afrique équatoriale française (AEF) en 1911. Cette colonisation s'est réalisée par une grande violence avec comme symboles le Congo belge ou l'extermination des Herero par les Allemands en Namibie (1904-1905). L' Ethiopie échappe à la colonisation après avoir résisté à l'Italie (victoire d'Adoua en mars 1896. Un autre cas intéressant est celui du Libéria. En effet, ce pays a des origines étonnantes car il résulte indirectement d'une initiative de la Société américaine de colonisation qui achète des terres en 1822 pour des esclaves afro- américains libérés de l'esclavage. 
  • L'établissement créé se proclame indépendant en 1847 avec comme capitale Monrovia (en l'honneur du président américain Monroe). L' Afrique est donc à la veille de la Première guerre mondiale colonisée, dominée et exploitée. Il faut insister sur le fait que cette colonisation a provoqué de fortes résistances comme au Dahomey avec le roi Béhanzin, avec Samory Touré qui a longtemps résisté aux Français en Afrique de l'Ouest ou encore Gungunhane, le dernier roi du sud du Mozambique ayant résisté à l'emprise portugaise. Béhanzin est exilé en Martinique puis en Algérie ; Samory Touré au Gabon, Gungunhane aux Açores... Parmi les réponses à la domination européenne et hormis les nombreuses résistances, on, peut mettre en exergue la naissance et le développement du panafricanisme. 
  • C'est en 1900, à Londres, que se réunit la première conférence panafricaine avec notamment la présence de Henry Williams un avocat originaire de Trinidad, le journaliste haïtien Benito sylvain ou encore l'historien américain W .E.B Du Bois. 
  • On note également des initiatives surprenantes comme la création dans l'Union sud-africaine d'églises chrétiennes noires et indépendantes se revendiquant de l'ethiopianisme. Un autre homme va jouer un rôle important à savoir Marcus Garvey, un jamaïcain. 
  • En 1917, il va créer l'Association universelle pour l'amélioration de la condition des noirs et met en évidence le droit au rapatriement des noirs américains en Afrique.Une autre réponse est la création de structures politiques comme en 1912 avec la fondation du South African Native National Congress par Pixley Isaka Seme en Afrique du Sud. 1914-1918 est une autre rupture: l'Afrique est doublement concernée par la Première guerre. Tout d'abord, de nombreux soldats africains vont se battre en Europe pour les Empires coloniaux et certains combats ont lieu en Afrique même entre Français et Allemands notamment (Cameroun Togo...). 
  • Ces soldats africains sont la « force noire » comme la nomme les Français : environ 180 000 « tirailleurs sénégalais » vont venir se battre en et pour la France. A l'utilisation de soldats africains se greffe un effort de guerre demandé aux colonies africaines. On peut également ajouter que l'enrôlement de soldats a suscité de nombreuses révoltes comme au Dahomey, au Mali avec une forte répression (voir la guerre dite du Bani-Volta entre 1915 et 1916 : actuel Burkina-Faso). 
  • Suite à la Première guerre mondiale, les soldats africains n'obtiennent pas de reconnaissance effective et l'Afrique reste colonisée : les seuls changements sont liés à la perte des colonies allemandes (le Togo et le Cameroun reviennent à la France ; la Tanzanie au Royaume-Uni...).
  •  Les puissances coloniales s'étaient engagées à modifier les statuts juridiques (code de l'indigénat) des Africains pendant le conflit : cette engagement n'est pas tenu. Devant une réalité difficile, certains penseurs africains vont se tourner vers le marxisme qui est perçu comme une idéologie émancipatrice. C'est le cas du nationaliste congolais Paul Panda Farnana (1888-1930) ou Jomo Kenyatta (1891-1978) le leader Kényan. Dans les années 1920-1930 se constituent 4 Afrique hors Afrique du Nord (voir Afrique (s) une autre histoire du 20e siècle) : une première Afrique qui est celle des enclaves minières avec l'Afrique du Sud, la Rhodésie, les régions du Kasaï et et du Katanga au Congo belge ; une seconde Afrique correspond à l'Afrique des plantations (aux mains des colons européens )avec l'Afrique des grands lacs, le Kenya... ; une Afrique des planteurs africains (Cacao, café...) avec des paysans africains un peu plus autonomes mais liés à de nombreux intermédiaires et maisons de commerce tenues par des européens (Sénégal, Gold Coast ou futur Ghana) et enfin une quatrième Afrique dite Afrique des réserves aux ressources encore mal identifiées. 
  • Les économies africaines sont touchées également par les effets de la crise de 1929. 
  • Les années 1920-30 sont marquées aussi par des révoltes et des conflits. 
  • Entre 1921 et 1926 a lieu au Maroc la guerre du Rif opposant la France et l'Espagne à la république du Rif proclamée par AbdelKrim : ce dernier se rend aux Français en mai 1926. Au début des années 1920 se constitue au Congo belge un mouvement à la fois politique et religieux sous l'impulsion de Simon Kimbangu. Celui -ci se pose comme un messie noir et prédit l'émancipation du Kongo.Il est arrêté par les Belges en 1921, condamné à mort (sa peine est commuée) : il meurt en prison en 1951 (il existe aujourd'hui au Congo une église Kibamguiste). Le mouvement Kitawala (témoins de Jéhovah) pénètre également au Congo belge dans les années 1930 pour jour un rôle similaire.
  • Un homme joue également un rôle intéressant au Congo français : André Matswa (ou Matsoua). 
  • Il fonde une amicale : l'Amicale des originaires du Congo français dont l'un des buts est la formation d'une élite politique. Matswa souhaite l'indépendance mais une indépendance pacifique. Il est arrête et emprisonné. 
  • Se développent également des associations culturelles qui deviennent les matrices de mouvements nationalistes et indépendantistes. C'est le cas avec plusieurs associations étudiantes comme la Nigerian Progress Union fondée en 1924. 

-Un Moyen-Orient profondément transformé : le rôle décisif de la Première guerre mondiale 

  •  Le déclin et la fin de l'Empire Ottoman Au 19e siècle, l'Empire Ottoman va subir un déclin quasi irrésistible perdant de son poids et de son influence notamment en Europe mais aussi au Proche-Orient. Il connaît notamment un fort recul territorial en perdant de multiples territoires. Pendant le 19esiècle, l'Empire Ottoman perd le contrôle de plusieurs espaces dont le Maghreb et les Balkans. Le Maghreb était sous le contrôle de l'Empire Ottoman depuis le 16e siècle. Mais à partir de 1830, la France se lance à la conquête de l'Algérie, une conquête terminée en 1860. 
  • Déja, entre 1798 et 1801, la France par l'intermédiaire de Bonaparte avait conquis une partie de l'Egypte. Plus tard, la construction du canal de Suez suscite les convoitises notamment du Royaume-Uni qui finit par dominer le pays à partir de 1882. L' Egypte est militairement occupée même si elle reste un certain temps encore une province de l'Empire Ottoman (c'est le Consul britannique qui dirige le pays de fait) et devient un protectorat. Les Turcs perdent surtout le contrôle des Balkans avec les indépendances de la Grèce en 1830, de la Serbie et de la Roumanie en 1878 mais aussi de la Bulgarie. Les différents dirigeants de l'Empire ont tenté de freiner ce déclin en particulier le sultan Abdul Majid (au pouvoir de 1839 à 1861) qui entreprend une série de réformes nommées Tanzimat (le mot signifie réorganisation en turc) fortement inspirées du modèle libéral européen.
  •  En 1850, un code du commerce est promulgué, en 1856, un édit garantit l'égalité entre citoyens sans distinction de religion, une Banque ottomane est créée la même année, en 1864 sont crées les vilayets, une nouvelle structure administrative (s'inspirant des départements français), en 1867, les étrangers peuvent posséder des biens immobiliers afin d'attirer les investissements, un système d'enseignement public se développe (création du lycée de Galatasaray en 1868)... 
  • Mais l'Empire a été contraint à plusieurs reprises de signer ce qu'on nomme des capitulations. 
  • Dès le 16e siècle, des capitulations sont signées entre la France et l'Empire ottoman accordant des privilèges aux commerçants français mais le problème est que ces capitulations ont été accordées à d'autres états au 19e siècle. Surtout, lors du Congrès de Berlin en 1878, l'Empire Ottoman est dans l'obligation de confirmer des privilèges douaniers mis au point lors d'un traité précédent, celui de Paris de 1856 : les produits européens ont des droits de douane atténués ce qui facilite la pénétration des marchés de l'Empire. 
  • De 1876 à 1909, un nouveau sultan, Abdulhamid II tente de réagir : il met fin à la libéralisation du pays et opte pour un tournant autoritaire à partir 1878. Abdulhamid II pense que la modernisation de l'Empire ottoman peut se réaliser dans un cadre plus autoritaire avec un état plus fort. Il décide aussi de mettre en avant l'identité musulmane surtout avec la perte des territoires européens. 
  • Avez la perte de ces derniers, la population musulmane de l'Empire est de 76% après 1878. Abdulhamid remet en valeur le califat. Dans cette optique, le sultan mène une politique très dure avec les Arméniens qui demandent des réformes libérales. En 1894, une révolte arménienne est sévèrement réprimée avec de multiples massacres : plus de 200 000 arméniens sont éliminés entre 1894 et 1896. Pendant cette période émerge un mouvement, celui des Jeunes-Turcs : il est né en 1889 dans le cadre de l'école de médecine militaire d'Istanbul et devient en 1907 le Comité union et progrès (CUP). 
  • Ce mouvement se développe et se structure dans les écoles militaires mais aussi parmi les hauts fonctionnaires.
  •  Le premier congrès des Jeunes-Turcs se tient à Paris en 1902 et eux courants émergent : un plutôt occidentaliste et un autre plutôt islamiste. Ce mouvement inquiète le sultan Abdul Hamid et le CUP contraint le sultan à rétablir la Constitution de 1876.
  •  En, 1909, les Jeunes-Turcs avec l'appui de l'armée prennent le pouvoir : Abdulhamid est remplacé par Mehmed V, un sultan sans réel pouvoir.A la veille de la Première guerre mondiale, ce sont trois hommes du Cup qui dirigent de façon effective le pays : Enver Pacha (ministre de la guerre), Talaat Pacha (1er ministre) et Djemal Pacha.
  •  L'arrivée au pouvoir des Jeunes-Turcs n'empêchent pas l'Empire Ottoman de poursuivre son déclin territorial notamment suite aux deux guerres balkaniques des années 1912-1913. 
  • Cet Empire Ottoman fait le choix de l'alliance avec l'Allemagne et l'Empire austro-hongrois lors de la Première guerre mondiale : un choix assez cohérent, l'Allemagne et les Turcs ayant un rival géopolitique commun à savoir la Russie. 
  • A l'issue de ce conflit, l'Empire ottoman est démantelé avec le traité de Sèvres signé le 10 août 1920. Les Turcs perdent leur Empire et ne gardent que la partie occidentale de l'Anatolie mais sans la région de Smyrne. Des articles de ce traité prévoyait un territoire autonome kurde dans le sud- est de l'Anatolie. La France occupe la Syrie mais aussi la Cilicie et la Grèce obtient Smyrne et la Thrace orientale. 
  • L' Empire Ottoman qui était d'une superficie de 1,7 millions de km carré est réduit à une Turquie de 420 000 km carré. Un militaire,Mustapha Kemal décide de réagir en organisant des élections conduisant à la création d'une Assemblée nationale de Turquie qui, elle-même procède à l'élection d'un comité exécutif devenant le gouvernement légal du pays et Kemal est élu à la tête de cette Assemblée. Se déclenche une guerre civile entre les partisans de Kemal et le sultan Mehmet V mais aussi une guerre contre la Grèce et la France : cette dernière cède en 1921 la Cilicie. Les Grecs sont vaincus et la république de Turquie est proclamée le 29 octobre 1923. En juillet 1923 avait été signé le traité de Lausanne qui reconnaît la légitimité du régime de Mustapha Kemal, la Turquie récupère Smyrne et la Thrace orientale avec de très importants mouvements de populations ( 385 000 musulmans de Grèce migrent vers la Turquie et 1,6 de Grecs ottomans vers la Grèce. La Turquie prend aussi le contrôle d'un très éphémère « Kurdistan ». La révolution dite Kémaliste instaure donc une République, supprime le califat et instaure un parti unique : le parti républicain du peuple. Plusieurs réformes majeures sont engagées : une nouvelle capitale avec Ankara, une nouvelle Constitution en 1924, l'adoption de nouveaux codes civil et pénal en 1926, le mariage civil est instauré, la polygamie interdite. En 1928 est adopté l'alphabet latin puis l'école primaire devient gratuite et obligatoire. Cette même année, la référence à l'islam comme religion officielle de l'état est supprimé. En 1930, les femmes obtiennent le droit de vote et en 1937 la Turquie est définie comme un état laïc. 
  • Mustapha Kemal a voulu de la Turquie un état moderne et laïc d'où les réformes entreprises : il meurt en 1938 (Ismet Inonü lui succède jusqu'en 1950). 
  • En 1939, la France cède à la Turquie la région d'Alexandrette, une région qu'elle contrôlait en Syrie au grand désespoir des Syriens dont le pays était encore sous mandat français. Cette cession a pour objectif d'obtenir la neutralité de la Turquie dans la second conflit mondial. 
  • Néanmoins, en 1941, la Turquie signe avec l'Allemagne un pacte d'amitié turco-allemand avant de s'engager en 1945 contre l'Allemagne. En 1945, elle devient un des états membres de l'ONU et abandonne la même année le système du parti unique. Le monde arabo-musulman Le monde arabe au 19e siècle est sous domination ottomane. T
  • outefois, ce monde arabe connaît à cette époque un réveil nommé Nahda c'est-à-dire une forme de renaissance culturelle et religieuse. En même temps, on note aussi un réveil politique.
  •  Il s'agit pour plusieurs penseurs comme Muhammad Abduh ou Djamal al-Afghani de penser la religion, la place de celle-ci dans la vie politique... dans le cadre d'un Empire Ottoman affaibli. 
  • Quant à l'éveil politique, il se produit en Egypte. La Nahda se produit alors que l'Europe domine le monde avec une modernité triomphante. L' Empire Ottoman tente tant bien que mal de s'adapter à cette modernité. L'influence européenne sur cette Nahda est certaine que ce soit au niveau de la politique, de la culture ou encore de l'économie. 
  • A la suite de l'expédition d'Egypte de Bonaparte avait été créé un Institut d'Egypte dont un des objectifs était la diffusion des idées des Lumières (au 19e siècle de nombreux ouvrages des Lumières sont traduits en arabe et diffusés). 
  • Cet Institut devient en 1836 la Société égyptienne : elle rend possible la diffusion des idées scientifiques en Egypte. La philosophie d'Auguste Comte, le positivisme reposant sur une forte croyance dans le progrès se diffuse également au Moyen-Orient. Au 19e siècle, des missionnaires chrétiens ont également fondé des écoles en particulier en Syrie. 
  • Pendant la période des réformes du Tanzimat, l'Empire Ottoman fait appel pour se développer davantage à des scientifiques et ingénieurs européens. Il faut ajouter à cela, la diffusion des idées de nation, de nationalité... qui vont impacter la région.
  •  Le 19e siècle voit donc l'émergence d'un réformisme islamique (islah = réforme en arabe) : il faut redynamiser l'islam en le réformant dans des sociétés arabes jugées sclérosées. Des penseurs comme Rifa'a al Tahtâwi, un égyptien (1801-1873), Jamâl al din al Afghâni , un persan (1839-1897) ou Muhammad Abduh, lui aussi égyptien (1849-1905) veulent purifier l'islam par un retour à l'esprit des textes essentiels (Coran et Sunna). Ils ne veulent plus des commentaires des ulémas traditionnels comme ceux de la mosquée al-Azhar au Caire. 
  • Il s'agit également d'adapter le message religieux au monde moderne et à la modernité. Pour eux, la modernité et l'islam sont tout à fait compatibles. Muhammad Abduh met aussi l'accent sur l'éducation et la nécessaire harmonie entre sunnites et chiites. 
  • D'autres arabes mais chrétiens comme au Liban (Shibli Shumayyil 1850-1917) reprennent à leur compte la notion de laïcité afin d'éviter les divisions liées aux religions. 
  •  Au niveau politique, plusieurs courants s'affirment. D'abord, un courant panislamique avec Djamâl al- Afghâni pour qui le panislamisme est un moyen de lutter contre l'impérialisme britannique de plus en plus présent au Moyen-Orient (Egypte...). Il faut que l'umma, la communauté des musulmans, soit unie car c'est le seul moyen de résister aux Européens. 
  • Second courant, le nationalisme arabe. En effet, le mouvement réformiste affirme que le déclin de l'islam est lié à la perte d'influence des Arabes au profit des Turcs. 
  • Certains Arabes prennent conscience d'être arabes et se développe peu à peu un nationalisme ethnique. Ce nationalisme se développe en particulier en Syrie et en Egypte. 
  • En 1907, des disciples d'Abduh fondent dans ce pays le parti de l'Umma (un parti qui définit l'appartenance à l'Egypte comme nation par le fait de se sentir égyptien (être égyptien n'est pas lié à la religion ou la langue). 
  • Le 19e siècle marque le développement du wahhabisme dans la péninsule arabe. Ce mouvement est né au 18e siècle par l'intermédiaire de Muhammad Abd al-Wahhab qui développe l'idée d'une stricte application de l'islam avec un retour à un islam des origines. En 1744-45, Muhammad Abd al-Wahhab conclut une alliance avec un émir arabe : Muhammad Ibn Saoud afin d'unifier la péninsule à partir de la région du Nedj soit au centre de l'Arabie. Les forces de cette région vont progresser vers le sud de l'Irak et la province du Hedjaz (La Mecque) se heurtant à l'Empire Ottoman.
  •  En janvier 1815, les Wahhabites qui se structurés sont néanmoins vaincus. En 1824, ils vont toutefois réussir à construire un nouveau royaume dont Riyad est momentanément la capitale. 
  • A partir de la fin du 19e siècle, les Britanniques vont instrumentaliser les Wahhabites afin d'étendre leur influence au Moyen-Orient au détriment de l'Empire Ottoman. 
  • En 1901, Abdelaziz Fayçal al Saoud se lance dans des opérations militaires afin de former un royaume saoudien : il prend le contrôle de Riyad. 
  • Entre 1902 et 1912, ses troupes contrôlent le Nedj ainsi que la région du Hassa en 1913. 
  • Lors du premier conflit mondial, la lutte des Arabes contre les Ottomans s'amplifie avec le soutien britannique. En 1916, Hussein ben Ali, le chérif de la Mecque, proclame l'indépendance du Hedjaz convoité par les Saoud. Ces derniers sont de ce fait des rivaux du chérif de La Mecque auquel les Britanniques ont promis un grand royaume arabe en cas de défaite de l'Empire Ottoman : une promesse qui n'est pas tenue une fois le conflit terminé. 
  • En 1924-25, les troupes des Saoud prennent le Hedjaz et donc la Mecque ainsi que Médine donc les villes saintes de l'islam. En septembre 1932 est fondé officiellement le royaume d'Arabie saoudite, un royaume qui va prendre une importance considérable avec la découverte dans les années 1930 de gisements de pétrole. Abdelaziz devient le premier roi de ce nouveau royaume. 
  • De façon plus générale, l'éclatement de l'Empire ottoman va changer la donne pour les Arabes et le Moyen-Orient. Les Britanniques avaient promis aux arabes et en particulier au chérif de la Mecque, Hussein de la dynastie Hachémite, un grand royaume arabe. Or, dès 1916, les Britanniques et les français avec les accords Sykes-Picot ont l'intention de profiter du démantèlement de l'Empire Ottoman en cas de victoire. La conférence de San Remo en avril 1920 décide du sort des provinces de l'Empire Ottoman.
  •  Un mandat est attribué à la France concernant la Syrie et le Liban alors que le Royaume-Uni obtient un mandat sur la Palestine et la Mésopotamie ainsi que le vilayet de Mossoul laissé par les Français aux Britanniques. Plusieurs révoltes ont alors lieu dans le monde arabe mécontent du poids et de l'emprise des Français et Anglais sur la région, révoltes réprimées. 
  • Néanmoins est crée un émirat de Jordanie en avril 1921. les Britanniques accordent ce territoire à un des fils d'Hussein qui devient Abdallah 1er. 
  • Ces mêmes britanniques accordent l'indépendance en 1932 à l'Irak avec la naissance d'un royaume d'Irak tout en gardant le contrôle des gisements de pétrole de ce nouvel état. Bilan Un nouveau monde en perspective ? Le coût de la Seconde guerre mondiale est particulièrement élevé : toute guerre a un prix et les pays touchés par celle-ci ont payé un lourd prix humain, matériel, économique et moral. 
  • Politiquement, deux pays, les E.- U et l'URSS, sortent renforcés du conflit alors que l'Europe n'a jamais été dans une telle position d'affaiblissement. 
  • En 1945, on espère bâtir un monde nouveau et pacifié.
  •  L'ONU est une des nouveautés qui laissent espérer ce monde meilleur. Pourtant 1945 voit les premières fractures ne laissant pas augurer d'un monde si paisible que cela : la Grèce s'engage dans une guerre civile entre communistes et non communistes dont les monarchistes soutenus par les E.-U ; en Yougoslavie, Tito impose tout de suite un pouvoir communiste et répressif. dans certains pays d'Europe de l'Est comme la Pologne la présence de l'armée rouge n'est pas bien accepté et dans les différents empires coloniaux, les choses bougent déjà. 
  • Les germes des tensions futures sont présents. 
  • Pour reprendre le titre du dernier ouvrage de l'historien britannique Ian Kershaw, les années 1914-1945 sont des années où l'Europe est en enfer : un enfer dont il faut sortir. 
  •  Vers des temps glorieux ? Au niveau économique, la situation est catastrophique pour de nombreux Etats. Comme l'écrivait Anne O'Hare McCormick : « Personne n' a encore imaginé, encore moins regardé en face le problème humain que laissera la guerre derrière elle. Il n'y a jamais eu de telle destruction, de telle désintégration de la structure de la vie.» Rien en 1945 ne laisse croire à des temps glorieux.
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