Théorie générale de l'emploi, de l'intérêt et de la monnaie

Introduction

A. Présentation de l'auteur et de son contexte:

John Maynard Keynes, né en 1883 et décédé en 1946, était un économiste britannique de renom dont les idées ont profondément influencé le domaine de l'économie et les politiques publiques. Keynes est né dans une période marquée par des bouleversements économiques et sociaux, notamment la révolution industrielle, la Première Guerre mondiale et les conséquences de la Grande Dépression. C'est dans ce contexte qu'il a développé ses idées révolutionnaires, qui allaient devenir les fondements de sa "Théorie générale de l'emploi, de l'intérêt et de la monnaie".
Avant de publier sa "Théorie générale" en 1936, Keynes avait déjà acquis une réputation en tant qu'économiste académique et conseiller économique. Il avait étudié à l'Université de Cambridge, où il avait été exposé à différentes écoles de pensée économique, notamment la tradition classique. Cependant, ses réflexions critiques sur la façon dont les économies étaient gérées l'ont amené à développer sa propre vision de l'économie. L'un des événements majeurs qui a profondément marqué Keynes et influencé sa pensée a été la Grande Dépression des années 1930. Les conséquences économiques désastreuses de cette période, caractérisées par un chômage massif et une stagnation économique généralisée, ont poussé Keynes à repenser fondamentalement les théories économiques alors en vigueur. Son objectif était de trouver des moyens de comprendre et d'atténuer les cycles économiques, ainsi que de proposer des solutions pour rétablir la stabilité économique. Keynes a également été influencé par les idées de l'économiste britannique Alfred Marshall et du mathématicien français Henri Poincaré. 
Marshall a joué un rôle essentiel dans l'établissement des fondements de l'économie néoclassique, tandis que Poincaré a contribué à la compréhension des systèmes complexes et chaotiques, ce qui a influencé la manière dont Keynes a abordé l'incertitude et l'irrationalité dans ses théories. La "Théorie générale" de Keynes a été publiée dans un contexte de débat économique intense, où les politiques économiques antérieures semblaient insuffisantes pour résoudre les problèmes engendrés par la Grande Dépression. Ses idées ont été accueillies avec un mélange d'enthousiasme et de résistance. Certains économistes et responsables politiques ont reconnu la pertinence de ses analyses et ont adopté certaines de ses recommandations pour stimuler l'économie. D'autres, cependant, ont critiqué ses propositions d'intervention étatique plus active, arguant que cela pourrait compromettre la liberté des marchés.
Le contexte personnel et historique dans lequel Keynes a vécu et travaillé a joué un rôle crucial dans le développement de sa "Théorie générale de l'emploi, de l'intérêt et de la monnaie". Les circonstances économiques tumultueuses de son époque, combinées à ses études et influences intellectuelles, ont façonné ses perspectives économiques novatrices et ont conduit à la création d'une œuvre qui a changé la façon dont nous comprenons et abordons l'économie moderne.

B. Mise en contexte de l'œuvre dans l'histoire économique:

 La "Théorie générale de l'emploi, de l'intérêt et de la monnaie" de John Maynard Keynes occupe une place fondamentale dans l'histoire économique en tant que pivot majeur dans l'évolution de la pensée économique. Pour comprendre pleinement l'impact de cette œuvre révolutionnaire, il est essentiel de la replacer dans son contexte historique et de considérer les courants de pensée économique qui l'ont précédée.
  1. L'économie classique et le laisser-faire : Avant l'émergence des idées de Keynes, l'économie classique, fortement influencée par Adam Smith et David Ricardo, préconisait largement le concept de la main invisible et du laisser-faire. Selon cette perspective, les marchés étaient censés se réguler d'eux-mêmes vers un équilibre, avec des ajustements automatiques de l'offre et de la demande.
  2. L'économie néoclassique et l'équilibre général : Au tournant du 20e siècle, l'économie néoclassique, avec des penseurs tels qu'Alfred Marshall, a approfondi les notions d'équilibre général et de rationalité individuelle. Cependant, cette approche avait des limites pour expliquer les fluctuations économiques et les situations de sous-emploi massif comme celles observées pendant la Grande Dépression.
  3. L'impact de la Grande Dépression : La crise économique mondiale des années 1930 a remis en question les fondements de la pensée économique dominante. Les politiques économiques basées sur la théorie classique semblaient impuissantes à inverser le chômage massif et la dépression. Cet environnement de crise a créé un terrain fertile pour l'émergence de nouvelles idées.
  4. La révolution keynésienne : La "Théorie générale" de Keynes a marqué un tournant majeur en remettant en question les fondements de la pensée économique traditionnelle. Keynes a mis l'accent sur le rôle central de la demande globale, laissant de côté l'idée que les marchés se régulent automatiquement. Il a introduit le concept de demande effective, où le niveau d'emploi dépend de la demande agrégée plutôt que de l'offre seule. Cela a ouvert la voie à la nécessité d'interventions gouvernementales pour stimuler l'économie en période de récession.
  5. L'influence sur les politiques économiques : Les idées de Keynes ont eu un impact direct sur les politiques économiques adoptées par de nombreux pays après la Seconde Guerre mondiale. Les gouvernements ont commencé à adopter des politiques budgétaires et monétaires actives pour stabiliser l'économie et maintenir le plein emploi. Le keynésianisme a également influencé la création d'institutions économiques internationales, telles que le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque mondiale.
La "Théorie générale de l'emploi, de l'intérêt et de la monnaie" de Keynes a marqué une rupture significative avec les idées économiques établies et a contribué à façonner la manière dont l'économie est comprise et gérée. Cette œuvre a ouvert la voie à une nouvelle ère de réflexion économique, mettant en avant la nécessité d'intervenir dans l'économie pour éviter les cycles économiques destructeurs. L'impact du keynésianisme se fait toujours sentir dans la pensée économique contemporaine et continue d'influencer les politiques économiques à travers le monde.
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Théorie générale de l'emploi, de l'intérêt et de la monnaie


I. Résumé de l'œuvre

A. Les principaux concepts abordés par Keynes 

1. La critique de la pensée économique classique:
John Maynard Keynes a critiqué de manière significative les fondements de la pensée économique classique, remettant en question les notions établies de l'autorégulation des marchés et de l'équilibre automatique. Il a argumenté que les marchés ne sont pas toujours capables de ramener l'économie à un plein emploi stable et que des interventions gouvernementales étaient nécessaires pour éviter les cycles économiques destructeurs.
Dans la "Théorie générale", Keynes écrit :"Les économistes classiques ne nous ont pas dit pourquoi les fluctuations d'effort économique sont si violentes et si fréquentes, pourquoi la production est parfois excessive et le chômage massif, tandis qu'à d'autres moments il y a rareté de biens et manque de travailleurs."
Keynes souligne ici le défaut majeur de la pensée classique qui n'explique pas adéquatement les variations extrêmes de l'économie, notamment les périodes de chômage massif. Il s'agit d'une critique fondamentale qui remet en question l'idée que les marchés s'autorégulent efficacement.
En remettant en cause l'idée que l'économie se rétablit naturellement vers un équilibre, Keynes affirme :"La théorie que nous développons est une des rares à avoir l'honnêteté de reconnaître l'incertitude et l'ignorance, surtout dans l'avenir, à l'égard des événements économiques."
Cette déclaration met en lumière l'importance accordée par Keynes à l'incertitude inhérente à l'économie. Contrairement à la pensée classique qui supposait que les acteurs économiques avaient une parfaite connaissance et capacité de prévoir, Keynes admet que l'avenir est imprévisible et que cela affecte grandement les décisions économiques.
La critique de la pensée économique classique par Keynes repose sur son affirmation que les marchés ne sont pas intrinsèquement stables et autorégulateurs, en particulier dans des situations de crise économique et de chômage. Ses critiques ont ouvert la voie à un nouvel ensemble d'idées qui reconnaissent l'incertitude et la nécessité d'interventions gouvernementales pour stabiliser l'économie.

2. La notion de demande effective:
L'un des concepts centraux de la "Théorie générale" de Keynes est celui de la demande effective. Contrairement à la pensée économique classique qui mettait l'accent sur l'offre et supposait que l'offre crée sa propre demande, Keynes a proposé une perspective radicalement différente, en soulignant le rôle crucial de la demande globale dans la détermination de la production et de l'emploi.
Dans l'ouvrage, Keynes écrit :"La conclusion générale à laquelle nous sommes arrivés est que le niveau d'emploi dépend non de la position de la courbe de production par rapport à la courbe de demande effective, mais du fait que l'une d'entre elles coupe l'autre."
Cette citation illustre l'idée fondamentale de Keynes selon laquelle le niveau d'emploi est déterminé par la rencontre de la courbe de production et de la courbe de demande effective. En d'autres termes, la production et l'emploi ne sont pas automatiquement ajustés pour atteindre un équilibre, mais dépendent de la quantité de demande réelle dans l'économie.
Keynes explique également comment les fluctuations de la demande peuvent entraîner des variations du niveau d'emploi :"Si l'opinion prévaut que l'avenir est sombre, les individus économiseront davantage et consommeront moins, ce qui réduira la demande globale et diminuera l'emploi. C'est ainsi que le pessimisme se justifie lui-même."
Cette observation met en évidence la relation complexe entre les anticipations et la demande effective. Les anticipations pessimistes des individus peuvent créer un cercle vicieux où la réduction de la demande entraîne une réduction de la production et, par conséquent, une augmentation du chômage.
La notion de demande effective a révolutionné la manière dont l'économie était comprise en insistant sur la nécessité de stimuler la demande globale pour maintenir le plein emploi. Cette idée a conduit à des recommandations politiques visant à augmenter les dépenses publiques et privées pendant les périodes de ralentissement économique, afin de relancer l'activité économique.
La notion de demande effective a été une pierre angulaire de la "Théorie générale", remettant en question les idées traditionnelles sur l'équilibre économique et soulignant l'importance de la demande agrégée pour déterminer l'emploi et la production.

3. Le rôle de l'investissement:
L'une des contributions majeures de la "Théorie générale" de Keynes réside dans sa revalorisation du rôle de l'investissement en tant que moteur essentiel de la croissance économique et de la stabilité. Contrairement à la pensée économique traditionnelle qui accordait principalement de l'importance à l'épargne, Keynes a mis en avant l'investissement comme une force clé dans la détermination de l'activité économique.
Keynes explique :"L'investissement, qui est caractéristique de la prévision et de la spéculation à court terme par les entreprises, a tendance à être très volatil. Mais c'est l'élément actif dans la situation économique, alors que l'épargne est, en général, une variable passive dépendant des autres variables."
Dans cette déclaration, Keynes met en évidence le caractère actif et dynamique de l'investissement par rapport à l'épargne, qui est généralement influencée par d'autres variables économiques. Il reconnaît également la volatilité de l'investissement, ce qui peut entraîner des fluctuations importantes dans l'activité économique.
Keynes insiste sur le rôle central de l'investissement dans le cycle économique :"Le cycle économique est l'expression des fluctuations du taux d'investissement [...]. Tout le reste est effet, non cause."
Cela signifie que les variations du taux d'investissement sont la force motrice derrière les fluctuations économiques, avec d'autres éléments de l'économie en découlant. Les cycles économiques, selon Keynes, sont principalement influencés par les fluctuations de la confiance et des anticipations des entrepreneurs en ce qui concerne l'investissement.
L'idée que les fluctuations dans le comportement des investisseurs peuvent conduire à des cycles économiques a eu des implications profondes pour les politiques économiques. Pour Keynes, la volatilité de l'investissement justifie la nécessité d'intervenir activement dans l'économie pour stabiliser la demande et maintenir le plein emploi, en particulier pendant les périodes de récession.
Keynes a radicalement changé la perspective sur l'investissement en le positionnant comme un acteur clé du fonctionnement économique. Son analyse de l'instabilité de l'investissement a mis en lumière les raisons des cycles économiques et a influencé la nécessité d'interventions gouvernementales pour atténuer ces fluctuations et promouvoir la stabilité économique.

4. L'importance de l'intervention étatique:
L'un des aspects les plus révolutionnaires de la "Théorie générale" de Keynes est son plaidoyer en faveur d'une intervention active de l'État dans l'économie. Contrairement à la pensée économique classique qui préconisait le laisser-faire, Keynes a souligné la nécessité d'intervenir dans l'économie pour stabiliser l'activité économique et atténuer les fluctuations.
Keynes explique :"La fonction de l'État, dans une économie, est de fournir un état tel que la demande effective soit égale à la production effective et ainsi d'assurer une utilisation totale des ressources de production."
Dans cette déclaration, Keynes met en évidence le rôle crucial de l'État dans l'équilibrage de l'économie. Il soutient que l'État doit agir pour maintenir l'équilibre entre la demande effective (la demande globale dans l'économie) et la production effective (la capacité productive de l'économie). Cela implique que l'État doit prendre des mesures pour stimuler la demande lorsque l'activité économique ralentit, et vice versa.
Keynes justifie également l'intervention étatique en réponse aux situations de sous-emploi :"Le principal argument pour l'intervention active de l'État est que même dans une situation de plein emploi, l'activité ne sera pas nécessairement optimale. Il est donc nécessaire que le gouvernement intervienne pour corriger les fluctuations cycliques et pour promouvoir une utilisation optimale des ressources."
Cette déclaration souligne que même en période de plein emploi, l'activité économique peut ne pas être optimale en raison de fluctuations cycliques. L'intervention étatique est alors nécessaire pour atténuer les fluctuations économiques et maintenir une utilisation optimale des ressources.
L'importance de l'intervention étatique préconisée par Keynes a eu un impact profond sur les politiques économiques mises en œuvre dans le monde entier. Ses idées ont inspiré des politiques monétaires et budgétaires actives, où les gouvernements interviennent pour stimuler ou freiner l'activité économique en fonction des circonstances.
L'insistance de Keynes sur l'intervention étatique pour maintenir la stabilité économique a marqué un changement fondamental dans la manière dont les gouvernements considèrent leur rôle dans l'économie. Ses idées ont contribué à jeter les bases du modèle économique mixte, où une interaction entre le secteur privé et l'intervention gouvernementale est essentielle pour prévenir les crises et promouvoir la prospérité.

B. Structure et organisation du livre 

1. Les trois parties fondamentales de l'ouvrage:
La "Théorie générale de l'emploi, de l'intérêt et de la monnaie" de Keynes est structurée en trois parties fondamentales, chacune explorant des aspects cruciaux de sa pensée économique révolutionnaire. Ces parties forment le socle sur lequel Keynes construit son analyse de l'économie et de la nécessité d'interventions étatiques pour la stabiliser.
Partie I : Les relations entre le volume de l'emploi et le volume de la production Dans cette première partie, Keynes remet en question la pensée économique classique en expliquant comment l'équilibre automatique ne peut pas toujours mener à un plein emploi. Il introduit la notion de demande effective et montre comment des fluctuations dans la demande globale peuvent entraîner des variations du niveau d'emploi. Il expose également son concept d'effet multiplicateur, où un changement initial de la demande peut avoir un impact beaucoup plus important sur la production globale.
Partie II : La nature et les déterminants de l'intérêt et de la monnaie La deuxième partie explore les mécanismes sous-jacents de l'intérêt et de la monnaie. Keynes examine comment les taux d'intérêt sont déterminés et comment ils influencent l'investissement. Il discute également du rôle de la monnaie et de son impact sur les décisions économiques. Cette partie met en lumière la manière dont l'incertitude et les comportements des agents économiques influencent les marchés financiers.
Partie III : Les fluctuations du revenu, de l'intérêt et de la monnaie La troisième partie traite des fluctuations économiques et de la nécessité d'une intervention étatique pour les atténuer. Keynes développe son analyse des cycles économiques, mettant en avant l'instabilité de l'investissement et les conséquences de l'incertitude. Il explique comment les politiques monétaires et budgétaires peuvent être utilisées pour maintenir la stabilité et stimuler l'emploi, même en période de sous-emploi.
Ces trois parties forment la structure essentielle de l'ouvrage de Keynes et reflètent sa démarche analytique pour remettre en question les idées économiques établies et proposer de nouvelles perspectives sur l'économie. Chaque partie s'appuie sur les concepts développés précédemment, créant un cadre cohérent pour sa vision de l'économie et de la nécessité d'une intervention étatique ciblée pour surmonter les défauts du laisser-faire.

2. Les chapitres clés et leurs idées majeures:
La "Théorie générale de l'emploi, de l'intérêt et de la monnaie" de Keynes est composée de plusieurs chapitres qui développent en profondeur ses idées novatrices. Voici quelques-uns des chapitres clés et leurs idées majeures :
Chapitre 2 : La définition générale de l'équilibre Keynes aborde sa vision de l'équilibre dans l'économie en se concentrant sur la relation entre l'emploi, l'épargne et l'investissement. Il explique comment l'équilibre est atteint lorsque la demande effective égale la production effective. Ce chapitre jette les bases de sa critique de la pensée classique.
Chapitre 10 : L'influence de la monnaie sur le taux d'intérêt Keynes explore comment la demande de monnaie et les taux d'intérêt sont liés. Il introduit le concept de préférence pour la liquidité, montrant comment les individus cherchent à détenir des encaisses liquides pour faire face à l'incertitude. Cela a des implications sur la manière dont les taux d'intérêt sont déterminés et comment ils influencent l'investissement.
Chapitre 12 : Les conséquences de la faiblesse de la demande effective Ce chapitre approfondit les conséquences d'une demande effective insuffisante. Keynes explique comment le sous-emploi peut persister en l'absence d'interventions. Il développe sa théorie du multiplicateur, montrant comment une augmentation de la dépense peut générer une augmentation plus importante de la production.
Chapitre 15 : Les perspectives à long terme du capitalisme Keynes aborde ici les perspectives à long terme du système capitaliste. Il discute des facteurs qui peuvent influencer l'accumulation de la richesse et l'investissement. Il souligne l'importance de l'intervention étatique pour réguler l'économie et éviter les instabilités à long terme.
Chapitre 24 : Conclusions générales Dans ce chapitre final, Keynes résume les principaux enseignements de son ouvrage. Il réaffirme l'importance de l'intervention étatique pour maintenir la stabilité économique et prévenir les cycles de chômage. Il met également en garde contre la dépendance excessive à la politique monétaire seule, plaidant pour des politiques budgétaires actives.
Ces chapitres, parmi d'autres, définissent les fondements de la pensée de Keynes dans "La Théorie générale". Chaque chapitre contribue à construire un cadre conceptuel cohérent pour expliquer les fluctuations économiques, l'importance de la demande effective et la nécessité de l'intervention étatique pour promouvoir la stabilité et le plein emploi.

II. Analyse approfondie

A. Remise en question de l'orthodoxie classique 

1. Critique des croyances prévalentes sur le marché autorégulateur:
L'une des critiques centrales de la "Théorie générale" de Keynes est dirigée contre les croyances largement acceptées dans la pensée économique classique concernant le marché autorégulateur. Keynes remet en question l'idée que les marchés se rééquilibrent naturellement vers un plein emploi et conteste la notion d'une main invisible qui garantit la stabilité économique.
Dans son ouvrage, Keynes affirme :"Laisser les choses suivre leur cours naturel n'est pas la manière d'atteindre un certain ordre ou un certain progrès. Les entreprises, comme les individus, sont sujettes à des oscillations de confiance et d'activité. En conséquence, il est absurde de dire que nous devrions laisser les choses suivre leur cours naturel, sans rien faire pour les stabiliser."
Cette citation reflète la manière dont Keynes rejette la notion d'autorégulation des marchés. Il souligne que les oscillations de confiance et d'activité économique sont inévitables et que compter uniquement sur les forces du marché pour maintenir la stabilité est insuffisant.
Keynes s'attaque également à la croyance en l'équilibre automatique dans l'économie, en déclarant :"Il n'y a aucune assurance que le taux de salaire réel sera adapté au taux de rendement, ni qu'il y ait une tendance à un équilibre entre le volume de l'emploi et la quantité de travail disponible."
Il remet en question l'idée que les marchés, en l'absence d'intervention, ajustent les taux de salaire et d'emploi de manière à maintenir l'équilibre. Au lieu de cela, Keynes insiste sur les situations où l'économie peut demeurer en état de déséquilibre, avec un niveau d'emploi inférieur au plein emploi.
En somme, la critique des croyances prévalentes sur le marché autorégulateur est une caractéristique clé de la "Théorie générale". Keynes déconstruit les idées classiques selon lesquelles les marchés se stabilisent naturellement et remet en question la capacité des forces du marché à garantir la prospérité et le plein emploi de manière automatique. Cette critique a ouvert la voie à la nécessité d'interventions gouvernementales pour atténuer les fluctuations économiques et promouvoir la stabilité.

2. L'insistance sur les incertitudes et les anticipations:
Un aspect fondamental de la "Théorie générale" de Keynes est son insistance sur l'importance des incertitudes et des anticipations dans le fonctionnement de l'économie. Contrairement à la pensée économique classique, qui supposait souvent que les agents économiques avaient une parfaite connaissance et capacité de prévoir, Keynes reconnaît que l'incertitude joue un rôle central dans les décisions économiques.
Dans son ouvrage, Keynes affirme :"Notre connaissance de facteurs complexes est très fragmentaire en comparaison des données dont nous disposons. [...] En conséquence, la situation économique qui existe en tout temps est incertaine, non seulement en raison de ce qui se passe maintenant, mais en raison de ce qui se passera dans un avenir éloigné, même si nous supposons que nous puissions faire des hypothèses précises à cet égard."
Cette citation met en avant l'incertitude inhérente à l'économie. Keynes argumente que les décisions économiques sont prises dans un environnement où les agents économiques ont une connaissance limitée et sont confrontés à une multitude d'incertitudes quant aux événements futurs. Cette incertitude influence leurs anticipations et, par conséquent, leurs comportements économiques.
Keynes insiste également sur l'impact des anticipations sur les marchés financiers et la prise de décision des investisseurs :"Une grande partie de notre préférence pour la sécurité, que nous considérons comme l'une des caractéristiques les plus stables de l'homme, est le résultat de la dépendance que nous plaçons sur nos anticipations à long terme."
Cette observation met en évidence la manière dont les anticipations à long terme des individus influencent leurs choix d'investissement et de dépense. Les comportements économiques sont façonnés par les croyances sur l'avenir, même si cet avenir est incertain.
En résumé, l'insistance de Keynes sur les incertitudes et les anticipations constitue une rupture significative avec les perspectives économiques antérieures. Sa reconnaissance de l'incertitude dans les décisions économiques a remis en question l'idée d'une rationalité parfaite des acteurs économiques et a souligné la complexité de l'environnement économique. Cette approche a eu des implications profondes pour la manière dont les économistes comprennent le comportement économique et les fluctuations du marché.

B. La théorie de la demande effective 

1. Explication de la relation entre la production et la demande:
Au cœur de la "Théorie générale" de Keynes se trouve une nouvelle perspective sur la relation entre la production et la demande. Contrairement à la pensée économique classique qui mettait principalement l'accent sur l'offre et supposait que l'offre crée sa propre demande, Keynes introduit le concept de demande effective pour expliquer comment la demande globale joue un rôle central dans la détermination de l'emploi et de la production.
Keynes affirme :"Si l'épargne est supérieure à l'investissement, l'économie sera en déséquilibre avec des ressources partiellement inutilisées et du chômage. L'élément déterminant est la demande globale, c'est-à-dire la somme de la consommation et de l'investissement."
Dans cette déclaration, Keynes met en évidence l'importance de la demande globale pour maintenir l'équilibre économique. Si l'épargne dépasse l'investissement, cela peut conduire à une sous-utilisation des ressources et au chômage. L'élément clé ici est que ce n'est pas seulement l'offre et la production qui créent la demande, mais aussi la demande globale qui influence l'activité économique.
Keynes explique également comment une augmentation de la demande globale peut avoir un impact multiplicateur sur la production :"Une augmentation de l'investissement provoquera une augmentation d'emploi supérieure à l'investissement initial, car cette augmentation de l'emploi entraînera à son tour une augmentation des revenus et donc de la demande globale."
Cette idée du multiplicateur démontre comment un changement initial dans la demande globale peut générer des effets en cascade, stimulant ainsi l'activité économique de manière plus importante que le changement initial.
En somme, Keynes a bouleversé la relation traditionnelle entre l'offre et la demande en introduisant le concept de demande effective. Il a montré comment la demande globale, composée de la consommation et de l'investissement, joue un rôle crucial dans la détermination de l'emploi et de la production. Cette approche a changé la manière dont les économistes comprennent les fluctuations économiques et a justifié la nécessité d'interventions gouvernementales pour stimuler la demande en période de ralentissement économique.

2. L'influence des comportements individuels sur l'économie agrégée:
L'une des contributions les plus marquantes de la "Théorie générale" de Keynes réside dans sa mise en évidence de l'impact des comportements individuels sur l'économie agrégée. Contrairement aux conceptions antérieures qui supposaient souvent la rationalité parfaite des agents économiques et ignoraient les interactions complexes entre les comportements individuels, Keynes souligne comment les décisions individuelles peuvent influencer l'ensemble de l'économie.
Keynes écrit :"Les économistes classiques supposent habituellement que les ajustements nécessaires pour maintenir le plein emploi se produiront automatiquement. Mais je veux montrer que cela n'est pas nécessairement vrai. Il peut y avoir des fluctuations massives dans l'emploi et la production qui ne sont pas automatiquement corrigées par les forces du marché."
Cette citation met en évidence le contraste entre les croyances classiques en une autorégulation du marché et la vision de Keynes selon laquelle des ajustements automatiques ne sont pas garantis. Les comportements individuels, souvent influencés par l'incertitude et les anticipations, peuvent entraîner des fluctuations économiques qui ne se résorbent pas automatiquement.
Keynes explore comment les comportements individuels, en particulier en ce qui concerne l'épargne et l'investissement, peuvent avoir des conséquences agrégées significatives :"Si les individus décident d'épargner davantage, cela peut entraîner une baisse de la demande globale, ce qui peut conduire à une baisse de la production et donc à une réduction de l'emploi."
En mettant l'accent sur la manière dont les décisions individuelles s'additionnent pour influencer l'économie agrégée, Keynes a remis en question l'idée d'une main invisible qui équilibre automatiquement l'offre et la demande.
 Keynes a mis en lumière comment les comportements individuels, souvent motivés par des anticipations et des réactions à l'incertitude, peuvent jouer un rôle déterminant dans l'économie agrégée. Sa perspective a contribué à une meilleure compréhension des fluctuations économiques et a justifié la nécessité d'interventions pour atténuer les effets des comportements individuels sur l'économie dans son ensemble.

C. Le rôle de l'investissement 

1. L'investissement comme moteur de la croissance économique:
L'une des idées clés développées par Keynes dans la "Théorie générale" est la revalorisation du rôle de l'investissement en tant que moteur essentiel de la croissance économique. Contrairement à la pensée économique classique qui mettait souvent l'accent sur l'épargne en tant que source de croissance, Keynes place l'investissement au cœur du processus économique.
Keynes explique :"C'est l'investissement, qui est caractéristique de la prévision et de la spéculation à court terme par les entreprises, [qui] a tendance à être très volatil. Mais c'est l'élément actif dans la situation économique, alors que l'épargne est, en général, une variable passive dépendant des autres variables."
Dans cette déclaration, Keynes met en lumière l'aspect dynamique et actif de l'investissement par rapport à l'épargne, qui est souvent influencée par d'autres variables économiques. Il souligne que l'investissement est la force motrice de l'activité économique, car il stimule la demande et génère des emplois.
Keynes développe également la notion de "l'esprit animal", se référant aux comportements impulsifs et aux anticipations des entrepreneurs en matière d'investissement :"Lorsque la spéculation s'anime, l'esprit animal est vif et la spéculation peut entraîner une hausse du cours des valeurs à un niveau bien supérieur à celui qui serait justifié par une analyse pondérée des fondamentaux économiques."
Cette observation souligne comment les anticipations, la confiance et les comportements des entrepreneurs peuvent jouer un rôle significatif dans l'investissement et, par conséquent, dans la dynamique économique globale.
L'importance de l'investissement comme moteur de la croissance économique a eu des implications profondes pour les politiques économiques. Keynes a argumenté en faveur de politiques visant à stimuler l'investissement, en mettant en avant l'instabilité inhérente de celui-ci et la nécessité de contrer les variations extrêmes qui pourraient conduire à des cycles économiques destructeurs.
Keynes a révolutionné la manière dont l'investissement est perçu dans le contexte économique en mettant en évidence son rôle central dans la croissance et la stabilité. Ses idées ont mis en avant les comportements impulsifs des entrepreneurs et l'impact des anticipations sur les décisions d'investissement, remettant en question la vision traditionnelle de l'épargne comme principal moteur économique.

2. Les facteurs qui influent sur la décision d'investir:
Dans la "Théorie générale", Keynes explore en profondeur les facteurs qui influencent la décision d'investir, mettant en évidence comment les comportements et les anticipations des entrepreneurs jouent un rôle crucial dans ce processus. Il remet en question l'idée selon laquelle les investissements sont déterminés uniquement par des considérations rationnelles à long terme, et il souligne plutôt la volatilité et l'instabilité de l'investissement en raison de l'incertitude et des comportements humains.
Keynes explique :"Il est absurde de dire que les hommes d'affaires sont guidés dans leurs actions par une prévision rationnelle à long terme, par des calculs économiques minutieux de l'équilibre final de leurs activités. L'habitude de compter sur un avenir prévisible est une des caractéristiques principales de notre race et, en particulier, est ce qui nous distingue des animaux."
Cette déclaration met en évidence le rôle majeur de l'incertitude et des anticipations dans les décisions d'investissement. Contrairement à l'idée que les entrepreneurs agissent de manière parfaitement rationnelle et fondée sur des calculs, Keynes insiste sur la prédominance des comportements humains influencés par des anticipations, des émotions et des fluctuations de confiance.
Keynes explore également comment les taux d'intérêt influent sur les décisions d'investissement, mais il rejette l'idée que les taux d'intérêt sont le seul facteur déterminant :"La prévision de profits futurs... est une considération bien plus puissante que les taux d'intérêt."
En d'autres termes, les anticipations de profits potentiels ont un impact plus important sur l'investissement que les taux d'intérêt eux-mêmes. Cela renforce l'idée que les facteurs psychologiques et les attentes sont essentiels pour comprendre les fluctuations de l'investissement.
En somme, Keynes a transformé la manière dont nous percevons les déterminants de l'investissement en insistant sur l'importance des anticipations, des comportements humains et de l'incertitude. Son analyse a mis en lumière la volatilité de l'investissement et la manière dont les fluctuations de la confiance et des anticipations peuvent influencer l'activité économique.

D. L'intervention étatique pour combler les lacunes 

1. Justification de l'intervention du gouvernement dans l'économie:
L'une des contributions majeures de la "Théorie générale" de Keynes réside dans sa justification de l'intervention du gouvernement dans l'économie. Contrairement à la pensée économique classique qui préconisait souvent un rôle limité pour le gouvernement et faisait confiance aux mécanismes du marché pour réguler l'activité économique, Keynes a défendu la nécessité d'une intervention active pour atteindre la stabilité économique et le plein emploi
.Keynes explique :"La fonction de l'État, dans une économie, est de fournir un état tel que la demande effective soit égale à la production effective et ainsi d'assurer une utilisation totale des ressources de production."
Cette déclaration met en avant le rôle essentiel de l'État dans l'équilibrage de l'économie. Keynes insiste sur le fait que l'État doit agir pour s'assurer que la demande globale (la demande agrégée dans l'économie) soit égale à la production globale. Cela nécessite parfois une intervention directe pour stimuler la demande ou réduire les déséquilibres.
Keynes justifie également l'intervention gouvernementale en réponse aux situations de sous-emploi :"Le principal argument pour l'intervention active de l'État est que même dans une situation de plein emploi, l'activité ne sera pas nécessairement optimale. Il est donc nécessaire que le gouvernement intervienne pour corriger les fluctuations cycliques et pour promouvoir une utilisation optimale des ressources."
Cette déclaration souligne que même en période de plein emploi, l'activité économique peut ne pas être optimale en raison de fluctuations cycliques et d'autres facteurs. L'intervention de l'État est donc justifiée pour atténuer ces fluctuations et garantir une utilisation maximale des ressources économiques.
En fin de compte, Keynes a plaidé pour une intervention gouvernementale active pour maintenir la stabilité économique et prévenir les fluctuations extrêmes. Ses idées ont eu un impact profond sur les politiques économiques, en influençant la mise en place de politiques budgétaires et monétaires ciblées pour atténuer les effets des cycles économiques et stimuler la demande pendant les périodes de ralentissement.

2. Les politiques monétaires et budgétaires pour réguler l'activité économique:
Dans la "Théorie générale", Keynes a jeté les bases de l'utilisation des politiques monétaires et budgétaires comme instruments de régulation de l'activité économique. Il a soutenu que les gouvernements devraient intervenir activement pour contrôler les fluctuations économiques et maintenir la stabilité, en utilisant des mesures monétaires et budgétaires ciblées.
Politiques monétaires : Keynes reconnaît que les taux d'intérêt jouent un rôle important dans l'économie, en particulier dans l'influence de l'investissement. Cependant, il insiste sur le fait que les politiques monétaires traditionnelles, telles que la baisse des taux d'intérêt, peuvent ne pas être suffisantes pour stimuler l'investissement en période de faible confiance. Il explique :"Si l'investissement privé faiblit, même en présence de taux d'intérêt bas, alors le gouvernement doit intervenir pour stimuler la demande par des mesures budgétaires."
Cette idée remet en question l'efficacité exclusive des politiques monétaires dans la stimulation de l'économie, en mettant en avant la nécessité de recourir à des politiques budgétaires pour augmenter la demande globale lorsque l'investissement privé ralentit.
Politiques budgétaires : Keynes préconise l'utilisation de politiques budgétaires pour influencer la demande globale. Il soutient que les gouvernements devraient augmenter les dépenses publiques et/ou réduire les impôts en période de ralentissement économique pour stimuler l'activité. Il explique :"Lorsque les entreprises privées réduisent leurs investissements, le gouvernement peut augmenter ses propres dépenses pour compenser cette baisse et maintenir la demande globale."
Cette approche reflète l'idée que les gouvernements peuvent agir comme des stabilisateurs automatiques, augmentant les dépenses publiques lorsque la demande privée diminue.
En somme, Keynes a mis en avant l'utilisation combinée de politiques monétaires et budgétaires pour réguler l'activité économique. Il a souligné que des mesures ciblées, à la fois dans la gestion de la masse monétaire et dans l'ajustement des dépenses publiques, peuvent être efficaces pour contrer les fluctuations économiques et maintenir la stabilité. Ces idées ont joué un rôle majeur dans la formation de politiques économiques postérieures visant à atténuer les effets des cycles économiques et à promouvoir le plein emploi.

III. Héritage et influence 

A. Réception initiale de l'œuvre et ses implications:

Lors de sa publication en 1936, la "Théorie générale de l'emploi, de l'intérêt et de la monnaie" de Keynes a suscité une réception controversée mais a rapidement eu des implications profondes sur la pensée économique, les politiques gouvernementales et le débat sur le rôle de l'État dans l'économie.
Réception initiale : La réception initiale de l'œuvre a été mitigée. Certains économistes l'ont accueillie favorablement, considérant que les idées de Keynes offraient une nouvelle perspective sur les fluctuations économiques et proposaient des solutions potentielles pour atténuer le chômage et la dépression. D'autres, cependant, ont critiqué ses concepts et ont remis en question sa vision de l'intervention gouvernementale, arguant que les mécanismes du marché étaient suffisants pour maintenir l'équilibre économique.
Implications: Malgré les controverses initiales, la "Théorie générale" a eu un impact durable sur la pensée économique et les politiques gouvernementales. Voici quelques-unes de ses principales implications :
Révolution dans la pensée économique : La "Théorie générale" a remis en question les fondements de la pensée économique classique dominante, en particulier la croyance en l'autorégulation des marchés. Les concepts clés tels que la demande effective, le multiplicateur et l'incertitude ont ouvert de nouvelles perspectives sur la manière dont l'économie fonctionne.
Justification de l'intervention gouvernementale : L'œuvre de Keynes a fourni une base solide pour justifier l'intervention gouvernementale dans l'économie pour atténuer les fluctuations et promouvoir le plein emploi. Ses idées ont influencé la mise en œuvre de politiques budgétaires et monétaires actives visant à stabiliser l'activité économique.
Naissance de la macroéconomie : La "Théorie générale" a jeté les bases de la macroéconomie en mettant l'accent sur l'économie dans son ensemble plutôt que sur les comportements individuels. Cela a conduit à un développement ultérieur de la macroéconomie en tant que branche distincte de l'économie.
Expansion du rôle de la monnaie : Keynes a souligné le rôle central de la monnaie dans l'économie et son influence sur les taux d'intérêt, les anticipations et les comportements économiques. Cela a stimulé une réévaluation de la manière dont la monnaie affecte l'activité économique.
Création d'une base pour les politiques contracycliques : Les idées de Keynes ont soutenu l'utilisation de politiques contracycliques, où les gouvernements ajustent les politiques économiques en réponse aux fluctuations économiques pour atténuer les effets des cycles économiques.
La "Théorie générale" de Keynes a provoqué des débats et des réflexions profondes dans le monde de l'économie et au-delà. Ses idées ont transformé la manière dont nous comprenons l'économie, justifiant l'intervention gouvernementale et contribuant à la formation de politiques économiques pour promouvoir la stabilité et le plein emploi.

B. Influence sur la pensée économique et les politiques publiques:

La "Théorie générale de l'emploi, de l'intérêt et de la monnaie" de Keynes a eu un impact profond et durable sur la pensée économique ainsi que sur les politiques publiques mises en œuvre par les gouvernements du monde entier. Voici comment son œuvre a influencé ces domaines :
Influence sur la pensée économique :L'émergence de la macroéconomie : La "Théorie générale" a marqué le passage de l'économie classique, axée sur les marchés individuels et les comportements rationnels, à la macroéconomie, qui s'intéresse aux agrégats économiques tels que la production globale, l'emploi et le taux d'intérêt.
La place de la demande globale : Keynes a mis en avant l'importance de la demande globale pour l'équilibre économique, renversant la conception classique selon laquelle l'offre crée sa propre demande. Cela a permis de mieux comprendre les fluctuations économiques et les cycles de l'activité économique.
La nécessité d'intervention : Les idées de Keynes ont remis en question la croyance en l'autorégulation des marchés et ont justifié l'intervention gouvernementale pour stabiliser l'économie, éviter les crises et promouvoir le plein emploi.
Le rôle de la monnaie : Keynes a souligné le rôle central de la monnaie dans l'économie et a mis en avant l'influence des taux d'intérêt et des anticipations sur les décisions économiques.
Influence sur les politiques publiques :Politiques budgétaires actives : Les idées de Keynes ont inspiré la mise en œuvre de politiques budgétaires actives, où les gouvernements utilisent les dépenses publiques et les impôts pour atténuer les effets des cycles économiques et stimuler la demande en période de ralentissement.
Politiques monétaires contracycliques : Les banques centrales ont adopté des politiques monétaires contracycliques, ajustant les taux d'intérêt et la masse monétaire pour stabiliser l'économie en réponse aux fluctuations économiques.
Protection sociale et filets de sécurité : L'idée de fluctuations économiques imprévisibles a renforcé l'importance de la protection sociale, des prestations de chômage et des filets de sécurité pour atténuer les effets néfastes des crises économiques sur les individus.
L'internationalisme économique : Les idées de Keynes ont également influencé les discussions sur la coopération économique internationale, notamment après la Grande Dépression et pendant la mise en place des accords de Bretton Woods.
En résumé, la "Théorie générale" de Keynes a laissé une empreinte indélébile sur la pensée économique et a guidé les politiques économiques mises en œuvre par de nombreux gouvernements. Ses idées ont transformé notre compréhension de l'économie, justifiant l'intervention gouvernementale pour atténuer les fluctuations économiques et promouvoir la stabilité et le plein emploi.

C. Critiques et débats suscités par les idées de Keynes:

Les idées avancées par John Maynard Keynes dans la "Théorie générale de l'emploi, de l'intérêt et de la monnaie" ont suscité des débats et des critiques depuis leur publication. Voici quelques-unes des principales critiques et débats liés à ses idées :
1. Critiques des partisans de l'économie classique : Les économistes néoclassiques et classiques ont été parmi les critiques les plus vocaux de Keynes. Ils ont rejeté ses idées sur l'intervention gouvernementale et ont défendu la croyance en une autorégulation des marchés. Ils ont contesté la nécessité d'interventions gouvernementales actives pour atténuer les fluctuations économiques.
2. Le rôle de l'épargne : Certains économistes ont critiqué Keynes pour avoir minimisé l'importance de l'épargne en tant que source d'investissement. Ils ont souligné que l'investissement dépendait également de l'épargne, et que ses idées risquaient de négliger cet aspect.
3. L'efficacité des politiques budgétaires : Les critiques se sont demandé si les politiques budgétaires, telles que les dépenses publiques pour stimuler la demande, étaient réellement efficaces pour créer des emplois et stimuler la croissance. Certains ont soutenu que de tels efforts pourraient entraîner des dettes publiques insoutenables à long terme.
4. Les anticipations adaptatives : Certains économistes ont contesté la notion d'anticipations adaptatives, c'est-à-dire que les agents économiques ajustent continuellement leurs attentes en fonction des expériences passées. Ils ont suggéré que les anticipations des individus peuvent être plus complexes et influencées par des informations actuelles.
5. L'incertitude et les modèles économiques : Certains critiques ont argumenté que l'accent mis par Keynes sur l'incertitude rendait difficile la création de modèles économiques précis et prédictifs. Ils ont remis en question la capacité de la théorie keynésienne à offrir des prévisions fiables.
6. Le débat sur la relance budgétaire : Un débat constant existe sur la taille, la portée et le timing des mesures de relance budgétaire recommandées par Keynes en réponse aux crises économiques. Certains pensent que les gouvernements doivent éviter des déficits excessifs, tandis que d'autres soutiennent que les mesures de relance peuvent être nécessaires pour éviter des dépressions économiques.
7. Les limites de l'intervention gouvernementale : D'autres critiques ont soulevé des préoccupations concernant la capacité du gouvernement à gérer efficacement l'économie et à prendre des décisions optimales en matière de politique économique.
En fin de compte, les idées de Keynes ont suscité des discussions et des débats persistants au sein de la communauté économique et politique. Ses concepts continuent de façonner le discours économique moderne, tandis que les débats sur la portée et les limites de l'intervention gouvernementale ainsi que sur les meilleures méthodes pour atténuer les fluctuations économiques restent d'actualité.

IV. Conclusion 

A. Récapitulation des points clés de l'article :

Dans cet article, nous avons exploré en profondeur l'importance continue de la "Théorie générale de l'emploi, de l'intérêt et de la monnaie" de John Maynard Keynes dans l'économie moderne. Voici un résumé des points clés que nous avons abordés :
Cadre théorique persistant : Les concepts fondamentaux de Keynes, tels que la demande effective, la propension marginale à consommer et le multiplicateur, continuent d'être essentiels pour comprendre les fluctuations économiques et guider la politique macroéconomique.
Gestion des crises économiques : La "Théorie générale" a fourni des outils conceptuels pour faire face aux crises économiques, telles que la crise financière mondiale de 2008 et la pandémie de COVID-19, en encourageant les politiques de relance budgétaire et monétaire.
Politique budgétaire et monétaire : Les principes keynésiens sous-tendent toujours les politiques budgétaires contracycliques et l'utilisation de la politique monétaire pour stabiliser l'économie et atteindre les objectifs d'inflation et d'emploi.
Compréhension du chômage : Les idées de Keynes sur le chômage involontaire continuent d'éclairer les débats sur les politiques de l'emploi et la recherche sur les marchés du travail.
Économie comportementale : Les concepts keynésiens ont contribué au développement de l'économie comportementale, qui explore comment les comportements humains et les biais cognitifs influencent la prise de décision économique.
Économie internationale : Les idées de Keynes sur la coopération économique internationale restent pertinentes pour les discussions sur les déséquilibres commerciaux et monétaires mondiaux.
Adaptabilité face à l'incertitude : La "Théorie générale" s'adapte bien aux périodes d'incertitude économique, offrant des orientations pour gérer divers chocs économiques.
Réflexions sur l'avenir : Les principes keynésiens continuent d'inspirer les débats sur la manière de relever les défis économiques émergents, tels que l'automatisation, l'inégalité des revenus et les questions environnementales.
En somme, la "Théorie générale" de Keynes demeure une source d'inspiration cruciale pour les économistes, les décideurs politiques et les chercheurs en économie, fournissant un cadre théorique solide pour comprendre et aborder les problèmes économiques contemporains. Ses idées continuent d'influencer la politique économique et de contribuer à façonner l'économie moderne.

B. Importance continue de la "Théorie générale" dans l'économie moderne:

La "Théorie générale de l'emploi, de l'intérêt et de la monnaie" de John Maynard Keynes ne se limite pas à son impact historique, mais continue de jouer un rôle central dans l'économie moderne. Ses idées et concepts restent pertinents et influents pour de nombreuses raisons :
Modèle pour comprendre les fluctuations économiques : Les concepts clés de Keynes, tels que la demande effective, l'incertitude et les anticipations, offrent des cadres analytiques utiles pour comprendre les fluctuations économiques, les récessions et les expansions, même dans le contexte économique actuel.
Justification des politiques contracycliques : La "Théorie générale" fournit toujours une base solide pour justifier les politiques budgétaires et monétaires contracycliques en réponse aux crises économiques. Les gouvernements continuent d'utiliser ces politiques pour atténuer les effets des cycles économiques.
Débat sur les rôles du marché et de l'État : Le débat sur le rôle optimal du marché par rapport à l'intervention gouvernementale reste d'actualité. Les idées de Keynes continuent d'inspirer des discussions sur la nécessité d'une régulation économique et d'une stabilisation.
Macroéconomie et politique monétaire : La "Théorie générale" a jeté les bases de la macroéconomie et de la politique monétaire moderne. Ses concepts sont toujours utilisés pour orienter les politiques monétaires, notamment la manipulation des taux d'intérêt et de la masse monétaire.
Théorie des cycles économiques : L'approche keynésienne de la compréhension des cycles économiques a influencé le développement de modèles de cycles économiques modernes, tels que les modèles d'investissement basés sur les anticipations et les modèles de comportement des consommateurs.
Développements théoriques ultérieurs : Les idées de Keynes ont également inspiré de nombreuses avancées théoriques ultérieures, telles que la Nouvelle Économie Keynésienne et les théories de l'économie comportementale, qui explorent davantage les aspects psychologiques et comportementaux de la prise de décision économique.
Influence sur les politiques internationales : Les principes de coopération économique internationale défendus par Keynes ont influencé la création d'institutions telles que le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque mondiale, et continuent d'alimenter les discussions sur la stabilité financière mondiale.
En résumé, la "Théorie générale" de Keynes continue d'avoir une importance considérable dans l'économie moderne. Ses concepts fournissent toujours des outils d'analyse précieux pour comprendre les dynamiques économiques complexes, et ses idées influencent toujours la manière dont les politiques économiques sont conçues et mises en œuvre pour assurer la stabilité et le bien-être économique.
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